Un délire qui déborde dans la réalité
Au Nord du secteur de Debalsevo, à la charnière entre les 2 républiques Populaires de Donetsk, des explosifs ont été repérés contre les écluses du barrage hydraulique de Mironovsky, situé dans la zone contrôlée par les forces de Kiev...
Cette information évoquant une menace d'inondation volontaire de zones habitées par l'armée ukrainienne, n'est pas nouvelle, et elle resurgit régulièrement à la surface des communiqués des services républicains comme le monstre du Loch Ness. En effet dès 2014, on évoquait déjà cette menace suite aux déclarations de Igor Kolomoisky l'Oligarque ukrainien et mécène de nombreux bataillons spéciaux qui sont de facto des unités plutôt spécialisés dans des crimes de guerre si sordides que certains ont même été condamnés par des tribunaux de Kiev (Aïdar par exemple). A cette époque il était question de noyer une centrale nucléaire dans la région de Dniepropetrovsk...
Depuis le délire a retrouvé des proportions plus modestes et s'est déplacé vers la ligne de front du Donbass, ce qui rend la menace d'autant plus sérieuse plus sérieuse que l'on sait depuis décembre 2018 que l'Etat Major ukrainien envisage d'inventer un "casus belli" légitimant une offensive de Kiev, par une opération criminelle médiatique mise en scène pour accuser les forces républicaines ("false flag") .
Et ce sont les observateurs de la "Mission de Surveillance Spéciale" de l'OSCE eux-mêmes qui ont donné l'alerte et leur observation consignée dans leur rapport quotidien !
- « La MSS a vu pour la première fois deux caisses en bois carrées vert foncé (avec des fils connectés) fixées aux portes métalliques d’une écluse du côté nord du réservoir de Mironovsky et près d’un poste de contrôle des forces armées ukrainiennes près de Roti (zone contrôlée par le gouvernement, à 66 km au nord-est de Donetsk). Un soldat non armé a parlé à la MSS de la présence d’explosifs sur l’écluse. »
Concrètement quelle est la nature de la menace ?
La rupture de ce barrage de Mironovsky ne menacerait pas directement les territoires des Républiques de Donetsk et Lugnask mais une zone située au Nord Est de Svitlodarsk longeant du côté controlé par Kiev l'actuelle ligne de front chevauchant la limite entre les oblasts/républiques de Donetsk et Lugansk.
Mais n'est-ce pas le principe même d'un "false flag" que de faire croire que ce sont nos forces, intérêts ou secteur qui sont visés pour mieux pouvoir accuser une intention de la partie adverse.
Source de la carte : "Donbass Insider" (Christelle Néant) |
Car si on laisse de côté la surenchère délirante dont est coutumière la propagandiste Christelle N., le fait est que cette fois le délire ukropithèque déborde sur une menace réelle.
En l’occurrence, l'inondation toucherait des villages peuplés, situés principalement sur le territoire de la RPL (mais vu le relief et la distance probablement pas Pervomaisk comme mentionné sur la carte). Il y a également dans cette zone des unités ukrainiennes , ce qui explique que les charges aient été placées sur les portes et non sur la structure du barrage lui-même, permettant ainsi par un débit modéré de procéder à une évacuation voire au colmatage de l'écluse.
Car dans une telle opération il est nécessaire qu'elle reste sous contrôle et se limite dans ses effets majeurs à la médiatisation extrême d'une dramaturgie servant des actions politiques et militaires violentes.
Cela dit, les conséquences sur le terrain d'une telle opération terroriste de Kiev seraient très importantes: des victimes certainement et parmi la population civile, des dégâts sur les réseaux de distribution électrique et d'eau potable, sur des entreprises et dépôts locaux, impactant à la fois l’économie locale (Mironovsky est la région avicole la plus importante d'Ukraine avec 50% de la production de volailles ukrainienne) et l'écologie du bassin fluvial.
Bref, de quoi émouvoir l'opinion publique nationale et surtout internationale, cette dernière étant le premier objectif d'une telle opération aussi criminelle que débile, car poser des caisses visibles plusieurs jours avant le sabotage, relève une fois de plus d'un amateurisme voué à l'échec et qui ici s'avère être particulièrement heureux pour la population du Donbass et la conduite de la guerre...
Erwan Castel