L'ambiance d'un petit Stalingrad
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Le décor dans lequel nous vivons et combattons semble parfois sorti de l'imagination d'un décorateur d'Hollywood ou de vieux albums de guerre qui auraient été recolorisés. Les ruines de la zone industrielle au milieu desquelles résonnent et ricochent explosions et projectiles me rappelle le film Stalingrad de Jean Jacques Annaud et les récits lus sur cette grande bataille symbolisant la guerre urbaine moderne.
Mardi 13 février 2018
Loin de moi de prétendre revivre les hauts faits d'armes des anciens, dont les époques, les intensités des combats et même les soldats ne sont pas comparables.
Mais comment ne pas penser à ces batailles quand devant le guetteur immobile cherchant le mouvement d'une ombre ou le roulement d'une pierre trahissant l'ennemi, se déroule un paysage industriel complètement détruit où les belligérants ne sont qu'à quelques dizaines de mètres les uns des autres, parfois se partageant les ruines du même bâtiment...
Ainsi le décor dans lequel nous sommes déployés me fait penser aux images de Stalingrad, cette ville qui incarne le combat en zone urbaine où tout est diffus et entremêlé, pierres, ferrailles et combattants, dans un chaos indescriptible et soudé par le gel.
Hier soir les murs et les couloirs de "forteruine" ont été éclairés par les tirs ukrainiens et envahi par les détonations et leurs échos, et assez souvent leurs projectiles et éclats.
Puis le silence est retombé aussi vite que le fracas des tirs avait surgi de la nuit, à part ces coutumières rafales scandant le défilé des heures. Ce n'est qu'au matin que les guêpes d'acier ont à nouveau volé vers nos meurtrières même les plus petites.
Désormais nous ripostons régulièrement depuis nos postes de combat devenus des bunkers individuels disséminés un peu partout dans des ruines qui nous camouflent et nous protègent mieux qu'un bâtiment intact.
Erwan Castel
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