Le "système D" made in Donetsk
Fenêtre entrouverte sur un journal du Front
Depuis 3 ans bientôt, mon engagement dans le Donbass est l'objet d'un travail d'écriture souvent éphémère qui m'aide à asseoir mes réflexions et mon regard sur cette aventure humaine dont je ne sais encore vers quelles escales et destination, les vents du destin vont me pousser.
Donc j'ai décidé en luttant contre cette aversion de parler de moi-même et de me montrer de partager quelques unes de ces pages de carnets tachés d'encre et de terre noires que je trimbale au fond de mes poches de treillis et mon sac à dos.
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17 octobre 2017 : retrouvailles avec l'Opolcheny
Après une période de pause de quelques mois à travailler avec l'équipe de Novorossiya Today, j'ai décidé de repartir sur le front où mon engagement trouve finalement son épanouissement le meilleur par un travail concret dans la défense de ce peuple du Donbass que j'aime chaque jour un peu plus profondément.
Aujourd'hui, après 3 ans de contacts divers, j'ai mes entrées dans beaucoup de bataillons de Donetsk, en particulier les unités de parade, celles qui servent de garde prétorienne au pouvoir et de vitrines à sa propagande.
Mais c'est vers la Brigade internationale Piatnashka que mon choix s'est porté, loin des beaux équipements et uniformes rutilants défilant sous les vivas et les fleurs des habitants de Donetsk.
Encadrant le drapeau de la DNR, ceux du Régiment de Donetsk (au premier plan) et de la brigade Piatnashka qui en est le 2ème bataillon |
Pourquoi ?
Non par fausse modestie, encore que je fuis les projecteurs et les foules organisées, mais par intérêt militaire, ayant porté en premier lieu mon choix sur un secteur du front sensible et bouillant où je sois sûr de trouver de l'action.
Le front au Nord de Donetsk, entre Yasinovataya et Avdeevka est de ces secteurs chauds du front et fait déjà partie de mon univers s'invitant jour et nuit aux sons du quartier d'Oktyabrsky où je vis ans le Nord de Donetsk.
Piatnashka fait partie de ces unités qui tiennent cette ligne de front devenue zone de contact éprouvante depuis que les ukrops ont envahi la zone industrielle d'Avdeevka, transformant le secteur de Promka en petit Stalingrad.
Ce jour d'octobre, après un parcours du combattant de 3 semaines, j'ai réalisé ma 3ème incorporation au sein de l'armée de la République Populaire de Donetsk...
Passant les fourches caudines médicales, administratives, mais aussi celles des services de sécurité et des psychologues, j'ai été déclaré apte une nouvelle fois pour la première ligne de front (étrange n'est-ce pas pour celui que des sous-merdes françaises échouées à Donetsk traitent d'"espion", de "déserteur", de "pervers" etc)...
Déploiement prévu sur le front dès cette semaine dans un contexte où les tirs de l'artillerie ukrainienne nous rappellent chaque jour un peu les raisons de notre engagement aux côtés de ce peuple magnifique par sa résilience et son courage.
En attendant, avec mon camarade Sebastien Hairon qui a intégré une section voisine, nous attendons...
L'attente, cette fidèle et grande compagne des guerres et qui devient dans les solitudes de la troupe la maîtresse qui étreint le plus le soldat.
Attente des rassemblements, des ordres, des perceptions de matériels, attentes des véhicules...
Attente, des entraînements, des bombardements quotidiens et de leur fin, de l'ennemi, de l'assaut...
Attente de la femme et de la mère aimées, des chats et des chiens, attente des enfants terres dans mes caves...
La guerre n'est finalement qu'une longue attente infinie dont le silence sépulcral n'est interrompu que par des explosions physiques et mentales aussi intenses que brèves et le plus souvent dans la boue et le sang...
Car dans ces guerres il n'y a finalement que la Mort qui n'attend jamais !
Par les fenêtres ouvertes de la chambrée, les détonations sourdes à l'horizon de Makeevka semblent ce soir être autant un appel qu'une menace, mais une silhouette étrange accroche mon regard et me fait sourire :
Passant les fourches caudines médicales, administratives, mais aussi celles des services de sécurité et des psychologues, j'ai été déclaré apte une nouvelle fois pour la première ligne de front (étrange n'est-ce pas pour celui que des sous-merdes françaises échouées à Donetsk traitent d'"espion", de "déserteur", de "pervers" etc)...
Déploiement prévu sur le front dès cette semaine dans un contexte où les tirs de l'artillerie ukrainienne nous rappellent chaque jour un peu les raisons de notre engagement aux côtés de ce peuple magnifique par sa résilience et son courage.
En attendant, avec mon camarade Sebastien Hairon qui a intégré une section voisine, nous attendons...
L'attente, cette fidèle et grande compagne des guerres et qui devient dans les solitudes de la troupe la maîtresse qui étreint le plus le soldat.
Attente des rassemblements, des ordres, des perceptions de matériels, attentes des véhicules...
Attente, des entraînements, des bombardements quotidiens et de leur fin, de l'ennemi, de l'assaut...
Attente de la femme et de la mère aimées, des chats et des chiens, attente des enfants terres dans mes caves...
La guerre n'est finalement qu'une longue attente infinie dont le silence sépulcral n'est interrompu que par des explosions physiques et mentales aussi intenses que brèves et le plus souvent dans la boue et le sang...
Car dans ces guerres il n'y a finalement que la Mort qui n'attend jamais !
Par les fenêtres ouvertes de la chambrée, les détonations sourdes à l'horizon de Makeevka semblent ce soir être autant un appel qu'une menace, mais une silhouette étrange accroche mon regard et me fait sourire :
Lorsque l'armée ukrainienne le son assaut sur le Donbass, les milices qui comptent dans leurs rangs de nombreux mineurs et ouvriers métallurgistes improvisent, récupèrent ce qui peut encore servir dans les vieux dépôts de l'ère soviétique. Plus tard dans les chaudrons abandonnés par les "ukrops" (frontière Sud, Iliovaisk, Debalsevo) tout ce qui n'a pas été entièrement détruit est récupéré, bricolé et renvoyé sur le front....
Pendant ce temps, les médias occidentaux racontent que le Donbass est envahi par des unités russes aux équipements "up to date"
La preuve : regardez ce modèle hybride révolutionner issu du croisement d'un camion Oural avec un véhicule blindé BTR...
Mad Max en rêvait, la brigade Piatanashka l'a fait !
Erwan Castel