A Kiev, "ça tire à hue et à dia"
Qui sème le vent récolte la tempête
D'un côté la loi sur le "statut spécial" qui accorde une autonomie au Donbass et de l'autre côté lz loi pour la "réintégration du Donbass" qui autorise l'armée à lancer une nouvelle offensive contre les territoires séparatistes
En résumé le cirque ukropithèque continue à jeter de l'huile sur le feu d'un volcan européen dont le front du Donbass est un détonateur instable...
Erwan Castel
Source de l'article : RT
L’atmosphère était une fois de plus électrique au Parlement ukrainien, qui se penchait sur des projets de loi controversés : l’un visant à prolonger le statut spécial des régions de Donetsk et de Lougansk, l’autre, à qualifier ces zones d’«occupées».
Nouvelle scène de chaos dans la Rada [le Parlement monocaméral] ukrainienne. En pleine session, un fumigène a été lancé par le député du parti d’opposition nationaliste Svoboda, Iouri Levtchenko. Sur des images diffusées sur internet le 6 octobre, on peut voir de la fumée noire se dégager d'une tribune du parlement, avant qu'Andreï Teterouk, vice-président du groupe Front populaire, le parti de l’ancien Premier ministre Arseni Iatseniouk, ne sorte le fumigène de la salle.
«Quelle rapidité d'exécution !», s’est félicité Alexeï Riabtchine, le député qui a publié la vidéo de l’incident sur son compte Facebook. Un autre témoin de la scène, l’élu Vladimir Ariev, a noté que le fumigène n’était pas de ceux utilisés ordinairement par les forces de l'ordre... mais plutôt par les militaires, et qu'il aurait donc pu causer d'importants dégâts.
Responsable de l’incident, le député nationaliste Iouri Levtchenko a estimé qu’il avait «fait ce qu’il fallait». «J’aurais brûlé ce Parlement pour qu’il arrête de prendre de telles décisions anticonstitutionnelles», a-t-il déclaré, cité par l'agence RIA Novosti. L'élu a expliqué qu’il protestait ainsi contre la loi sur la «réintégration du Donbass», une initiative du président Petro Porochenko qui suscite une ample controverse.
La première, baptisée «Loi sur la réintégration du Donbass», inscrit dans la loi ukrainienne que la Russie est un «Etat agresseur» et établit la notion d'«autorités russes d’occupation». Elle permet également au président ukrainien d’utiliser sans entraves l’armée ukrainienne pour libérer les «territoires temporairement occupées» à l’est du pays et d'instaurer la loi martiale dans ces régions. Les troupes ukrainiennes interviennent contre les milices populaires dans le cadre de ce qu'elles nomment une «opération antiterroriste».
La loi sur la «réintégration du Donbass» a été introduite à la Rada par le président Petro Porochenko lui-même. Il a réclamé qu’elle soit examinée dans les plus brefs délais. Mais le débat ne s'est pas déroulé sans anicroches : les 5 et 6 octobre, des opposants au projet, les députés des partis politiques Samopomitch et Svoboda, ont bloqué la tribune du parlement, provoquant rapidement une rixe entre élus.
Le texte de loi sur le Donbass, finalement approuvé, ne mentionne d’ailleurs pas les accords de Minsk, conformément à ce que réclamaient les députés de l'opposition. En vertu de ces accords, Kiev doit accorder davantage d’autonomie aux régions de Donetsk et de Lougansk.
C’est précisément sur cette question que porte la seconde loi approuvée le 6 octobre : le document prolonge un «statut spécial» accordé par Kiev aux régions rebelles. Techniquement adoptée en 2014, la loi accordant ce statut n’a pourtant jamais été appliquée dans le Donbass. Elle stipule en effet que ces régions n’obtiendront ce «statut spécial» qu’après des élections locales menées sous le contrôle de Kiev et avec la participation d'observateurs internationaux.
Or, à ce jour, ces élections n’ont jamais eu lieu, et la nouvelle prolongation de la loi adoptée le 6 octobre ne fait que rajouter de nouvelles conditions à la mise en application de ce «statut spécial». La loi nouvellement votée exige par exemple la «sortie des formations paramilitaires illégales» des territoires de Donetsk et de Lougansk.
Les deux régions ont d'ailleurs déjà exprimé leur mécontentement, soulignant que les accords de Minsk ne prévoyaient aucune condition préalable à l’élargissement de leur autonomie. Elles estiment également que cette prolongation a été adoptée sous la pression des alliés de l’Ukraine, alors que cette dernière ne montre pas selon eux de réelle volonté de résoudre ce conflit qui continue d'envenimer l'est du pays.