Être citoyen de l'Empire

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Avec cette page du journal du front, j'ouvre une série de portraits où je veux garder de la distance avec l'intimité et l'histoire personnelle des individus, cherchant à ne retenir que l'essence de leur engagement et le rayonnement de leur courage.

Car seuls comptent l'exemple et l'Honneur qu'ils offrent avec humilité et naturel à leurs camarades de combat et à l'Histoire. 

Aujourd'hui je vous invite à rencontrer "Kucha" un homme libre du Kamchatka.



28 octobre 2017

Dans notre Occident aux Etats-nations fantasmés (même s'ils ont une existence historique réelle et respectable pour certains) le sentiment patriotique est souvent lié à une idéologie centrée qu'elle soit politique, religieuse, culturelle et même parfois ethnique. Dans le Donbass, avec mes camarades volontaires venus des pays slaves je retrouve le sens du mot nation tel que défini par Ernest Renan en 1882 lorsqu'il évoquait son "âme spirituelle" forgée par "le désir de vivre ensemble".

Cette conscience d'un héritage passé, qu'il s'agit d'honorer, sur la volonté présente de le perpétuer, et par delà les dogmes temporels qui vivent leurs cycles temporels, je l'approche concrètement avec les volontaires russes qui sont venus parfois de l'autre bout de cet immense empire où le soleil ne se couche jamais (Russie = 11 fuseaux horaires)

Ainsi de "Kucha", ce marin pécheur du Kamchatka, cette péninsule russe d'Extrême-Orient (près de la Corée du Nord) située à 10 heures d'avion de Moscou, qui en répondant à 'appel de son coeur, est venu sur les marches occidentales de la Russie, dans un Donbass orthodoxe et européen. 
Ce patriotisme est en effet à mes yeux exceptionnel et exemplaire car ses racines sont plus profondes que les feuillages éphémères d'une identité ethnique (il est koriak) religieuse (il est paien) ou politique....

La Russie fédérale a su conservé à travers les chapitres de son Histoire, cette "civitas imperium" qui faisait la fierté des empires antiques (plus ou moins bien respecté selon les époques et les empereurs) au sein desquels les peuples natifs pouvaient conserver leurs droits et usages, jusque leurs systèmes judiciaires et monétaires, et bien sûr leurs cultes et leurs cultures distinctes.
A propos du Kamchatka justement, la protection des droits et des identités coutumières de ses peuples natifs (Koriaks, Itelmènes, Evènes, Aléoutes, Tchouktches, Aïnous ) a été renforcé en 2009 par l'Etat fédéral...

Cela n'empêche pas de voir toujours fleurir dans les coeurs ce sentiment sacré d'une appartenance commune avec les autres peuples de Russie...bien au contraire car c'est en respectant les libertés identitaires qu'elles fusionnent le mieux pour défendre l'entité qui les protège. C'est en équilibrant et garantissant l'expression spécifique de chacune de ses couleurs que l'unité de l'arc en ciel nous apparaît à la fois plus harmonieuse et puissante.

A l'heure historique où les peuples d'Europe secouent leurs chaînes abandonnées et rouillées, il serait bon que les nationalistes occidentaux de tout poil s’interrogent sur les racines naturelles de ces résurgences identitaires de peuples un temps minorisés comme sur la légitimité dans le temps des entités nationales historiques... 
...Et surtout se pencher sur la magie de cette unité russe dans sa diversité multiple et complexe. Car les déclinaisons idéologiques du patriotisme ne sont que que les feuillages éphémères de racines profondes et éternelles 
Ainsi de cette Europe chrétienne ou blanche ou latine que certains refusent de voir s'achever, s'accrochant désespérément à des pensées désuètes et tellement faibles qu'elles ont même ouvert les portes des patries au chaos mondialiste, notre pire ennemi !

Dans les pays slaves, au XXème siècle le patriotisme est incarné par la "Sovetskaya Rossiya, mais après que la page soviétique ait été tournée, ce sentiment (que la propagande occidentale décrivait comme forcé par le régime) continue et même se renforce, preuve que la volonté de perpétuer un héritage commun est éternel autant que naturel.

Voilà ce qui pousse des hommes libres tel que Kucha mais aussi tant d'autres citoyens éloignés de venir au péril de leur vie défendre un peuple frère aux antipodes de l'Empire...

Ernest Renan ce breton qui toujours est resté ancré dans son identité native avait certainement raison lorsqu'il évoquait la dimension métaphysique de la nation bien au delà des dogmes arrogants et vaniteux, et la grande Russie dont l'hymne chante "ses peuples" est certainement le plus bel exemple de cette puissance harmonieuse née d'une équilibre intelligent et d'un patriotisme volontaire des peuples fondant librement son identité continentale.

Erwan Castel



Photo 2: Avec "Sever" le sibérien et "Sidor" le donbassien


Photo 3 : En première ligne observant les avants postes ennemis à moins de 100 mètres


Photo 4: La patrie charnelle même s'il elle est en bout de carte reste toujours dans le cœur



Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

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