Où il est à nouveau question de Debalsevo

Intensification des attaques ukrainiennes sur la ligne de front


Depuis la semaine dernière les attaques de l'armée ukrainienne connaissent une nouvelle escalade sur l'ensemble de la ligne de front du Donbass. L'intensité des tirs de l'artillerie et des chars de Kiev est même remontée à plus de 700 violations du cessez le feu par jour :
  • 30 octobre : 722 tirs 
  • 31 octobre : 440 tirs
  • 1er novembre : 755 tirs
  • 2 novembre : 402 tirs
Aujourd'hui, 3 novembre 2016, les forces ukrainiennes ont réalisé de multiples provocations durant la journée sur l'ensemble du front et notamment dans le secteur de Yasinovataya où les tirs ont gagné en intensité et calibres utilisés à partir de 17h00.

Entre 18h00 et 21h00 l'armée ukrainienne a également pilonné la périphérie de Gorlovka (Zaitsevo au Nord ey Shiroka Balka à l'Ouest), le secteur de Krasny Partizan et jusqu'au Nord de Makeevka (Nord Est Donetsk), et à 19h00 le secteur de Trudovsky et Staromiklhaïlovka (Ouest Donetsk)

Cette fois, face à ces bombardements prolongés dirigés contre la zone industrielle d'Avdiivka (Nord Est Donetsk) et le village de Spartak (Est Aéroport), les forces républicaines ont été obligées de procéder à des tirs de contre batteries afin de neutraliser les pièces d'artillerie ennemie où au pire les obliger à se replier.

Depuis 23h00, l'artillerie lourde ukrainienne continue de pilonner les périphéries Nord et Ouest de Donetsk.

L'aéroport, défendu par le bataillon Sparta et touché une nouvelle fois par l'artillerie ukrainienne
Kiev lance de nouveaux défis au processus de paix

En plus des incessantes violations du cessez le feu, la stratégie de sabotage des accords de Minsk engagée par Kiev s'exerce également dans le jeu déjà difficile des négociations qui tentent désespérément de débloquer le processus de paix.

Lors de la dernière réunion du quartet Normandie (Allemagne France Russie Ukraine), le 19 octobre à Berlin, Porochenko avait insisté pour que soit déployée une mission armée de l'OSCE dans le Donbass. Poursuivant dans son délire obsessionnel de vouloir contrôler les frontières du Donbass avec la Russie, avant d'engager le volet politique du processus de paix (élections locales et statut spécial), Kiev demande aujourd'hui pour cette mission armée de l'OSCE un effectif d'environ 18 000 à 20 000 hommes. 

Et quand bien même, il est fort probable que les 57 membres de l'OSCE qui fournissent actuellement les 700/800 observateurs déployés en Ukraine éprouvent quelques difficultés à mettre en oeuvre une telle force tant au niveau de ses effectifs qu'au niveau de la coordination de commandement ou logistique par exemple...  

Il s'agit donc de toute évidence de la part de Porochenko d'une nouvelle manœuvre dilatoire destinée a faire échouer l'échéancier de la feuille de route de Minsk.

Non content de compliquer le processus déjà bloqué, Kiev en rajoute à chaque occasion comme par exemple sa dernière revendication de vouloir reprendre le contrôle de Debaltsevo (à l'Ouest de Gorlovka) dans le cadre des zones de retrait des forces armées que tente de mettre en place le groupe de contact chargé de l’exécution des accords.

Pour justifier ce nouveau délire, dont le but même pas voilé est de planter toujours et encore le processus de paix, Kiev ressort des archives la carte du front du 19 septembre 2014, au moment où le premier mémorandum a été signé à Minsk. Or l'évolution de la situation militaire et politique avait alors conduit les participant à réviser ce premier accord et de rédiger un nouveau mémorandum signé le 12 février 2015 ("Minsk 2") que le groupe de contact tente depuis de mettre en oeuvre.

Cette nouvelle exigence évoquée lors de la réunion de Berlin vient d'être à nouveau présentée par le Ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin, pour jeter une nouvelle embûche dans l'ordre du jour de la prochaine réunion du "quartet Normandie" qui doit normalement présenter une nouvelle feuille de route simplifiée pour la réalisation des accords...


Retour sur Debalsevo

Si Kiev ressort de sa manche la carte de Debalsevo et la lance sur la table de Minsk comme un pavé dans la mare, c'est pour plusieurs raisons :
  • L'importance stratégique de Debalsevo pour le Donbass
  • Le litige chronologique de sa libération
  • L'impossibilité de toute forme de négociation 

Carte du front au 4 février 2015, quand la poche de Debaltsevo s'est refermée sur plus de 4000 soldats ukrainiens
Tout d'abord il est important de se rappeler que les accords de Minsk 1 avaient sauvé l'armée ukrainienne d'une première déroute consécutive à la chute du chaudron d'Iliovaisk en août 2014. A l'époque où est signé ce premier accord, Mariupol est sur le point d'être libérée par les forces républicaines en pleine contre-offensive.

Pendant l'hiver 2014-2015, alors que le front se stabilise dans au Sud de la DNR, les combats continuent et même s'intensifient dans le secteur de Debalsevo.

Debalsevo est une petite ville de 25 000 habitants située à 60 km au Nord Est de Donetsk mais c'est surtout un important nœud routier et ferroviaire entre Kharkov, Mariupol, Rostov-sur-le-Don, Taganrog et Moscou et surtout depuis la guerre lancée par Kiev contre le Donbass, le trait d'union entre les deux Républiques de Donetsk et Lugansk. 
L'importance de ce carrefour stratégique n'avait pas échappé aux combattants qui vont se le disputer dès de mois de juillet 2014 :
  • Le 29 juillet 2014, les miliciens sont repoussés par les assauts des forces ukrainiennes qui s'emparent de la ville après de violents combats.
  • Fin août 2014, les forces républicaines réussissent à reconquérir en plusieurs jours de combats la ville de Debalsevo
  • En septembre 2014, la ville tombe à nouveau aux mains des forces ukrainiennes qui commencent alors a fortifier et agrandir vers le Sud (Nikishino) le saillant réalisé;
  • En janvier 2015, les forces républicaines contre attaquent et forcent les ukrainiens a abandonner leurs positions et de très nombreux matériels blindés et d'artillerie
  • Le 26 janvier 2015, le chaudron de Debalsevo s'est refermé sur plusieurs milliers de soldats ukrainiens, qui ont déjà perdu près de 2000 hommes


Début février 2014, Kiev, qui va toujours nier les pertes subies dans ce nouveau chaudron incompréhensible après les précédentes expériences similaires vécues près de la frontière Sud et à Iliovaïsk, tire la sonnette d'alarme et implore une nouvelle réunion à Minsk pour sauver une nouvelle fois son armée d'un désastre historique...
  • Le 12 février 2015, le mémorandum de Minsk 2 est signé alors que les combats font rage aux portes de Debaltsevo
  • Le 15 février 2015, le cessez le feu entre en vigueur, et le Président Zakharchenko offre aux soldats ukrainiens encerclés la possibilité de se rendre
  • Le 18 février 2015, l'armée ukrainienne abandonne la ville de Debaltsevo aux forces républicaines.
On peut observer que le cessez le feu de Minsk 2, en imposant un arrêt des combats a surtout évité à l'armée de Kiev de vivre une Bérézina vs ukrainienne en empêchant à l'armée républicaine d'exploiter vers le Nord sa victoire écrasante dans le chaudron de Debalsevo. 

Le Président ukrainien Porochenko lui-même le reconnaissait en juin 2015 lorsqu'il déclarait : “Il y a encore trois mois le matériel n’avait pratiquement plus de valeur combative, les gens étaient fatigués de se trouver sur le front depuis presqu’un an. La question m’a été posée à quoi ont servi les accords de Minsk. Premièrement, nous avons besoin de la paix. Deuxièmement, cela a permis de rétablir l’aptitude au combat de l’armée et élever la ligne de défense“ 

Alors que les estimations des pertes ukrainiennes oscillent entre 2000 et 4000, Porochenko ne reconnaîtra après 6 mois de combats  violents que... 30 blessés !
Donc aujourd'hui, oubliant le contexte militaire désastreux de l'époque, la perfide Kiev en ressortant une carte caduque de septembre 2014, veut jouer sur la seule chronologie des faits de février 2015 pour revendiquer aujourd'hui Debalsevo sous prétexte que des soldats ukrainiens encerclés s'y étaient réfugiés au moment de la signature de "Minsk 2".
Porochenko, dans ce nouveau jeu de dupe sait pertinemment que cette nouvelles revendication concernant Debalsevo, après celles du contrôle des frontières préalable au processus politique et de la mission armée de l'OSCE, est totalement inacceptable, tant sur le plan politique, militaire que moral vis à vis des populations libérées en février 2015 de l'occupation ukrainienne.

Le Président Zakharchenko a d'ailleurs rappelé clairement et fermement l'évidence, en refusant tout compromis concernent Debalsevo

On pourrait avancer "qui ne tente rien n'a rien" car en exigeant l'impossible tout en invoquant les accords de Minsk, Kiev cherche surtout (et seulement) à responsabiliser les Républiques du Donbass de l'échec inévitable et à venir du Processus de Paix et à créer ainsi un "casus belli" construit sur une mauvaise foi qui sera n'en doutons pas camouflée par le discours mensonger des médias occidentaux...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya


Source de l'article 


Sur le chaudron de Debalsevo




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