Novorossiya toujours !
Le mouvement anti-maïdan né au lendemain du putsch organisé à Kiev par les services occidentaux pendant l'hiver 2013-2014, le discours des pro-russes, fédéralistes devenus séparatistes face à la violence des nationalistes ukrainiens s'est articulé rapidement autour du concept de la Novorossiya. Cette entité à la fois géographique, culturelle, historique et politique correspond en effet aux régions russophones bordant la Mer Noire et remontant vers Kharkov qui ont contesté ce coup d'état du Maïdan... et ce n'est pas une simple coïncidence.
Pendant cette première année 2014, la Novorossiya va mobiliser les coeurs et les bras de dizaines de milliers de sympathisants qui se mobilisent de Odessa jusqu'à Kharkov et des volontaires qui affluent vers les premiers combats qui font rage à Slaviansk et Kramatorsk (100 km au Nord de Donetsk).
Puis, à l'issue des chaudrons victorieux où sont défaits plusieurs corps blindés ukrainiens, un premier accord de paix intervient à l'automne 2014 ("Minsk 1") et avec lui le mouvement anti-maïdan se rétracte aux territoires de Donetsk et Lugansk dont les populations viennent de s'ériger en républiques populaires éponymes. Parallèlement à cette paralysie des combats, le terme "Novorossiya" disparaît progressivement des discours officiels, au point même que des larbins propagandistes comme cette Christelle Néant se croient autorisés à insulter aujourd'hui ceux qui en ont été les meneurs comme Igor "Strelkov" par exemple.
Et pourtant, la Novorossiya dans ses réalités et ambitions n'a jamais quitté les coeurs de celles et ceux qui vivent cette guerre dans leurs chairs, et son drapeau n'a jamais disparu des uniformes des soldats du front...
Or la Novorossiya vient d'être à nouveau citée dans le discours officiel et non des moindres puisqu'il s'agit de celui du président de la Fédération de Russie lui-même, Vladimir Poutine.
Lors de sa 15ème grande conférence de presse annuelle, réalisée le 19 décembre dernier à Moscou devant plus de 1800 journalistes, Poutine, répondant à une question sur Lénine a rappelé cette réalité, à la fois humaine et historique :
"La Novorossia c'est l'origine des terres russes
et la Russie comprend maintenant cela."
"Qu'a proposé Vladimir Ilitch Lénine? Il a proposé non pas une Fédération, mais une Confédération. Sur sa décision, les ethnies ont été attachées à des territoires spécifiques et ont obtenu le droit de se retirer de l'Union soviétique. Mais les mêmes territoires ont été découpés de telle sorte qu'ils ne correspondaient pas toujours aux lieux de résidence traditionnels de ces peuples ou d'autres peuples, de sorte qu'il y avait immédiatement des points de douleur (...). Au cours de la création de l'Union soviétique, des territoires d'origines russes de la Mer Noire, qui n'avaient aucun rapport avec l'Ukraine, les terres occidentales russes ont été transférées à l'Ukraine avec une formulation étrange «pour augmenter le pourcentage de prolétariat en Ukraine", parce que l'Ukraine était un territoire rural.
Ceci est l'héritage de Lénine, qu'il est aujourd'hui nécessaire de comprendre" .
Vladimir Poutine 19 décembre 2019
L'Ukraine tout d'abord dont le nom n’apparaît officiellement qu'au début du XXème siècle était appelé initialement la "Rus de Kiev" pour avoir été le berceau historique de la Russie historique du XIème siècle au XIIIème siècle époque des invasions mongoles qui la repousse vers le Nord. Dès lors l'empire russe, tout en défendant ses territoires des hégémonies germaniques, polonaises, suédoises etc...n'a eu de cesse de vouloir libérer ses territoires de la Mer Noire principalement occupés par la suite par les ottomans.
Cette reconquête va être réalisée sous le règne de l'impératrice Catherine II dont les armées vont repousser les ottomans de la fin du XVIIIème au début du XIXéme siècle. Immédiatement la Russie entreprend de restaurer et développer ses territoires libérés, notamment sous la houlette de personnages illustres tel Alexander Potemkin par exemple. Création de villes, création de vignobles, cultures et forêts, d'usines, d'imprimeries, d'écoles, chemins de fer etc...
La "Novorossiya", cette résurgence de la Russie primitive, est officiellement déclarée en 1774. Aujourd'hui encore les principales villes de ce territoire bordant la Mer Noire datent de cette époque de libération et prospérité : Odessa, Kherson, Dnipopetrovs'k, Pavlosk, Sebastopol, Simferopol, Nikolaiev, Mariupol etc...Plus tard, sous Pierre le Grand, ce sont les terres russes bordant la Mer d'Azov, à l'Est de la Mer Noire, qui vont être développées avec notamment Donetsk qui naît à la fin du XIX siècle autour de l'industrie du charbon et de l'industrialisation.
Les populations russes, durant ces périodes de développement, reviennent sur leurs anciennes terres, peuplant les villes et les ports qu'elles construisent et façonnant les terres à l'entour, tandis que la flotte de la Mer Noire, après Kherson, installe sa base à Sebastopol et son avant poste à Odessa.
Et cette histoire de la Novorossiya n'appartient pas seulement au passé mais aussi au présent comme en témoigne la permanence de la culture russe de ses populations qui, de Odessa à Kharkov la maintiennent vivante dans leur identité vécue quotidiennement.
C'est la culture des traditions adoptée et transmise qui forge une identité nationale et non exclusivement une définition historique, ethnique, religieuse et encore moins politique... Pour savoir si Donetsk est russe ou ukrainienne, il suffit de se promener dans ses rues, d'aller aux manifestations festives qui y sont données, de vivre avec les familles pour comprendre que l'Ukraine n'y est qu'une parenthèse historique étrangère qui ne commença qu'avec l'ère soviétique est fut subie de plus en plus difficilement depuis l'indépendance ukrainienne de 1991.
Récemment, les 2 républiques populaires de Donetsk et Lugansk ont rappelé par des "lois sur les frontières" que leurs territoires identitaires s'étendaient jusqu'aux limites des anciens oblasts (régions) administratives et non cette ligne de front que beaucoup voudrait considérer comme une ligne de démarcation.
Et pour les républiques du Donbass qui ont stoppé dans un premier temps l'hégémonie criminelle ukraino-occidentale, la libération des territoires de Donetsk et Lugansk occupés par l'armée ukrainienne, reste dans les coeurs qu'une seconde étape vers la libération de la Novorossiya et la chute du régime totalitaire de Kiev.