"Notre avenir nous appartient"


Bien que menant des politiques convergentes et orientées vers le rattachement du Donbass à la Fédération de Russie, les déclarations communes des présidents des républiques populaires de Donetsk et Lugansk restent rares et méritent donc qu'on y prête attention.

Après le brouhaha propagandiste qui a suivi la dernière réunion du "Format Normandie" (Russie, Ukraine, France, Allemagne) où tout et son contraire ont été dit de part et d'autre de la ligne de front, les présidents Denis Pushilin (RPD), et Leonid Pasechnik (RPL) ont tenu a rappelé quelques réalités et principes évidents :

Dans cette conférence de presse commune, les 2 représentants des républiques du Donbass ont insisté sur le principe qu'aucune décision concernant leur territoire et leur avenir ne pourra être prise en leur absence et sans leur consentement. 
  • «Tout cela doit être convenu directement avec nous, en tenant compte des particularités du développement historique et économique du Donbass. De plus, je souligne qu'absolument toutes les questions liées à l'avenir du Donbass doivent être convenues avec nous - les gens qui sont restés sur leur terre, qui ont été choisis par le peuple pour défendre et développer notre République » - Denis Pushilin
Ce point est tellement évident qu'on en oublie la pitoyable réalité de ces accords de Minsk qui n'invitent même pas à la table des pourparlers pour la paix l'un des 2 belligérants du conflit à savoir les républiques séparatistes du Donbass. Car même si la Russie soutient les républiques, elle n'est pas plus à l'initiative de leur séparatisme, de leur référendum et ses forces armées n'ont pas pris part au conflit armé contrairement au fantasme ukrainien qui tente de justifier  l'échec de son armée et légitimer la guerre contre le Donbass. Cette revendication des républiques du Donbass de participer aux discussions décisionnaires n'est pas seulement légitime, elle est surtout logique et constructive a d'ailleurs été soutenue par le Président Poutine lors de la réunion des 4 à Paris ce 9 décembre.


L'autre point important que les 2 présidents ont voulu souligner de concert est l'absence dans les actes, tant à Kiev que sur le front ukrainien, de la moindre mise en oeuvre de ces accords de Minsk qui demandent par exemple un cessez le feu sur la ligne de front et une modification de la constitution ukrainienne permettant un statut spécial pour le Donbass. 

Ici je rappelle à nouveau qu'il ne faut surtout pas se laisser leurrer par le focus politico-médiatique réalisé sur les 3 "zones tests" démilitarisées (moins de 1% des 460 km du front) car il sont "l'arbre qui cache la forêt" où se poursuivent des bombardements ukrainiens quotidiens. D'ailleurs cette "démilitarisation" est toute relative car l'artillerie ukrainienne qui ne s'est pas retirée continue ses provocations par dessus les 2 km de la zone tampon restaurée, et même des unités de la 46ème brigade ukrainienne ont été observées revenant sur leurs positions à Stanitsa Lugnanskaia par exemple.


La question des territoires du Donbass occupés par l'armée ukrainienne et de leurs populations (Mariupol, Volnovakha, Marinka, Avdeevka, Slaviansk etc.) a également été rappelée à l'occasion :
  • "Les autorités de Kiev continuent de terroriser les habitants de la partie du Donbass qui est sous leur contrôle ; des milliers de personnes sont détenues illégalement dans des prisons, y compris secrètes, du SBU (Service de Sécurité Ukrainien), sans que cela ait été pris en compte par les pays occidentaux, en particulier l’Allemagne et la France" (signataires de Minsk) - Denis Pushilin
Ici il est je pense pertinent de rappeler qu'initialement les accords de Minsk concernaient "les territoires des oblasts (régions) de Donetsk et Lugansk" soit leurs zones républicaines et celles occupées par Kiev. Or, au fil des réunions de Minsk ces territoires occupés ont été évacués des discussions par une "politique du fait accompli" occidentale comme on a pu l'observer dans le passé lors des traités de paix israélo-arabes par exemple où la ligne de front devenait ligne de démarcation.


En plus de cette poursuite du terrorisme d'Etat sur le front du Donbass, Pushilin et Pasechnik ont souligné les autres sabotages des accords menés par Kiev sur le plan politique, comme par exemple la volonté de faire intervenir dans les négociations des oligarques et hommes d'affaires ayant fui le Donbass en 2014 et n'y entretenant plus aucune relation.

Drapeau russe flottant au dessus de la place centrale de Donetsk
Pour résumer, les 2 présidents du Donbass ont rappelé également le référendum de 2014, une réalité historique qui fonda les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk, ne dissociant pas, comme tente de le faire Kiev, les populations de leurs territoires par une épuration ethnique ou de disséquer ces derniers au gré de ses avantages militaires.
  • "Le référendum de 2014 qui s’est tenu dans les anciennes régions de Donetsk et de Lugansk démontre clairement le rejet par les habitants du Donbass du coup d’État du Maïdan et de la politique du régime néo-bandériste, que Zelensky continue de mener. L’Occident ne veut pas s’en souvenir. Le référendum s’est déroulé sans aucune ingérence La population elle-même s’est organisée et a exprimé un « non » catégorique au régime autoproclamé de Kiev" - Leonid Pasechnik

Ici encore les 2 présidents du Donbass rappellent la partialité et le cynisme des occidentaux pourtant garants de la bonne application des accords de Minsk (via la France et l'Allemagne) qui ferment les yeux sur les magouilles politiques et les provocations militaires de Kiev par complicité politique, solidarité russophobe et cupidité économique.

Il serait temps que ces "démocraties occidentales" qui se prétendent parangons des droits de l'Homme et du citoyens (avec Macron on est en droit de le douter) se penchent aussi sur le droit des peuples à disposer d'eux mêmes (qu'ils ont instrumentaliser hier au Kosovo ou à Mayotte par exemple) et accordent, pour commencer à travailler sérieusement à la paix dans le Donbass - et en Europe - droit de citer aux populations russes de Donetsk et Lugansk qui sont indéracinables des terres qu'elles ont façonné avec leur sueur et leur sang. 
  • "Nous déclarons: en l'absence de négociations directes avec les représentants des habitants de la RPD et de la RPL, la fin de la guerre est impossible" a résumé Leonid Pasechnik, le Président de la RPL

Et seulement à partir de cette évidence de vraies négociations de paix pourront alors être amorcées...

Erwan Castel

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