Zelensky = Porochenko
Or ce que nous observons, et sans surprise pour les populations du Donbass, c'est juste une nouvelle marionnette kiévienne qui assure un "changement dans la continuité" de la guerre.
Car derrière les beaux discours, le théâtre de Minsk 2 et les buzz médiatiques tel que l'échange asymétrique de prisonniers réalisé dernièrement, force est de constater que la situation sur le front reste inchangée et même poursuit lentement mais sûrement son aggravation.
Preuve en est, plus de 30 défenseurs des républiques de Donetsk et Lugansk ont été encore tués sur le front en octobre, sans compter les blessés graves et les destructions au cours desquelles plusieurs civils ont été également blessés. Et pendant ce mois commençant, l'hémorragie continue à l'exemple de cette journée du 8 novembre où 3 défenseurs de la République Populaire de Donetsk ont été tués au cours d'attaques ukrainiennes (ce qui porte pour la première semaine du mois les pertes à 6 soldats tués et plusieurs blessés dont 1 civil).
Républicains connus tombés sur le front en octobre 2019
le 7 novembre en soirée, un des tirs de mortier ukrainien
arrivant dans le village de Trudovsky, à l'ouest de Donetsk
Plus les mois s’enchaînent dans cette guerre du Donbass plus l'issue au conflit apparaît impossible, car de toute évidence les objectifs définis par le protocole de Minsk sont à l'opposé de ceux poursuivis par les 2 parties :
- L'Ukraine en effet refuse de modifier sa constitution, préalable à la définition d'un statut spécial qui ouvrirai la porte à une fédéralisation du pays espérée par d'autres régions identitairement non ukrainiennes (Sub Carpathie, Lvov, Odessa etc.). De plus en plus de responsables politiques à Kiev excluent également une amnistie générale pour des populations de Donetsk et Lugansk...
- Les Républiques quant à elles maintiennent leur cap vers une intégration future au sein de la Fédération de Russie, et veulent conserver le contrôle de leurs frontière avec elle. Cependant, contrairement à l'Ukraine, les républiques du Donbass "jouent le jeu" des accords de Minsk pour montrer leur ambition d'obtenir la fin effective des hostilités sur le front et prouver que le sabotage du plan de paix est principalement le fait de la partie ukrainienne.
Aujourd'hui ce qui semble le plus illustrer cette enlisement de la situation est certainement l'échec de la démilitarisation de 2 secteurs test du front, à Zolotoy sur le front de Lugansk et Petrovsky sur celui de Donetsk.
Sur ces 2 points du front, contrairement aux républicains, les forces ukrainiennes refusent de reculer d'1 kilomètre comme prévu lors de la dernière réunion du groupe de travail de Minsk. Du coup les belligérants restent sur leurs positions.
Ici le gouvernement Zelensky, dans une lâcheté et une faiblesse assumées montre du doigt les paramilitaires nationalistes qui occupent les positions ukrainiennes en refusant de partir. Une fois de plus Kiev utilise les néo-nazis ukrainiens pour arriver à ses fins sans endosser l'initiative du sabotage. Cette stratégie grossière avait déjà eu cours sous le gouvernement Porochenko quand quelques groupes de nationalistes ukrainiens avaient imposé le blocus économique des républiques en sabotant les voies ferrées et en contrôlant les blok posts traversant la ligne de front. c'est la politique du fait accompli par procuration tacite.
Et quand bien même ce retrait bilatéral des secteurs de Zolotoy et Petrovsky aboutirait, cela changerait quoi à la situation générale si sur les 99 % restant du front les combats et bombardements meurtriers continuent ? Et quelle garantie que les forces ukrainiennes qui ne cessent de "grignoter" impunément les zones neutres depuis 3 ans, ne vont pas revenir investir ces secteurs démilitarisés et même jusqu'aux positions républicaines abandonnées ?
Sur le front, la situation est loin de confirmer une quelconque volonté ukrainienne d'amorcer ce processus de paix enlisé depuis sa signature. Du Sud au Nord, les ukrainiens continuent leur guerre d'attrition, cherchant à épuiser les forces républicaines et le moral de la population qui subit toujours des bombardements quotidiens, comme ici à Kominternovo au début de ce mois de novembre.
Bombardement ukrainien du village de Kominternovo dans le Sud de la RPD
(vidéo du drone d'observation et de correction utilisé par les artilleurs)
Ces attaques ukrainiennes obligent parfois les forces républicaines à riposter lorsque les avancées ennemies menacent trop leur ligne de défense, comme ici par exemple où un nouveau poste avancé ukrainien organisé dans la zone neutre a été détruit par une unité de reconnaissance républicaine.
Un groupe antichar d'une unité de reconnaissance républicaine
détruit une nouvelle position ukrainienne dans la zone neutre
Et pour compliquer cette situation déjà inextricable des voix s'élèvent à Kiev surenchérissant sur la voie de la guerre :
- William Taylor, le chargé d'affaires américain en Ukraine a déclaré au sujet du retrait des forces prévu qu’après avoir quitté la zone désignée l’armée ukrainienne pourrait-être remplacée par la police et la Garde nationale ukrainienne. Proposition inacceptable et contraire au principe de démilitarisation de zone, et immédiatement rejetée par les républiques.
- Sergey Krivonos, du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine a proposé de préparer la population à une guerre de guérilla avec la Fédération de Russie en appelant à la création d'une défense territoriale.
- Arsen Avakov, le Ministre ukrainien de l'Intérieur a déclaré : "J'espère que la paix sera définitive dans tout le pays et que lors du prochain déploiement des troupes, Donetsk nous sera libéré et que le retrait s'achèvera à la frontière entre l'Ukraine et la Fédération de Russie" (il a le droit de rêver !)...
En résumé, l'intégration en retour au sein de l'Ukraine après bientôt 6 années de guerre et environ 20 000 morts est inconcevable pour les républiques du Donbass qui savent les répressions qui les attendent quel que soit leur statut L'option paix n'est pas réalisable pour Kiev qui sait que cela amplifierait les tensions avec les nationalistes et ouvrirait la porte à une balkanisation de l'Ukraine. L'option guerre ouverte n'est pas souhaitée, ni par Moscou ni par les occidentaux qui contrôlent à distance les belligérants, car cela déstabiliserait la région et l'Europe.
Il semble aujourd'hui plus que jamais que l'option "guerre gelée" soit la carte jouée par Kiev, qui espère un épuisement des forces vives, militaires et politiques, des républiques populaires du Donbass qui de leur côté continuent le processus long car prudent de leur intégration en Russie (normalisation, passeports etc).
Le bras de fer risque donc malheureusement de continuer sur fond de larmes et de sang !
Erwan Castel