2000 jours et 2000 nuits
Voilà 2000 jours que le conflit du Donbass secoue le coeur de l'Europe, 2000 jours et 2000 nuits que les soudards de marionnettes occidentales mises en place à Kiev pendant le coup d'Etat du Maïdan bombardent et saignent une population au seul grief qu'elle est identitairement russe et désire le rester.
2000 jours... c'est plus long que la seconde guerre mondiale, et même si on ne peut comparer - fort heureusement - l'intensité des combats et l'étendue des pertes, il reste cette réalité inacceptable de voir un peuple et, à travers lui la civilisation européenne, subir la brutalité d'un conflit à caractère génocidaire, à l'aube de ce XXIème siècle.
Ironie du calendrier, ces 2000 jours marquant cette nouvelle déchirure européenne coïncident avec les trente ans de la "chute du mur" symbolisant la fin de la "guerre froide" et la prétendue réunification de l'Europe. Mais 30 années plus tard, force est de constater qu'en fait de "réunification" l'Europe de l'Ouest s'est soumise à l'hégémon d'une dictature de la marchandise amorale qui cherche à soumettre par tous les moyens les derniers peuples et empires qui protègent leurs héritages ontologiques.
Il y a 2000 jours, des femmes et des hommes du Donbass ont refusé de ce soumettre aux putschistes pro-occidentaux du Maïdan et d'abandonner leurs traditions et leurs libertés au profit d'un projet désireux de soumettre le monde sensible à l'amoralité de l'argent et la liquéfaction du monde où les diversités humaines seront noyées jusqu'à l'humanité elle même.
Car si le combat du Donbass pour préserver ses libertés et ses traditions est localisé à cette région situées aux marches de l'empire russe, il n'en demeure pas moins qu'il l'expression radicale et symptomatique de ce conflit éternel décrit par Zygmunt Bauman entre les empires solides comme cette Russie considérée par les géopoliticiens comme la "terre du milieu" et les impérialismes liquides représentés par les thalassocraties de l'histoire et notamment les anglo-saxons qui cherchent à la submerger.
Certes les entités solides de l'Histoire, religieuses, politiques, militaires ou culturelles par exemple nous ont imposé souvent dans le passé les cristallisations de leurs ambitions colonialistes: absolutismes politiques, frontières artificielles, communautaro-centrismes, dominations militaires etc. Mais ces hérésies géopolitiques avaient au moins l'avantage d'être idéologiquement et concrètement palpables; donc à la merci des résistances humaines racinaires.
Et c'est de cette résistance racinaire dont il s'agit dans le Donbass, tout comme celle des peuples de Syrie, de Gaza, du Vénézuéla, de Bolivie etc. qui luttent contre la submersion du libéralisme pour rester eux-mêmes.
Dans le Donbass, depuis 2000 jours et 2000 nuits des enfants, des femmes et des hommes résistent à l'agression ukrainienne qui quotidiennement les méprise moralement, les nie culturellement, les asphyxie économiquement et les bombarde physiquement. La grande erreur d'un observateur serait de réduire ce conflit à une guerre civile opposant les enfants perdus d'un empire soviétique disparu aux nostalgiques d'un totalitarisme ukrainien russophobe aux relents néo-nazis. Même si ces 2 dimensions idéologiques sont une réalité de ce conflit qui n'en finit pas, mais elles ne sont que l'écume de vagues qui se rencontrent aux confins d'un monde russe solidifié par la Tradition et d'un monde occidental liquéfié par l'Argent.
Cette dimension ontologique est primordiale pour comprendre l'essence même de ce conflit et surtout se prémunir mieux de cette "tentation libérale" qui via une mondialisation des systèmes de communications, des échanges économiques mais aussi culturels s'immisce dans nos vies et nos pensées quotidiennes tel un poison qui affaiblit les défenses immunitaires des identités humaines. Car, n'en déplaise aux pseudos "pro-russes" français qui pour beaucoup ne se montrent dans le Donbass que pour mieux nourrir leurs ambitions d'affairistes libéraux et mafieux installés à Moscou, il n'y a pas de bons et de mauvais libéralismes.
Le libéralisme est l'ennemi mortel des peuples et il est agité comme un miroir aux alouettes par les élites esclavagistes, bourgeoisie du passé ou finance du présent, que pour mieux les soumettre à la pensée unique servant leurs pouvoirs égocentriques et tyranniques. Qu'elle soit religieuse, économique ou culturelle, l'idéologie libérale, dans sa forme politique ou sociale est le cancer de l'humanité pour la simple raison comme le rappelle Lucien Cerise que ce "Nouvel Ordre Mondial" qu'elle promeut "ne cherche pas à promouvoir un type d’homme. Ce qui est visé, c’est la fin de l’humain, donc le post-humain, le transhumain, etc." afin qu'arrive in fine la dictature universelle de l'argent via une atomisation des sociétés humaines traditionnelles en un troupeau indistinct d'individualistes consuméristes et aliénés à sa marchandise.
Voilà donc 2000 jours qu'un peuple européen, entre Occident et Eurasie, résiste à cette marée libérale meurtrière qui depuis 30 ans progresse vers les murailles de la Russie poussant devant elle les bandéristes et autres idiots utiles ukrainiens.
D'aucuns prétendront que cette rébellion du Donbass est un "combat d'arrière garde" d'un monde soviétique disparu.
Je pense pour ma part que les républiques populaires de Donetsk et Lugansk, en défendant radicalement les valeurs, les traditions et les libertés d'une Russie éternelle sont au contraire à l'avant garde des peuples se rebellant de plus en plus contre ce Nouvel Ordre Mondial et ses élites hors sol et corrompues.
Car depuis 2000 jours, le monde a changé sous les réactions des peuples qui se mobilisent de plus en plus sur tous les continents contre l'hégémonie mondialiste et revendiquent chacun dans leurs sanctuaires, la souveraineté de ce "sens commun" civilisationnel enfoui dans le coeur de chacun. Ce "sens commun" supra communautaire qui survit au temps, aux guerres, aux esclavages, est indestructible car il est cet "inconscient collectif" des peuples décrit par Heidegger hérité de leur histoire, de leurs traditions, et qui fonde leur vraie Liberté.
Le temps de la reconquête des peuples arrive...
Erwan Castel