Le Donbass, un peuple au combat

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Sergeï dit "Lissi" au tirant un Vog, cette grenade à fusil dont le système de propulsion amovible peut se fixer sous le canon de la kalashnikov.

Il y a 4 ans à 100 km au Nord de Donetsk, la guerre commençait à Slaviansk (100 km au Nord de Donetsk), provoquée par l' "Opération Spéciale Antiterroriste" lancée par les putschistes du Maïdan contre les populations russophones d'Ukraine qui voulaient défendre leur identité.

Depuis, au mileu de la tourmente, de jeunes Républiques populaires sont nées dans un Donbass coupé en deux par une ligne de front où plus de 120 000 hommes s'affrontent dans une guerre larvée dans un réseau de plus de 300 kilomètres de tranchées et de casemates enterrées. 
Entre 10 et 20 000 morts et des dizaines de milliers de blessés  témoignent de la réalité violente de cette guerre cachée, oubliée.

Ils ne sont plus là, les Strelkov, Bessler, Mozgovoi, Givi, Motorola etc., ces capitaines ayant mené la Rébellion à la victoire. Certains sont rentrés chez eux, tandis que d'autres ont été lachement assassinés par un ennemi incapable de les vaincre sur un champ de bataille.

Et pourtant elle est toujours là cette armée d'ouvriers mineurs, d'étudiants, d'artisans, de paysans accrochée à sa terre noire du Donbass et sa Liberté conquise. 

"Zaets" un autre sniper de l'unité.
Depuis 4 ans des dizaines de milliers de volontaires sont venus au devant des chars et des canons ukrainiens, souvent avec des moyens dérisoires pris à l'ennemi pour combattre cette haine bandériste d'un autre âge  ressuscitée par la russophobie délirante d'une hégémonie vampirique occidentale. 

Aujourd'hui cette milice aux uniformes bigarrés est devenue une armée professionnelle coordonnée, équipée et entraînée. Forte de près de 30 000 hommes, cette force combattante est toujours composée uniquement de volontaires du Donbass, d'Ukraine mais aussi d'une vingtaine de pays depuis l'Eurasie jusqu'aux Amériques en passant par l'Europe.

A la différence de Kiev, Donetsk et Lugansk n'ont pas besoin de recourir à des mobilisations régulières pour alimenter ce front du Donbass. Chaque semaine, malgré l'enlisement des combats, des hommes et des femmes se présentent aux bureaux de recrutement des Républiques ou directement aux portes des casernes. 
Certains sont là depuis 4 ans, piliers aguerris des groupes de combats et gardiens de la flamme de la rébellion. D'autres en sont à leur 2ème ou 3ème engagements sous les drapeaux aux aigles bicéphales ou d'autres encore entrent seulement aujourd'hui dans la famille d'un bataillon. 

La brigade internationale "Piatnashka" est l'une de ces familles militaires qui constituent depuis 2014 l'ossature de la milice populaire du Donbass devenue armée républicaine. Fondée à partir d'un noyau de 15 volontaires sous le commandement d' "Abkhaz" cette unité, qui affiche dès sa naissance sa dimension internationale, est devenue au fil des combats et des sacrifices un bataillon d'élite toujours engagé sur les secteurs les plus dangereux du front.

 "Mamaï" le commandeur de la Brigade internationale Piatnashka, en inspection dans les murs de "forteruine"
Forte de 3 compagnies de combat et d'unités rattachées, la Brigade Piatnashka, commandée aujourd'hui par "Mamaï" un volontaire d'Ossetie, constitue le 2ème bataillon du Régiment des forces spéciales de Donetsk.
Ses unités sont déployée dans plusieurs secteurs du front et notamment au Nord de la ville de Donetsk, entre Yasinovataya et Avdeevka.

Aujourd'hui la menace d'une nouvelle offensive ukrainienne, que nous attendons depuis 3 ans bientôt, semble se préciser. L' "Opération Spéciale Antiterroriste" de Kiev va laisser la place en mai à l'application de la "loi de réintégration du Donbass" votée au Parlement ukrainien et qui donne de facto le feu vert pour une nouvelle offensive contre les Républiques de Donetsk et Lugansk.


Jeudi 19 avril 2018

Sur le secteur tenu par notre unité, la tension grandissante est palpable et le bruit des armes comme celui des pelles durcissent une ligne de front déjà très chaude du fait de la proximité des lignes de front (100 à 300 mètres).

Entre Yasinovataya et Avdeevka, le "commandeur" de Piatnashka et des officiers de son Etat Major viennent souvent inspecter nos positions qui se renforcent de jour en jour et le moral de leurs défenseurs. 

Les tirs ukrainiens, d'habitude erratiques, sont redevenus des mitraillages et bombardements vifs et précis qui interviennent tout au long de la journée et de la nuit. 
Mortiers de 82mm, canon sans recul de 73mm, roquettes antichars, grenades propulsées de 40mm, bitube de 23 mm sont à nouveau revenus dans la sarabande des armes légères d'infanterie. 

Ce sont surtout les snipers qui animent en ce moment le champ de bataille. Renforcés de chaque côtés du front ces électrons libres aux allures de caméléon se livrent à des traques mutuelles permanentes et des observations fouillées des positions adverses.

Sniper à l'affut au milieu d'une pièce renforcée (l'éclat est dû au flash)

Et tandis que les voix grésillantes des radios égrenant les comptes rendus d'observations sont l'ambiance sonore ininterrompue des casemates, les drones repartent à nouveau traquer les nouveautés ennemies au dessus des tirs énervés de leurs armes automatiques. 

Les hommes ici sont calmes et confiants, aguerris depuis des mois et pour beaucoup des années dans ces tranchées qui sont leur deuxième maison. Et lorsque "le matin du grand soir" va arriver, nous savons que derrière nous des milliers d'autres volontaires se lèveront pour nous rejoindre, sans compter la mère en colère qui viendra protéger ses oursons.

D'ici là , avec les autres camarades de Piatnashka dont nous attendons la relève pour  quelques jours de repos à Donetsk,  nous continuons à veiller sur les remparts du Donbass libre.

Erwan Castel

Oleg, un vétéran des premiers combats  et toujours en première ligne

Mézigue à l'écoute des positions ennemies situées à moins de 100 mètres

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

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