La peur est revenue, mais la foi reste !

Au 2014 rue Rybalko à Zaitsevo, est mort Anatoly Moskalets un civil frappé par des éclats d'obus
Depuis 4 ans la population du Donbass qui vit sur l'étroite bande de la ligne de front n'a plus à démontrer depuis longtemps son courage et sa capacité de résilience. Et pourtant depuis quelques jours une tension est à nouveau visible dans la démarche et les regards des riverains d'Oktyabrsky qui se soqui à nouveau soumettent au contrôle des block-posts ui à nouveau ceinture avec la ligne de front leur quartier stigmatisé par la guerre.

Pendant ces 3 journées de repos, passées à réparer le toit de la maison que des shrapnels avaient crevé le 10 avril dernier, des bombardements de l'artillerie ukrainienne ont troublé régulièrement les oiseaux jouant dans les pruniers en fleurs. 

Une artillerie qui des mortiers aux obusiers en passant par les canons des chars de combat a entamé une escalade sensible de ses harcèlements offensifs sur un front qui s'attend à voir se déclencher à tout moment une nouvelle offensive de Kiev contre le Donbass.

Au cours des dernières heures par exemple :

Sur le territoire de la République de Donetsk, Volvo Center, l'aéroport et Spartak au Nord de Donetsk, Dokuchaievsk au Sud de Donetsk ou Zaitsevo au Nord de Gorlovka ont été bombardés quotidiennement depuis 3 jours, y compris en journée comme le marché de Dokuchaievsk ou un civil a été blessé ce matin à 09h15

Sur le territoire de la République de Lugansk, ce sont les secteurs de Popasnaya et Pervomaisk (près de la limite entre les 2 républiques) Svitlodarsk ou Bahmutka qui vont eux aussi subir des bombardements réguliers pendant la nuit et la journée.


A Oktyabrsky beaucoup de discussions tournent à nouveau autour de la situation militaire et les nouveaux renforcements du front et des contrôles font dire aux familles que le cauchemar menace à nouveau ce quartier du Donbass qui est certainement celui qui a été le plus détruit depuis ce 26 mai 2014, lorsque  la guerre frappe l'aéroport de Donetsk.

Ici les gens n'écoutent plus que d'une oreille distraite les inévitables logorrhées propagandistes des pouvoirs en lutte qui de chaque côté du front inondent leurs médias asservis de leur sempiternelle et soporifique vision manichéenne du conflit. Ici les femmes et les hommes répètent "il faut en finir une bonne fois avec cette guerre pourrie", mais d'abord et en attendant la paix il faut "protéger les enfants", etc... et chacun de s'organiser pour aménager à nouveau les caves, préparer une adresse de repli en cas de forts bombardements, redonner les consignes aux enfants etc...

Les informations familiales ici traversent le front et circulent de maison en appartement, s'échangent sur le marché de la gare, toujours très fréquenté même lorsque les orages d'acier grondent à l'horizon. Et aucune ne vient infirmer les inquiétudes des habitants, bien au contraire.

Mais si la peur est revenue, elle ne cède cependant jamais à la panique, même lorsqu'au milieu d'une nuit déchirée par les déflagrations des larmes naissent dans les yeux d'une mère anxieuse veillant sur ses enfants dans un renfoncement éloigné des fenêtres tremblantes.

Alors que les accords de Minsk alourdis par leur impuissance à se faire respecter finissent d'être engloutis dans les sables mouvants d'un cynisme occidental meurtrier, l'Opération Spéciale Antiterroriste lancée il y a 4 ans par les putschistes du Maïdan contre les populations russophones d'Ukraine, elle aussi s'achève à la fin du mois.

Et pour laisser la porte ouverte au pire: cette loi de réintégration du Donbass dont l'application est désormais prête à être mise en oeuvre par Kiev, après 3 mois de réformes juridiques, militaires et politiques. De son côté le Président Poutine, devant l'obstination belliciste occidentale, et qui est visible sur de nombreux fronts militaires, économiques et politiques, s’apprête à former son nouveau gouvernement, dont beaucoup de sources informées s'accordent à dire que sa composition confirmera au niveau mondial ce que mes voisins d'Oktyabrsky craignent pour leur sanctuaire coincé entre le bélier étasunien et le rempart russe.

Ici les autorités civiles et militaires de la République de Donetsk tout en restant confiantes et calmes ont entamé, à la veille des célébrations de début mai célébrant la victoire contre le nazisme, une montée en puissance de leurs ressources de défense et renforcé toute la ligne de front comme en témoignent les nombreux block posts réactivés et tranchées creusées entre Donetsk et Gorlovka par exemple.

En retournant sur le chemin de la caserne je croise des uniformes aux allures décidées mais surtout des sourires et des signes de croix des femmes rentrant du marché vers leurs maisons au delà desquelles gronde à nouveau la bête immonde.

"No pasaran !"

Erwan Castel





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