Sébastien, un nouveau volontaire pour le Donbass
De la Franche Comté au Donbass...
Le conflit du Donbass catalyse des énergies et des personnalités singulières par définition anticonformistes se retrouvant côte à côte sur le front de l'information ou de la guerre, voire des deux...
C'est ainsi qu'une petite communauté s'est formée depuis 2 ans autour du travail de réinformation de ce choc de l'Histoire, qui du Maïdan au Donbass, en passant par la Crimée, ont fait basculer inexorablement l'Europe, d'une simple manifestation à une guerre moderne et meurtrière.
Parmi les personnes attirés par le Donbass, il y a les paumés, les individualistes narcissiques, qui se sont trompés de chemin et déversent leur rancœur haineuse de n'avoir pas réussi leur rêve immature...
Ces individus pitoyables marquant la frontière entre l'anticonformisme et la marginalité, ne méritent pas plus que ces 2 lignes.
D'autres, se sont jetés corps et âme dans cette fraternité de combat, penchés sur leur clavier ou/et leurs fusils d'assaut, épiant l'ennemi et l'information...
Sébastien H m'a contacté dans le cadre du travail de réinformation réalisé sur les réseaux sociaux du net. Très actif, il est devenu administrateur du Groupe FB "Soutien à la Rébellion du Donbass". DE jour en jour, c'est homme d'une quarantaine d'année a mûrit sa décision, poussé par le désir de servir plus en avant la cause épousée du Donbass.
Il y a 1 mois environ il m'apprenait sa décision de venir sur place et, si possible de rejoindre l'unité.
Aujourd'hui, c'est chose faite, Accueilli par Laurent Brayard jusqu'à ce que je le rejoigne pour l'accompagner à la caserne de la Brigade où, sans pause touristique il a entamé son circuit d'incorporation...
Je laisse à Laurent le soin de mieux nous présenter ce nouveau volontaire, camarade de combat à qui je souhaite la bienvenue.
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
Sébastien, un nouveau volontaire pour le Donbass
Publié le 23 octobre 2015
Alors que l’automne ressemblant presque à un hiver s’est installé dans le Donbass, Sébastien, Français originaire de Franche-Comté est en approche pour le Donbass. Les difficultés pour acheminer les volontaires sont grandes mais le temps est terminé des approximations et les hommes qui arrivent sont d’une toute autre qualité que la vague de l’année 2014. Les motivations sont aussi saines et honnêtes. Les nouveaux volontaires qui arrivent ont réfléchi leur engagement plus sereinement. Les raisons sont aussi plus profondes et surtout en adéquation avec le Donbass lui-même. Sébastien est de ceux-là, histoire d’hommes.
Un grand sourire, un visage franc et décidé, c’est ainsi que je découvre Sébastien qui vient d’arriver dans le Donbass. Nous sommes mercredi, le temps est venté et froid. L’homme apparaît immédiatement jovial et heureux, un brin impressionné par ce qu’il découvre. S’il a voyagé dans quelques pays d’Europe et surtout aux USA, Sébastien ne connaît rien ou presque du monde slave. Il ne parle pas russe, n’est jamais venu ni en Ukraine, ni en Russie. « J’ai découvert l’Ukraine que je ne connaissais pas au moment du Maïdan. Je m’intéressais bien sûr à la politique et sur les réseaux je m’attachais à partager de l’information véritable. Ce qui m’inquiétait depuis le départ c’est la montée en puissance des Etats-Unis, les agressions multipliées dans le Monde. Plus jeune j’ai servi deux ans dans l’Armée française, dans une unité blindée, je servais dans l’infanterie d’accompagnement et j’ai terminé caporal-chef. Ensuite j’ai fait pas mal de boulots différents, je viens d’une famille simple, je suis un ouvrier, j’ai fait tous les métiers ! »
Sébastien a tout vendu en France, laissé son travail de frontalier en Suisse, réglé ses affaires, pris son pécule et un billet sans retour. Nous marchons d’un pas alerte dans un des grands boulevards de Donetsk. L’organisation de l’arrivée des volontaires est meilleure, les volontés et les raisons sont sondées et surtout l’unité internationale d’Erwan Castel aujourd’hui opérationnelle garantie une prise en main immédiate. Il ne passera en ma compagnie qu’une journée pour être dirigé immédiatement dans une brigade du corps d’armée des forces républicaines de Donetsk. Plusieurs jours de formalités administratives l’attendent, visite médicale poussée, test psychologique, il sera plongé immédiatement dans le bain. La volonté de fer de l’homme allié à sa gentillesse naturelle m’impressionne, avec de tels hommes je peux encore avoir foi dans la France.
« En France je n’ai rien trouvé, il n’y a plus d’humanité, les gens s’intéressent à leurs voitures ou à ce qu’ils pourront acheter dans les magasins. Tout est superficiel, même dans le sein de beaucoup de familles. Je ne parle pas de la gente féminine, j’espérais une femme à mes côtés pour une longue vie et je n’ai trouvé là encore que des personnes indifférentes, occupées à d’autres préoccupations, carrière et encore le superficiel, les choses matérielles de la vie. Les gens passent à côté les uns des autres, c’est devenu terrifiant la France. Alors quand le Maïdan a commencé je me suis lancé petit à petit dans le militantisme. Vers le mois de janvier 2015 j’ai compris que je devais communiquer uniquement sur la guerre dans le Donbass, c’était trop grave. Ce qui m’a choqué ce sont tous ces enfants et ces femmes, ces vieillards massacrés. Plus jeune on nous a rabattu les oreilles avec la Bosnie, le Donbass c’est à peine plus loin et nos médias se taisent, tout le monde s’en fout, ils n’ont qu’à mourir en silence. J’ai été révolté par l’image du corps de Kristina, jeune femme abattue avec son enfant à Gorlovka par les Ukrainiens (voir le lien : ICI), alors j’ai décidé que ma vie qui n’avait aucun sens pouvait en prendre un. J’ai pris ma décision en juillet et me voilà, je viens pour me mettre au service de l’Armée, pour défendre les populations, pour aider et si je le peux y rester. J’avais pourtant un emploi et un logement, mais quelles valeurs futiles, les miennes de valeurs sont plus hautes et elles étaient autrefois celles de la France, ce temps est loin. Très loin ».
Sébastien m’accompagne, il s’émerveille de ce qu’il découvre d’autant qu’il assistera à un cours de français que je donne désormais toutes les semaines à l’Université nationale de Donetsk, comme volontaire sans salaire. Le deuxième jour nous allons à la rencontre d’un professeur et d’une soixantaine d’étudiants de la faculté de Biologie. Le cours est axé sur les problèmes écologiques en temps de guerre. Nous aurons à y revenir. L’enthousiasme qui l’habite me rend également admiratif. Je me rappelle moi-même mes premiers pas dans le monde slave, il y a déjà sept années. Ce qu’il vivra changera à jamais sa vie. Il risquera la sienne pour une cause qu’il considère être celle du bien, celle d’un Français. Il n’en a pas conscience mais il entre dans le panthéon des volontaires de la République, ceux de 1791, ceux également de l’Ancien régime qui dès 1776 étaient partis justement faire que les colonies américaines deviennent libres. L’ironie du sort est que c’est un Américain qui a fondé cette ville de Donetsk… et que d’autres organisent la destruction du Donbass et de Donetsk dans les coulisses et les officines ukrainiennes. L’histoire toujours est cruelle, mais elle est emplie de bravoure, celle de Sébastien en fait partie désormais.
Laurent Brayard
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Sources de l'article:
- Site Doni Press, le lien : ICI