"Servir" ou "se servir", telle n'est pas la question !

Bilan des 8 premiers mois passés dans le Donbass

Avant hier matin, une liaison de l'Etat Major nous a apporté nos livrets militaires officiels de la DNR, et j'avoue que nous avons reçu ces petits livrets militaires, comme des enfants ouvrant leurs cadeaux de Noël...


En effet ces petits passeports militaires de 10X8cm, en dehors des avantages administratifs et de circulation qu'ils représentent sont avant tout une reconnaissance de notre engagement sur le front du Donbass. Si ces documents se sont fait attendre, c'est parce qu'une enquête est désormais diligentée préalablement pour les valider, et ceci suite aux expériences malheureuses vécues avec les premiers volontaires français d'Unité Continentale. 


"Se servir" ? ou...

Ce qui ne semble qu'une simple formalité administrative, est en réalité l'aboutissement d'un long parcours du combattant semé d'embûches, qui pour la plupart, je le constate amèrement, ont été jetées le plus souvent par des personnes venues de France. 

Ces ambitieux narcissiques préférant les honneurs à l'Honneur, s'imaginaient pouvoir trouver dans le Donbass une notoriété ou un pouvoir impossibles à atteindre du fait de leurs erreurs ou frustrations diverses. 

Aujourd'hui, certains de ces égocentriques, démasqués dans leurs intentions d'être venus dans cette guerre (ou autour) pour se servir, cherchent à salir l'engagement et les actions qu'ils n'ont pas su accomplir, de ceux qui sont restés sur le terrain...

Ces intrigants et intrigantes qui se reconnaîtront,  voudraient que je m'abaisse à leur niveau de rampants malfaisants pour me défendre de leurs diffamations...Mais c'est peine perdue, car je n'ai pas de leçon à recevoir de faquins qui cherchent dans la calomnie à se venger d'avoir été démasqués, jusqu'à sacrifier le combat pour lequel nous sommes venus ici. (ceci prouvant que cette guerre n'était pour eux que prétexte pour servir des intérêts égocentriques)

Tant que la guerre durera, je laisserai donc ces pitoyables individualistes se noyer dans leur fiel et leurs aigreurs et en attendant je continue, certes à pas lents, a progresser sur le chemin tracé il y a 1 an, le jour où j'ai pris la décision de venir pour simplement servir dans les rangs de l'armée de la République de Donetsk.

Voilà c'est fait ! 


Maintenant abordons les points positifs et fort heureusement bien plus nombreux et importants que les gesticulations débiles des ratés venus s'échouer provisoirement dans le conflit du Donbass.


"Servir" !

Une aventure militaire unique

Alexandre, un volontaire de l'unité au cours d'une infiltration entre les lignes ennemies
Notre engagement ici est d'abord un engagement militaire aux côtés des défenseurs du Donbass, miliciens improvisés devenus soldats professionnels. Voilà pourquoi je commencerai par cette dimension essentielle car elle permet que se réalise sous la protections des canons républicains les autres aventures humaines et intérieures fleurissant dans cette terre du Donbass, fidèle à son passé et exemple pour notre avenir.

Lorsque la rébellion s'est improvisée en 2014, face à l'opération spéciale disproportionnée lancée par Kiev et qui révélait de fait son caractère génocidaire, le manque d'organisation et de moyens a eu la conséquence avantageuse d'ouvrir les portes du Donbass à toutes les bonnes volontés civiles ou militaires désireuses d'aider la résistance de ce peuple courageux.

La part des volontaires étrangers venus de Russie, de Tchétchénie, de Serbie et d'autres pays de l'Est de l'Europe est non négligeable, car elle a apporté un effectif motivé et souvent expérimenté qui a permis non seulement de sauver les sanctuaires de Donetsk et Lugansk d'une nouvelle occupation fasciste, mais de confirmer une réelle communauté identitaire des peuples slaves survivant à la géopolitique changeante des états.

Rapidement, d'autres volontaires sont venus rejoindre les rangs de la milice, comme par exemple des espagnols, des allemands, des français, des brésiliens et même des américains !

Je pense sans exagérer pouvoir avancer le nombre de plus de trente nationalités bloquant aujourd'hui sur la ligne de front l'avancée des bataillons de Kiev. (rien que dans notre unité nous en comptons 9 !)

Nous avons confirmé sur le terrain depuis 8 mois ce que j'avais ressenti en suivant l'actualité sur le net depuis la Guyane :

- Un sacrifice désintéressé des volontaires, venus à leur charge se battre en abandonnant pour certains leur pays sans espoir de retour impuni. Beaucoup ont relevé le défi de venir dans un pays sans y parler la langue.

- Un courage inouï dans les combats, à la limite de l'inconscience parfois, mais nécessaire pour compenser le manque de moyens matériels et les compétences tactiques d'un encadrement improvisé sur le terrain.

- Une fraternité de combat exceptionnelle soudant ces combattants venus de tous les horizons face à un ennemi commun. Cette flamme éclaire toujours le coeur des miliciens devenus soldats professionnels et élève encore une capacité opérationnelle forgée à l'épreuve du feu...

Intégrer cette armée n'a pas été chose aisée, car il a fallu être patient, faire nos preuves et subir les procédures d'une bureaucratie inertielle post soviétique toujours en place (mais qui avance finalement petit à petit !)

Au début de l'année ce fut les bataillons de la Garde Républicaine, transition nécessaire entre les groupes d'autodéfense autonomes et un Corps de Défense professionnel en gestation...  Les volontaires français se trouvaient alors dispersés au 3ème, d'autres au 4ème, ou au 8ème bataillon de la Garde et nous avons été alors engagés sur différents secteurs (Aéroport, Marinka, Alexandrovka, Debaltcevo etc...)

Les bataillons de la Garde Républicaine servent aujourd'hui d'antichambre transitoire au "Corpus Abarone", une armée en formation, pleine de promesses car elle bénéficie d'un encadrement professionnel, d'un équipement moderne et varié, et d'une efficacité basée sur la discipline et l'entrainement quotidiens.

Nous nous sommes regroupés pour la plupart d'entre nous avons intégrés en août, le Corpus, quelques semaines plus tard, nous avons intégré la Compagnie de Reconnaissance de la 5ème Brigade motorisée, où nous formons désormais la 3ème section, essentiellement composée de volontaires étrangers. 
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé au sein de cette unité une rigueur  militaire ainsi que des modes opératoires professionnels et très proches de ceux de l'OTAN...

Nous sommes désormais opérationnels et déjà engagés sur le front, dans des missions de renseignement très intéressantes, essentiellement des infiltrations dans les lignes ennemies.

Une aventure humaine exceptionnelle

Rencontre avec un enfant vivant sur la ligne de front. Photo Laurent Brayard
L'engagement armé est déjà une aventure humaine intense, je viens de l'évoquer, mais sans la présence de la population, cet engagement n'est rien qu'un rempart sans raison d'être, tout au plus un mercenariat égocentrique comme on peut le constater dans de nombreuses pages personnelles de combattants ne parlant que d'eux mêmes dans une succession de selfies narcissiques (y compris malheureusement chez nous comme le prouvent  les "productions" et entretiens des fuyards d'Unité Continentale par exemple).

Un soldat, même s'il peut éprouver des sensations exaltantes au combat, ne doit pas oublier pourquoi, ou plus précisément pour qui il se bat, car sans cette dimension de service à autrui, il risque de perdre dans le feu de l'action, ce lien qui tisse secrètement son action à un idéal qui lui est supérieur et qui lui donne à la fois le courage et la retenue, qualités qui le différencient du soudard affamé et ivre du haine.

Lorsque j'ai rencontré cette population du Donbass, en dehors de l'image véhiculée par les propagandes, j'ai été surpris par sa beauté et sa noblesse maintenues avec dignité sous les bombardements...

En effet, cette population continue à vivre selon ses coutumes héritées du passé et s'attache à maintenir une activité normale et sans bravade jusqu'à quelques centaines de mètres du front... C'est une population courageuse où les mineurs et les agriculteurs forment les deux piliers charnellement attachés à la terre, d'une société élevée dans la mémoire du grand vent de l'Histoire venu la balayer de nombreuses fois depuis la horde d'or de Gengis khan jusqu'aux hordes blindées d'Adolf Hitler...

Ce qui surprend l'européen de l'Ouest, ce sont ces gestes quotidiens quasiment disparus en Occident, mais qui ici sont observés toute la journée autour de soi : les hommes laissant leur place aux femme et aux anciens dans des bus bondés où l'argent du voyage circule sans crainte de main en main jusqu'au conducteur, les grands-mères nourrissant avec tendresse chiens et chats errants au milieu des innombrables jardins et parcs soigneusement entretenus, les signes de croix offerts à la vue des églises aux dômes dorés étincelants comme des phares au milieu de la nuit, les bouquets de roses portés par des hommes sortant du travail, leurs rides de fatigue effacées par le sourire d'un bonheur de vivre malgré tout...

Cette population est noble, dans le sens d'une noblesse naturelle forgée dans le coeur de chacun par une Histoire et une Culture transmises et conservés dans les mémoires de génération en génération...
Ici les hommes sont virils et robustes, les femmes gracieuses et élégantes et les enfants rieurs et innocents. Dans ce pays de traditions chacun reste lui-même, sans fausseté ou artifices hypocrites, imposés par une société consumériste amorale et esclavagiste.

Décrire toute l'admiration que je porte à ces femmes et ces hommes du Donbass serait trop long, mais je les remercie de tous mon coeur de leur accueil et surtout de l'exemple simple et héroïque à la fois qu'ils ont gravés avec humilité dans mon coeur. Je suis venu animé par une conviction métapolitique et anti-mondialiste offrir mes services à la République de Donetsk. Si cette  motivation est intacte mon engagement quant à lui s'est renforcé de cet amour partagé porté à ce peuple courageux de Novorossiya.


Une aventure personnelle passionnante


Évoquer la dimension personnelle d'une aventure telle que cet engagement dans le Donbass n'est pas chose aisée surtout quand elle n'est pas achevée... Mais je ressens cet engagement plus comme une pierre d'angle que comme une simple étape d'un parcours déjà long. 

Venir dans le Donbass, n'a pas été une simple affaire, pas plus que d'y vivre, car la méconnaissance de la langue russe, les difficultés normales ou provoquées par autrui, les aléas de la guerre, ont donné au temps écoulé une singularité étrange, mélange d'attente interminable et d'intensité permanente...

L'engagement dans le Donbass est en effet plus pour moi un aboutissement et une concrétisation de pensée qu'une expérience initiatrice (tout aussi passionnante) comme cela peut-être le cas pour de plus jeunes volontaires présents autour de moi. Si je n'ai rien à prouver en venant ici, en revanche je continue à apprendre tous les jours essayant de conserver le regard du candide qui aborde sans préjugés les expériences nouvelles...

Engagé dans l'armée française à la fin de la "Guerre froide, j'ai pendant plus de 10 ans scruté vers l'Est en tant qu'officier renseignement... Lorsque le rideau de fer est tombé puis le monde soviétique, j'avoue ne pas avoir décelé immédiatement la réalité de la stratégie américaine, lobotomisé par la propagande de l'OTAN. En 1999, le conflit en Yougoslavie m'a interpellé surtout quand je recueillais en Guyane les témoignages de certains de mes anciens camarades y ayant été engagés... Le XXème siècle se finissait bien sur une nouvelle ère post-moderne aux menaces nouvelles.

Progressivement, le voile de la propagande étasunienne s'est déchiré, et chaque nouveau conflit dessinait les contours géopolitiques d'une stratégie étasunienne agressive servant des intérêts militaro-industriels définis par une ploutocratie internationale... Parallèlement à cette escalade belliciste qui allumait annuellement le feu dans un nouveau pays, l'indifférence de l'opinion, lobotomisée par la propagande du Nouvel Ordre Mondial, confirmait que l'esclavage du Monde moderne était bien une réalité, et même au delà des visions orwelliennes...Dés lors, je suis devenu un observateur de plus en plus attentif mais scrutant cette fois vers l'Ouest sur ce nouveau grand échiquier se dessinant en ce début du XXIème siècle. 

Lorsque, parallèlement à la guerre en Syrie, la crise ukrainienne a dégénéré en conflit armé, j'ai donc décidé de m'engager aux côtés des rebelles du Donbass refusant l'hégémonie étasunienne, sans autre ambition que de mieux témoigner de la vérité de cette première bataille européenne du 3ème conflit mondial...

Les 8 mois passés sur le terrain ont ancré mes convictions de façon passionnelle, convaincu plus que jamais que l'avenir de l'Europe appartient toujours à ses peuples, à condition qu'ils gardent une conscience libre de leur identité naturelle. Après le Donbass, le combat continuera avec ou sans moi, car ici un mouvement de libération est né en 2014 et montre par l'exemple de la résistance d'un peuple souverain, le chemin d'une révolution conservatrice réelle se débarrassant du joug de la pensée unique.

Le Donbass a gagné la guerre lancé contre lui en 2014, il nous faut maintenant relever un défi plus grand : réveiller les consciences endormies... 
Grâce au combat mené ici nous savons que cela est désormais possible...

En attendant il nous faut achever la victoire par la libération des territoires occupés par Kiev... 

Le combat continu...


Erwan Castel, volontaire en Novorossiya.

La traduction en italien de l'article le lien ici : Aurorasito


Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat