Poutine sort un carton rouge aux Etats Unis !

Cet article sera mis à jour au fur et à mesure de la publication des analyses concernant le Valdaï 2015

Poutine dévoile le double jeu étasunien avec élégance 

Intervention du Président russe Vladimir Poutine 
lors de la dernière journée de la 12ème édition 
du Club Valdaï, à Sotchi du 19 au 22 octobre 2015.

Dire du Président Vladimir Poutine qu'il a prononcé un "discours historique" est devenu un pléonasme tant le Commandeur de la Fédération de Russie, qui vient d'atteindre dans son pays 90% de soutien pour sa gouvernance, nous habitue à des leçons de géostratégie et des analyses pertinentes habillées dans un style oratoire unique fusionnant l'élégance et la fermeté.

"Le club Valdaï a été créé en 2004 par l'agence de presse RIA Novosti et d'autres publications russes. Sa mission est de créer une plateforme internationale pour permettre aux élites russes de débattre du développement du pays et de son rôle dans le monde, avec des experts étrangers issus du monde académique, de la politique et des médias" (Source : Wikipédia)


Le club Valdaï défend la vision d'un monde multipolaire, par opposition à un monde unipolaire dominé par les États-Unis d'Amérique2.

Depuis 2014, la crise mondiale, a travers notamment ses deux épicentres ukrainiens et syrien a donné au sommet annuel du club du Valdaï, la dimension d'une fenêtre ouverte explorant les enjeux et les menaces qui pèsent sur notre monde post-moderne en pleine transition...

La nouvelle confrontation bipolaire est au coeur des réflexions de cette rencontre d'experts qui s'accordent a reconnaître une nouvelle fracture du monde comme recherchée par les USA. En effet, après leur échec de vouloir imposer une vision unipolaire d'un monde soumis à leur domination militaro-industrielle et à la dictature de leur pensée unique (Nouvel Ordre Mondial", la Ploutocratie internationale tente d'y parvenir par une stratégie du chaos provoquant guerres, coup d'état et représailles économiques violentes dans les pays non alignés.et encore libres de fait de refuser leur hégémonie.

Ce discours plus incisif et accusateur que les précédents marquent sans conteste un tournant dans les relations internationales, d'autant plus qu'il s'accompagne d'actes décisifs avec l'intervention militaire autorisée en Syrie visant à éradiquer les groupes terroristes occupant une grande partie du territoire national, dont beaucoup bénéficient du soutien politique,économique et matériel des faucons de la Maison Blanche.

En 2014, déjà lors de la précédente rencontre du Valdaï, le Président de la Fédération de Russie avait dénoncé les dérives du Nouvel Ordre Mondial et les menaces qu'il faisait courir sur la Paix mondiale... Aujourd'hui les coupables de cette situation dramatique sont nommément désignés...

La balle est dans leur camp, mais quelles que soient leurs réponses, force est de constater que la Russie désormais revenue au premier plan de la scène internationale, est incontournable et porteuse d'un projet mutipolaire, ambitieux et courageux, pour se libérer de la dictature mondialiste !

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Voir ici le précédent article sur la réunion Valdaï 2014 : "Vers un nouvel Ordre Mondial ?"
Valdaï, Intervention de Vladimir Poutine en 2015

Du site AlterInfo, le lien ici : "Le discours de Poutine à Valdaï"

Le Président Poutine au club du Valdaï en 2015
L'UNIPOLARITÉ A OUVERT LA VOIE AUX MANIFESTATIONS DE LA VANITÉ NATIONALE 
  
« L'unipolarité a ouvert la voie aux manifestations de la vanité nationale pour imposer la volonté du fort, c'est, au fond, l'apologie de la dictature », a déclaré le président de Russie Vladimir Poutine. 

« Le moment d'unipolarité a démontré d'une façon convaincante qu'accroître la domination d'un centre de force ne conduit pas à une meilleure gestion des processus mondiaux. Dans le même temps elle (l'unipolarité) a ouvert la voie aux manifestations de la vanité nationale, à la manipulation de l'opinion publique, à une répression grossière de la volonté du faible par la volonté du fort. Car au fond le monde unipolaire est l'apologie de la dictature sur les gens et sur les pays », a dit Vladimir Poutine. 

  
LES ÉTATS-UNIS PEUVENT FAIRE JOUER « LE RÔLE DE L’URSS » A L’IRAN, LA CHINE OU LA RUSSIE 
  
Pour les Etats-Unis, cela importe peu qui va jouer « le rôle de l’URSS » - l’Iran, la Chine, ou la Russie. Ce pays essaie constamment de diviser le monde et former une image d’un pays ennemi, a indiqué le président russe Vladimir Poutine. 
« Peu importe qui a le « rôle de l’URSS », la place de l’adversaire principal, dans la propagande américaine. Cela peut être l’Iran, le pays qui développe ses propres technologies nucléaires, la Chine, la première économie mondiale, ou la Russie, une superpuissance nucléaire », a indiqué Poutine lors de la de la conférence du Club international de discussion Valdaï. 
Selon Poutine, on voit actuellement de nouvelles tentatives de « fracturer le monde ». 
« (Nous les voyons entreprendre) des tentatives de dessiner des lignes de démarcation, de créer des coalitions d’après le principe du « contre » et non pas le principe du « pour », et former à nouveau l’image de l’ennemi, comme ce fut le cas pendant la Guerre Froide. Et en même temps de tenter d’obtenir le droit d’être le leader, ou d’avoir le droit de diktat, si vous voulez », a déclaré le Président russe. 

  
LE SYSTÈME DE SÉCURITÉ MONDIALE A BOUT DE SOUFFLE 
  
Le système de sécurité mondiale et régionale est sérieusement affaibli et morcelé, a estimé vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"Il n'y a, malheureusement, plus de garanties ni de certitude que le système actuel de sécurité mondiale et régionale soit capable de nous épargner des bouleversements. Ce système est sérieusement affaibli, morcelé et déformé. Les institutions internationales et régionales de coopération politique, économique et culturelle traversent une période difficile", a déclaré le chef de l'Etat à Sotchi. 

  
LES SANCTIONS SAPENT LES FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL 

  
Les sanctions sapent les fondements du commerce international et les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine lors de la séance plénière finale du club de discussion international Valdaï à Sotchi. 
"Les sanctions sapent les fondements du commerce international, les règles de l'OMC, le caractère immuable de la propriété privée et le modèle libéral de la mondialisation reposant sur le marché, la liberté et la concurrence. Le modèle dont les pays occidentaux sont les principaux bénéficiaires. A présent, ils risquent de perdre la confiance en tant que leaders de la mondialisation. Etait-ce nécessaire?", a indiqué M.Poutine. 
Il a rappelé que le bien-être des Etats-Unis dépendait beaucoup de la confiance des investisseurs, des détenteurs étrangers de dollars et de bons du Trésor américain. 


L'OCCIDENT AUX PRISES AVEC LES CONSÉQUENCES DE SA POLITIQUE 

  
L'Occident donne l'impression d'être en perpétuelle lutte contre les résultats de sa propre politique, qu'il paie au prix fort, a estimé vendredi le président russe Vladimir Poutine. 
"On a parfois l'impression que nos collègues et amis ne cessent de lutter contre les résultats de leur propre politique. Ils lancent toute leur puissance pour éliminer les risques qu'ils créent eux-mêmes, en le payant de plus en plus cher" 

  
WASHINGTON JUGE INUTILE DE REFORMER LES RELATIONS INTERNATIONALES 
  
Le système des relations internationale avait besoin d'être repensé, mais les Etats-Unis, qui se sont proclamés vainqueurs de la guerre froide, n'ont pas jugé nécessaire de lancer une réforme, a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"Il fallait procéder à une reconstruction raisonnable, adapter le système des relations internationales à une nouvelle situation. Mais les Etats-Unis, qui se sont proclamés vainqueurs de la guerre froide, ce que je trouve assez présomptueux de leur part, ont estimé qu'aucune réforme n'était nécessaire", a indiqué M.Poutine de la séance plénière finale de la 11e réunion du Club de discussion international Valdaï. 
Selon le président, les actions entreprises à l'époque ont aggravé le déséquilibre des forces sur la scène internationale au lieu de garantir la stabilité dans le monde. 

  
LA RUSSIE N'ATTENTE PAS A LA SOUVERAINETÉ DE SES VOISINS 

  
Les affirmations selon lesquelles la Russie cherche à rétablir un "empire" et attente à la souveraineté de ses voisins sont complètement infondées, a déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine dans une intervention devant les membres du club de discussion Valdaï. 
"Les affirmations selon lesquelles la Russie attente à la souveraineté de ses voisins sont dépourvues de fondement. Je tiens à souligner que la Russie ne réclame pas de place exclusive dans le monde", a indiqué le président. "Tout en reconnaissant les intérêts d'autrui, nous voulons que nos intérêts soient également pris en compte", a affirmé le chef de l'Etat russe. 

  
LES USA MENACENT LE SYSTÈME DE CONTRÔLE DES ARMEMENTS 
  
Les actions des Etats-Unis risquent de provoquer la destruction du système de contrôle des armements, a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"La destruction système actuel des traités sur la limitation et le contrôle des armements est tout à fait possible et ce sont les Etats-Unis qui ont lancé ce processus dangereux en se retirant unilatéralement du Traité sur la limitation des systèmes antimissiles balistiques (Traité ABM) en 2002", a indiqué M.Poutine de la séance plénière finale de la 11e réunion du Club de discussion international Valdaï. 
Les Etats-Unis "ont ensuite procédé à la création de leur système global de défense antimissile. Chers amis et collègues, je tiens à attirer votre attention sur le fait que ce n'est pas la Russie qui a initié ce processus", a noté M.Poutine. 
"Nous revenons à l'époque où seule la peur, +l'équilibre de la destruction réciproque+, et non l'équilibre des intérêts et des garanties réciproques, retient les pays de s'engager dans une confrontation directe", a-t-il conclu. 

  
DES "ENGAGEMENTS MUTUELS" POUR EVITER L'ANARCHIE MONDIALE 
  
Il est nécessaire de créer un système explicite d'engagements mutuels, sans quoi les signes d'anarchie mondiale seront de plus en plus manifestes, a prévenu vendredi le président russe Vladimir Poutine. 
"Si nous ne mettons pas en place un système explicite d'engagements et d'accords mutuels et si nous ne formons pas de mécanismes de règlement des crises, les signes d'anarchie mondiale ne manqueront pas de s'affirmer", a déclaré le chef de l'Etat lors de la séance plénière finale du club de discussion international Valdaï à Sotchi. 

  
LES DÉMARCHES IRRÉFLÉCHIES MENACENT L'ORDRE MONDIAL 
  

"Il faut éviter les démarches irréfléchies dans la politique internationale, sans quoi les crises actuelles constitueront un prélude à l'effondrement de l'ordre mondial", a déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine dans une intervention devant les membres du club de discussion Valdaï. 
"Nous sommes parfaitement conscients que le monde s'est engagé dans une époque de changements et de mutations profondes, époque où nous devons tous faire preuve d'un degré élevé de prudence et d'une capacité à éviter les démarches irréfléchies. Au cours des années écoulées depuis la guerre froide, les acteurs politiques internationaux ont quelque peu perdu ces qualités. Il est aujourd'hui nécessaire de s'en souvenir, sans quoi l'espoir d'un développement pacifique durable sera une illusion dangereuse et les bouleversements actuels constitueront un prélude à l'effondrement de l'ordre mondial", a déclaré le chef de l'Etat russe. 

  
ARSENAUX NUCLÉAIRES: POURSUIVRE LE DIALOGUE 
  
La Russie appelle à poursuivre les entretiens sur la réduction des arsenaux nucléaires, a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"Nous souhaitons poursuivre les entretiens. Nous insistons sur des entretiens sur la réduction des arsenaux nucléaires. Moins d'armes nucléaires il y a dans le monde, mieux c'est. Nous sommes prêts à une discussion sérieuse et substantielle sur le désarmement nucléaire", a indiqué M.Poutine de la séance plénière finale de la 11e réunion du Club de discussion international Valdaï. Il a appelé à renoncer à la politique du deux poids deux mesures. 
  
V.V. Poutine a rappelé que "de nombreuses armes de précision modernes ont déjà "des performances comparables à celles des armes de destruction massive". "Si on renonce complètement au potentiel nucléaire, les pays qui créent et produisent des armes de précision bénéficieront d'un avantage militaire évident. Cela détruira l'équilibre stratégique et risque de déstabiliser la situation. On sera tenté de porter la première frappe de neutralisation. Bref, les risques ne font que s'accroître", a noté le Président russe. 

  
LA RUSSIE EXIGE LE RESPECT DE SES INTÉRÊTS 
  

La Russie ne prétend pas au leadership mondial, mais veut que ses intérêts soient respectés, a déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine devant les membres du club de discussion international Valdaï. 
"La Russie ne prétend à aucun leadership mondial. La thèse selon laquelle la Russie prétend à l'exclusivité est complètement fausse", a indiqué le chef de l'Etat russe. 
"Nous ne réclamons pas de place particulière au soleil, mais estimons que tous les participants de la communication internationale doivent respecter les intérêts mutuels. Nous sommes prêts à respecter les intérêts de nos partenaires et comptons sur une attitude tout aussi respectueuse envers nos propres intérêts", a affirmé Vladimir Poutine. 

  
LE RISQUE CROISSANT DE CONFLITS ENTRE GRANDES PUISSANCES 
  
"L'éventualité qu'une série de conflits impliquant des grandes puissances éclate a brusquement augmenté", a signalé vendredi lors d'une rencontre à Sotchi avec les participants au Club de discussion international Valdaï. 
"Aujourd'hui déjà, l'éventualité de toute une série de conflits impliquant directement ou indirectement des grandes puissances a augmenté en flèche. Non seulement des contradictions traditionnelles entre Etats, mais aussi l'instabilité intérieure de certains pays constituent un facteur de risque", a déclaré le chef de l'Etat. 
Et d'ajouter que cela concernait particulièrement les pays situés à la jonction d'intérêts géopolitiques des grandes puissances ou à la frontière des continents culturels, historiques, économiques ou civilisationnels. 
"L'Ukraine est un exemple de ce genre de conflits qui se répercutent sur le rapport de forces dans le monde, et je pense qu'il (ce conflit, ndlr) n'est pas le dernier, loin de là!", a conclu Vladimir Poutine. 

  
UKRAINE: ARRÊTER LA GUERRE IMMÉDIATEMENT 
  
"Il est capital pour l'Ukraine d'arrêter immédiatement la guerre, après quoi on pourra envisager un dialogue", a indiqué vendredi le président russe Vladimir Poutine. 
"Le principal est d'arrêter la guerre immédiatement", a déclaré le chef de l'Etat. 
Et d'ajouter qu'on ne pourrait "parler de reprise du dialogue entre Kiev et le Donbass qu'après la fin de la guerre". 
  
NDLR : Les autorités ukrainiennes mènent depuis avril dernier une opération militaire d'envergure visant à réprimer la révolte qui a éclaté dans le Donbass suite au coup d'Etat de février. Selon l'Onu, les hostilités ont fait plus de 3.700 morts et plus de 9.000 blessés parmi les civils. 
Le 5 septembre, les représentants de Kiev et les dirigeants des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk ont signé un accord de cessez-le-feu à Minsk, avec la médiation de la Russie et de l'OSCE. 
Le 19 septembre, les parties ont également signé un mémorandum de paix stipulant l'arrêt de l'usage des armes, le retrait de 15 km des pièces d'artillerie lourdes depuis leur "ligne de contact", la création d'une zone de sécurité de 30 km dans l'est de l'Ukraine interdisant aux avions de combat et aux drones de survoler la zone de sécurité et prévoyant le départ des mercenaires étrangers des deux camps. 
L'application de ces accords se heurte à des difficultés, car les échanges de tirs se poursuivent sur le terrain. Les autorités de Kiev continuent d'employer des armes lourdes, détruisant ainsi les infrastructures économiques et sociales de la région. 

  
UKRAINE: MOSCOU A AIDÉ IANOUKOVITCH A FUIR 
  
"Moscou a aidé le Président Viktor Ianoukovitch à se réfugier en Crimée après le coup d'Etat à Kiev, avant de le transférer en Russie à sa demande", a annoncé vendredi le président russe Vladimir Poutine dans son intervention devant les membres du club de discussion international Valdaï. 
"Je ne vous cacherai pas que nous l'avons aidé à se réfugier en Crimée, où il a passé plusieurs jours. A cette époque, la Crimée faisait encore partie de l'Ukraine, mais puisque les événements à Kiev évoluaient très vite et de manière tumultueuse, il n'avait aucun intérêt à rentrer à Kiev", a raconté M. Poutine lors de la dernière réunion du club. 
Selon lui, il était extrêmement dangereux pour Viktor Ianoukovitch de revenir à Kiev, où les putschistes tuaient des activistes du Parti des régions restés fidèles à l'ancien président ukrainien. 
"L'opinion publique ne le sait pas, mais des meurtres ont été perpétrés à Kiev et des personnes ont été brûlées vives. Un groupe de nationalistes est entré dans un bureau du Parti des régions, a saisi des membres du personnel technique et les a tués avant de brûler leurs corps dans un sous-sol", a affirmé M. Poutine. 
D'après lui, dans ce contexte, Viktor Ianoukovitch a demandé à être transféré en Russie. 
"C'est ce que nous avons fait", a indiqué le président russe. 
En voyant l'évolution des événements, les habitants de la Crimée ont demandé à la Russie de les aider à organiser un référendum. 
Ce dernier s'est déroulé en bonne et due forme. Près de 97% des participants au scrutin ont voté pour l'adhésion de la péninsule à la Fédération de Russie. 

  
POUTINE PRÔNE UN ESPACE ÉCONOMIQUE "DE L'ATLANTIQUE AU PACIFIQUE" 
  
"L'UE et l'Union économique eurasiatique (UEEA) devraient mener un dialogue sur la création d'un espace économique unique s'étendant de l'Atlantique au Pacifique", a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"Nous saluerions le lancement d'un dialogue substantiel entre l'Union eurasiatique et l'Union européenne qu'on nous a toujours refusé. Et je ne comprends pas pourquoi, où est le problème?", a indiqué M.Poutine de la séance plénière finale de la 11e réunion du Club de discussion international Valdaï. 
L'Union économique eurasiatique (UEEA) réunira à partir du 1er janvier 2015 la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan, qui possèdent déjà un territoire douanier commun (Union douanière). Sa mise en place achèvera la création d'un grand marché commun de 170 millions d'habitants dans l'espace de la Communauté des Etats Indépendants (CEI). 
"Nous croyons qu'il faut discuter de la création d'un espace unique de coopération économique et culturelle, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique. J'en ai parlé à plusieurs reprises et beaucoup de nos partenaires occidentaux, notamment européens, ont appuyé cette idée", a ajouté le président russe. 

  
POUTINE N'A "JAMAIS" MIS EN DOUTE LA SOUVERAINETÉ DE L'UKRAINE 
  
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré vendredi à Sotchi n'avoir jamais mis en doute la souveraineté de l'Ukraine. 
"Quant à ma position sur l'Ukraine, en tant qu'Etat souverain, je n'ai jamais mis en doute que l'Ukraine est un Etat européen souverain et moderne. Or, il en va autrement pour l'histoire de la formation de l'Ukraine dans ses frontières actuelles, qui a été un processus assez compliqué", a indiqué le chef de l'Etat lors de la séance plénière finale du Club de discussion international Valdaï à Sotchi. 
Et de rappeler que le terme Novorossiya (nom donné actuellement aux régions insurgées de l'est ukrainien) était un nom historique désignant une région ayant pour capitale la ville russe de Novorossisk. 
  
NDLR : Refusant de reconnaître les autorités arrivées au pouvoir à Kiev suite au coup d'Etat de février 2014, de nombreux habitants du sud-est de l'Ukraine ont réclamé la fédéralisation de l'Ukraine avant de proclamer l'indépendance de leurs régions par rapport à Kiev. En avril dernier, les régions de Donetsk et de Lougansk ont proclamé des "républiques populaires" avant de former l'union de Novorossiya. Kiev, qui ne reconnaît pas les deux républiques autoproclamées, mène une opération militaire d'envergure dans l'est de l'Ukraine depuis la mi-avril. Le 5 septembre dernier, Kiev et les insurgés ont adopté un cessez-le-feu. 
  

SYRIE/LIBYE : LA POLITIQUE US DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ 
  

"La politique américaine en Syrie et en Libye est déconnectée de la réalité", a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine. 
"Je considère qu'il s'agit d'une politique absolument irréfléchie, non professionnelle et déconnectée de la réalité", a indiqué M.Poutine de la séance plénière finale de la 11e réunion du Club de discussion international Valdaï. 
Selon lui, les Etats-Unis ont armé l'opposition en Libye et en Syrie sans réfléchir aux conséquences. "Ils croyaient nécessaire de soutenir l'opposition démocratique civilisée en Syrie. Ils l'ont soutenue et armée et puis la moitié des combattants de l'opposition sont passés à l'EIIL. Ne pouvait-on pas y réfléchir à l'avance?", s'est interrogé M.Poutine. 
Moscou est hostile à cette politique de Washington. "Nous considérons qu'elle est erronée et qu'elle nuit à tout le monde, y compris aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. 
  
NDLR : Le groupe terroriste Etat islamique (EI), appelé autrefois l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sévissait au départ principalement en Syrie où il combattait les troupes gouvernementales. Il y a quelques mois, cette organisation liée à Al-Qaïda a intensifié ses activités en Irak. Les activités de l'EI ont provoqué des milliers de morts civiles et l'exode des centaines de milliers de réfugiés. Plusieurs milliers de personnes sont détenues en otages. 
Une situation très tendue persiste en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Le pays demeure le théâtre d'hostilités entretenues par de nombreuses formations paramilitaires organisées selon le principe territorial ou tribal. Ces groupes sont parfois mieux équipés et armés que la police et se substituent même à cette dernière dans certaines régions du pays. 

  
LE MONDE A BESOIN D’UN NOUVEAU CONSENSUS DES FORCES RESPONSABLES 
  
Le président Poutine est sûr que le monde a besoin « d’un nouveau consensus des forces responsables ». Il faut commencer à s’entendre sur les principes et gérer en commun les risques. L’anarchie ne fera que se généraliser si un système cohérent des engagements mutuels n’est pas mis en place, a souligné le leader russe en intervenant devant les participants du club de discussion Valdaï. 
Selon Vladimir Poutine, les États-Unis tentent de réanimer le schéma de gouvernance du monde du temps de la « guerre froide » mais ces tentatives font juste le contraire. 
« La guerre froide » est finie… mais il s’en est suivie une pagaille », dit Poutine et ajoute que "la structure « monopolaire » du monde s’est avérée incapable de faire face aux vraies menaces comme les conflits régionaux, le terrorisme, le trafic de drogues, le fanatisme religieux, le chauvinisme et le néonazisme". Elle avait au contraire démontré que « la domination accrue d’un seul centre de pouvoir n’a pas permis de mieux contrôler les processus globaux. La structure monopolaire a ouvert la voie aux manifestations de la présomption nationale, à la manipulation de l’opinion publique et à la suprématie du plus fort », a conclu Poutine. 

  
LA FIN DU MONDE UNIPOLAIRE 
  
"Finalement, le monde unipolaire a créé des problèmes pour l’Amérique elle-même qui si bien que les États-Unis s’efforcent maintenant de recréer « une sorte de monde quasi-bipolaire » comme modèle qui convient le mieux pour maintenir le leadership américain. De plus," estime Poutine, peu importe qui prendre dans la propagande américaine la place « du centre du mal » occupée dans le temps par l’URSS : cela pourrait être l’Iran, la Chine ou la Russie. « Nous sommes à nouveau témoins des tentatives de morceler le monde, de tracer les lignes de démarcations de forger des coalitions pour accentuer la confrontation et créer l’image d’ennemi", fait valoir le leader russe. 
« C’est le début de la période des divergences d’interprétation et des réticences quand la légitimité de tel ou tel régime est fonction de sa loyauté ». Selon Vladimir Poutine, « nous assistons à la probabilité accrue de conflits aigus avec la participation au moins indirecte des grandes puissances ». De plus, le risque s’associe désormais non seulement aux contradictions interétatiques traditionnelles mais encore à l’instabilité intérieure surtout dans le cas des pays situés au carrefour des intérêts géopolitiques des grands États ou à la limite de ce qu’on peut appeler continents culturels, historiques, économiques et civilisationnels. « L’Ukraine est juste un exemple de ces conflits qui se répercutent sur le rapport de forces dans le monde et cet exemple est loin d’être le dernier », a-t-il ajouté. 


RÉTABLIR EFFICACITÉ DU SYSTÈME DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES ET RÉGIONALES 

« Agir sur les récalcitrants en espionnant ses propres alliés », dit Poutine et ajoute que compte tenu de la situation explosive dans le monde, le renoncement à toutes les règles dans les relations internationales n’est pas à exclure. « Ce monde, est-il vraiment confortable ?, s’interroge Poutine. 
Le Président russe est sûr qu’il est parfaitement possible de rétablir l’efficacité du système des institutions internationales et régionales si on fait preuve de volonté politique. Il ne s’agit pas de transactions locales, de partage des sphères d’influence dans l’esprit de la diplomatie classique, ni d’une domination totale. « Il faut rééditer l’interdépendance, estime Poutine. – C’est un bon instrument permettant d’harmoniser les positions ». 
Le leader russe a appelé à tracer la frontière entre les efforts déployés pour garantir la sécurité internationale et l’ingérence dans les affaires intérieurs des États souverains. « Il fait définir nettement les limites des actions unilatérales et les cas où les mécanismes internationaux s’imposent ». La question de contenu de souveraineté devient à peu près primordiale pour la stabilité du monde. 
Il est évident que le débat sur les critères d’usage de la force est particulièrement délicat et qu’ils sont étroitement associées aux intérêts de tels ou tels pays mais l’absence de critères intelligibles est autrement dangereuse. « Le résultat réel ne peut être obtenu que si les acteurs internationaux arrivent à s’entendre sur l’harmonisation de leurs intérêts fondamentaux et sur les limites raisonnables de leur action », a fait valoir Vladimir Poutine. 
  
Selon lui, "la Russie n’a pas l’intention de forger des blocs ou de s’entraînement dans un Échange de coups ». « Nous respectons les intérêts des autres et voulons tout simplement qu’on tienne également compte de nos intérêts et de notre position », dit le Président. 
« Le monde s’est engagé dans l’époque des changements et nous devons tous nous monter très prudents et éviter les démarches irréfléchies. Après la fin de la « guerre froide », les acteurs internationaux ont en partie perdu ces qualités. Le temps est venu de se le rappeler. « L’édification d’un monde plus stable est une tâche très complexe qui suppose un travail long et patient. Nous avons pu élaborer les règles de coexistence au lendemain de la Seconde guerre mondiale et avons réussi à nous entendre dans les années 1970 à Helsinki. Notre devoir commun consiste à résoudre ce problème fondamental aujourd’hui, à l’étape nouvelle du développement », estime le Président russe. 
  
EODE Press Office / RIA Novosti 
(titres et intertitres de la Rédaction) 
  
(*) La 11e réunion du club international de discussion Valdaï a réuni 108 experts, historiens et analystes politiques de 25 pays. Sa session plénière finale est consacrée aux facteurs d'érosion du système actuel des institutions et des normes du droit international. 
Institué en septembre 2004, le Club de discussion international Valdaï rassemble chaque année près de trois cents analystes politiques de différents pays et aborde des thèmes dont la discussion permet aux participants étrangers de mieux comprendre la Russie. 


Compte rendu paru dans "Le Courrier de la Russie" :

Vladimir Poutine à Valdaï : 
« Si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier »

Le président russe Vladimir Poutine a participé à la réunion du club de discussion international Valdaï, à Sotchi, le 22 octobre. Le Courrier de Russie a traduit les meilleurs fragments de son discours.

« Les États-Unis essaient d’induire le monde entier en erreur »

Il y a quelques jours, on a lancé en Europe les premiers tests du système de défense antimissile américain. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous avions raison, lorsque nous contestions la position de nos partenaires américains. On a tenté de nous induire en erreur, et tout le reste du monde avec nous. Et pour parler plus simplement, on nous a trompés. Le problème n’est pas dans une hypothétique menace nucléaire iranienne, qui n’existe pas et n’a jamais existé. Ce que nous voyons, c’est une volonté de détruire l’équilibre stratégique, de modifier le rapport de forces à leur avantage, afin non seulement de dominer, mais encore de pouvoir dicter leur volonté à tous : concurrents géopolitiques mais aussi, je pense, alliés. C’est un scénario de développement des événements extrêmement dangereux pour tous, et également pour les États-Unis eux-mêmes.


« Les sanctions sont un outil de concurrence déloyale »

Malheureusement, la terminologie militaire s’applique aujourd’hui à tous les domaines de la vie. La réalité de l’économie moderne globale, ce sont des guerres commerciales et de sanctions, c’est même devenu un cliché des médias de masse. Les sanctions sont utilisées notamment comme un outil de concurrence déloyale, pour gêner l’adversaire, voire l’« éjecter » des marchés. Je citerai à titre d’exemple l’épidémie d’amendes infligées aussi aux entreprises européennes par les États-Unis. Tous les prétextes sont bons pour châtier ceux qui ont osé enfreindre les sanctions unilatérales américaines. Pour la seule année en cours, une banque française a été condamnée à verser près de 9 milliards de dollars. Toyota a payé 1,2 milliard de dollars, l’allemande Commerzbank s’est engagée à verser 1,7 milliard de dollars au budget américain, et j’en passe.

Ce n’est peut-être pas le problème des Russes, bien sûr, mais je me permettrai tout de même de vous poser la question : est-ce ainsi que l’on agit avec ses alliés ? Non, on agit de cette façon avec des vassaux, qui ont eu l’audace d’agir à leur guise – on les punit pour s’être mal comportés.


« La force militaire sera longtemps encore un instrument de politique internationale »

Chers collègues, soyons réalistes : la force militaire restera évidemment, et pour longtemps encore, un instrument de politique internationale. On peut le déplorer ou s’en réjouir, mais c’est un fait. La question est ailleurs : ne sera-t-elle utilisée que lorsque tous les autres moyens auront été épuisés ? Quand il faut affronter des menaces comme le terrorisme, par exemple, et selon les règles établies du droit international ? Ou bien montrera-t-on le poing en toute occasion, simplement pour rappeler au monde qui est le chef à la maison, sans s’interroger sur la légitimité de l’emploi de la force ni sur ses conséquences, et sans régler les problèmes mais, à l’inverse, en les multipliant ?


« Il ne faut pas séparer les terroristes entre modérés et radicaux »

On voit ce qui se passe aujourd’hui au Proche-Orient. L’organisation terroriste État islamique a pris le contrôle de territoires immenses. Comment ? Réfléchissez seulement : si elles avaient pris Damas ou Bagdad, les bandes terroristes auraient quasiment obtenu le statut de pouvoir officiel et créé une place d’armes pour leur expansion mondiale. Est-ce que quelqu’un pense à cela ? Il est temps que toute la communauté internationale comprenne enfin à quoi nous avons affaire. Nous sommes face à un ennemi de la civilisation, de l’humanité et de la culture mondiale, porteur d’une idéologie de haine et de barbarie, qui foule aux pieds la morale et les valeurs des religions mondiales, y compris de l’islam, en le compromettant.

Et il ne faut pas jouer avec les mots, séparer les terroristes entre modérés et radicaux. On voudrait comprendre où se situe la différence. Peut-être, pour certains spécialistes, les bandits modérés ne décapitent-ils les enfants qu’en nombre modéré ou selon des méthodes tendres ? On ne se débarrassera pas de ces terroristes, et c’est une illusion de croire qu’on pourra en venir à bout par la suite, les éloigner du pouvoir ou s’entendre avec eux d’une quelconque façon.


« L’opération militaire russe en Syrie est totalement légitime »

Nous comprenons bien que les combattants qui se battent dans au Proche-Orient constituent une menace pour tous, y compris pour nous, pour la Russie. Notre pays sait ce qu’est une agression terroriste,  nous savons ce qu’ont fait les bandits dans le Nord Caucase. Nous nous souvenons des attentats terroristes à Bouddionovsk, à Moscou, à Beslan, dans d’autres villes de Russie. La Russie a toujours combattu le terrorisme, sous toutes ses manifestations.

Après que les autorités syriennes officielles nous ont demandé de l’aide, nous avons décidé de lancer une opération militaire dans ce pays. Je le souligne de nouveau : cette opération est totalement légitime, et son seul but est de contribuer au rétablissement de la paix. Et je suis certain que l’action des soldats russes aura une influence positive sur la situation et aidera les autorités officielles à créer les conditions nécessaires pour se diriger vers une régulation politique et frapper de façon préventive les terroristes qui menacent aussi notre pays, la Russie. Et aider de cette façon tous les pays et les peuples qui se trouveront en danger si les terroristes rentrent chez eux.


« La Syrie peut devenir un modèle de partenariat au nom d’intérêts communs »

La Syrie, malgré tout le caractère dramatique de la situation actuelle, peut devenir un modèle de partenariat au nom d’intérêts communs, pour la solution de problèmes qui touchent le monde entier et pour élaborer un système efficace de gestion des risques. L’accord russo-américain sur la garantie de sécurité des vols militaires des deux pays au-dessus de la Syrie a constitué une étape de taille. Nous allons aussi très bientôt commencer à échanger des informations avec nos collègues occidentaux sur les positions et les déplacements des terroristes. L’important est de se considérer les uns les autres comme des alliés dans un combat commun, de se comporter de façon honnête et franche. C’est la seule façon de garantir la victoire sur les terroristes.


« Le peuple russe est le peuple le plus séparé dans le monde »

Je continue d’insister sur le fait que l’effondrement de l’URSS a constitué une tragédie, et avant tout humanitaire. Il a résulté de la chute de l’URSS que 25 millions de Russes ethniques se sont retrouvés en territoire étranger contre leur gré et, comme on dit chez nous en langage populaire, « en un clin d’œil ». Le peuple russe s’est retrouvé le peuple le plus séparé dans le monde, et c’est indéniablement une tragédie. Et je ne parle pas de la composante socio-économique. La chute de l’URSS a entraîné un effondrement du système social, de l’économie – une économie vieillissante et peu efficace, certes, mais qui, en s’effondrant, a appauvri des millions de gens, ce qui est aussi une tragédie pour des gens concrets et pour des familles concrètes.


« Il n’y a pas de menace nucléaire iranienne »

Il ne faut pas créer des emplois qui, par leur nature, représentent une menace pour toute l’Humanité. Créons plutôt des emplois dans la sphère de la biologie, de la pharmaceutique, des hautes technologies non liées à la production d’armes.

Je vous assure que les spécialistes américains des secteurs de la sécurité et des armements stratégiques se rendent parfaitement compte que leur travail menace le potentiel militaire russe. Et tout ce système est créé pour réduire à néant les potentiels de tous les autres États possédant l’arme nucléaire, à l’exception des États-Unis. Pourtant, les arguments ont toujours été autres, on n’a cessé de nous parler de la « menace nucléaire iranienne ». Mais la Russie est toujours partie de l’idée qu’il n’y avait aucune menace nucléaire iranienne, et aujourd’hui, toute la communauté internationale considère, avec nous, que cette menace n’existe pas.


« Pourquoi créer un système de défense antimissile ? Arrêtez cela »

Les États-Unis ont initié la signature d’un accord avec Téhéran sur le règlement du problème nucléaire iranien. Nous avons activement accompagné et soutenu nos partenaires américains et iraniens, nous avons obtenu une décision d’entente et l’accord est entré en vigueur, l’Iran a accepté de transférer son uranium enrichi. Il n’y a pas de problème nucléaire iranien. Dans ce cas, pourquoi créer un système de défense antimissile ? Arrêtez cela. Mais non – non seulement rien ne s’arrête, mais de nouveaux tests sont conduits, des exercices sont organisés, ces systèmes seront mis en place en Hongrie avant la fin de cette année, et en Pologne d’ici 2018 ou 2020.

Je peux vous dire – et les spécialistes le savent bien – qu’un site de positionnement de missiles anti-balistiques peut être utilisé efficacement aussi pour y installer des systèmes de missiles de croisière. Est-ce que ça ne constitue pas une menace pour nous ? Évidemment que si, et cela modifie jusqu’à la philosophie même de la sécurité internationale. Si un pays estime qu’il peut se protéger de toute frappe de croisement ou de riposte parce qu’il a mis en place au-dessus de lui un « parapluie anti-missiles », il a les mains libres pour employer n’importe quel armement. Et c’est cela qui constitue une violation de l’équilibre stratégique.


« Je ne fais pas de différence entre les Russes et les Ukrainiens »

Bien sûr que l’Ukraine crée un danger pour nous. Mais est-ce nous qui avons provoqué cette situation ? Rappelez-vous l’année où M. Ianoukovitch a perdu les élections et où M. Iouchtchenko est arrivé au pouvoir. À l’issue d’un troisième tour de vote, qui n’était pas prévu par la Constitution ukrainienne. Cela avait été activement soutenu par les pays occidentaux. Une violation totale de la Constitution ! Où est la démocratie ? Des bacchanales, pures et simples !

La position de la Russie ne consiste pas à s’opposer au choix du peuple ukrainien. Nous acceptons tout choix des Ukrainiens, c’est véritablement un pays frère pour nous, un peuple frère. Je ne fais absolument aucune différence entre les Russes et les Ukrainiens. Mais nous nous opposons à une telle forme de changement du pouvoir.


« Vous êtes en train de nous refaire l’Irak, ici »

Comment peut-on admettre des coups d’État ? Vous êtes en train de nous refaire l’Irak et la Libye, ici. Les autorités américaines n’ont pas honte de déclarer qu’elles consacrent des milliards de dollars – ouvertement, publiquement -, qu’elles ont dépensé 5 milliards pour soutenir l’opposition. Est-ce le bon choix ?

Tout le monde sait que, dans l’histoire des États-Unis, on a vu deux fois arriver au pouvoir un président élu par la majorité des grands électeurs, mais bénéficiant en réalité du soutien d’une minorité d’électeurs. C’est ça, la démocratie ? Non. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, de la majorité du peuple. Un homme choisi pour le plus haut poste de l’État par une minorité d’électeurs – comment ça ? Ce problème existe dans la Constitution américaine. Eh bien, nous n’exigeons pas que vous changiez votre constitution.

On peut discuter autant que l’on voudra, mais quand on finance l’opposition intérieure… L’opposition est une chose normale – simplement, elle doit exister sur ses propres bases. Mais dépenser des milliards quasiment ouvertement pour soutenir une opposition intérieure – pensez-vous que ce soit une pratique politique normale, que cela crée une atmosphère de confiance entre les États ? Je ne le pense pas.


« Nous sommes inquiets de l’approche de cette infrastructure militaire vers nos frontières »

Parlons maintenant de l’avancée de la démocratie vers nos frontières ! (Rires) Pensez-vous que nous soyons contre l’avancée de la démocratie vers nos frontières ? Mais qu’entendez-vous par le terme de « démocratie » ? L’OTAN qui s’approche de nos frontières ? Ce qui nous inquiète n’est pas l’avancée de la démocratie, c’est l’approche à grands pas d’une infrastructure militaire. Comment voudriez-vous que nous réagissions, que devrions-nous en penser ? Voilà ce qui nous inquiète.

Nous avons proposé de travailler à trois sur ce système de défense antimissile : les États-Unis, la Russie et l’Europe. Qu’est-ce que ça veut dire, travailler à trois ? Ça veut dire définir des directions sensibles, avoir un accès égal à la gestion de ce système et à plusieurs autres questions secondaires. Mais non, on nous a opposé un refus. Ce n’est pas nous qui avons dit non – on nous a dit non.


«Rien d’efficace n’a pu être fait en Syrie »

Nous espérons que les actions coordonnées de notre aviation et des autres moyens de frappes, en accord avec les attaques de l’armée syrienne, donneront un résultat positif. Ce résultat suffira-t-il à dire que le terrorisme est vaincu en Syrie ? Non. Il faudra encore de sérieux efforts pour l’affirmer. Il y faudra encore un travail important et, je tiens à le souligner – un travail commun.

Ça fera tout de même bientôt six mois que la coalition dirigée par les États-Unis vise des positions sur place, plus de 11 pays y ont pris part et plus de 500 frappes ont été lancées sur divers objectifs – mais il n’y a aucun résultat, c’est un fait manifeste. De quel résultat pourrait-on parler, alors que depuis le début de ces opérations, les terroristes n’ont fait que se renforcer sur le territoire de la Syrie et de l’Irak, se sont consolidés sur les frontières où ils se trouvaient déjà et ont étendu leur zone de présence ? De fait, selon moi, nos collègues ne sont parvenus à rien d’efficace pour le moment.


« La question du départ d’Assad doit être réglée par le peuple syrien lui-même »

Je considère qu’un partage de la Syrie serait la pire des options, une solution inadmissible qui ne permettrait pas de résoudre le conflit mais créerait, au contraire, les conditions pour qu’il se poursuive et s’aggrave. Ce conflit deviendrait alors permanent. Si la Syrie est divisée en parties isolées, en territoires isolés, ces territoires se feront la guerre éternellement, et rien de bon n’en sortira.

Ensuite, quant à savoir si Assad doit partir ou non – je l’ai répété à de nombreuses reprises : je considère que ce n’est absolument pas correct. Comment pourrions-nous, de l’extérieur, poser la question et décider si tel ou tel chef d’État doit ou non s’en aller. C’est le peuple syrien lui-même qui doit en décider. Certes, et ici je dois émettre des réserves, nous devons être assurés que le pouvoir se forme sur la base de procédures démocratiques ; mais il doit évidemment s’agir d’un contrôle objectif – c’est le plus important – et non à la solde de tels ou tels puissance ou groupe de pays.


« L’armée syrienne remporte des succès avec notre soutien »

Je regarde les enregistrements vidéo après les frappes. C’est impressionnant. Il y a tellement d’explosions de munitions qu’elles atteignent presque les avions. On a le sentiment que ces munitions et ces armes viennent de tout le Proche-Orient, une puissance colossale a été amassée sur place. Et une question s’impose : d’où vient l’argent ? C’est une puissance tout simplement colossale ! Qui s’est pourtant amoindrie aujourd’hui, évidemment. Et l’armée syrienne remporte des succès avec notre soutien. Ces succès sont encore modestes, mais ils sont bien là. Et je suis certain qu’il y en aura encore.

Un « centre d’information » a été mis en place à Bagdad, associant la Russie, la Syrie et l’Irak : il sert à échanger des informations et déterminer les orientations principales de la lutte contre le terrorisme, notamment contre l’EIIL. Mais il n’est absolument pas prévu, pour le moment, d’élargir nos opérations militaires à l’aide des forces de défense aérospatiale.


« Nous avons d’excellentes relations avec les États où la majorité de la population est chiite »

Le but de ces opérations militaires et de ces efforts diplomatiques est la lutte contre le terrorisme, et non la médiation entre les représentants des diverses orientations de l’islam. Nous avons la plus haute estime pour nos amis qui confessent le chiisme, autant que pour les représentants de l’orientation sunnite, et alaouite – tous, nous ne faisons pas de différence.

Nous avons d’excellentes relations avec toute une série d’États où l’orientation sunnite prédomine, nous avons d’excellentes relations avec les États où la majorité de la population est chiite, et nous ne faisons donc aucune différence. Je le répète encore une fois : notre objectif le plus important – le seul – est la lutte contre le terrorisme.

Avec ça, nous comprenons la réalité dans laquelle nous évoluons et travaillons. En Syrie, par exemple, vous savez que sur les 34 – je crois – membres du gouvernement, plus de la moitié (environ, je peux me tromper) sont des sunnites, et cette part est aussi importante dans l’armée. La Syrie a toujours été pour une grande part un État laïc.


« Il y a toujours eu et il continuera d’y avoir des problèmes en Russie, de la même façon que comme dans les autres pays »

Dans le monde contemporain, le rôle et l’importance de n’importe quel État au niveau international dépendent du niveau de développement de son économie. Je considère que la Russie a toutes les chances de devenir un leader mondial – je veux parler de la qualité de l’éducation de sa population et du niveau élevé de développement de sa science fondamentale. Chez nous aussi, nous avons beaucoup de problèmes. Il y en a toujours eu et il y en aura toujours, comme dans les autres pays. Mais nous nous consacrons de plus en plus non seulement au rétablissement de la science, fondamentale et appliquée, mais aussi au fait de donner une nouvelle impulsion au développement de ces sphères cruciales. Il est pour moi évident que la Russie a de bonnes perspectives, mais l’avenir est indéniablement aussi dans le développement des relations avec nos voisins proches, nos partenaires et nos alliés au sein d’organisations comme l’Union économique eurasiatique et l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective). Et évidemment, nous ne pensons pas non plus notre développement sans développer les relations avec l’Europe.


« Dieu merci, il y a des gens en Russie qui aiment les États-Unis »

Que vont devenir les gens qui aiment les États-Unis en Russie, et ceux qui aiment la Russie aux États-Unis ? Car Dieu merci, ces gens existent. Ils doivent suggérer à la société dans son ensemble et aux gens qui prennent des décisions que, malgré les différences entre les pays et leurs approches du développement, de leur propre développement ou de la solution des problèmes mondiaux, il y a tout de même des gens en Russie qui aiment les États-Unis, et ça veut dire qu’il y a quelque chose dans ce pays qui mérite le respect.

Et à l’inverse, si une partie de la société et du peuple américains considèrent la Russie avec bienveillance et même avec amour, ça veut dire qu’ils doivent expliquer, en l’occurrence à la société américaine et aux gens qui prennent les décisions politiques, qu’il faut respecter la Russie.


« Si la bagarre est inévitable, il faut frapper le premier »


Il y a 50 ans déjà, à Léningrad, la rue m’a appris une règle : si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier. Et la menace de frappes terroristes en Russie n’est pas devenue plus importante – ni moins – du fait de notre opération militaire en Syrie : je peux vous en assurer. Elle existait et elle existe toujours, malheureusement. Qu’est-ce qui a poussé les terroristes à frapper la gare de chemin de fer de Volgograd, en décembre 2013, alors que nous n’avions entrepris aucune opération militaire en Syrie ? Rien d’autre que leur mentalité de haine, leur mépris de la vie humaine, leur combat contre la Russie en tant que telle ? Et pour cette raison, mieux vaut les combattre là-bas, comme je l’ai dit, que les attendre ici.
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Sources de l'article

- Site RT, le lien : ICI et ICI
- Site ALTER INFO le lien : ICI
- Site LE POUVOIR MONDIAL, le lien : ICI

Autres compte-rendus du Valdaï 2015

- A propos du conflit syrien, le lien : ICI
- A propos du double jeu occidental, le lien : ICI





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