Du rififi du côté de Kiev
Selon plusieurs représentants politiques ukrainiens un désaccord important a éclaté entre le président Zelensky et son chef d'Etat Major le Lieutenant Général Zaloujny à propos de la stratégie à adopter dans le secteur de Severodonetsk.
Pour le clown-président il faut que les 15 000 hommes de la garnison s'enferment dans les villes de Severodonetsk et Lisichansk et résistent jusqu'à la dernière goutte de sang. Pour le militaire connu pour sa pondération il faut prioritairement préserver la vie des soldats en les repliant sur Slaviansk et Kramatorsk aux enjeux stratégiques plus importants plutôt que de les sacrifier dans des villes qui sont factuellement déjà condamnées.
Cette dichotomie kiévienne de l'appareil exécutif d'un Banderistan à la dérive montre bien que les intérêts étrangers défendus par le pouvoir politique sont de moins en moins compatibles avec ceux défendus par les forces de défense nationale.
- D'un côté Zelensky se moque éperdument des résultats finaux des opérations militaires, du moment qu'elles participent aux objectifs de la stratégie étasunienne qui a mis en place à Kiev ce pouvoir fantoche et entièrement dépendant de Washington, tant sur le plan politique, économique que structurel et dont les objectifs actuels après celui d'avoir provoquer un conflit militaire sont
- Isoler le Russie au maximum au sein des instances internationales,
- Engager contre elle une attrition militaire et économique sur la durée,
- Renforcer et étendre l'OTAN militaire et politique en Europe,
- Imposer aux européens une dépendance économique au marché mondial etc...
Et pour tenter d'obtenir ces résultats exclusivement mondialistes, Biden - et donc Zelensky qui n'est que son pantin - n'ont que faire d'y devoir sacrifier les soldats ukrainiens mais aussi des civils, des infrastructures économiques et résidentielles et tout bonnement un pays entier...
- De l'autre côté Zaloujny qui est responsable de la Défense nationale ukrainienne sait par formation et expérience que son principal outil de combat n'est pas le matériel, contrairement aux fantasmes emballant les aides militaires occidentales, mais l'humain et dont il voit fondre les effectifs et le moral comme neige au soleil. Ce lieutenant général sait que le sacrifice militaire n'est acceptable que pour des objectifs militaires.
Ici intervient certainement le retour d'expérience de la reddition de la garnison de Marioupol qu'une propagande ukro-atlantiste saugrenue tente de travestir la défaite en martyre héroïque, mais qui sur terrain ne trompe personne. Car la réalité est que la garnison de Marioupol, dont la perte était inévitable, n'a su résister que 82 jours (dont les 20 derniers jours terrée dans Azovstal) fixant les forces russes autour de la ville pendant un temps trop court pour rentabiliser militairement son sacrifice.
Or le bastion urbain de Severodonetsk / Lisichansk, dont la garnison est sensiblement de même importance (15 000 hommes) est également voué à tomber et de plus beaucoup plus difficile à défendre (Marioupol avait l'avantage d'être adossé à la mer d'Azov). Pour le chef d'Etat Major des forces ukrainiennes comme pour le simple soldat qui y est posté, le jeu n'en vaut pas la chandelle !
Si cette querelle au sommet continue elle risque de provoquer soit un remplacement du chef d'Etat Major ukrainien par un soldat plus politique, soit un coup d'Etat militaire renversant Zelensky pour engager un armistice avec la Russie pour "sauver les meubles" de l'incendie allumé par Washington sur le Maidan il y a 8 ans et qui consume aujourd'hui toute l'Ukraine.
Ce différent montre d'une part l'absurdité de confier la conduite d'opérations militaires à des civils n'ayant aucune compétence stratégique et pour qui le soldat n'est qu'un pion sacrifiable, et l'asservissement suicidaire du pouvoir ukrainien - et dans son sillage des pouvoirs occidentaux - aux intérêts militaro-industriels étasuniens.
Car la désintégration tragique de l'Ukraine risque bien de s'étendre à toute l'Europe. Economiquement elle a déjà commencé et la désintégration si l'intégration de la Finlande dans l'OTAN est actée achevant ainsi l'extension du conflit vers une guerre mondiale, alors la désintégration sera également militaire !.
Voilà l'inéluctable destinée des peuples dirigés par des communautarismes religieux, ethniques ou culturels ou des idéologies nationalistes, bolcheviques ou mondialistes. Seul le sens commun et le pragmatisme devraient guider les décisions et les relations humaines et géopolitiques. Ainsi par exemple la Russie, dont ce sont les militaires et non les politiques qui conduisent les opérations militaires, qui a devant l'échec de ses objectifs dans le secteur de Kiev n'a pas persisté à y sacrifier des soldats, préférant varianter le chemin de sa stratégie, certes plus long mais la conduisant vers la victoire sur l'OTAN et non dans des impasses fanatiques.
Erwan Castel