D'une guerre à l'autre
Les célébrations de la victoire sur le nazisme ce 9 mai 2022 ont illustré la continuité et la contraction du temps historique entre une IIe guerre mondiale officiellement achevée et cette IIIe guerre mondiale qui vient de briser la coquille d'un œuf pondu par les faucons de Washington il y a 8 ans sur le Maïdan et que leurs laquais ukrainiens couvaient depuis 8 ans dans le Donbass.
Et les soldats du passé se confondent dans les regards avec ceux du présent, Autre temps, autres histoires mais toujours cette même menace qui est celle des absolutismes idéologiques et étatiques au service d'un communautarisme élitiste et toujours le même enjeu: celui de la Liberté des peules contre leur totalitarisme esclavagiste.
A l'occasion de cette date historique, plutôt que d'évoquer son cérémoniel annuel, devoir mémoriel annuel majeur mais dont je fuis comme la peste les agrégats de laquais obséquieux, courtisans à breloques dont les seules motivations sont l'égotisme narcissique et l'intérêt personnel j'ai choisi ici de partager une réflexion lointaine et que raffermit chaque jour vécu ici sur le front du Donbass.
Nos anciens il y a seulement quatre générations avaient su créer cette Union Sacrée par delà leurs différences (voire divergences idéologiques) et cela avait permis à des pays comme la Grande Bretagne et la France, les Etats Unis et l'Union Soviétique d'écraser dans leur alliance l'intégrisme nationaliste nazi et de rejoindre ainsi le sens commun des peuples luttant pour leur Liberté
"Hélas ! hélas ! hélas !" une fois la victoire obtenu l'espérance d'un monde meilleur dont la victoire de 1945 aurait pu ouvrir les portes fut à nouveau étouffer sous les intérêts des princes et des banquiers et l'absolutisme des Etats dans la permanence des injustices sociales comme par exemple la ségrégation raciale étasunienne ou coloniale française. Et derrière le consumérisme insouciant des "Trente glorieuses" le système capitaliste modernisait autour d'une guerre froide fantasmée cette peur protéiforme domestiquant les foules et dont on mesure aujourd'hui l'efficacité esclavagiste de ces dernières déclinaisons covidienne et russophobe.
Et la phase terminale du capitalisme qui est le "Marché Mondial", dans la logique historique de son expansionnisme veut aujourd'hui achever l'asservissement des peuples et donner le coup de grâce à ce sens commun qui évite la folie et le suicide, qu'ils soient individuels ou collectifs. Dans un article précédent j'évoquais l'amnésie occidentale et qui n'est que l'aboutissement de cette "servitude volontaire" organisée et déjà dénoncée par Etienne de la Boétie en 1574... et qui aujourd'hui s'accélère du fait principalement:
- de la libération post-soviétique de l'ordre mondial de la démesure militaro-industrielle,
- d'un cosmopolitisme nihiliste référençant l'immoralité jusqu'à l'amoralité,
- de cet individualisme atomisant la société jusqu'aux résistants antimondialistes,
- de cette amnésie organisée par l'enseignement, les médias, la culture contrôlés...
Et n'allez pas croire comme beaucoup que la décadence suicidaire qui touche nos sociétés européennes est nouvelle ou le fait d'idéologies particulières, de personnalités politiques tyranniques ou de communautés revendiquées car l'Histoire nous montre que les unes ou les autres n'étaient plus au pouvoir, voire même persécutées, l'asservissement des peuples par les élites a poursuivi systématiquement et systémiquement son chemin jusqu'à nos jours !
Depuis que l'esprit bourgeois, adorateur du Dieu Mammon, infecte les arcanes des pouvoirs étatiques ces derniers mentent à leurs peuples par les voix de leurs clercs du passé ou de leurs journalistes du présent, ces thuriféraires de la "Bien-pensance" du moment historique de la dictature des princes, des marchands ou des banquiers.
Avec ce conflit russo-ukrainien, nous sommes entrés de plein pied dans ce grand chaos cyclique où l'avenir dépend de l'issue de cette nouvelle guerre mondiale naissante car par delà son éclosion (qui peut encore durer quelques temps) c'est le grand combat d'un monde multipolaire contre un monde unipolaire, des traditions et des libertés contre un aliénation à la marchandise, de l'Empire des communautés de l'Etre contre l'impérialisme de la société de l'Avoir, celui de la Vie contre l'argent...
Et pour asseoir la dictature impérialiste de leurs intérêts élitistes bourgeois, c'est toujours les mêmes méthodes qui sont à l'œuvre au sein des élites marchandes actuelles et regardez par exemple combien cette observation de La Boétie résonne intacte au milieu des crises actuelles, migratoire, sanitaire, écologique... et bien sûr ukrainienne.
Et croyez moi, je suis bien placé pour constater amèrement cette fragmentation stérile et suicidaire de la résistance anti-mondialiste, dont les acteurs, par dogmatisme idéologique, communautarisme fanatique, ambition de pouvoir politique, égotisme cupide ou juste débilisme intellectuel sont prêts à toutes les trahisons et sabordages de la commune cause au nom de leurs fantasmes personnels.
En 2015, lorsque la dynamique spontanée des volontaires français dans le Donbass prenait de l'ampleur par delà les opinions personnelles de chacun, un travail de sape a été organisé par les Moreau, Brayard and Co pour y mettre fin, et pour le plus grand plaisir des services parisiens qu'un grand faisceau de faits, documents et présomptions laisse à penser qu'ils en étaient les chuchoteurs...
En 2016, un piratage de mails (Donileaks) révèle la duplicité de certains français pro-russes obsédés par leurs intérêts personnels |
Cette anecdote franco-bretonne resterait ridiculement insignifiante si elle n'était pas le reflet de cette immense tragédie humaine sur laquelle surfe le Nouvel Ordre Mondial : l'incapacité de s'unir dans la lutte métapolitique ! Et cette amère constatation n'est pas nouvelle, elle causa même la perte des nations celtes, précolombiennes, africaines etc face aux hégémonies militaro-industrielles.
Pourtant nombreux sont les anciens qui avaient aussi compris que la guerre, qui est consubstantiellement sacrée par le sang de ceux qui y tombent ("sacrifice" signifiant justement "faire sacrée" l'offrande pour la cause), est le terreau tragique mais aussi fertile pour créer cette Union des peuples et brûler dans le feu des combats victorieux toutes ces vanités divisant l'humanité jusqu'à la condamner
Voilà pourquoi devant le feu païen, l'autel des cathédrales, la tempête marine, ou le feu des batailles, il y a toujours eu des hommes sachant s'unir dans un élan vertical et transcendant loin des reptations misérables de leurs égocentrismes stupides.
Pour moi c'est cela qu'il faut retenir du sacrifice des anciens comme de celui des volontaires du Donbass: cette union souveraine écrasant les querelles idéologiques horizontales pathétiques pour un combat libertaire vertical et sacré. Sans cette Union sacrée anti systémique, les totalitarismes de la pensée, protéiformes et esclavagistes seront victorieux, bâtissant la dictature sur les divisions, les calomnies, les individualismes trahissant les corps sociaux intermédiaires, atomisant les peuples pour remplacer le sens commun par l'étatisme élitiste.
Et c'est peut-être l'un des rares avantages de la Guerre, en dehors de mettre à nu le coeur des hommes pris dans ses fournaises, que de sublimer les querelles stériles en fraternité d'armes féconde de victoires et libertés et tous ceux qui persistent à vouloir y imposer leurs clivages idéologiques, à faire valoir leurs égoïsmes narcissiques ou imposer leurs fantasmes propagandistes ne méritent que le mépris et les traitements accordés aux lâches et aux traitres.
Erwan Castel