Une nouvelle guerre menace le Levant

 Vu du Donbass (56)

Dans la nuit du 13 au 14 mai, les forces israéliennes ont lancé une offensive terrestre contre Gaza, poursuivant sans vergogne une escalade meurtrière qui ressemble de plus en plus à un nouveau conflit israélo-arabe.

Pour appuyer son opération terrestre, Tsahal
engage de nouveaux raids aériens meurtriers 
sur Gaza comme ici avec du phosphore blanc.
(arme incendiaire dont l'emploi sur des zones 
habitées est interdit par la Convention de Genève)

Le Levant, cette région majeure de l'histoire des civilisations qu'est le Moyen Orient a vu son importance géostratégique centuplée avec la course effrénée aux matières premières dans laquelle se sont jetés les pays capitalistes qui n'hésitent pas depuis la fin de la seconde guerre mondiale à mettre des pays à feu et à sang pour étancher leur boulimie énergétique.

Sur le grand échiquier, les occidentaux dans leur cynisme absolu coutumier ont maintenu, au delà d'une décolonisation de façade, leur ingérence dans la région pour y garder la main sur son or noir et ses routes d'approvisionnement, créant des monarchies vassalisées comme l'Arabie Saoudite, renversant les régimes "non alignés", comme l'Iran de Mossadegh ou l'Egypte de Nasser, n'hésitant pas à détruire les pays qui leur résistaient comme l'Irak o la Syrie, le tout au milieu d'un réseau de bases militaires de l'OTAN en continuelle extension. 

Et sur ce volcan de plus en plus actif, la Palestine est certainement l'épicentre le plus sensible, là où se nouent toutes les tensions levantines, de l'Egypte à l'Iran et du Yemen à la Turquie, et qui est aujourd'hui le théâtre d'un nouveau conflit israélo-palestinien et qui menace de précipiter cette région dans une nouvelle guerre majeure alors qu'elle est déjà martyrisée par des conflits meurtriers (Syrie, Yemen), du terrorisme (Irak), de crises majeures (Liban) ou de blocus (Iran) où systématiquement on peut observer la main de l'Occident.

Dans la nuit du 13 au 14 mai, Tsahal a engagé une offensive terrestre dans la bande de Gaza, continuant ainsi une escalade qui a commencé depuis 1 mois et que personne au sein de la communauté internationale ne réussi aujourd'hui à calmer :

Analyse du conflit Israélo-palestinien (9'30")

Les grandes étapes de l'actuelle escalade :

  • Décision du tribunal israélien d'expulser des familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem Est pour y installer des colons en violation du droit international qui qualifie de palestinien ce territoire,
  • Manifestation de palestiniens à Jérusalem Est protestant contre les procédures d'expulsions, premiers heurts violents, premiers blessés,
  • Répression de la police et de l'armée israélienne jusque dans l'enceinte religieuse de l'esplanade des Mosquées (3e lieu Saint de l'Islam) et en pleine période du Ramadan,
  • Les affrontements s'étendent aux communautés, entre palestiniens et extrémistes juifs qui attaquent l'esplanade des mosquées dont l'enceinte est incendiée, plus de 300 blessés
L'enceinte de l'esplanade des mosquées en feu. 
  • Le Hamas riposte depuis Gaza en tirant des dizaines de roquettes sur Tel Aviv dont la majorité seront détruites en vol par le "dôme de fer" de la défense israélienne, 
  • Tsahal engage des bombardements aériens intensifs sur Gaza, qui riposte avec des centaines de roquettes.
Le "dôme de fer" anti aérien israélien en action.
  • Sur fond d'échanges de tirs entre le Hamas et Tsahal, les affrontements entre les communautés palestiniennes et juives israéliennes s'intensifient également et s'étendent à tout le pays, qui est maintenant au bord d'une guerre civile. Les extrémistes des 2 communautés s'affrontent et provoquent des incendies jusque dans les villes où régnait pourtant une certaine harmonie entre juifs et palestiniens, comme à Acre ou Bethléem par exemple. Dans d'autres villes des tensions encore plus vives ont obligé le gouvernement Netanyahou a décréter l'&tat d'urgence, comme à Lod par exemple.
Les manifestations ont dégénéré en affrontements.
  • Le 13 mai en soirée Tsahal déploie des unités d'assaut sur la frontière avec la bande de Gaza, et son artillerie rejoint l'aviation avec des bombardements terrestres. De leur côtés les forces du Hamas continuent de lancer des centaines de roquettes vers Israël dont quelques unes parviennent à traverser le "dôme de fer", provoquant aussi des victimes et des destructions de côté israélien.  
Pour percer le redoutable "dôme de fer" israélien
le Hamas tire instantanément des centaines de 
roquettes pour essayer de saturer son système 
anti-aérien d'acquisition de cibles et de riposte.

Désormais les déflagrations des roquettes et des missiles retiennent l'attention et le souffle d'une communauté dite "internationale" qui n'ose, par soumission idéologiqu0,e condamner l'état sioniste israélien qui a pris en otage à la fois les palestiniens mais aussi la majorité des juifs vivant en Palestine. De fait, les rares résolutions de l'ONU condamnant Israël pour l'occupation des territoires contestés où son pouvoir de plus en plus radical impose une colonisation illégale, n'ont jamais été respectées ni même suivies de sanctions contre cet Etat sioniste qui désormais se fait appeler "Etat juif" accentuant ainsi la discrimination des autres communautés de son espace et le camouflage de son totalitarisme derrière l'identité d'une communauté devenue mentalement "intouchable", comme le prouve la qualification d'antisémite quasi systématiquement donnée à tous ceux qui défendent le droit des palestiniens à disposer d'eux-mêmes sur leur terre ancestrale.

Si les pays occidentaux sont paralysés pour retenir le bras israélien, en revanche cette nouvelle escalade meurtrière qui frappe surtout Gaza (une centaine de morts et plusieurs centaines de blessés et une dizaine de morts côté israéliens) fait bouillonner de nombreux pays du Moyen Orient, arabes et musulmans. Ainsi, l'Iran a annoncé ce 13 mai qu'il était prêt a tirer "20 000 missiles sur Israël si nécessaire", et même la Turquie a annoncé qu'elle était prête à envoyer une force d'interposition dans la bande de Gaza, pour stopper une offensive israélienne. Moscou a demandé une nouvelle réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU pour trouver une solution diplomatique avant une internationalisation du conflit ou une catastrophe humanitaire dans les villes bombardées.

La question est de savoir si cette escalade infernale, initiée par l'extrême droite israélienne au pouvoir, n'est pas destinée justement "in fine" à provoquer une réaction radicale de l'Iran, ce qui entrainerait très rassemblement une marche arrière de l'administration Biden qui pour donner une priorité à l'affrontement contre Moscou voulait une désescalade des relations avec Téhéran (qui était la priorité de Trump) notamment avec la restauration de l'accord nucléaire, un réel désengagement en Irak, une réduction du soutien militaire à Tel Aviv etc.... 

Une réaction de l'ex président Trump qui soutenait la politique sioniste et une stratégie anti iranienne radicale, confirme dans une inversion accusatoire pro sioniste que cette escalade est effectivement connectée à toute la tectonique du Moyen Orient et qui est utilisée pour faire forcer Washington.

Même si pour de nombreuses raisons évidentes il apparait que les républicains sont
moins pires que les démocrates étasuniens, il est naïf (pour rester poli) d'accorder
dans une vision manichéiste un soutien aveugle à Donald Trump (et qui confine à
l'idolâtrie trumpiste), car pour le dossier du Moyen Orient dont il est question ici,
ce président a été le soutien le plus fanatique à la politique d'expansion sioniste
menée par Netanyahou, en autres en validant les territoires occupés de la Shebaa 
ou de Cisjordanie, en désignant Jérusalem comme capitale d'Israël etc. et sans
compter la radicalisation de la politique agressive contre l'Iran (sortie de l'accord
nucléaire, nouvelles sanctions économiques, assassinat du général Soleimani, 
soutien logistique militaire à la guerre contre le Yemen etc.) Pour soutenir
l' "expan-sionisme" 
au Levant, républicains et démocrates étasuniens seront
toujours accordés pour le bonheur de leurs intérêts militaro-industriels !

Du côté de Moscou, on observe une fois encore franchise et courage politique lorsque le Vice Ministre russe des Affaires Etrangères Sergueï Verchinine, commentant la situation actuelle en Palestine a déclaré:

« Nous pensons que les tentatives d’Israël de changer le caractère géographique, démographique et historique et le statut de la ville sainte de Jérusalem sont illégales, et nous préconisons une cessation immédiate et complète de toutes les activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés conformément à de nombreuses décisions de l’Assemblée générale et du Conseil de Sécurité des Nations unies ».

Voilà qui est clair et cohérent avec le droit international, et surtout le bon sens commun œuvrant pour la Paix dans la région !


Et toujours des nationalistes incendiaires 

Dans ce conflit israélo-palestinien qui vient de connaître une nouvelle éruption meurtrière, on ne peut que constater, tout comme en Ukraine depuis le Maïdan, l'action incendiaire des ultra nationalistes communautaro-centrés dont le fanatisme est instrumentalisé par des pouvoirs politiques sacrifiant le bien-être des populations sur l'autel de la ploutocratie mondialiste qui aime à semer le chaos pour mieux diviser et régner. 

Cette spirale infernale fonçant ici vers une nouvelle guerre attire dans ses nuées de poussières sanglantes les mêmes folies humaines qui ailleurs, en Syrie ou dans le Donbass par exemple écrasent, de leurs servitudes ou fanatismes instrumentalisés par le mondialisme, le sens commun de populations innocentes et toujours sacrifiées.

Tout comme à Kiev avec les nationalistes bandéristes, c'est l'extrême droite sioniste qui, à Tel Aviv tire les ficelles de la politique israélienne, et l'on assiste sans grande surprise à cette convergence des ethno centrismes nazis et sionistes dans une dynamique de méthodes commune:

Quand la haine devient folie criminelle:
Près de Tel Aviv, lynchage d'un arabe israélien 
par un groupe de radicaux sionistes. 

Lorsque les idéologies communautaristes dominent les politiques nationales, elles-mêmes soumises à des intérêts internationaux mondialistes, alors les fanatismes écrasent le sens commun des peuples dans une servitude où ils ne sont plus aux yeux de la ploutocratie régnante que des troupeaux destinés soit aux temples commerçants de la consommation, soit aux champs de bataille de la consumation.

Et les hommes dans une majorité assourdissante poursuivant les fantasmes simplistes de leur paresse intellectuelle, de se précipiter sans conscience dans le théâtre mondialiste pour y passer de la jouissance infinie de la comédie de la marchandise à la haine illimitée de la tragédie humaine.

Il reste cependant ici et là quelques rebelles qui allument, de révoltes en contestations et de guérillas en révolutions, des étincelles éclairant dans la nuit de la folie humaine le chemin vers nos vraies libertés...

...mais à quel prix !!

Erwan Castel

17 enfants palestiniens ont été tués cette semaine dans les bombardements de Tsahal


Rappel historique pour comprendre le contesté israélo-palestinien de Jérusalem Est 

Les conflits entre Palestiniens et Israéliens commencent dès l'implantation des premiers foyers sionistes avant la seconde guerre mondiale et explosent lors de la création de l'Etat d'Israël en 1947, au cours duquel 700 000 palestiniens sont chassés de leurs terres, appelé Nakba" (catastrophe).

La bande de Gaza est l'une des parties de la Palestine dont la division du territoire est contestée par les participants au conflit arabo-israélien depuis 1947, contestant la partition proposée par l'Assemblée générale des Nations Unies. 

Après la guerre des Six jours de 1967, Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est, et a entamé une expulsion de leurs habitants pour y établir des colonies

Dans le cadre du projet de création d'un état palestinien, la bande de Gaza est dirigée depuis 2007 par l'organisation Hamas (qui fut créée initialement avec le soutien de Tel Aviv pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat). Les Palestiniens demandent que les futures frontières entre les États palestiniens et israéliens respectent les lignes qui existaient avant le conflit de 1967, lesquelles sont également garanties par les résolutions de l'ONU.






Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat