La ploutocratie bandit son épée de Damoclès !

 

Sur le front économique...

Les occidentaux par la voix mielleuse de leur contremaître bruxellois aux ordres de Washington viennent de menacer Moscou d'une déconnection du réseau SWIFT en cas d'action militaire russe en Ukraine.

Sur l'échiquier géostratégique post moderne la confrontation idéologique est devenue dans le jeu occidental un filigrane à peine visible et qui limite désormais le champ politique à des actions exclusivement économiques ou militaires, les généraux venant alors au secours des capitaines d'industries lorsque leur vampirisme capitaliste ne peut plus conquérir de nouveaux marchés, s'épuise ou est menacé par la concurrence.

Et si aujourd'hui, par ses dépendances internationales (notamment dans les énergies vitales) l'économie moderne est plus que jamais une cible facile pour affaiblir des puissances concurrentes, comme le montrent les blocus et sanctions économiques tissés atour de la Russie et de ses alliés, les systèmes de gestion internationaux financiers et bancaires tel que le SWIFT sont à l'arsenal économique ce que la bombe nucléaire est à l'arsenal militaire. 

En effet le système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Télécommunication), est devenu depuis sa création en 1973 le 1er fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisés. Ce système financier mondial, présent dans plus de 200 pays et territoires dessert 11.000 institutions à travers le globe mais qui en retour dépendent complétement de son bon fonctionnement. Et même si le SWIFT est une entreprise privée, ce sont les occidentaux qui contrôlent cette clef de voute de l'économie internationale autant que des économies nationales (depuis le 11 sept au nom du "contrôle des opérations financières des organisations terroristes"), comme ils l'ont prouvé en faisant déconnecter l'Iran de ce système qui peut donc devenir une épée de Damoclès au dessus des pays non alignés.

Ce n'est pas la première fois que l'arme du SWIFT est pointée en direction de la Russie: 

  • en 2014 l'UE avait déjà usé de cette menace au lendemain du référendum de Crimée (résolution 2014/2841(RSP), en  proposant «d’envisager l’exclusion de la Russie de la coopération nucléaire civile et du système Swift» , 
  • n'en déplaise aux trumpinolâtres, leur idole étasunienne certes moins agressive que ses prédécesseur et successeur démocrates avait utilisé cette menace pour faire abandonner des entreprises coopérant au projet gazier russe "North Stream 2"
  • etc.

C'est exactement ce qu'à voulu faire comprendre à nouveau le Parlement européen ce 29 avril lorsque votant à la majorité la résolution «sur la Russie, le cas Alexeï Navalny, la concentration de troupes à la frontière ukrainienne et les attaques russes contre la République tchèque», il a envisagé entre autres nouvelles sanctions économiques de déconnecter la Russie du système de paiement SWIFT en cas d'action militaire russe en Ukraine. 

Le problème de cette arme de destruction massive économique qui est l'exemple paroxysmique d'une extraterritorialité étasunienne illégale et abusive, c'est qu'elle impacte également en retour et plus encore que les sanctions économiques "classiques" les pays qui l'emploient, pour exemple les pays européens qui ont du mettre en place une alternative au Swift pour protéger leurs échanges régionaux internes et internationaux avec l'Iran. 

Aujourd'hui nombre de pays dans le collimateur de l'impérialisme financier étasunien ont développé des systèmes alternatifs au SWIFT (Chine, Russie, Iran...), certes moins performants mais qui permettent déjà de contourner ce système corrompu par l'idéologie mondialiste et ainsi éviter l'asphyxie économique des pays comme celle de l'Irak qui a été mis à genoux par la guerre économique menée contre sa population avant de recevoir le coup de grâce de la coalition militaire occidentale.

La Russie a aussitôt réagi à cette menace en minimisant les effets d'une éventuelle déconnexion du SWIFT grâce aux alternatives mises en place par le gouvernement depuis la crise du rouble de 2014-2015. 

Certes mais l'impact sera quand même réel, n'en déplaise à la propagande moscovite qui aime dire dans un stoïcisme adressant aux yankees des "même pas mal !" "staloniens", surtout que la Russie accuse le coup des multiples sanctions subies depuis 2014 et au milieu d'une crise économique mondiale et que les menaces nouvelles ne concernent pas que le SWIFT mais aussi:

  • La mise à l’arrêt des importations de pétrole et de gaz russes,
  • le gel de «tous les avoirs dans l’Union européenne d’oligarques proches des autorités russes et de leurs familles» et l’annulation de leurs visas 
  • l'arrêt de la réalisation du gazoduc Nord Stream 2
  • ’arrêt de la construction de centrales nucléaires controversées par Rosatom...

Et les raisons de cette hystérie économique russophobe occidentale dépassent largement le dossier de la crise ukrainienne mais s'inscrivent bien dans une nouvelle guerre froide entre un monde unipolaire occidental et un monde multipolaire emmené par la Russie, la Chine l'Iran et nombre d'autres pays "non alignés" comme le sous entend clairement la résolution de l'UE du 29 avril lorsqu'elle souligne à son paragraphe "F":

"les pays occidentaux ont adopté plusieurs vagues de sanctions à l’encontre de la Russie, qui se sont traduites par des contre-sanctions russes en représailles; que cette spirale de sanctions n’a pas atteint son objectif, à savoir provoquer des changements politiques".

Personnellement, au vu du contexte particulier ukrainien, je considère que ces nouvelles sanctions économiques occidentales évoquées sont autant destinées à Moscou pour qui elles sont des menaces qu'à Kiev pour qui elles sont des garanties de soutien en cas de conflit militaire avec Moscou. Et le prétexte Navalny qui occupe obsessionnellement tout un ensemble de paragraphes soporifiques de la résolution n'est qu'un écran de fumée destiné à cacher l'objectif réel occidental : encourager l'Ukraine à attaquer le Donbass !

Pour cela j'apparente complétement cette résolution d'ordre économique de l'UE à celle, militaire, présentée par l'OTAN à ses "alliés non intégrés" ukrainiens début avril

Ainsi sans prendre part directement à un éventuel conflit russo-ukrainien les occidentaux garantissent à Kiev (en plus des aides politiques, financières, logistiques et de renseignement) de mettre en place:

  • Une zone d'exclusion aérienne au dessus de l'Ukraine pour circonscrire le conflit au Donbass et protéger ainsi l'acquis territorial de l'OTAN,
  • Une zone d'exclusion économique au dessus de la Russie si ses forces militaires se portent au secours des milices républicaines,
Pour conclure avec cette dimension économique de la guerre froide 2.0 entre Washington et Moscou je pense que les occidentaux, qui auront beaucoup plus à gagner qu'à perdre en cas d'aventure ukrainienne contre la Russie, disent à leur laquais kiévien : 

"vas y petit, il faut la mériter ta place dans l'OTAN et puis tu sais, on protège tes arrières ! ait confiaaaaaaaaaaance !"  

Erwan Castel

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