Le minotaure du Donbass


Sur le front du Donbass, malgré le cessez le feu moult fois rappelé depuis 5 ans, la guerre, tel un nouveau minotaure errant dans le labyrinthe de ses tranchées vient quotidiennement prélever sa part de sang dans les territoires des républiques de populaires de Donetsk et Lugansk, frappant par la folie ukrainienne les civils et les soldats qui s'y accrochent...

Ainsi, ce 16 juillet 2020 lors de nouveaux bombardements ukrainiens sur le front de Donetsk, encore 2 civils ont été blessés par des éclats d'obus dans le village de Trudovsky situé à l'Ouest de la cité républicaine :
  • 1 femme de 59 ans. résidant au 13a de la rue Bakiya, 13a, blessé à la jambe,
  • 1 homme de 33 ans, résidant au 3a de la rue Bezlesnaya, 3a, blessé au dos.
Depuis une semaine seulement, le nombre de civils blessés par des tirs ukrainiens s'élève donc à 4 après ceux du bombardement du village d'Aleksadrovka le 14 juillet dernier, sur ce même front de Donetsk.

Côté militaire, les positions défensives républicaines continuent elles aussi à subir des bombardements ukrainiens meurtriers, tirs d'obusiers, de mortiers ou de roquettes antichars qui appuient la perpétuelle lente invasion de la zone neutre dite "grise" séparant les belligérants et qui depuis 2016 a été grignotée à 70% par les forces de Kiev à force de "sauts de crapauds" chèrement payés...

Un exemple de bombardement ukrainien au mortier de 120 mm
sur une position républicaine au courant du mois de juillet 2020

Dans de nombreux secteurs la ligne de front est en zone urbaine, dans les zones industrielles, les banlieues des cités et parfois les tranchées coupent en 2 les villages. Depuis l'invasion de la zone neutre dite "grise" jusqu'aux premières positions républicaines par les troupes ukrainiennes, les échanges de tir sont inévitables et quotidiens. Et cette situation déjà périlleuse pour les familles qui tentent de survivre dans ces secteurs urbains devient dramatique lorsque l'artillerie ukrainienne, en violation de tous les accords existant, de Genève à Minsk décide de bombarder leurs zones résidentielles.

Autre exemple de bombardement ukrainien en périphérie urbaine de
Dokuchaievsk (25km Sud Donetsk) au courant du mois de juillet 2020
Localisation du bombardement de Dokuchaievsk

Côté ukrainien, les pertes enregistrées au sein de l'  "Opération des forces Combinées" sont sensibles: outre les pertes hors combat toujours importantes (suicides, rixes, accident, tirs fratricides etc...) nombre de soldats ukrainiens tombent au combat, tués ou blessés lors des ripostes républicaines à leurs bombardements ou pendant des missions d'occupation e la zone grise censée restée neutre.



Ainsi de l'accrochage survenu sur le front de Zaitsevo le 13 juillet, où ce n'est pas 1 mais 3 ukrainiens qui sont morts dans un champ de mines au cours d'une tentative d'infiltration vers des positions républicaines d'un groupe de reconnaissance du 137ème bataillon de la 35ème brigade ukrainienne (6 soldats).
Et cet incident fait grand bruit actuellement sur les réseaux et jusque dans les officines diplomatiques car un médecin militaire ukrainien aurait été tué lors d'une tentative d'évacuation des corps et des blessés, chaque partie rejetant sur l'autre la responsabilité de son décès. 

J'ai eu maintes fois l'occasion de participer ou d'observer des conflits militaires pour pouvoir dire haut et fort l'évidence que les actions et réactions sur le front ne sont pas toujours aussi claires que les combattants voudraient qu'elles le soient et surtout dans le contexte d'une guerre de positions rapprochées comme celle du Donbass où les belligérants sont trsè souvent imbriqués sur le terrain (entre 100 et 300 mètres) et dans une tension extrême et permanente. Le combat n'est pas une science exacte et prévisible et souvent sur les champs de bataille, la chance, la nervosité côtoient la tension et la peur, et il n'y a que les propagandistes aux uniformes immaculés qui énoncent des conclusions manichéennes et péremptoires là où la vérité elle même ne sait plus où elle est. 

La réalité pour Zaitevo est qu'une fois de plus un groupe de reconnaissance ukrainien a rompu le cessez le feu en tentant une infiltration vers des positions républicaines au cours de laquelle il est tombé dans un champ de mines, et que lors de la tentative d'évacuation sanitaire d'autres soldats armés ont voulu continuer leur progression. 
Mais, lorsqu'un accrochage comme celui-ci, somme toute assez anodin sur un front militaire, se déroule dans le cadre d'enjeux géostratégiques internationaux, et particulièrement sur fond d'échec ukrainien à vouloir modifier à son avantage des accords de paix que Kiev n'a jamais respecté, les réactions sont ici aussi disproportionnées, partiales et incongrues. Ainsi de l'Union Européenne qui demande à la Russie (dont les forces armées sont toujours absentes du Donbass) d'assumer sa responsabilité dans le décès du médecin !

Depuis ce 14 juillet, les soldats républicains en charge de la défense du secteur ont décidé de récupérer les corps des soldats ukrainiens abandonnés dans la zone grise (espace neutre entre les lignes) pour restituer à l'Ukraine puis les corps des soldats sacrifiés et tirer plus au clair les événements survenus. 



2 des corps ont déjà été récupérés et les recherches pour le 3ème sont en cours :
  • Le premier corps récupéré le lendemain est celui d'un mercenaire étasunien, Sean Fuller, (photo ci dessus) à l'indicatif d'appel "Texas", connu pour ses opinions radicales de droite. Il a auparavant servi en Irak en tant que spécialiste du génie de combat. Son corps a été transféré aux  forces armées ukrainiennes.
  • Le 2ème corps récupéré le 16 juillet est cette fois celui Nikolaï Ilyin (photo ci dessous), indicatif "Estonian", un biélorusse naturalisé estonien en 2006 et qui avait ses papiers sur lui ainsi que son téléphone personnel avec des renseignements sur son unité (vraiment pas professionnel pour une mission de combat !).

Dernière minute ... Le corps du 3ème soldat ukrainien a été trouvé ce 17 juillet à 18h50 et les procédures de son rapatriement vers l'Ukraine immédiatement engagées comme pour les 2 autres corps déjà restitués.

«Il est arrivé en Estonie en 2006 en tant qu'érudit dans le cadre d'un projet et avait le statut de réfugié» a confirmé le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Reinsalu

Ce qui est intéressant est que plusieurs éléments démontrent que ce Nikolaï Ilyin avait aussi une fonction médicale au sein de son unité (voir photo ci dessous) et que ce mercenaire étranger et le "médecin" tué à Zaitsevo ce jour là ne sont en fait que la même personne. Et la qualité médicale tenue par l'estonien était dans ce cas là bien une fonction secondaire exercée dans le groupe de reconnaissance comme en témoigne l'armement trouvé autour de lui.

En effet, sur le terrain avec les corps ont été récupérés des armes et équipements coûteux produits par les pays de l'OTAN, et utilisés par des forces spéciales et des groupes de sabotage et de reconnaissance (fusil d'assaut AKS-74 n°6428029, casque léger MICH / ACH-CCO (FAST), gilet pare-balles LBT6094, vision nocturne AN / PVS-14 fabriqué aux USA, un masque par balles ESS Crossbow, une lampe de poche tactique infrarouge...) 

Vidéo de l'explosion mortelle d'une mine filmée par 
une caméra de casque "Contour ROAM  HD", utilisée 
par le groupe de reconnaissance ukrainien à Zaitsevo.
Localisation de l'incident de Zaitsevo

Voilà donc la réalité dévoilée par les premiers éléments recueillis sur le terrain de l'incident de Zaitsevo que Kiev a cherché a métamorphoser en incident diplomatique avec la Russie, Alors que c'est plutôt avec l'Estonie qu'il y a un problème, cette dernière n'ayant signé aucun accord autorisant ses ressortissants a participer au conflit du Donbass (Selon la législation estonienne les citoyens ne peuvent agir dans le cadre d'unités militaires d'autres pays qu'avec l'autorisation du gouvernement. Or, selon le ministre estonien son pays n'a pas délivré de tels permis pour l'Ukraine).

Et il en va ainsi de nombre de mercenaires servant côté ukrainiens et essentiellement recrutés parmi les mouvances radicales des droites nationalistes et dont l'effectif total passé sur le front du Donbass depuis 6 ans est de 17 000 ! Mais il faut au moins leur reconnaitre ce courage ou cette inconscience, d'être souvent les seuls au milieu de conscrits ukrainiens frileux à mourir pour les beaux yeux de l'OTAN à oser sortir de leurs tranchées pour mener des opérations suicidaires.

Erwan Castel

Nikolaï Ilyin, mercenaire estonien, combattant et "medic" dans une unité de reconnaissance de la 35ème brigade ukrainienne, tué au combat à Zaitsevo le 14 juillet 2020 mais dont la mort est instrumentalisée aujourd'hui par Kiev et les occidentaux pour tenter d'accuser de crime de guerre une Russie pourtant éloignée du front.

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