Matinée studieuse
191
Déjà au VIème siècle avant la période chrétienne, le stratège Sun Tsu rappelait : ""Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas vos ennemis mais que vous vous connaissez vous-même, vous en perdrez une sur deux. Si vous ne connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger."
Ce principe majeur de l'art de la guerre a traversé intact les millénaires des batailles jusqu'à nos jours, et dans les tranchées du Donbass nous consacrons de longues heures a observer encore et toujours cet ennemi qui depuis l'enlisement du conflit dans les tanchées et les bunkers enterrés fait partie du paysage qui s'ouvre devant nos meurtrières et que nous capturons dans les cyclopes coudés de nos périscopes.
Mardi 24 juillet 2018
Profitant d'un ciel couvert fondant les ombres et les corps dans le chaos terreux des labours de la guerre, nous avons mené à l'aube une nouvelle mission d'observation des positions ennemies, toujours évolutives comme les nôtres.
De retour dans l'antre de "Forteruine" le report des informations récoltées dur la carte papier et celle embarquée dans le gps (précision satellitaire inférieure à 3 mètres) permet de renseigner le carnet de combat des coordonnées et distances précises des cibles.
Le fumet d'une soupe et les miaulements d'une nouvelle venue mustachue et ronronnante sont venus un instant egayer cette matinée plutôt studieuse et qui est une part immergée importante du travail de sniper.
Au milieu de l'après midi je suis parti regarder les métamorphoses du ciel tandis que le tonnerre et les tirs revenaient rôder au dessus de nos têtes...
Erwan Castel
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front