Le terrorisme de l'eau
2 millions de personnes privées d'eau potable
L'armée ukrainienne a repris ses bombardements sur les infrastructures d'approvisionnement en eau potable de la population civile du Donbass, privant près de 2 millions de personnes de cette ressource vitale.
En 1994, à Montreux un symposium organisé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) constatait: "Dans les conflits armés, le manque d’eau potable tue souvent autant de personnes que les balles et les bombes"
Si l'eau a été de toutes les époques source de conflits et arme de guerre, l'évolution de cette dernière avec son imbrication dans les zones civiles a donné à cette ressource vitale une dimension humanitaire et legislative internationale.
La Convention internationale de Genève de 1989 précise que protéger les ressources en eau potable des populations civiles est une obligation morale et légale même en temps de guerre tel qu'elle le stipule dans l'art 54, p 1-2 de son premier protocole.
"Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre.
Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile, tels que des denrées alimentaires et les zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d’eau potable et les ouvrages d’irrigation, en vue d’en priver, à raison de leur valeur de subsistance, la population civile ou la Partie adverse, quel que soit le motif dont on s’inspire, que ce soit pour affamer des personnes civiles, provoquer leur déplacement ou pour toute autre raison. (Prot. I, art. 54, par. 1-2)"
Dans le Donbass, région touchée par une pollution importante de son réseau hydrographique que la guerre a amplifié depuis 3 ans, l'accès à l'eau potable est crucial. Depuis le début de cette année 2017, le régime de Kiev qui applique contre la population du Donbass une stratégie politique et militaire fondée sur la terreur a décidé de s'en prendre à ses ressources en eau potable.
Où l'on reparle de la station d'eau de Yasinovataya
Dans la nuit du 10 au 11 juin 2017, la ligne de front au Nord de Donetsk a été à nouveau soumise à de puissants bombardements ukrainiens qui ont duré plusieurs heures, du mileiu de l'après midi au milieu de la nuit, notamment dans le secteur très disputé de Yasinovataya-Avdeevka où les forces ukrainiennes depuis plus d'un an effectuent régulièrement des pressions offensives pour s'emparer de la "zone grise" située dans la zone industrielle et sensée restée neutre.
Rappel :
A partir du 5 mars 2016, les forces de Kiev ont entamé des "sauts de crapaud" à l'intérieur de la zone grise située entre le front républicain de Yasinovataya et le front ukrainien de Avdeevka. L'objectif de cette pression offensive qui est une violation flagrante des accords de Minsk mais jusque là restée impunie est quadruple :
- Réduire, comme dans d'autres secteurs du front (Debalsevo, Zaitsevo, Marinka, Kominternovo etc...) la zone neutre et par conséquent le temps de réaction de la défense républicaine jusqu'à la rendre impossible an niveau de la première ligne.
- Couper l'axe logistique Donetsk-Gorlovka, en menaçant la route par les feux des unités d'assaut et imposer ainsi de longues déviations par l'Est, ralentissant le déploiement de forces de réaction et de convois de ravitaillement.
- Provoquer les forces républicaines espérant de leur part une contre attaque d'envergure qui serait aussitôt désignée comme violation et fin définitive des accords de Minsk 2 et prétexte à relancer une campagne offensive.
- Obliger les forces républicaines à renforcer considérablement les lignes de défense de ce secteur vital et par conséquent d'y fixer des unités prélevées dans les forces de réaction rapide normalement déployées à l'arrière en réserve stratégique.
Une infrastructure sanitaire vitale au milieu des combats
Au milieu de cette zone disputée âprement depuis plusieurs mois se trouve la station d'épuration et de distribution d'eau potable qui non seulement subit de réguliers dommages collatéraux avec les bombardements mais est très souvent l'objectif des reconnaissances ukrainiennes qui recherchent par sa capture a menacer les populations civiles qui en dépendent.
Dommage reçu par la station d'eau de Yasinovataya en début d'année 2017 |
Par sa position et les près de 2 millions de personnes dépendant d'elle de chaque côte de la ligne de front, cette station d'eau représente un double enjeu dépassant largement les limites de ce secteur particulier du front :
- Une position stratégique renforçant le contrôle de la route Donetsk / Gorlovka- Lugansk, des échangeurs ainsi que des lisières Ouest de Yasinovataya
- Une capture symbolique d'une infrastructure vitale dont dépend la population de Donetsk.
Ainsi cette année au mois de février toutes une série d'attaques ukrainiennes avaient pris cette usine de distribution d'eau potable comme cible régulière, parvenant même le 25 février à s'en emparer violant ainsi non seulement les accords de Minsk mais également ceux de Genève qui protègent ces infrastructures vitales pour les populations civiles. A cette époque une action coordonnée de l'OSCE, du STKKK avaient réussi à démilitariser rapidement cette station d'eau en imposant l'évacuation de l'unité ukrainienne qui l'occupait.
La station d'épuration d'eau (rectangle noir au milieu de la carte) se situe entre les 2 lignes de front qui ne sont séparées l'une de l'autre que de quelques centaines de mètres |
Les nouvelles attaques de ce mois de juin
Depuis la reprise d'une nouvelle escalade sur le front du Donbass, cette station d'épuration et distribution d'eau potable est revenue au centre de toutes les préoccupations :
- Dans la nuit 8 et 9 Juin une unité ukrainienne, appuyée par l'artillerie a attaqué le le secteur de Yuzhnodonbasskaya, entraînant l'arrêt de la première station de pompage.
- Dans la nuit du 10 au 11 juin de nouveaux bombardements ukrainiens ont frappé l'usine évacuée, endommageant des transformateurs et occasionnant de nouveaux arrêts dans la distribution
- Le 11 Juin matin, aux environs de 9h30 des observateurs du Centre Commun pour le Contrôle et la Coordination du Cessez-le feu (STSKK) ainsi que des techniciens de la la société publique « L'eau de Donbass » gestionnaire de l'usine, ont été pris sous le feu des forces ukrainiennes alors qu'ils venaient constater les dégâts occasionnés par les bombardements nocturnes.
Micha Andronik est allé sur le site bombardé de l'usine
d'approvisionnemenr d'eau de Yasinovataya
Les tirs de l'artillerie ukrainienne dans cette escalade en cours dépassent désormais le seuil des 500 violations quotidiennes.
Aujourd'hui le personnel de l'usine a été à nouveau évacué laissant cette dernière à l'arrêt, tandis que les bombardements ukrainiens viennent de reprendre peu après 17h30, en fin d'après midi ce 11 juin 2017
Ces attaques sur la station d'eau potable de Yasinovataya ont conduit à une coupure de l'approvisionnement en eau potable dans tout le secteur Sud Ouest de Donetsk comme à Dokuchaïevsk où un état d'urgence a été déclenché suite à la rupture de l'approvisionnement d'eau potable, mais aussi Mariupol, Volnovakha, Krasnoarmeysk, Selidovo, Dimitrov, Rodynske et bien d'autres.localités situées indifféremment de chaque côté de la ligne de front, soit du côté de la République populaire de Donetsk, soit de celui des territoires occupés par les forces ukrainiennes.
Un fois de plus, Kiev montre son mépris total pour ses engagements à Minsk, les lois internationales et les populations civiles du Donbass qui sont bombardées et soumises à une politique de terreur depuis 3 ans, dans l'indifférence totale de la prétendue "communauté internationale" droitdel'hommiste de mes deux !
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
Les ukrainiens bombardent depuis plusieurs jours le secteur de l'usine d'eau potable avec leur artillerie lourde |
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Si l'argent est le nerf de la guerre il est malheureusement également aussi celui de la réinformation pour laquelle j'ai décidé de me consacrer seul et à plein temps malgré une absence actuelle de revenus et une censure de mon travail par les agences de presse occidentales collabos, mais également par des crapules, jaloux ou obsédés du monopole de l'information venus jouer les vautours dans le Donbass..
Au delà de mes besoins de subsistance (8 000 roubles par mois (150 euros au taux de change local) j'utilise les dons supplémentaires pour aider des personnes isolées et des familles de mon quartier.
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Erwan