Une petite mer aux grands enjeux

Une mer en ébullition entre Occident, Eurasie et Orient

Le 2 décembre dernier, le secrétaire Général de l'OTAN, Jens Stoltenberg a rencontré le Premier ministre géorgien Giorgi Kvirikashvili, afin d'organiser le renforcement de la présence militaire de l'OTAN dans le Caucase, et dans « La région de la mer Noire qui a une importance stratégique pour toute l’Alliance et le partenariat avec la Géorgie en est un élément important ».


Le 7 décembre 2016, en complète violation avec les accords internationaux de Montreux qui limitent à 21 jours les patrouilles des navires de l'OTAN en Mer Noire, le vice-amiral étasunien James Foggo, commandant de la 6ème flotte US, a déclaré que les missions de la Navy pourraient durer jusqu'à quatre mois. Cette annonce constitue une nouvelle provocation majeure de Washington à l'encontre de Moscou et qui confirme que les eaux de la Mer Noire redeviennent bouillantes sur le Grand échiquier international.

En effet, la Mer Noire avec ses rives occidentales, eurasiennes et orientales est une étendue maritime qui représente une case majeure sur le "Grand échiquier" géostratégique. Depuis des siècles son contrôle est convoité par les grandes puissances régionales mais aussi les thalassocraties impérialistes car elle est aussi un accès majeur à la Méditerranée orientale, et l'importance stratégique de l'Ukraine repose donc autant sur sa double identité territoriale, eurasienne et occidentale, que sur son contrôle de la Mer Noire.

2014, la Mer Noire entre de nouveau en ébullition

Lorsque les occidentaux organisent sur le Maïdan en 2013 le changement de pouvoir ukrainien, les objectifs géostratégiques de Washington qui perçaient déjà sous les arguments droitdel'hommistes ou démocratiques des agitateurs du Maïdan éclatent au grand jour lorsque la Crimée, par référendum populaire, décide de s'en retourner vers la Russie, après une parenthèse historique ukrainienne de 60 années. En effet cette péninsule n'est pas seulement une terre culturellement russe à qui la Douma a accordé une réparation historique, elle abrite aussi à Sébastopol la base navale de la flotte russe de la Mer Noire qui est une pièce majeure de la ceinture défensive de la Russie et sa porte d'accès à la Méditerranée.

Depuis que la Crimée, en s'échappant des griffes de l'OTAN en mars 2014, a permis à Moscou de conserver sa flotte militaire dans la région, les occidentaux ont déclenché des réactions économiques et militaires disproportionnées qui trahissent leur grande frustration de prédateur d'avoir vu s'échapper le coeur stratégique de l'Ukraine. Et depuis ce retour de la Crimée vers sa Mère Patrie, on voit aussi bien s'abattre sur la Russie des représailles économiques, que des navires de guerre de l'OTAN occuper l'espace de cette petite mer aux grands enjeux...

Le destroyer antimissile USS Carney, 

Parmi ces navires de l'OTAN qui envahissent la Mer Noire, en plus des navires de guerre électronique (dont le français Dupuy-de-Lôme) les navires canadiens etc..., il faut noter les navires USS Donald Cook, USS Ross, USS Carney et USS Porter qui sont les unités navales appartenant au réseau des lances missiles AEGIS SM3 braqués contre la Russie et dont des bases terrestres viennent d'être récemment installées en Roumanie et Pologne.

Lors du sommet de l'OTAN qui s'est déroulé à Varsovie les 26 et 27 octobre dernier, les pays occidentaux ont réaffirmé leur volonté de renforcer leur présence militaire sur les frontières européenne de la Fédération de Russie. Cette militarisation par l'OTAN de l'Est de l'Europe est visible entre autres mesures par l'installation des bases de missile AEGIS déjà évoquées, le déploiement d'unités dans les pays baltes et la constitution d'une force d'action rapide de 300 000 hommes capable d'être projetée rapidement au contact de la Russie. 

Les forces maritimes et les forces aériennes de l'OTAN réapparaissent également en force dns les Mers Noire et Baltique, les 2 espaces maritimes qui encadrent l'Europe de l'Est.En effet lorsqu'on observe une carte de l'Europe (voir la carte ci dessous) on peut constater que les régions de contact entre l'OTAN et la Russie se situent sur un grand isthme dont les deux appuis sont maritimes : la mer Baltique au Nord et la Mer noire au Sud. Or ces 2 espaces maritimes se révèlent des enjeux géostratégiques vitaux pour la Russie pour qui ils sont des portes de communication Nord et Sud dont on peut apprécier la valeur aujourd'hui à travers par exemple les projets gaziers North Stream et Turkish Stream qui sous tendent la nouvelle confrontation européenne.

Zygmunt Bauman, le polono-britannique sociologue des civilisations, a démontré la perpétuelle opposition dans l'Histoire des civilisations entre les thalassocraties et les "empires du milieu", comme la Russie par exemple qui est confrontée aux impérialismes d'abord britannique puis étasunien, depuis le 18ème siècle jusqu'à aujourd'hui.


L'addition de deux stratégies anti-russes

 La guerre de Crimée entre 1853 et 1856 illustre déjà l'importance de cette région stratégique 
pour laquelle la France suivit cupidement l'Angleterre pour barrer l'accès de la Méditerranée à la Russie.
De  cette confrontation militaro-économique entre la terre et l'eau est née en Europe "la stratégie du containment" imaginée d'abord par les experts militaires du gouvernement britannique Pitt lorsqu'à la fin du XVIIIème siècle, la Russie de Catherine II, en réinvestissant ses anciens territoires au Sud, s'ouvre à nouveau vers la Méditerranée via la Mer Noire et concurrence alors la route de la Soie que Londres veut contrôler.

Les impérialismes économico-maritimes depuis l'Antiquité cherchent à dominer les mers par le monopole commercial et stratégique et pour cela il leur faut bloquer les empires terrestres, notamment au niveau des portes navales qui leur sont accessibles. C'est ici qu'apparaissent les notions de "Heartland" qui désigne l'empire terrestre, appelé aussi "île monde", et de "Rimland", cet espace le ceinturant et qui est le théâtre de conflits permanents pour le contrôle des portes stratégiques qui lui permettent d'accéder à l'espace maritime.


Concernant la Russie, ce "pivot du Monde", qui avec ses 11 fuseaux horaires est le plus grand pays du Monde les thalassocraties britannique puis étasunienne ont défini 2 priorités qui ont développé 2 stratégies convergentes :
  • Interdire les accès maritimes à l'empire russe
  • Interdire les alliances continentales avec la Russie
L'un des moyens majeurs de parvenir à ces objectifs est d'obtenir le monopole du contrôle de la route stratégique reliant l'Europe à l'Asie et qui se matérialise aujourd'hui par le réseau des oléoducs et gazoducs, notamment ceux qui passent ..... par la Syrie et l'Ukraine (tiens tiens !).


- La première stratégie, qui a été développée au cours des deux derniers siècles par Halford John Mackinder puis Georges Frost Kennan (qui lui donnera le nom de "stratégie du containment") avant d'être finalement aiguisée par Zbigniew Brzeziński, consiste a protéger la route économique vers l'Asie (ancienne route de la soie) en bloquant l'accès de la Méditerranée orientale à la Russie. 
Aujourd'hui la Russie protège cet accès méditerranéen par les 2 bases navales russes de Sébastopol et Tartous, situées... en Ukraine et en Syrie (encore !)




- La deuxième stratégie, qui va naître après la 1ère guerre Mondiale est appelée "Stratégie de l'Intermarium" par son concepteur le polonais Józef Piłsudski ("Międzymorze") qui voulait créer une Fédération regroupant Finlande, pays Baltes (Estonie Lituanie Lettonie), Biélorussie, Ukraine, Hongrie, Roumanie, Yougoslavie et Tchécoslovaquie, pour bloquer l'Empire russe, puis l'URSS Dans ce dispositif stratégique, la pierre d'angle autour de laquelle s'articule ce dispositif stratégique, c'est.... l' Ukraine (toujours !)


Une synthèse stratégique signée Zbigniew Brzezinski

« Celui qui domine le Heartland commande l’Ile-Monde. Celui qui domine l’Ile-Monde commande le Monde » Halford John Mackinder
Cette pensée politique russophobe, britannique puis étasunienne et qui a survécu aux alliances des guerres mondiales et à l'implosion de l'URSS, a été même actualisée et renforcée par le cofondateur (avec Rockfeller) de la toute puissante "Trilatérale", le théoricien, Zbigniew Brzeziński, ce serviteur zélé du Nouvel Ordre Mondial. Ce Polono-américain (dont les racines familiales sont de la région de Lvov, actuellement en Ukraine de l'Ouest) fut conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter de 1977 à 1981, puis conseiller spécial de Reagan, Bush et Obama est certainement le stratège qui incarne le plus l'Hegemon étasunien, depuis qu'il a repris et développé les stratégies russophobes développées aux 19ème et 20ème siècle.

"Le grand échiquier" et "L'Amérique et le reste du Monde" sont les 2 ouvrages majeurs de ce théoricien du chaos dans lesquels il nous explique sans ambages comment les USA peuvent et doivent soumettre la Russie à leur hégémonie militaro-industrielle

Et Brzeziński, rajoute à cette recette étasunienne anti-russe l'asservissement de l'Europe occidentale qu'il veut empêcher de tout rapprochement avec Moscou mais également militariser pour pouvoir l'utiliser comme un bélier contre la Russie. Sur ce rôle stratégique de l'Europe, les actions menées par les organisations sous contrôle de Washington, comme l'Union Européenne, l'OTAN ou le FMI par exemple ou la servilité de certains gouvernements comme ceux de la France ou de  l'Allemagne, confirment et mettent en oeuvre l'intention clairement expliquée ici :


Zbigniew Brzeziński, un néo-conservateur étasunien possédé par une russophobie fanatique

20 années plus tard le guide de défense du Pentagone définit toujours que pour les USA, «l'objectif principal est de prévenir la réapparition d’un nouveau rival… d’empêcher toute puissance hostile de dominer dans la région, dont les ressources, sous contrôle consolidé, suffiront pour générer un pouvoir mondial. Ces régions incluent l’Europe de l’Ouest, l’Asie de l’Est, le territoire de l’ancienne Union soviétique et l’Asie de Sud-Ouest.»

Or, à la croisée des chemins reliant ces régions du Monde se trouve la Méditerranée orientale, cette région explosive qui tient dont les enjeux et les menaces concernent l'équilibre du Monde entier.

Entre la Syrie et l'Ukraine: 
la pièce pontique du grand échiquier

Si aujourd'hui le grand jeu se joue entre la Syrie et l'Ukraine où se trouve justement la Mer Noire ce n'est donc ni un hasard, ni une nouveauté car si les empires se succèdent dans les vents de l'Histoire, la géographie elle, reste immuable comme les enjeux et les menaces qu'elle représente pour les pouvoirs qui la traversent à travers les âges. Robert Steuckers évoquant la géméllité des conflits syrien et ukrainien rappelle leur cohérence stratégique ancienne: 

"La partie de l’Ukraine située à l’Est de la Crimée a relié jadis l’Europe (représentée par les comptoirs génois et partiellement vénitiens) au reste de l’Asie aux temps de Marco Polo, des grands khans mongols et plus tard encore, bien que dans une moindre mesure. La côte syrienne était la porte d’entrée des longues routes terrestres vers l’Inde et la Chine. La nécessité vitale de contrôler cette voie d’accès a amené l’Europe occidentale à lancer huit croisades durant notre Moyen-Âge"

Mais revenons à la Mer Noire du XXIème siècle...



"La mer Noire est située entre l’Europe, le Caucase et l’Anatolie. Large d'environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km2. L'adjectif correspondant est « pontique », qui vient du nom antique de cette mer, le "Pont Euxin." 
Elle communique au nord avec la mer d'Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la mer Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles."
(Wikipédia)


Pendant des siècles les occidentaux ont imposé leur jeu stratégique, s'appuyant sur une puissance militaire et économique inégalée mais, la fin de la guerre froide, l'effondrement systémique du Nouvel Ordre Mondial et l'apparition d'un contre pouvoir avec notamment la Russie et la Chine, ont libéré une tectonique géopolitique qui vient contrarier sérieusement les desseins hégémoniques orchestrés par les Etats Unis.



L'importance géostratégique de la Mer Noire 


Si elle est le berceau de la Russie, cette dernière s'attache a conserver l'Ukraine, même indépendante dans sa zone d'influence, car c'est grâce à sa position stratégique que lui confère la Mer Noire que Moscou reste avec la Turquie une puissance régionale majeure jusque dans le bassin méditerranéen, malgré le fait que seulement 10% des côtes de cette Mer soient russes contre plus de 37 % pour l'Ukraine avant le retour de la Crimée.

Depuis l'effondrement de l'URSS, l'OTAN en se rapprochant des frontières de la Russie a donné une priorité à vouloir contrôler cette région de la Mer Noire qui en plus de ses atouts stratégiques naturels est devenu une véritable plaque tournante des ressources énergétiques en transit. Après les gisements en eux mêmes, les gazoducs et les oléoducs, sont des enjeux stratégiques majeurs et des sources de revenus immenses, tant pour les pays producteurs que pour ceux qui leur ouvrent leurs frontières. Autour de ses autoroutes énergétiques les investissements permettent aux territoires de se développer et de renforcer leur devise considérablement.

Mais des menaces étant toujours le revers proportionnel aux enjeux, ces dernières années la découverte de nouveaux gisements en Mer Caspienne, au Kazakhstan et en Asie centrale a exacerbé l'intérêt porté sur cette région de la Mer Noire qui est une des plus importantes au Monde à travers laquelle transitent du gaz et du pétrole et dont les routes s'étendent jusqu'aux pays d'Asie Centrale et en Chine. 

Avant la chute de l'URSS, à laquelle appartenaient la plupart des pays composant cette région, Moscou y disposait du monopole du transit des matières premières, mais aujourd'hui du fait des indépendances acquises par ces anciennes républiques et de leur fragilité structurelle, elles sont devenues les proies prioritaires d'un Nouvel Ordre Mondial avide. Il n'y a qu'à regarder sur la carte les avancées de l'OTAN à l'Ouest de la Mer Noire et les conflits nés des déstabilisations organisées par Washington à l'Est pour comprendre l'importance des enjeux de cette zone de contact européenne entre Washington et Moscou et qui forme une croix Occident-Eurasie / Mer Baltique-Mer Noire dont le centre et pivot est l'Ukraine, le plus grand pays d'Europe. 

Ces dernières années, pas moins de 7 pays ont été impactés à des degrés divers par la stratégie de préemption menée par les USA depuis l'implosion de l'URSS: la Géorgie, la Moldavie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Russie, l’Ukraine et la Roumanie. Des conflits régionaux sont nés de cette "paix chaude" qui a succédé à la guerre froide : la République moldave du Dniestr, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud, le Haut-Karabagh et aujourd'hui la Crimée et le Donbass. 

Et cette cohérence stratégique de la Mer Noire et en plus reliée à celles du Caucase et du Moyen Orient avec notamment l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie et bien sûr l'Iran qui est la cible principale que Washington tente d'encercler. Et c'est dans cette région du "Rimland" que se trouvent 3 portails majeurs entre le "Heartland" russe et l'espace maritime qui alimente les puissances économiques. Leur contrôle (en plus du portail Baltique) donnerait à Washington la possibilité annihiler la puissance russe sur sa facade Européenne.

"Les États qui méritent tout le soutien possible de la part des États-Unis sont l'Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et l’Ukraine, car ce sont tous les trois des pivots géopolitiques. En effet, le rôle de Kiev dans la région vient confirmer l’idée que l’Ukraine représente une menace pour l’évolution future de la Russie." Zbigniew Brzeziński "L'Amérique et le reste du Monde"

Voilà pourquoi, le pivot stratégique de l'Ukraine qui est un quai principal de la Mer Noire est vital pour la Russie et une cible prioritaire pour les Etats Unis qui cherchent à l'étouffer, car :

"La Russie ne peut pas être en Europe si l’Ukraine n’y est pas, alors que l’Ukraine peut y être sans la Russie. On ne doit jamais perdre de vue ce constat simple et crucial. Dans le cas où la Russie miserait son avenir sur l’Europe, l’intégration de l’Ukraine servirait ses intérêts. De ce point de vue, les relations entre l’Ukraine et l’Europe peuvent constituer la pierre de touche du destin de la Russie. Cela signifie que Moscou jouit encore d’un court répit avant l’heure des choix." Zbigniew Brzeziński, "Le grand échiquier"


Une ligne de front liquide et explosive


Autant sur le continent les lignes de front peuvent être visibles et même stabilisées tout en restant actives (c'est le cas du Donbass par exemple), autant l'espace maritime dans lequel s’enchevêtrent, les forces, aériennes, navales et sous-marines potentiellement belligérantes présentent un risque supplémentaire d'escalade d'autant plus majeure que l'armement embarqué est très souvent stratégique, voire nucléaire....

Depuis bientôt 3 ans dans le mouchoir de poche que représente la Mer Noire croisent au large de la Flotte russe de Crimée des unités navales turques, ukrainiennes, étasuniennes, moldaves, britanniques, bulgares, françaises, géorgiennes, canadiennes etc... Ces navires de guerre, intégrés ou alliés sont sous le commandement d'une Organisation du Traité de l'Atlantique Nord qui a clairement désigné la Russie comme son ennemi et déclare vouloir militariser plus encore cet espace maritime qui offre aux croiseurs et destroyers étasuniens y opérant et porteurs de missiles de croisière la possibilité de frapper des centres névralgiques de la Russie.

Face à cette nouvelle menace grandissante, la Fédération a déployé à son tour des lanceurs antimissiles S400 sur ses côtes et notamment en Crimée qui est au coeur de la tourmente potentielle. Mais l'OTAN qui semble se moquer éperdument de la nouvelle orientation stratégique annoncé par le futur Président Trump persiste dans ses provocations bellicistes et continue l'escalade en augmentant sa présence en Mer Noire et annonce, par la voix de son Secrétaire Général Jens Stoltenberg, qu' "Il est important d'avoir un contact étroit avec les pays partenaires comme l'Ukraine et la Géorgie, qui bien que n'étant pas membres de l'OTAN n'en sont pas moins partenaires, et de dialoguer avec eux au sujet de notre présence accrue dans la mer Noire."

Aujourd'hui, tandis que des mercenaires et conseillers occidentaux sont de plus en plus impliqués en Ukraine, et que Kiev augmente sensiblement ses bombardements contre le Donbass, des navires de guerre de l'OTAN se ravitaillent à Odessa et les forces ukrainiennes participent à des exercices interalliés de l'OTAN en Mer Noire, des avions de reconnaissance et des drones stratégiques de l'OTAN survolent l'espace aérien ukrainien et celui de la Mer Noire (en violation avec les accords de Montreux) pour observer la flotte russe, la Crimée  et le Donbass.


Un Nouvel Ordre Mondial paniqué et sur la défensive 

Aujourd'hui, après des années de recul ce sont même les pays "non alignés" qui, renforcés par des résistances économiques, des renforcements politiques et des alliances stratégiques prennent l'initiative de mener une contre attaque contre la dictature de l'Oncle Sam. Ainsi, après qu'en 2010, le Président Poutine lors d'une rencontre avec la chancelière allemande Merkel avait proposé de «créer une harmonieuse communauté économique qui s’étend de Lisbonne jusqu’à Vladivostok», quelques années plus tard le président Xi Jinping a proposé d'articuler le développement de la Chine autour du concept «Une ceinture, une route», appelé également la nouvelle route de la soie...

Zbigniew Brzezinski, là aussi, dès 1997 avait pressenti cette menace pour le Nouvel Ordre Mondial:

"Un scénario présenterait un grand danger potentiel : la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran, coalition « anti-hégémonique » moins par des affinités idéologiques que par des rancunes complémentaires. Similaire par son envergure et sa portée au bloc sino-soviétique, elle serait cette fois dirigée par la Chine."

Depuis quelques années, le Nouvel Ordre Mondial, s'il continue d'appliquer sa feuille de route expansionniste n'a cependant plus l'initiative des coups comme par exemple en Syrie où il précipite sa tentative de renversement du Régime de Bachar El Assad après que ce dernier ait signé un contrat de gazoducs avec l'Iran qui concurrençait les projets qatari et turc. Et les USA qui après les fiascos afghans et irakiens hésitent à s'engager directement dans de nouvelles impasses, voient désormais leurs auxiliaires locaux échouer dans leurs objectifs comme en Libye, en Syrie et même en Ukraine par exemple, où les 2 plus beaux rouages du pivot stratégique (la Crimée et le Donbass) leur ont échappé.

Ces revers sont d'autant plus graves que la défaite de Clinton à l'élection présidentielle étasunienne semble peut-être sonner le glas pour la stratégie Brzezinski, aussi les néo-conservateurs ont-ils décidé de passer à la vitesse supérieure et de tenter coûte que coûte d'installer le chaos prévu aux portes de la Russie. 

Si la nouvelle fracture Est-Ouest en Europe se situe principalement sur terre entre Donbass et Ukraine, il ne faut jamais oublier que les enjeux géostratégiques qui font de ce pays le "Pivot stratégique" de l'Europe, sont autant dûs à l'immensité de son territoire qui est à cheval entre l'Occident et l'Eurasie, qu'à sa facade maritime sur la Mer Noire. 

Moins médiatisée que le front du Donbass qui est actif, l'escalade qui est observée dans la Mer Noire (avec la Crimée en épicentre) est très dangereuse car elle est diffuse, surarmée et met directement en contact les forces étasuniennes avec les forces russes...


Erwan Castel, volontaire en Novorossiya


Sources de l'article 

- Sputnik : Les USA veulent patrouiller en Mer Noire
- Strates : l'espace baltique mer noire
- E.R.O.E. : Donbass Syrie, 2 théâtres d'une même guerre
- Russia beyond the headlines : L'importance stratégique de la Mer Noire
- Réseau international : Pourquoi les nouvelles routes de la soie effraient Washington
- Stratégic culture : L'OTAN provoque une escalade militaire en Mer Noire



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