Le Monde russe est en deuil

La solidarité des peuples russes

Offrandes d'amitié et de solidarité à Donetsk
Dans la langue française, si les mots "coeur" et "chœur" sont phonétiquement très proches, la tragédie russe qui est survenue au large des côtes de Sotchi ce dimanche les a définitivement fusionnée dans une mer de larmes.

Le 25 décembre au matin, un Tupolev du Ministère russe de la défense s'est abîmé dans le Mer Noire quelques minutes après son décollage. La totalité des passagers et membres d'équipage a été tué dans le crash qui à priori serait dû à une défaillance technique. La délégation se rendait en Syrie dans le secteur de Lattaquié pour passer le Nouvel An avec les forces russes basées en Syrie. 
Le Président Vladimir Poutine a décrété un jour de deuil national pour aujourd'hui.

Le monde russe n'est pas seulement endeuillé par la disparition de ces 92 personnes , mais il est surtout touché au coeur, car parmi elles se trouvaient 64 membres des célèbres chœurs de l'armée rouge, cette troupe qui chante son âme à travers le monde. 
La solidarité des peuples de Russie a aussitôt relayé l'émotion immense provoqué par cet accident tragique, dans les frontières de la fédération, dans les pays et les diasporas slaves mais également dans tous les pays du Monde touchée par cette tragédie survenue au moment de Noël.

En Novorissiya, cette région russe bordant la mer Noire ensanglantée, l'émotion a été vive et aussitôt la nouvelle apprise des centaines de roses ont commencé à fleurir le parterre des représentations diplomatiques de la fédération de Russie; et dans le Donbass libre cette réaction a pris un caractère personnel car parmi les victimes du crash se trouve Elisaveta Glinka surnommée le "Docteur Lisa" qui est venu de nombreuses fois dans le Donbass en guerre secourir les populations bombardées et permettre l'évacuation de centaines d'enfants vers des hôpitaux (Voir l'article de Sébastien Hairon ici :"Le docteur Lisa n'est plus")
Le Président Zakharchenko a également décrété une journée de deuil...

Docteur Elisaveta Glinka décédée le 25 décembre 2016 en Mer Noire
L'avion transportait également neuf journalistes des chaînes de télévision Pervy Kanal, NTV et Zvezda, deux hauts fonctionnaires civils

Je ne m’attarderai pas ici sur les réactions immondes de certaines autorités ukrainiennes se réjouissant de la tragédie, ou d'autres insultes comme le silence des autorités françaises qui à ce jour n'ont toujours pas présenté leurs condoléances (à l'exception de l'ambassadeur de France à Moscou à titre personnel), alors que les présidents et ministres de la quasi totalité des pays l'ont fait  le jour-même de la tragédie.


L’Ensemble Alexandrov chorale de l'armée de terre russe fondée en 1928 et connue sous le nom des "chœurs de l'armée rouge" est universellement connu et apprécié à travers le Monde. D'année en année il est devenu un ambassadeur de la Russie par la qualités de son répertoire et l'interprétation de chants dont la force traversaient même le rideau de fer de la guerre froide.

Ce 25 décembre 2016, c'est la quasi-totalité des choristes de l'ensemble Alexandrov et leur chef le Général Valery Khalilov qui ont périssent ce crash près de Sotchi. Défaillance technique, erreur de pilotage ou attentat, la conclusion de l'enquête n'aboutira certainement qu'avec la récupération des boites noires de l'appareil. Mais l'identité emblématique des victimes et le lieu géostratégique de leur crash, en Mer Noire, est déjà tout un symbole, en cette fin d'année des temps difficiles qui menacent la Paix dans le Monde.

Leur rendre hommage c'est écouter toujours encore leurs chants immortels, comme ces soldats de l'Honneur russe dont d'autres relèves poursuivront leur mission de porter haut et loin l'emblème de la Russie éternelle. La tentation de mettre plusieurs chansons est grande mais j'ai choisi celle ci qui est une de préférées et dont le titre m'a paru de circonstance !

"En route !"

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Sources de l'article : 

et divers médias russes et français






Mise à jour 27 décembre 2016 : magnifique hommage aux chœurs par Slobodan Despot 

Source de l'article : Saker francophone 

La Russie atteinte au chœur


Par Slobodan Despot


Le 25 décembre 2016 − Source blog.despot.ch

La disparition tragique du chœur Alexandrov en mer Noire ce 25 décembre 2016 est bien plus qu’une tragédie aérienne. C’est un coup historique et une catastrophe nationale, plus douloureuse encore que la perte du Koursk en l’an 2000. Car cet ensemble de haute volée, connu à l’Ouest comme «les chœurs de l’Armée rouge», était la voix même de la Russie invaincue. Par la magie du chant, il était devenu l’un des piliers d’une miraculeuse réconciliation nationale, entre rouges et blancs, qui a jeté un pont par-dessus des millions de cadavres et conduit en moins d’une génération à la résurrection de l’Empire.

Ce que les commissions de révision, les livres d’histoire, les lois et les tribunaux n’auraient jamais pu accomplir, la musique et la spiritualité l’ont fait, tout naturellement. Ce que recelait le chœur Alexandrov, c’était le patrimoine le plus inaliénable de toutes les Russies. «Ceci est à nous!», pouvaient se dire tous les Russes, de tous les bords et opinions. «On pourra nous envahir, on pourra plagier nos chants, mais on ne pourra jamais nous les enlever!» Les airs russes, qui ont tant marqué la musique universelle, plongent leurs racines dans le chant de l’humanité première. Ils sont classiques et populaires, solennels et gaillards, amoureux et martiaux, débridés et funèbres. Ils sont toute la vie! C’est pourquoi le chœur Alexandrov pouvait enchaîner l’hymne national et Daft Punk sans faute de goût.


La diplomatie secrète de l’âme slave

Parmi mes amis et parents serbes, la consternation est tout aussi profonde. La disparition de ce grand chœur le même jour évoque un autre martyre collectif qui est dans toutes les mémoires : l’exécution de tous les lycéens de la ville de Kragujevac par les Allemands, le 21 octobre 1941, parmi des milliers d’autres otages. La grande poétesse Desanka Maksimović en a tiré un poème bouleversant que tous les Serbes connaissent, le Conte sanglant : «Cela se passait dans une contrée de paysans / dans les montagnes des Balkans. / Y mourut en martyr / tout un régiment d’étudiants / en un seul jour.»

A l’époque où la Russie regardait impuissante la destruction de la Serbie sous les bombes de l’OTAN et le dépeçage du Kosovo par les bandits anglo-saxons aidés des mafias albanaises, les reprises de vieux hymnes serbes par les chœurs de l’Armée rouge portaient un message de fraternité qui consolait les cœurs et maintenait la foi dans une alliance que les rapports de force avaient enterrée. C’était une diplomatie clandestine qui empruntait les canaux chiffrés de l’âme slave. Le clin d’œil était parfaitement compris: «Leur temps passera, et nous nous retrouverons!»

«Leur» temps est en train de passer, en effet, et ce n’est pas sans pleurs ni grincements de dents. Si cet invraisemblable accident n’est pas qu’une blague du hasard, si quelqu’un a vraiment voulu frapper la Russie, il a visé juste. Il a frappé au cœur. Juste en-dessous du président ou du patriarche.

Et pourtant il ne pouvait viser plus faux! Le chœur de l’armée n’a rien inventé. Il n’était que la plus belle voix de la Russie éternelle, une voix qui se reconstruira avec le temps. Ce coup au chœur ne fera que renforcer l’esprit de bravade de ce peuple magnifique et dément. Ses chants lui confèrent un cœur immense qui se rit de la mort. Et chaque Russe est tombé dedans tout petit, comme Obélix dans son chaudron de potion magique.



Slobodan Despot

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