Kiev croit au Père Noël !
Quand la propagande cache l'échec de sa guerre contre le Donbass
Des victoires à la Pyrrhus maquillées par la propagande
En 2016, deuxième année des accords de Minsk, l'armée ukrainienne s'est illustrée par une recrudescence de ses attaques contre le Donbass, bafouant de plus en plus ostensiblement au fil des mois le processus de paix engagé signé à Minsk en févier 2015.
Tout d'abord, ce sont les bombardements sur le Donbass qui ont repris crescendo depuis l'été jusqu'à atteindre ces dernières semaines des pics de plus de 3000 violations quotidiennes du cessez le feu. Ces pilonnages concernent essentiellement la bande de la ligne de front mais du fait qu'ils se concentrent sur les lignes de contact qui sont principalement dans les zones urbaines (Dokuchaievsk, Marinka, Yasinovataya, Gorlovka...) ou sur des villages situés en première ligne (Peski, Spartak, Zaitsevo, ominternovo etc...) de nombreux tirs frappent les quartiers résidentiels qui sont souvent d'ailleurs sciemment pris pour cible.
Mais 2016, par rapport à l'année précédente (exception faite du secteur de Marinka en juin 2015) a surtout été caractérisée par un retour des opérations offensives terrestres ukrainiennes, reconnaissances offensives ou attaques localisées qui ont augmentées la pression et fait naître de nouvelles ligne de contact où les belligérants ne sont qu'à quelques centaines de mètres les uns des autres.
De ces opérations ukrainiennes multiples qui se sont déroulées sur tout le front de Donetsk et Lugansk 3 secteurs particulièrement sensibles apparaissent: Yasinovataya (Nord Donetsk) Debalsevo (Est Gorlovka) et Kominternovo (Sud DNR). Dans ces 3 secteurs, les ukrainiens ont investi la "zone grise" jusqu'aux lignes républicaines sur lesquelles elles lancent régulièrement des assauts localisés qui même s'ils sont systématiquement repoussés et subissent de lourdes pertes ont réussi à "grignoter" cette zone, normalement neutre qui se situe entre les lignes.
Stratégiquement, ces attaques se soldent par des échecs car aucun de leurs objectifs n'a été atteint:
- Au Nord de Donetsk, à Yasinovataya, la route menant à Gorlovka, même si elle a du être coupée à la circulation sur un petit tronçon, n'est pas atteinte par les "ukrops".
- Dans le Sud, les villages de Sahanka ou Kominternovo ne sont pas tombés face aux assauts blindés menés principalement par le régiment Azov,
- Dans le Nord, sur la front de Debalsevo les 2 attaques importantes que Kiev a lancé (28 juin et 18 décembre) ont été repoussées par des contre attaques républicaines.
Tactiquement, ces attaques répétées donnent lieu cependant à de petites avancées réalisées sur le terrain par les "ukrops", dont la propagande, pour cacher ses échecs militaires et justifier ses pertes importantes claironne haut et fort qu'elles sont le début de la reconquête du Donbass par Kiev !
"Mètre par mètre, nous commençons à libérer le territoire occupé ...
Je suis convaincu que l'année 2017 sera un tournant à cet égard"
Oleksandr Turtchinov, Secrétaire du Comité de Défense et de Sécurité nationale de l'Ukraine
Tourtchinov le "père" de la guerre contre le Donbass, en visite sur le front (avec un fusil d'assaut israélien Tavor 21) |
En réalité ces avancées insignifiantes ne sont des "victoires à la Pyrrhus":
- car d'une part elles se révèlent très coûteuses en hommes et en matériel, et n'enlèvent aucun objectif stratégique d'une ligne de front qui reste toujours figée sur les mêmes points d'appuis tactiques.
- D'autre part ces attaques créent de nouvelles "zones de contact" mais qui sont beaucoup plus inconfortables aux ukrainiens qu'aux républicains qui quant à eux, restent à couvert sur des positions défensives renforcées.
- Lorsque la "zone grise" est large elle est souvent investie par les unité de Kiev jusqu'à ce qu'elles soient au contact des lignes républicaines et parfois cela se fait sans combat, comme le village de Novoluganskoe, investi ces derniers jours.
La seule conséquence qui peut intéresser Kiev dans cette évolution de la situation c'est qu'elle participe à rendre encore plus difficile l'application du protocole de Minsk, jusqu'à son sabotage pur et simple, qui apparaît aujourd'hui comme l'objectif majeur du gouvernement Porochenko. En effet lorsque les tranchées opposées sont à vue l'une de l'autre, et à portée de tir des armes légères, il est quasi impossible d'y faire régner un cessez le feu. Dernier exemple en date, aujourd'hui 28 décembre 2016, des snipers ukrainiens ont ouvert le feu sur les positions tenues par une unité de la République de Lugansk à Novoaleksandrovka.
En 2017, Kiev est obligé à jouer un quitte ou double dans le Donbass
Kiev est donc cloué à la fois sur une ligne de front qui lui est meurtrière à chacune de ses attaques, et dans un discours propagandiste qui ne peut reconnaitre que l'opération spéciale anti-terroriste est un échec total s'en entraîner aussitôt la chute du régime pro occidental qui l'a décidé. En effet si depuis 2 ans la guerre est un prétexte justifiant les échecs socio-économiques et bricolant bon an mal an une union sacrée face à une menace russe de plus en plus mythique, le vin a tété tiré jusqu'à la lie et la majorité des ukrainiens demandent à ce que cette guerre insensée se termine.
Or cette guerre, Minsk ou pas Minsk, ne peut s’arrêter là mais s'il y a un statut quo de la situation et principalement par rapport aux territoires occupés du Donbass (Mariupol, Slaviansk etc...) que Kiev refusera de libérer au profit de Donetsk et Lugansk et que les Républiques (je l'espère) refuserons toujours d'abandonner à l'Ukraine.
La solution la plus intelligente (et démocratique) serait de demander à la population de ces territoires de quel côté elle veut être rattachée, mais au vu des dernières élections locales où les partis pro-russes ont gagné les municipales, cela m'étonnerait que Kiev accepte d'être humilié à nouveau.
La deuxième raison est la viabilité des Républiques qui certes ont une frontière avec la Russie mais qui sont économiquement affaiblies avec la perte des régions Nord (Slaviansk Sieverodonetsk notamment) et de Mariupol au Sud qui est leur port économique...
C'est justement sur ce point crucial que le Président Zakharchenko a rappelé récemment que la zone référendaire que doit traiter les accords de Minsk s'étend normalement à "toute les régions de Donetsk et Lugansk" et pas seulement aux zones qui ont fait séparation et s'en sont détachées.
La paix ne pourra donc s'obtenir que par un retrait politique ou un repli militaire de l'armée ukrainienne au delà des frontières des anciens oblasts (régions) de Donetsk et Lugansk. Militairement les Républiques n'ont pas les moyens d'attaquer mais peuvent continuer à infliger des saignées importantes à l'ennemi lorsqu'il s'aventure au delà de ses lignes.
Le temps risque donc de peser dans la balance des décisions politico-militaires des premières semaines de 2017, car s'il joue en faveur des républiques solidement ancrées sur leurs positions défensives, en revanche il n'est pas favorable aux autorités ukrainiennes qui voient pendre au dessus de leurs ambitions bellicistes une épée de Damoclès nommée Trump et qui risque fort de devenir un couperet après l'investiture de la nouvelle équipe étasunienne qui veut "calmer le jeu" avec Moscou et se désengager du théâtre militaire européen.
Les premières semaines de 2017 risquent donc d'être une période particulièrement dangereuse pour le Donbass, car Kiev, qui vient de recevoir une nouvelle tranche du FMI peut être tentée par un quitte ou double dans cette guerre qui doit évoluer, sachant que le soutien de Washington risque de s'évaporer très bientôt, si Trump respecte ses engagements
Kiev se prépare t-il à un baroud final ?
Sous couvert de la trêve de Noël que d'ailleurs ses troupes déployées sur le front ne réussissent pas à respecter, l'armée ukrainienne est en train de déployer des unités d'assaut et des systèmes d'artillerie au plus près du front.
Ainsi par exemple à Novoluganskoe, ce village théoriquement dans la zone neutre mais investi par un bataillon spécial, des unités d'artillerie et des blindés ont été déployés par Kiev. Ailleurs, ce sont des Lances Roquettes Multiples qui se sont positionnés en face de Donetsk et Gorlovka (au total 12). Ces systèmes d'armes qui avaient été quasiment tous retirés du front en 2015 à cause de rupture des stocks de munitions, ont été redéployés depuis cette année, et Tourtchinov révélait récemment que la nouvelle usine fabriquant leurs roquettes était depuis peu entrée en production et alimentait à nouveau le front du Donbass.
Beaucoup s'imaginent qu'après l'investiture de Trump; Kiev sera neutralisée dans ses objectifs agressifs contre le Donbass. Rien n'est moins sûr car si Porochenko est effectivement aux ordres de l'équipe Obama il est surtout la marionnette des néoconservateurs et de la ploutocratie mondialiste qui elle, autonome et apatride, contrôle encore beaucoup des ressources politico-économiques étasuniennes et surtout européennes pour neutraliser Trump et poursuivre à partir d'autres bases, sa stratégie russophobe.
Donc le risque de guerre, tant que ce régime de paille sera nourri par les vampires de la finance internationale, sera persistant, même après l'élection de Trump car il reste toujours au dessus des projets pacifiques la politique du fait de guerre accompli et du jeu des alliances qui peuvent entraîner malgré lui le Monde dans une nouvelle guerre européenne.
En attendant les roquets de guerre de Kiev, malgré leurs défaites ininterrompues espèrent toujours reconquérir militairement le Donbass... En cette période de Noël, nous ne pouvons retirer à Porochenko, Tourtchinov and Co le droit de rêver, mais juste leur rappeler que "Errare humanum est, perseverare diabolicum" !
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
LRM de 122mm BM 21 "Grad" |
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