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Obusier tracté de 122mm D30, comme ceux qui ont bombardé le 8 février le front au Nord de Donetsk. |
Dans le précédent article je signalais un réchauffement du front du Donbass au lendemain de la trêve de Noël et de la prise de fonction de Biden à la Maison Blanche. Depuis le début de février, des actions de l'armée ukrainienne mais aussi des déclarations de responsables politiques à Kiev confirment la probabilité d'une nouvelle escalade militaire dans le Donbass.
J'ignorerai les cris d'orfraie des propagandistes pro-russes qui déclenchent l'alarme générale dès qu'un ukrops pète dans sa tranchée autant que les vociférations des excités kiéviens, journalopes ou députaillons en mal de buzz médiatique et qui se sont lancés, depuis le retour officiel à Washington de leurs parrains préférés du Maidan, dans une surenchère russophobe repoussant toujours plus loin les limites de la haine et de la connerie.
En observant les faits dans leur réalité juste on peut relever effectivement un poursuite des violations du cessez le feu, avec notamment l'engagement de l'artillerie lourde ukrainienne contre un blok-post républicain bombardé ce 8 février sur le front de Yasinovataya. Cette aggravation sensible du front, au cours de laquelle 2 civils ont été blessés, qui concerne de nombreux secteurs des 460 kilomètres du front des 2 républiques de Donetsk et Lugansk est d'ailleurs confirmée par les observateurs internationaux de l'OSCE qui y sont déployés :
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Du 5 au 7 février 2021, 349 violations du cessez le feu ont été observées sur le front de Donetsk, et 25 autres sur le front de Lugansk.
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Mais c'est le 8 février en soirée qu'a eu lieu l'attaque ukrainienne la plus significative, par le bombardement d'un blok post républicain du front de Yasinovataya, positionné sur la route Donetsk-Gorlovka et qui est régulièrement le théâtre de violents accrochages entre les positions républicains et ukrainiennes distantes de seulement quelques centaines de mètres.
Ce bombardement de l'artillerie lourde du 2ème échelon ukrainien s'est accompagné de tirs nourris des avants postes et qui ont déclenchés un échange de tirs élargi et logique entre les belligérants de ce secteur sensible. Plus tard, au milieu de la nuit le calme est revenu sur une ligne de front qui n'a pas bougé d'un centimètre.
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Géolocalisation du bombardement ukrainien sur le front de Yasinovataya le 8 fevrier soir. |
Cependant, ce bombardement de l'artillerie lourde ukrainienne a surpris la population qui pouvait entendre ses détonations et explosions depuis le centre ville de Donetsk, brisant ainsi plus de 6 mois d'accalmie relative où le front n'était secoué que par des crépitements d'armes automatiques et tirs de mortiers d'infanterie sporadiques circonscris à la ligne de front.
Bombardement ukrainien du 8 février 2021
D'aucuns interprètent ces explosions sur le front du Donbass comme la conséquence directe ou indirecte du retour aux affaires étasuniennes du parti de la guerre démocrate et de sa stratégie mondialiste plus brutale que celle des républicains, et je suis d'accord pour ne pas y voir qu'une simple coïncidence calendaire.
Le fait est qu'une tension est de nouveau palpable de chaque côté du front et jusque dans les villes de garnison où les alertes régulières et les entrainements dérangent à nouveau la monotonie des casernes.
Côté ukrainien cette tension des forces déployées est également visible mais dans toute son absurdité meurtrière comme par exemple, dans le secteur ukrainien de Volnovakha où un chauffeur de taxi a été tué par des soldats nerveux, alors qu'il ramenait un sergent ivre vers sa position, qu'il avait quitté la veille "pour se détendre en ville" !
Concrètement, on observe également une levée des restrictions renforcées qui avaient été imposées au cours des derniers mois, comme par exemple les missions des tireurs d'élite et des groupes de reconnaissance qui avaient cessé leurs activités offensives. A noter aussi un renforcement du front ukrainien avec de nouvelles unités d'assaut mécanisées, d'artillerie et de blindés, principalement sur ce secteur du front situé au Nord de Donetsk entre les villes de Yasinovataya (républicains) et Avdeevka (ukrainiens) :
- Des unités d'infanterie ukrainiennes supplémentaires ont été observées sur leurs positions à Avdeevka Opytnove, Butovka (Nord de Donetsk) et sur la zone industrielle située à l'Ouest de Yasinovataya.
- A Lastochkino, plusieurs obusiers automoteurs 2S1 ont été vus se dirigeant vers Avdeevka.
- Au Nord d'Avdeevka, ont été également signalées des arrivées côté ukrainien d'unités d'infanterie, d'artillerie (obusiers D-30, automoteurs 2S1) et des chars de combat.
- Au Sud d'Avdeevka (près de l'aéroport de Donetsk) dans le secteur de Pervomais'ke / Peski ont été observés 4 nouveaux pelotons ukrainiens mécanisés mixtes avec des chars de combat, des véhicules de combat d'infanterie et des automoteurs Ss1 de 122mm.
Ailleurs, à l'arrière du front ukrainien d'autres observations confirment le renforcement du déploiement militaire dans le Donbass comme par exemple en gare de Krasnoarmeysk où 2 convois ferroviaires camouflés sont arrivés avec des chars et des véhicules de combat d'infanterie (BMP 1 & 2) identifiés.
Il est donc logique que les plus pessimistes voient dans ces activités ukrainiennes la préparation d'une action offensive majeure sur le front au Nord de Donetsk (sur Spartak par exemple qui jouxte Putilovkala la porte Nord de Donetsk et ses voies rapides vers le centre ville ou Yakolevka & Mineralnoe entre Yasinovataya et Donetsk pour augmenter l'étranglement des voies logistiques du front Nord républicain).
Mais il ne faut pas oublier non plus le contexte géopolitique où sur l'échiquier se joue toujours la partie des accords de Minsk dans lesquels les occidentaux veulent élargir le quartet Normandie (Russie-Ukraine-Allemagne- France) à la participation des USA, pour augmenter sans conteste la pression occidentale sur Moscou ou/et forcer le déploiement de casques bleus sur le front pour y amorcer un autre scénario de type croate. Or une aggravation du front serait pour les occidentaux un prétexte pour proposer ces réformes du processus de paix vers un Minsk 3, sans toutefois rompre le front ce qui signifierait la fin définitive des accords qui pour le moment permettent à tous de gagner du temps...
La dimension politique de ces actions de l'armée ukrainienne est confirmée, je pense, par une nouvelle visite du front par le président Zelensky, accompagné par les ambassadeurs du G7 au moment où le FMI demande à Kiev de diminuer ses dépenses.
Donc selon moi, si le pire scénario est possible compte tenu de l'imprévisibilité du pouvoir ukrainien et l'inconnu de la nouvelle feuille de route étasunienne, je pense qu'on assiste à une nouvelle gesticulation ukropithèque qui ne tente qu'à relancer une campagne de terreur dans les Républiques de Donetsk et Lugansk, redynamiser ses soldats de plus en plus démotivés, et nourrir la propagande occidentale qui espère une résolution militaire de ce conflit et un blocus total contre la Russie.
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11 février, le président ukrainien Zelensky accompagne les ambassadeurs du G7 sur le front. |
Et si je me trompe et qu'une offensive ukrainienne, même limitée, est engagée, alors ce sera tant pis pour Kiev qui essuiera une contre-offensive républicaine violente et probablement appuyée par la Fédération de Russie dont le Président a confirmé hier que jamais Moscou n'abandonnera le Donbass.
Erwan Castel