L'avertissement clair du Kremlin

Un pilier de la politique internationale du Kremlin: Sergeï Lavrov, le chef de la Diplomatie russe. 

N'en déplaise aux poutinolâtres qui prennent la propagande du Kremlin comme parole d'évangile, la Russie se retrouve aujourd'hui acculée sur ses frontières occidentales comme un boxeur qui progressivement a reculé dans les cordes pour éviter le plus longtemps possible un combat qu'il sait pourtant inévitable. 

Et pour n'évoquer que cette crise ukrainienne, force est de constater que Moscou a voulu à la fois protéger ses relations politiques et économiques avec l'Ukraine, gagner du temps pour continuer sa modernisation militaire, soutenir les républiques du Donbass mais en les bridant, et espérer que miraculeusement, la raison revienne dominer la vision occidentale du Monde ou que l'Ukraine s'effondre enfin définitivement dans les ruines du Maïdan.
Hormis la Crimée qui est un coup de poker magistral de la Fédération de Russie et réussi grâce à une volonté populaire locale unanime et un effet de surprise qui ont laissé le régime de Kiev KO debout, le reste de la stratégie poutinienne dans la région, si elle a tenu en échec les velléités génocidaires bandéristes dans le Donbass n'a cependant obtenu aucune victoire notable, essuyant année après année de nouvelles sanctions économiques (qui, n'en déplaisent aux propagandistes fanatiques, grèvent sensiblement l'évolution socio-économique des populations) et échouant à imposer un processus de paix dans le Donbass ou à bloquer l'arrivée de l'OTAN en Ukraine.   

Depuis le Maïdan, le Kremlin a eu cent fois l'occasion de détruire ce régime belliciste de Kiev, avec un minimum de pertes et dégâts pour la Russie mais, pour des raisons dont je ne doute pas qu'elles soient des choix stratégiques légitimes de l'instant géopolitique, le Kremlin a préféré prendre le risque de laisser pourrir la situation. 

Et aujourd'hui le volcan ukrainien en éruption depuis 7 années, est sur le point d'exploser !

Avec le retour de Biden - qui fut l'un des principaux parrains du Maïdan - aux affaires étasuniennes, les marionnettes kiéviennes de l'OTAN sont redevenues hystériques déchirant sous les chenilles de leurs blindés fonçant vers le Donbass les derniers lambeaux d'accords de paix (Minsk 2), et tellement piétinés depuis 7 ans par leurs soudards qu'ils en sont devenus illisibles.

Il semble qu'aujourd'hui la Russie ne fasse plus peur aux occidentaux, surtout depuis qu'ils trouvent ici et là des auxiliaires, terroristes islamistes ou bandéristes ukrainiens pour faire le sale boulot à leur place, et que l'Ukraine ait été choisie par l'OTAN pour provoquer directement la Russie sur ses frontières. 


La Russie aujourd'hui n'a plus le choix, car ce Golem soviétique qu'est l'Ukraine, devenu incontrôlable depuis son indépendance est aujourd'hui transformé en bélier militaire que l'OTAN s'apprête à précipiter contre le monde russe dont la Crimée et le Donbass sont ses avants postes pontiques.

Le conflit militaire russo-ukrainien commandité par Washington et qui semble aujourd'hui inévitable risque d'être violent et meurtrier mais restera je pense limité dans le temps et l'espace car ses objectifs derrière la façade des discours nationalistes de Kiev autour de l'intégrité territoriale sont surtout et d'abord politico-économiques et cherchent dans une provocation à laquelle le Kremlin ne peut plus ne pas répondre à abaisser un nouveau rideau de fer sur l'Europe :
  • Mobiliser les pays occidentaux dans un axe russophobe encore plus radical dirigé par Washington (et notamment l'Allemagne qui reste encore le laquais le plus indiscipliné).
  • Radicaliser les sanctions anti-russes vers un blocus économique occidental de la Fédération, à commencer par l'arrêt du projet North Stream 2,
  • Ce qui aura pour conséquence de réorienter les importations énergétiques européennes depuis les USA ou leurs alliés idéologiques et économiques directs,
  • De subordonner complétement l'UE à la politique sécuritaire de l'OTAN qui étendra et renforcera son occupation militaire sous commandement étasunien,
  • De menacer directement, par des bases militaires frontalières asservies, les centres névralgiques russes qui se situent à l'Ouest et sans profondeur stratégique,
Pour tous ces objectifs politico-économiques entre autres encore, Washington est prêt à exciter une guerre régionale en Europe dans laquelle l'OTAN n'interviendra pas directement, et où Moscou n'ira probablement pas pousser sa victoire jusqu'aux frontières de l'alliance Et si si hier l'ouverture de l'Irak aux vampires mondialistes valait de sacrifier la vie de 500 000 enfants selon les dires de Madeleine Allbright, demain la fermeture totale des routes économiques avec la Russie vaudra bien quelques milliers voire dizaines de milliers de vies ukrainiennes et russes. 

Mais la Russie aujourd'hui est obligé maintenant de riposter militairement à une offensive ukrainienne, car elle ne peut plus reculer et surtout elle ne peut pas laisser des russes se faire massacrer massivement (surtout que plus de 60 000 d'entre eux sont maintenant citoyens de la Fédération. 

En attendant ce "matin du grand soir" Moscou déploie ses unités d'assaut vers les frontières ukrainiennes d'une façon anormalement démonstrative pour leur donner une première mission dissuasive, tout en  tirant sa dernière cartouche diplomatique pour tenter de ramener à la raison un Zelensky amorphe se laissant conduire à l'abattoir par Biden.

Et qui d'autre que Sergei Lavrov, ce vieux gladiateur des arènes diplomatiques, pouvait mieux tirer cette dernière cartouche diplomatique en forme d'avertissement solennel et qui a été rappelé lors d'un interview accordée au Big Game sur Channel ce Jeudi 1er avril:
 
"Déclencher une guerre dans le Donbass signifie détruire l'Ukraine: ceux qui soutiennent le début d'hostilités à part entière dans le Donbass ne se rendent pas compte que cela pourrait conduire à l'effondrement du pays."

"Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a déclaré il n'y a pas si longtemps, mais cette déclaration est toujours d'actualité aujourd'hui que ceux qui tenteront de déclencher une nouvelle guerre dans le Donbass détruiront l'Ukraine"

Moscou espère que Washington et les «alliés» occidentaux de l'Ukraine ne poussent pas Kiev à agir imprudemment.

«Selon les informations publiées dans les médias, les militaires comprennent pour la plupart la nocivité de toute action visant à déclencher un conflit brûlant. J'espère vraiment qu'ils ne seront pas encouragés par les politiciens, qui, à leur tour, seront encouragés par l'Occident, dirigé par les États-Unis »

Mais ce voeu pieu du ténor de la diplomatie russe risque fort d'être mis à mal par le retour d'un Biden aux affaires pour qui les recommandations de Brzezinsky font toujours référence.

Erwan Castel

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