"Le crapaud qui veut se faire aussi gros que l'ours"


Ce 17 février 2021, un groupe aérien de l'armée française a été intercepté par des chasseurs russes alors qu'il s'approchait de l'espace aérien de la péninsule de Crimée, soit un nouvel épisode de cette nouvelle adaptation de Jean la Fontaine, en version du "crapaud qui veut se faire aussi gros que l'ours"...


Le contexte

Depuis que, à la faveur de la rupture constitutionnelle ukrainienne provoquée par le coup d'Etat du Maïdan, la Crimée a organisé en mars 2014 son retour référendaire au sein de la Russie conformément au droit souverain des peuples de disposer d'eux mêmes, son territoire mais également ses espaces maritimes et aériens font à nouveau partie intégrante de la Fédération de Russie, fermant ainsi une courte parenthèse ukrainienne de 60 années dont 37 au sein de l'URSS.

Mais depuis 7 ans, le nouveau pouvoir de Kiev et ses parrains occidentaux ne réussissent pas à digérer cette volonté populaire quasi unanime (96.7%) du peuple de Crimée qui leur a coupé l'herbe sous le pied, l'un des objectifs majeurs du coup d'Etat télécommandé du Maïdan - pour ne pas dire le premier - était d'expulser la flotte russe de la Mer Noire de la base de Sébastopol.

D'où cette hargne indicible des pays de l'OTAN, sur fond de guerre ukrainienne ouverte dans le Donbass, de multiplier les sanctions économiques contre la Fédération de Russie ainsi que les gesticulations militaires provocatrices autour de la péninsule russe, et qui semblent même plus hystériques que celles de l'armée ukrainienne elle-même qui depuis 2014 (à par 2 ou 3 pitoyables initiatives personnelles de sabotages ratés), est restée sagement loin des frontières russes.

Parmi les gesticulations de l'alliance atlantique autour de la Crimée on peut observer, entre autres provocations et pressions militaires : 

  • la construction de quais militaires à Odessa (pour la Royal Navy) et d'une base de côtière de l'OTAN à Ochakov (à l'Ouest de la Crimée), 
  • une permanence de missions navales des pays de l'alliance se relayant en Mer Noire pour des missions d'observation et d'écoute électronique,
  • un enchainement d'exercices terrestre et navals interalliés de l'OTAN autour de la Crimée et  auxquels participent les forces ukrainiennes,
  • Des entrainements de tirs de missiles terre-mer réalisés régulièrement par l'armée ukrainienne à proximité des eaux territoriales de Crimée,
  • Etc.
  • Et enfin, ce qui nous intéresse ici:  des vols d'observation réalisés dans l'espace aérien international ou ukrainien par des drones stratégiques ou des avions de l'OTAN,
Régulièrement je signale ici des activités aériennes de l'OTAN, drones "Global Hawk" furetant le longs des frontières russes et de la ligne de front du Donbass ou avions de reconnaissance et de guerre électronique espionnant le dispositif de la flotte russe de la Mer Noire au large de la Crimée. Ces activités aériennes de l'OTAN, bien que de plus en plus fréquentes ont généralement des vols qui restent parallèles aux limites de l'espace aérien russe et par conséquent ne déclenchent pas des alertes de la part des forces de défense de la Fédération de Russie.


Les faits

Or ce 17 février des avions de combat Mirage 2000 de l'armée de l'air française accompagné d'un avion ravitailleur KC 135 ont été interceptés par des chasseurs russes Sukhoï 27 alors qu'ils s'approchaient de l'espace aérien russe de la péninsule de Crimée. 

Vidéo de l'interception du groupe aérien français 
par les chasseurs russes Su 27, le 17 février 2021 

Il est a noter que cette interception pacifique réalisée dans l'espace aérien international est autorisée par le droit international dans le cadre de la prévention des incidents armés, comme le précise d'ailleurs le communiqué du Ministère de la Défense russe au sujet de cette interception :

«Pour identifier les cibles aériennes et prévenir la violation de la frontière de Russie, deux chasseurs Su-27 ont décollé. [...] Les équipages de chasseurs russes ont identifié les cibles aériennes comme un groupe d’avions de l’Armée de l’air française composé d’un ravitailleur KC-135 et deux appareils d’aviation tactique Mirage 2000, et ils ont été escortés au-dessus de la mer Noire"

Dès après leur interception les aéronefs français ont changé leur cap, tandis que les chasseurs russes regagnaient leur base. 

Itinéraire final du KC 135 ravitailleur de la base d'Istres qui accompagnait
les 2 chasseurs Mirage 2000 D vers la péninsule de Crimée.

De fait ce n'est pas la première fois que des avions de l'armée de l'air française réalisent des missions de reconnaissance des défenses de la péninsule de Crimée, mais depuis ces derniers mois leurs vols se rapprochant de plus en plus de l'espace aérien de la Fédération ont provoqué plusieurs interceptions de la part des chasseurs russes :

  • En août 2020, 1 "Atlantique 2" [ATL2] de la Marine nationale française, enapproche de la frontière russe intercepté dans cette zone a été intercepté par un chasseur Sukhoï 27 
  • En octobre 2020, ce sont déjà 2 Mirage 2000D français qui sont interceptés par des Sukhoï 27 au-dessus de la mer Noire à proximité de la Crimée. 
  • En décembre 2020, c’est 1 Transall C-160G "Gabriel" de l’Escadron électronique aéroporté 1/54 Dunkerque qui s’est fait intercepté avec un KC-135 ravitailleur et un RC-135 (guerre électronique) de l’US Air Force par un Sukhoï 30.

Ce nouvel "incident" aérien du 17 février 2021 (qui en réalité n'en est pas un) intervient cependant dans un nouveau contexte marqué par un regain vif des tensions entre Washington et Moscou, une aggravation du front militaire du Donbass, un nouveau sommet de l'alliance atlantique (par visio conférence) et quelques jours seulement après que Kiev ait "autorisé les avions de l'OTAN à survoler l'espace aérien de la Crimée" (dans une outrecuidance provocatrice qui n'a d'égale que l'immense lâcheté de ce régime de marionnettes ukropithèques dont pas un seul avion ou drone n'a osé se rapprocher de l'espace russe depuis 7 ans !).

Dans la foulée de cette déclaration irresponsable du régime ukrainien, les forces de défense aérienne russe ont reçu l'autorisation d'abattre tout aéronef violant leur espace aérien au de la péninsule de Crimée.

Sur cette carte: la péninsule russe de Crimée, les limites de ses espaces aériens 
et maritimes et les portées de ses missiles antiaériens S300 et S400 auxquelles 
il faudrait rajouter les rayons d'action de ses chasseurs d'interception rapides.


Et ces cons de français de venir dans la foulée, et pour le compte de l'oncle Sam, renifler les défenses russes de la Crimée !


La mission

Sur cette capture d'écran on distingue de gauche à droite le KC135 ravitailleur, les 2 mirages
2000D français puis l'un Sukhoï 27 russes venus les intercepter avant l'espace aérien russe.

En dehors de l'évidente intention de provoquer le système de défense russe de la péninsule russe de Crimée (pour identifier et analyser la réaction de sa défense  aérienne), le groupe aérien français était de toute évidence en mission de reconnaissance aérienne et électronique comme l'attestent les nacelles ASTAC équipant les 2 mirages 2000D interceptés ce 17 février.

2000D avec ASTAC
La nacelle de reconnaissance tactique ASTAC (pour Analyseur de Signaux TACtiques) visible sous le fuselage des 2 mirages 2000D, est un 'pod" de guerre électronique conçu Thales et en dotation depuis les années 2010.
Ce type de matériel qui équipe aujourd'hui tous les chasseurs de dernière génération est capable de collecter du renseignement d’origine électromagnétique, de la détection des mesures et contre mesures militaires jusqu'à la récupération des données issues des technologies personnelles de type téléphones, ordinateurs ou GPS. 

Vraisemblablement les mirages 2000D français participaient à l'une des missions de l'OTAN chargées de définir ce qu'on appelle l' "ordre de bataille électronique" de la péninsule russe de Crimée… 
Dans la guerre moderne cet ordre de bataille électronique permet d'identifier de localiser les réseaux électroniques (détections, conduite de tirs, transmissions, observations, etc) pour pouvoir les attaquer avec des contre mesures adéquates.



Conclusion

Que Macron envoie ses forces armées jouer les chiens de chasse pour le grand veneur étasunien il confirme bien la servilité irresponsable dans laquelle la France est tombée alors qu'elle possédait encore il y a quelques décennies une puissance militaire et politique lui garantissant une indépendance constructive au service de la Paix européenne. 

Aujourd'hui l'arrogance de son maître yankee semble avoir infecté la raison de ce crapaud parisien qui en s'approchant de l'ours serein "s'étend, et s'enfle, et se travaille, pour égaler l'animal en grosseur", oubliant la leçon de monsieur de la Fontaine et de sa grenouille, cette "chétive pécore qui s'enfla si bien qu'elle creva".

Effectivement, aujourd'hui comme hier:

"Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs, 
Tout marquis veut avoir des pages."

J'espère juste que les pilotes francais mettront des couches pour leurs prochaines missions au large de la Crimée russe car elles risquent de leur être très utiles !

Erwan Castel



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