La guerre du candidat Porochenko

"Si l'Ukraine arrête de bombarder, il n'y aura plus d'Ukraine"
Président Porochenko, 18 février 2019, Munich

Image quotidienne dans le Donbass : ici Viktor Frolov, un grand père de 70 ans, effondré au milieu des décombres de sa maison détruite par un tir direct d'un obusier ukrainien. .


Depuis le début de ce mois de février les attaques des forces ukrainiennes sur le front du Donbass connaissent une meurtrière augmentation, et les bombardements avec des lance roquettes, des mortiers des obusiers viennent quotidiennement augmenter quotidiennement les violations d'accords de Minsk dont c’était cette semaine le 4ème anniversaire d'un échec global et sanglant qui fait que leur seule évocation aujourd'hui auprès des défenseurs et des habitants du front qui survivent sous les tirs est devenue pathétiquement grotesque.

Rien qu'au cours de la semaine dernière, le nombre de tirs ukrainiens sur le territoire de la République Populaire de Donetsk a plus que doublé, atteignant un total de 173 obus tirés sur les défenses républicaines mais aussi des zones résidentielles civiles.


Ainsi par exemple du secteur de Gorlovka (Nord de la RPD) qui a subit des bombardements quotidiens à l'arme lourde pendant cette dernière semaine blessant plusieurs résidents et détruisant plusieurs habitations civiles, notamment dans le quartier Nikitovski


Mais ce sont surtout les pertes subies par les forces républicaines qui sont l'indicateur actuel le plus dramatique de l'escalade en cours lancé par Kiev dans la dernière ligne droite des élections présidentielles (scrutin le 31 mars prochain) et qui témoignent de l'évolution des techniques et préparation des frappes ukrainiennes désormais encore plus ciblées et meurtrières.

Dans la comptabilité macabre que je m'efforce de tenir en fouillant les réseaux sociaux des unités engagées sur le front, j'ai déjà repéré pas moins d'une trentaine de tués sur le front de la République Populaire de Donetsk pour les vingts premiers jours de ce mois de février, la majorité étant victimes de tirs d'artillerie, principalement sur le front Sud (Kominternovo, Sahanka, Leninskoe) ou le front Nord (Gorlovka, Svitlodarsk). 

Ces pertes militaires occasionnées par l'artillerie et les snipers sont également dues à une augmentation sensible des tirs de missiles antichars filoguidés de type AT3 et AT4 dont nous avons déjà évoqué ce mois ci l'efficacité meurtrière. Et voici ici (publié sur les réseaux sociaux ukrops) un autre exemple de ces tirs ukrainiens de missiles conçus pour le combat antichar mais qui se sont généralisés dans le Donbass contre les positions fortifiées du front, les bâtiments et même l'infanterie.

Tir d'un missile "Korsar" ukrainien sur le front du Donbass, février 2019

Le 13 février lors d'une énième réunion à Minsk du groupe de contact chargé de faire le point sur le processus de paix, l'escalade des violations du cessez le feu par les forces armées ukrainiennes a été évoqué en priorité mais aussi en vain. Le lendemain les ukrops intensifiaient leurs bombardements jusqu'à doubler le volume des obus tirés.

Lors d'une conférence à Munich, le président ukrainien Porochenko, qui continue de prétendre que ce sont les forces russes qui sont en action sur la ligne de front du Donbass (insultant au passage l'OSCE qui depuis 5 ans n'en a pas décelé l'ombre d'un fusil ou les services de renseignement occidentaux et même ukrainiens qui, malgré leurs centaines de ressources humaines et techniques qui observent méticuleusement le terrain admettent n'en avoir "pas trouvé la moindre preuve"), a déclaré que l'Ukraine n'avait pas l'intention de cesser de bombarder les républiques du Donbass : «Si la Russie cesse de tirer, il y aura la paix. Si l'Ukraine arrête de tirer, il n'y aura plus d'Ukraine ». 



Cette saillie du président ukrainien si elle ne trompe plus personne concernant le mythe d'une invasion russe dans le Donbass, montre bien que la guerre déclarée contre la population du Donbass n'est que la justification au maintien du régime totalitaire mis en place à Kiev au lendemain du Maïdan.


Une maison du village de Kominternovo, au Sud de la République de Donetsk , bombardée le 13 février...
...et ici une autre maison touchée par l'artillerie ukrainienne à Spartak, au Nord de Donetsk, ce même 13 février 
On ne peut prétendre que les tirs ukrainiens visant les civils sont collatéraux aux combats du front et rares. Ils sont la plupart du temps fréquents et intentionnels comme ce 15 février où 2 civils ont été blessés au poste de contrôle de Mayork (Nord Gorlovka) au moment où la file d'attente exclusivement composée de civils a été ciblé par des soldats ukrainiens "énervés".

Le 15 février, Edouard Basurin le porte parole de la milice a déclaré : «Les enfants n’ont pas couru comme cela en allant à l’école depuis longtemps et ils ne courent pas parce qu’ils sont en retard, mais parce que ils sont effrayé à l'idée d’aller à l’école sous un bombardement"

Les principaux secteurs du front où s'exerce l'escalade ukrainienne

Du Nord au Sud (encadrés rouge sur la carte) : Yasinovataya, Spartak, Staromikhailovka, Aéroport, Kominternovo, auquel il faut rajouter Gorlovka (au Nord) bombardé le 16 février.
Comme à leur habitude les forces ukrainiennes ne manquent pas une occasion de publier leurs "exploits" du front, et même si ce sont des violations flagrantes des accords signés par leur gouvernement à Minsk, comme ici où nous pouvons constater, à la fois l'utilisation d'un drone et d'un bombardement avec des calibres supérieurs à 100 mm (ici du 120 ou 122mm)

A bientôt 1 mois de l'échéance électorale ukrainienne, tout est à nouveau possible sur le front du Donbass, et surtout le pire, car Porochenko, candidat à sa succession est mal placé dans les sondages pour remporter la victoire. Aussi n'ayant plus rien à perdre il pourrait-être tenter de jouer un quitte ou double sur le front du Donbass, cherchant à capitaliser dans les urnes une victoire militaire dans le Donbass, même ponctuelle et localisée.


Erwan Castel

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