De l'armée rouge à la milice

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"Ici, la guerre qui d'habitude nous enlève tant, 
nous apporte quelque chose, 
elle nous apprend la communauté virile 
et remet à leur vraie place des valeurs à moitié oubliées."

Ernst Jünger "Le boqueteau 125", chroniques des combats de tranchée - 1918


Le 23 février 1918, l'Armée Rouge était créée, et cette date de devenir l'anniversaire commémorant les soldats soviétiques sous le nom de " jour de l'armée et de la marine de l'Union soviétique". Dans la Fédération de Russie d'aujourd'hui, ce 23 février c'est le "Jour du défenseur de la patrie" mais dont la célébration est restée populaire et sacrée au delà de ses frontières, pour tous ceux qui de près ou de loin sont solidaires au monde russe.

Et dans les couloirs de la Brigade Piatnashka, des "Sprazdnika !" (bonne fête !) retentissaient de bon matin ponctués par des accolades appuyant le fraternité militaire qui ici reste vive, car entretenus par le feu de la guerre !




Samedi 23 février 2019

Après le tour de chants de Yulia Chicherina et le spectacle d'enfants du quartier le 19 février dernier, c’était au tour, hier soir, d'une jeune députée de la République Populaire de Donetsk de venir offrir des cartes de remerciements aux miliciens de Piatnashka, à l'occasion de cette journée du défenseur de la patrie qui est célébrée aujourd'hui, la cinquième que je vis, ici dans le Donbass en guerre.


Mes premières pensées vont pour mes camarades de combat, connus ou inconnus qui tombent chaque jour sur le front des républiques du Donbass, particulièrement meurtrier en ce mois de février 2019 (plus de 30 tués en 20 jours). Mais également pour tous les soldats soviétiques et russes, et les miliciens des révolutions nationales, ceux du passé et ceux du présent qui ont combattu et combattent pour défendre leurs libertés et nos valeurs, en Europe, mais aussi au Moyen Orient, et peut-être demain encore en Amérique du Sud...

La guerre dans sa violence exacerbée est de retour sur le front et dans les conversations, et dans le quartier d'Oktyabrsky où je vis, les habitants sont à nouveau silencieux dans les rues, attentifs aux bruits du ciel (2 obus fusants de mortier de 82mm ont explosé au milieu de la zone résidentielle cette semaine, endommageant toitures et fenêtres de plusieurs habitations), et des adultes accompagnent les enfants se rendant à l'école au bout de leur rue.

Je suis parti en ville à la rencontre d'étudiants et d'enseignants de l'académie militaire puis, avec des camarades de la brigade Piatnashka, nous avons rejoint d'autres volontaires qui se retrouvaient autour du verre de l'amitié à l'occasion de cette journée. Heureux d'y retrouver des camarades des fronts de Debalsevo, Marinka, ou Spartak que je n'avais pas revu depuis plusieurs mois et parfois années. 

Dans la ville des rassemblements, ces concerts, et des cérémonies rassemblent civils et militaires, anciens et jeunes autour de la mémoire du passé et la douleur du présent qui fusionnent dans les yeux des habitants du Donbass.



Car pendant cette journée normalement placée sous le signe des réjouissances patriotiques, la guerre qui rampe aux portes de la cité intervient encore et toujours au fil des heures et des rencontres, Ici c'est un camarade qui apprend la perte d'un de ses frères d'armes, tué sur le front Sud, là c'est une info qui tombe sur les réseaux d'information et qui fait état de 2 civils tués dans l'explosion d'un minibus à Elenovka...

Malgré cela, chacun dans le tintement des verres et des médailles veut profiter de cette journée ensoleillée, avant de repartir vers le front via les casernes que la guerre a semé dans tous les quartiers de Donetsk.

"Volontaires", une première de Yulia Chicherina

Et pour finir en pensée (et encore en chanson) avec le peuple vénézuélien qui est au bord d'une nouvelle guerre de préemption étasunienne, voici la magnifique chanson "No pasaran" du nicaraguayen Carlos Mejía Godoy. Cette chanson a été écrite en hommage aux guérilleros luttant contre la dictature de Somoza en pensant aujourd'hui à tous le combattants pour la liberté des peuples et en particulier au peuple et aux soldats du Venezuela, gardiens de la révolution bolivarienne" et aujourd'hui assiégés économiquement et militairement par les forces mondialistes.

"No pasaran !"


"La guerre commencera, mon amour
Je m’engagerai dans son ombre invincible
comme un lion féroce, je protégerai cette terre,
mes lionceaux,

personne, mais personne n’arrêtera la victoire
armée de futur jusqu’au dents
qui résonne jusqu’à la frontière
nous luttons pour vaincre

Ils ne passerons pas…"


Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front



 NO PASARAN

Vendrá la guerra, amor,
y en el combate
no habrá tregua ni freno
para el canto
sino poesia haciendo incontenible
del cañon, de fusiles libertarios.

Vendrá la guerra, amor,
y en el combate
nos fundiremos en las barricadas
defendiendo las hordas criminales
a punta de corazón, fuego y metralla
cavando sudorosos el futuro
en las faldas de la paz.

(¡ Aqui están los cachorros de Sandino !).

¡ No pasaran !
¡ Los venceremos, amor, no pasarán !
Si mañana que irrumpa el nuevo día
con su fiesta de pájaros y niños
aunque no estemos juntos, te lo juro
no, ! no pasarán !

Vendrá la guerra, amor
y yo me envolveré en tu sombra
invencible
como un fiero león protegeré
esta tierra y mis cachorros
y nadie, nadie detendrá esta victoria
armada de futuro.

¡ Hasta los dientes !
¡ Que truene hasta la frontera !
¡ Luchamos para vencer !
¡ No pasarán !

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