Les masques sont tombés !

DERNIÈRE MISE A JOUR : 3 FÉVRIER 2016 (voir en fin d'article)

Cet article est mis à jour au fur et à mesure des réactions du mainstream à la diffusion de ce reportage courageux de Paul Moreira.



Le reportage courageux de Paul Moreira

Nous avions récemment publié l'annonce de ce reportage sur les néo-nazis ukrainiens et la polémique suscitée autour de sa diffusion sur Canal + (voir le lien ici : "Les aboiements des esclaves de maison")

Ce reportage attaqué avec virulence, ce reportage a été diffusé une première fois le 1er février à 22h35 ...

Premier avertissement : je vous invite a copier cette vidéo qui vraisemblablement va subir des censures de la part de la dictature de la pensée unique. (la vidéo a été déjà remplacée 3 fois le 3 février et le 4 février suite à des suppressions répétées)

Si la vidéo ci dessous ne s'ouvre pas utilisez le lien suivant : RuTube



Bravo monsieur Moreira, "coup but plein centre"

Cependant 2 détails cependant relevés dans le reportage attirent mon attention et méritent que cet excellent travail d'investigation soit approfondi car contrairement à ce qui y est évoqué : 

1 : Il n'y a pas eu d'intervention de l'armée russe en Ukraine, mais seulement un soulèvement populaire des populations russophones aidés par des volontaires de tous pays.

2 : A Odessa les "pro-russes au brassard rouge" étaient en fait des extrémistes ukrainiens déguisés pour provoquer la manifestation pro fédéraliste. Les nombreuses photos et vidéos réalisées ce jour là montrent ces mêmes agitateurs attaquer les pro-russes assiégés dans la maison des syndicats.

Rappel : Chronologie de la Révolution 

1 an après le Maïdan, le journal de RT avait fait un rappel de la chronologie de ce coup d'état déguisé en  "Révolution" ...


Une année (2 ans aujourd'hui)  après le coup qui s’est produit à Kiev, RT revient sur les quatre jours d’affrontements sanglants de février 2014 qui ont fait près de 100 morts dans le centre de Kiev et qui ont provoqué un changement de pouvoir en Ukraine.

Les rassemblements de Maïdan ont commencé dans le centre de Kiev en novembre 2013 après que le président ukrainien Viktor Ianoukovytch a repoussé la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne (UE). Les manifestations ont atteint un point culminant en février 2014 lorsque des affrontements violents entre les émeutiers et la police ont fait basculer l’histoire de l’Ukraine.

Mardi 18 février

Près de 20 000 manifestants ont marché sur le parlement national, la Rada suprême d’Ukraine. Même si cette action s’appelait «offensive pacifique», elle a vite dégénéré en affrontements violents avec la police.

Plusieurs émeutiers ressemblaient plus à des extrémistes bien entraînés qu’à des manifestants ordinaires. Portant des masques noirs, des casques, des gilets pare-balles, ils ont jeté des pierres et des cocktails Molotov ainsi que des pétards sur les membres de la police anti-émeutes.

En réponse, les autorités ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Des balles réelles auraient été utilisées par les deux parties. Les violences ont continué durant toute la nuit et au matin, une vingtaine de personnes au moins avaient été tuées, dont au moins dix policiers. Les blessés se comptaient par centaines.

Au fil de l’intensification des manifestations, l’opposition a demandé le retour à la constitution de 2004, ce qui aurait transformé l’Ukraine en une république parlementaire plutôt que présidentielle. Le parti au pouvoir a pour sa part souligné que les demandes de l’opposition violaient intrinsèquement la constitution ukrainienne.

Ce jour-là, les autorités de la Crimée ont prévenu que la mobilisation générale à laquelle appelaient les groupes d’extrême-droite était une tentative préméditée de déclencher une guerre civile en Ukraine et «une nouvelle tentative de prendre le pouvoir par la force». Les autorités de la péninsule ont poussé Ianoukovytch à prendre «une action décisive et des mesures d’urgence» pour mettre fin aux émeutes et restaurer l'ordre constitutionnel.


Mercredi 19 février

Les tensions étaient importantes après les événements meurtriers de mardi. Un immense feu s’est propagé dans la Maison des syndicats recouvrant Maïdan d‘une épaisse fumée noire.

Des postes de contrôle de la police ont été installés dans toute la capitale, les écoles ont été fermées et des restrictions sur l’utilisation des transports publics ont été introduite dans ce qui était de facto un état d’urgence.

Au fil de la montée des tensions, le président américain Barack Obama a déclaré que les Etats-Unis «condamnent dans les termes les plus fermes la violence» en Ukraine, ajoutant que le gouvernement ukrainien devait défendre les droits de manifestants pacifiques et renoncer à utiliser la force.

En dehors de la capitale, les émeutiers ont dépouillé un dépôt d’armes dans l’ouest de l’Ukraine et pris la fuite avec plus de 1 000 fusils. Les émeutiers ont attaqué la police, les bureaux du gouvernement, incendié les bâtiments, dispersé des documents et détruit les meubles.

Pourtant, le président Ianoukovytch et les leaders des trois principaux partis d’opposition – Oleg Tyahnybok du parti de l’opposition nationaliste Svoboda ; Arseni Iatseniouk, leader du parti Batkivshchyna ; et Vitali Klitschko, leader du parti d'opposition Oudar – sont parvenus à conclure un accord de trêve fragile.

Les partis d'extrême droite ont refusé d’observer cette trêve. Le leader du parti Secteur droit (Pravyï sektor) a déclaré que son groupe n’avait signé aucun accord et a appelé à continuer «l’offensive des manifestants».



Jeudi 20 février

Le lendemain, une autre journée de manifestations reconnue comme le «Jeudi sanglant», est le jour où Kiev a connu ses plus graves violences depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les émeutiers ont ignoré la trêve et, tôt le matin, ils ont déclenché une révolte contre les autorités. Encore une fois, des tirs ont eu lieu sur Maïdan, touchant des manifestants et des policiers. Beaucoup de victimes ont été tuées par les tireurs embusqués positionnés dans les bâtiments voisins. On ne sait toujours pas qui étaient ces tireurs ni d’où ils tenaient leurs ordres et les deux parties s’accusent toujours mutuellement d’avoir commencé à tirer.

Dans le chaos, les émeutiers ont pu repousser les policiers hors de la place de l’Indépendance dans les rues adjacentes. Ils en ont aussi capturé des dizaines. On estime qu’une centaine de personnes ont été tuées au cours des affrontements de cette journée funeste, mais le nombre exact reste inconnu jusqu’à maintenant.

Alors que la situation se détériorait et que les demandes adressées aux ultra-nationalistes et aux radicaux pour qu’ils déposent leurs armes et «reviennent à des manifestations pacifiques» restaient vaines, le ministère ukrainien de l’Intérieur a officiellement autorisé la police à utiliser les armes pour «protéger les citoyens, sauver les otages et répondre aux attaques meurtrières».

Les événements sont devenus si intenses que les ministres français, allemand et polonais des Affaires étrangères qui avaient prévu de rencontrer Ianoukovytch et l’opposition pour négocier un accord de paix, ont dû quitter la capitale ukrainienne pour des raisons de sécurité.


Vendredi 21 février

Après ce qu’ils ont eux-mêmes appelé «une nuit de négociations difficiles», les ministres européens des Affaires étrangères – Radoslaw Sikorski pour la Pologne, Laurent Fabius pour la France et Frank-Walter Steinmeier pour l’Allemagne – ont conclu un nouvel accord.

Ianoukovytch a cédé aux demandes des manifestants et a annoncé la tenue d’élections présidentielles anticipées et le retour à la Constitution de 2004, un nouveau gouvernement de coalition devant être formé sous dix jours. Il a aussi annoncé une troisième amnistie pour tous ceux qui avaient participé à des émeutes violentes et renoncer à instaurer l’état d’urgence en donnant trois jours aux manifestants pour rendre toutes leurs armes illégales.

Dans l’intervalle, le parlement ukrainien a interdit l’utilisation des armes à feu pour les agents de police et a accepté de retirer les troupes de Kiev. Plus de 80% des députés du parti au pouvoir ne se sont pas présentés pour le vote. En parallèle, un projet de loi de destitution du président a été présenté devant le parlement.

Pendant la journée la police et les autres forces de sécurité ont commencé à quitter la capitale. Mais dans la soirée, les émeutiers ont annoncé que malgré la trêve ils étaient toujours décidés à destituer le président le plus vite possible.

La nuit suivante Ianoukovytch a fui de la capitale pour sa propre sécurité avant d’être évincé du pouvoir peu après.


Paul Moreira : "on a eu une vision manichéenne de la Révolution"

Dans cet entretien accordé à France Info, Paul Moreira présente son documentaire et ses motivations de le réaliser. On peut toutefois reprocher que cette bonne analyse soit entachée de déclarations propagandistes qui passent les mailles de l'investigation réalisée, telle que "quand les russes ont envahi l'Est de l'Ukraine" et qui relaient l'interprétation russophobe refusant de reconnaître la légitimité du soulèvement régional d'une population homogène refusant la prise de pouvoir à Kiev par des extrémistes ostracisant lson identité. J'invite cet honnête journaliste a réaliser une autre investigation dans le Donbass où sévit toujours une guerre dans laquelle les bataillons spéciaux ukrainiens issus des radicaux du Maïdan continuent leurs actions meurtrières contre les civils.


MISES A JOUR .

- 2 février 2016 :

Olivier Berruyer : 
«On a l’impression que Paul Moreira est venu briser des icônes»

A Kiev, des manifestants portant des maillots du parti radical «Svoboda» se battent contre la police© Valentyn Ogirenko Source: Reuters

Le créateur du documentaire sur l’Ukraine «Les masques de la révolution», diffusé le 1er février sur Canal+, Paul Moreira subit une vraie chasse à l’homme, estime Olivier Berruyer.

Olivier Berruyer est un économiste français. Il intervient régulièrement sur BFM Business, a participé à plusieurs reprises à des émissions de nombreuses chaînes et radios françaises, telles que France 24 ou La Chaîne info. Il est également le fondateur du blog les-crises.fr.

RT France : L’ambassade d’Ukraine à Paris a demandé à Canal+ de ne pas diffuser le documentaire de Paul Moreira sur l’Ukraine pour des raisons politiques. Est-ce une pratique courante en France ?

Olivier Berruyer : Non, c’est la première fois que je vois ça. Enfin, c’est quand même assez osé pour une ambassade d’aller faire pression sur une chaîne d’un autre pays pour qu’elle ne diffuse pas une émission. On est donc proche du sentiment d’impunité qui a cours en Ukraine. C’est triste mais malheureusement il y a de plus en plus de pressions sur nos médias pour aller dans ce sens-là et sur Canal+, Vincent Bolloré [actionnaire principal] a déjà fait reprogrammer un reportage qui avait été fait par des Français sur une banque française il y a quelques mois.

RT France : Est-ce que cela peut être qualifié de censure ?

Olivier Berruyer : Oui, ça y ressemble un peu. On voit qu’il y a une volonté très claire de ne pas avoir le moindre débat à propos d’un documentaire. Peu de monde l’a vu avant sa diffusion. Il semble assez tempéré, il montre un certain nombre d’éléments assez clairs et factuels sur la crise ukrainienne qu’on a extrêmement peu vus en France et en Occident, et en particulier le rôle des milices de l’extrême-droite, qui sont, certes, minoritaires, mais enfin, une minorité armée, ça peut faire beaucoup de dégâts, comme on l’a d’ailleurs vu lors des évènements de Maïdan.

RT France : L’ambassade d’Ukraine a également envoyé à Canal+ une liste de films sur la révolution de Maïdan à diffuser. Pensez-vous que la direction de la chaîne s’en servira ?

Olivier Berruyer : Je ne sais pas, mais dans ce cas-là, il faudrait absolument donner à nos médias une liste de reportages assez intéressants à diffuser chaque fois que Bernard-Henri Lévy passera dans nos médias, ce qui se produit quand même un peu plus souvent que la diffusion des reportages de Paul Moreira.

RT France : Pensez-vous que la démarche de Kiev va provoquer une réaction à l’international ?

Olivier Berruyer : J’ai été assez surpris des réactions déjà assez vives en France sur cette affaire, qui est quand même extrêmement étonnante pour un reportage qui va passer presque dans la nuit sur une chaîne cryptée française. C’est assez stupéfiant. Mais cela montre qu’à l’international, des gens s’intéressent à cette petite affaire. En tout cas, ce qui serait extrêmement intéressant, c’est non pas d’interdire le reportage de Paul Moreira, mais d’avoir beaucoup plus de «Paul Moreira» qui fassent des reportages sur l’Ukraine. On aurait peut-être des regards différents, permettant à chacun de se faire une opinion un peu plus précise de la situation. Pour les médias, il s’agit absolument de donner à leur pays une image de manichéenne. Cela veut dire qu’il doit y avoir des gentils et des méchants. Bien sûr, on soutient les gentils... Souvent dans des dispositifs extrêmement complexes, comme en Libye, en Irak ou en Syrie, dès qu’on veut montrer la complexité des choses, cela détruit complétement la propagande de guerre. On voit des réactions totalement hystériques avec une poignée de russophobes qui s’excitent sur Paul Moreira, qui est par ailleurs victime d’une vraie chasse à l’homme. Faut-il y voir un hommage aux propagandes de guerre anti-allemandes d’il y a un siècle ? En période de guerre, il n’y a plus d’information, il n’y a que de la propagande.

"On voit qu’on est vraiment sur un blasphème, sur une question devenue quasi-religieuse" 

RT France : Paul Moreira estime que beaucoup de faits concernant l’Ukraine ne sont pas abordés par les médias occidentaux. Etes-vous d’accord avec lui ?

Olivier Berruyer : Oui, bien sûr. Moi-même, j’ai passé l’année 2014 à analyser cette propagande et à essayer de montrer tout ce que les médias ne montraient pas afin de donner une représentation plus neutre, sans forcément prendre parti. Surtout en France – c’est ce qui est extraordinaire – on n’a aucun intérêt, nous, en Ukraine. Ce n’est pas du tout une zone d’influence historique de notre pays. On devrait donc pouvoir regarder ça avec du recul, en débattant tranquillement, quitte à ne pas être d’accord. Mais on voit qu’on est vraiment sur un blasphème, sur une question devenue quasi-religieuse. On a l’impression que Paul Moreira est venu briser des icônes, alors qu’il fait simplement son travail de journaliste et pose des questions.



- 3 février 2016

Blog "Russie Politics", le lien ici :





L'actualité est sans aucun doute marquée par l'excellent documentaire de Paul Moreira sur le masque nationaliste, voire national-socialiste, de la révolution ukrainienne dite "pro-européenne". Le rouge-brun-noir à la place du bleu européen a choqué la bien pensance sûre d'elle-même et les activistes pro-Maîdan en France furent surpris que chacun ait pu voir le Roi nu, eux qui ne cessent de l'habiller. Ce véritable travail d'investigation, pointilleux et de grand professionalisme l'a permis.

Mais n'étant pas critique de cinéma, ce documentaire m'intéresse surtout sur les plans politique et géopolitique. Car il est le reflet d'une rupture dans le discours européen face à l'Ukraine, la guerre étant finie, il faut bien ouvrir les yeux. La paix se construit et jamais avec des groupes paramilitaires. C'est en somme ce par quoi commence le journaliste. L'Ukraine doit se débarrasser du monstre extrémiste qu'elle a engendré pour entrer dans le monde civilisé de l'Union européenne.

Bref, le doux romantisme révolutionnaire dans lequel se berçaient les pays européens face au coup d'état de Kiev est fini, il va falloir se faire violence. La révolution pourra être considérée comme "démocratique", si l'Ukraine fait le ménage. Mais le peut-elle?

LE FILM

Comme beaucoup ont déjà vu ce documentaire, je ne reviendrai pas dessus. Pour ceux qui l'ont manqué, le voici en version intégrale (voir en début d'article la première vidéo)

L'accent, nous le mettrons sur les enjeux géopolitiques. Et ce documentaire me l'autorise, P. Moreira insistant à plusieurs reprises sur le fait que l'Ukraine est un pion sur un échiquier qui la dépasse et l'englobe, elle n'est qu'un pion dans le rapport de force entre les Etats Unis et la Russie. Partant de ce constat, que l'on ne peut que partager, je me permettrai de faire trois remarques.

1/ Accusé d'être "pro-russe" pour ne pas suivre le discours officiel
Pour avoir eu l'audace de faire un réel travail d'investigation au lieu de se contenter, à l'instar de ses collègues, de la version officielle des gentils pro-européens démocrates et donc a priori et pour toujours innocents contre les terroristes russes et pro-russes donc coupables de tous les maux du pays, le journaliste s'est vu accusé d'être pro-russe voire un agent du Kremlin et de faire sa propagande.

A regarder le reportage, l'accusation fait sourire. Aucun soutien particulier à la politique menée par le Président russe n'est apporté dans le film, pas de parti pris pour la Russie, simplement la parole a été donnée aux deux camps, ceux du Maïdan et ceux qui ne l'ont pas accepté, et l'on ne sent pas poindre de la part de P. Moreira une admiration particulière pour le régime tant honni venu du froid. Ce n'est pas un film pro-russe, c'est un film critique sur la version officielle biaisée de la révolution ukrainienne qui nous est servie, chez nous, dans les pays démocratiques.

Mais l'accusation est intéressante car elle démontre les limites du système de tolérance affiché par les radicaux tenant la pensée commune. Les valeurs défendues par l'UE étant celles de tolérance et des droits de l'homme, le système ne peut que représenter le Bien et aucune alternative acceptable au Bien n'est logiquement envisageable. Il est possible d'en discuter les détails, non le contenu ou pire les fondements. Or, la Russie est le pays, européen de surcroit, refusant les valeurs de l'UE au profit des valeurs européennes. Elle est donc devenue l'incarnation de tout ce qui est mal, de la dictarure, de la persécution etc. Car en remettant en cause ce qui est, malheureusement, devenu un dogme, vous présentez un danger pour le système, vous êtes donc du côté du mal, donc pro-russe. La boucle est bouclée.

Cette accusation marque bien les limites de la tolérance réelle du système de pensée prôné dans les pays de l'UE, tolérance érigée pourtant en valeur supraconstitutionnelle, en Idéologie salvatrice. Cet idéal que toute société et tout homme doit atteindre pour être un Homme qui se vale et une société démocratique.

2/ La Crimée est russe, question réglée
Malgré les déclarations des pro-européens concernant l'occupation militaire de la Crimée par la méchante Russie qui n'en est qu'à son début pour venir envahir l'UE, contre quoi lutteraient les gentils ukrainiens formés, armés par de gentils conseillers US, il est clairement rappelé, de manière presque lapidaire, que la population de Crimée s'est prononcée par référendum et a voulu rentrer en Russie. La Crimée est russe, point barre.

Cette question plus que sensible, qui a été à l'origine des sanctions contre la Russie, qui ressort à tout bout de champ pour justifier le renforcement de l'OTAN aux frontières de la Russie, qui est poussée presque à l'hystérie en Ukraine dans les milieux nationalistes, est réglée en moins de 2 minutes de reportage. Contraintes techniques, certes. Cela implique de faire des choix, certes. Le choix a été fait et il est très clair.

3/ Focalisation extrême sur le rôle des Etats Unis
Le soutien étranger à la révolution et au nouveau régime dit "démocratique" est parfaitement montré. Mais ce qui est amusant, c'est qu'il est totalement focalisé sur le rôle des Etats Unis. Oubliés les trois ministres des affaires étrangères français, polonais et allemands le 21 février 2014 donnant leur caution à Yanukovitch signant un accord justement avec les extrémistes du Maïdan, la veille de sa fuite précipitée pour sauver sa vie. Oublié comme Lech Walesa décore Tiagnibok, à la tête du parti Svoboda (parti d'extrême droite) en 2014 pour son combat "Pour le rétablissement de la stabilité politique en Ukraine et le désir d'apporter la justice sociale", alors que le même Tiagnibok est qualifié en 2012 de néo-nazi par le Congrès juif mondial et qu'il reçoit en 2010 la croix d'or de vétérans SS division Galacia.

On remarquera aussi, à l'occasion des commentaires le silence sur les figures de l'UE. Lorsque l'ex chef de la CIA prend Barroso dans ses bras, une grande explication, et au demeurant fort intéressante, est faite sur cet homme, mais rien sur la présence de dirigeants européens. L'on appréciera aussi le magnifique baise-main de Tiagnibok à Catherine Ashton:


Comme si dans le film, la France et l'UE n'étaient représentées que par un DSK quittant un forum d'investissement à Kiev qui regroupait toute la bulle mondialiste.

Quel pieux silence tout de même. La France et l'UE voudraient-elles faire oublier sinon leur rôle déterminant, pour le moins leur collaboration. Le terme est adapté au contexte.

LES MESSAGES

Les messages de ce documentaire peuvent être nombreux, chacun en trouvera d'autres, car le film est riche et pousse à la réflexion. Pour ma part, je voudrais attirer votre attention sur un point qui me semble particulièrement important, au regard du contexte politique. Je n'affirme pas que l'auteur ait été envoyé en mission pour faire passer ces messages, je dis simplement qu'il ne s'agit pas de la production d'une société marginale qui aurait financé la lubie d'un illustre inconnu. Le film a été fait très professionnellement, très en profondeur et est diffusé sur une chaîne qui cultive certes la désobligeance, mais un peu comme on laisse flotter une écharpe, avec tout ce qu'il faut de recherche et de fausse nonchalance.

Si l'Ukraine veut faire partie de "l'Europe officielle", elle doit faire peau neuve 

Ceci implique qu'un comportement en temps de guerre ne peut être acceptable en temps de paix. Or, le processus de paix est en cours, les milices nationalistes et groupes paramilitaires tant utiles pour permettre la prise de pouvoir, doivent maintenant disparaître du paysage politique et rentrer dans les rangs. Et pour que le message soit clair, il est rendu public: vous extrémistes êtes devenus trop voyant, on vous a vu, on vous montre.

Ceci implique aussi de savoir mener une enquête judiciaire. Pas forcément totalement la résoudre, mais au moins savoir en donner les apparences. Les refus systématiques d'enquêter sur le massacre d'Odessa en accusant simplement la Russie de Poutine, n'est plus un argument suffisant. Il va falloir apprendre à faire le boulot. Mais qui va pouvoir le faire après le nettoyage idéologique subi par les structures étatiques?

Et là ça se complique. Car l'Ukraine est-elle réellement capable avec ces dirigeants de gouverner un pays qu'elle ne contrôle pas?

CONCLUSION?

On notera, peut être concours de circonstances, un soudain mouvement de panique dans les sphères du pouvoir ukrainien depuis hier. Le hasard fait bien les choses. Les déclarations du Parquet militaire se croisent avec celles de Secteur droit, la milice armée  nationaliste de la révolution, qui ne soutient que peu le Gouvernement en place et a refusé de s'intégrer totalement dans les forces policières.

Ainsi, le Procureur militaire en chef, V. Matios de déclarer officiellement que Secteur droit est une organisation paramilitaire illégale et que son démentalement est de la responsabilité directe du ministère de l'intérieur. Il précise même je cite:
"L'utilisation des patriotes dans des buts politiques sans précision des positions étatiques conduit à la remise en cause des fondements de l'Etat. (...) Aucun élément, même sous couvert de slogans patriotiques, ne peut se cacher dans les régions à l'arrière du front et tirer sur les postes de police. (...) Aucune révolution  ou volonté de changement des fondements du régime ne vaut une vie humaine"
On appréciera la rhétorique qui ne va pas pour autant jusqu'à s'interroger sur les responsabilités pénales pour les crimes commis par les activites armés lors de cette révolution de la haine. 

La réponse est en fait apportée par le porte-parole de Secteur droit:
Evidemment, formellement, Secteur droit est une organisation illégale, et le Maîdan est illégal, tout comme jeter des cocktails Molotov est illégal ou tuer des membres des forces spéciales "Berkut" est illégal. Mais c'était juste du point de vue de la nation.
En fait, ce le serait plus du point de vue de la révolution. Or la révolution est terminée, il faut maintenant apprendre à construire et à gouverner. Et cela commence par normaliser la rue et les forces de l'ordre. Pour que l'UE ne regarde pas cet étrange pays avec dégoût, pour qu'elle n'ait pas honte pour son soutien apporté.

C'est pour cela, que ce film, finalement arrange tout le monde. Sauf l'Ukraine.

L'UE fait preuve à l'écran d'un anti-américanisme qui n'engage en rien, puisque la politique réelle continue, Merkel était là hier encore pour rassurer les ukrainiens sur l'aide qui continuera à leur être apportée. En plus, la politique européenne se dédoine ainsi sur les Etats Unis des bavures commises. Les Etats Unis n'étant plus à une louche près pour sa réputation tant que ses intérêts ne sont pas en jeu, surtout lorsque cela concerne ce que tous, sauf les européens, savaient déjà.

Quant à la Russie, elle aimerait bien normaliser la situation dans le Donbass, comme la rencontre Nulland Surkov il y a peu à Kaliningrad l'avait fait entendre (voir notre analyse ici). Le conflit s'est déplacé vers le Moyen Orient, la Turquie a pris le rôle de l'Ukraine, il faut solder, mais sans que personne ne perde la face.

Et l'Ukraine dans tout cela? Elle est orientée vers un scénario fédératif, même par les organismes internationaux qui envoient des délégations de juristes ukrainiens en formation à Bosnie Hertzégovine, d'après notre information, et ce au grand dam de ces pauvres hères voyant s'éloigner le rêve d'une nation purement ukrainienne, ethniquement épurée, et centralisée. Or, pour que la fédéralisation soit envisageable et qu'elle puisse comprendre le Donbass, il faut se débarrasser des extrémistes, il faut rétablir un minimum d'étaticité pour que les différents éléments tiennent ensemble. Mais cela aussi pour que l'Ukraine intègre "la tolérance" européenne, dont les critères sont aussi simples que mal pris par la population, comme l'a montré le sauvetage in extremis des manifestants à la Gay Pride de Kiev.

L'Ukraine en est-elle capable? C'est loin d'être gagné. A l'annonce de la sortie du documentaire, l'ambassade ukrainienne en France, sous le choc, a dû croire que les gentils européens et ces merveilleux français se sont fait avoir par la propagande russe. Alors, tout en demandant l'interdiction du film, par incompétence ou par naïveté, elle a également proposé sa version du Maïdan, la version officielle en route pour les très indépendants Oscars. La France a refusé. La claque est dure. C'est un choc culturel. 

Une nouvelle phase des relations tripartites s'engage et le film est très bien tombé dans la période. A suivre.



Sources de l'article :

- Vidéo youTube, le lien : ICI (reportage de Paul Moreira)
- Site RT, le lien : ICI (Chronologie ce la Révolution)
- Vidéo YouTube, le lein : ICI (interview France Info)
- Site RT, le lien : ICI (Olivier Berruyer sur RT)

AUTRES ARTICLES  CONCERNANT LE DOCUMENTAIRE


-Site Sept Club, le lien  ici : La confusion médiatique totale- Site Sept Club, le lien ici : Ukraine, Séance de rattrapage

MISES A JOUR

- Site Russie Politics, le lien : ICI
-

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