Sous la pleine lune
139
"Il était tard ; ainsi qu'une médaille neuve la Pleine Lune s'étalait,
Et la solennité de la Nuit, comme un fleuve dormant ruisselait."
(Charles Baudelaire)
Lundi 28 mai 2018
Après un dimanche relativement calme (peut être à cause de la fête orthodoxe de la Trinité) les tirs ont à nouveau entamé un crescendo sous le regard borgne et indifférent de la nuit.
Les abeilles d'acier ont recommencé à frapper "Forteruine" appelant à leur rescousse des grenades à fusil et autres roquettes antichars (RPG) ou canon dans recul (SPG).
Ricochet d'une balle |
Sur les ferrailles, les pierres et les briques de notre bâtiment les vrombissements et sifflements mourir en gerbes d'étincelles. Certaines balles arrivent sans claquement, dans des vrombissements subsoniques graves et lents, signalant la présence proches de silencieux tapis dans l'obscurité.
Au matin, tandis que les sentinelles nocturnes partent se reposer, les hommes retournent au créneaux, fourneau, boulot et tarot...
Un vent frais nous amène les effluves sonores de Yasinovataya depuis l'autre côté de la route où nous sommes adossés témoignant que la vie continue coûte que coûte...
Erwan Castel
Au créneau |
Au tarot |
Au boulot |
Au fourneau |
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front