L'OTAN montre ses dents
Du 3 au 15 juin prochains, soit juste avant la coupe du monde en Russie et dans la période probable d'une nouvelle offensive de Kiev dans le Donbass qu'aura lieu un des plus importants exercices interalliés réalisés par l'OTAN depuis la dernière guerre froide.
Cet exercice baptisé "Sabre Strike 2018" mobilisera 18000 soldats et 5000 véhicules appartenant à 19 pays membres ou affidés à l'OTAN. Ces manoeuvres se dérouleront en Pologne et dans les pays baltes et plus précisément autour de l'exclave russe de Kaliningrad.
Dans les manoeuvres Sabre Strike 2018 ("frappe de l'épée"), qui durera environ deux semaines, prendra part 18 mille soldats et 5 mille unités d'équipement de 19 pays.
Le scénario déclaré par l'OTAN est la projection d'une force d'action rapide pour contrer une attaque russe des pays baltes. Cette force d'action rapide doit prendre le contrôle des centres logistiques (transports communications) des échangeurs routiers et ferroviaires, des ponts et des ports, et de les défendre jusqu'à l'arrivée des forces principales (cela me rappelle le fiasco d'Arnhem).
Or c'est plutôt du côté de Kaliningrad qu'il faudrait situer la plausibilité d'un scénario militaire opposant la Russie à l'OTAN, et cette dernière étant plutôt l'agresseur.
Kaliningrad, au Nord sur les rives de la mer Baltique et la Crimée au Sud, sur les rives de la Mer Noire sont les 2 sanctuaires russes qui bloquent le verrouillage par l'OTAN de l' "intermarum" cet espace continental d'échanges entre la Russie et l'Occident.
Lorsque l'indépendance des pays Baltes intervient la Russie va transférer tout leur potentiel géostratégique dans cet exclave de 1 million d'habitants qui devient le bouclier russe occidental Nord face à la stratégie occidental d'encerclement de la Fédération.
Et cette épine dans le pied de l'OTAN n'est pas petite: Kaliningrad abrite la plus grosse flotte de la Mer Baltique, de nombreux aérodromes militaires avec des chasseurs emportant des missiles de croisière X 55 et X101 et surtout des systèmes de lancement de missile stratégique "Iskander-M".
Mais le revers de la médaille est que Kaliningrad peut être également le talon d'Achille de la Russie dans le cas où un blocus, bafouant les traités internationaux existant, venait à être imposé à l'exclave en coupant ses communications terrestres qui transitent par la Lituanie. Et la réponse russe légitime qui serait immédiatement considérée comme "casus belli" provoquerait l'attaque de Kaliningrad destiné à contrer "l'expansion russe" que tous les scénarios otanesques répétés à longueur d'année de la Baltique à la Mer Noire ne cessent de nous matraquer.
Cette guerre psychologique est bien réelle comme le montre le duel des exercices militaires de chaque côté du nouveau rideau de fer : chaque exercice russe réplique proportionnées a ceux de l'OTAN est aussitôt présenté par la propagande de guerre occidentale comme une agression de Moscou.
Alors qu'en réalité, c'est l'OTAN qui multiplie ses exercices sur les frontières russes y compris dans des pays non membres comme l'Ukraine par exemple et qui a explicitement désigné Moscou comme son ennemi principal, et non l'inverse.
On voit bien, avec cet exercice "Sabre Strike", aux enjeux géostratégiques européens, que Crimée et Kaliningrad sont les 2 tours principales de la ligne de défense occidentale russe et protégeanr ses 2 portes maritimes européennes Baltique et Mer Noire.
Au moment où Kiev veut relancer la guerre sur les bords de la Mer Noire, ses alliés occidentaux agitent au dessus de la Baltique un sabre aux allures d'épée de Damoclès qui vient poser son tranchant sur le fil rouge défini par Poutine.
Erwan Castel