Le calme avant la Tempête ?

Porochenko veut légitimer une prochaine guerre 
contre le Donbass


Force est de constater, malgré des victimes et des destructions régulières que globalement la trêve de la rentrée scolaire est presque respectée, la fréquence des tirs ukrainiens étant retombée à moins de cent violations par jour, essentiellement sur les zones de contact de la ligne de front (Yassinovataya, Trudovsky, Kominternovo etc...) où les faibles distances entre les lignes belligérantes (moins de 500 mètres) n'aident pas le "régime du silence"

Mais cette accalmie relative qui est paradoxale ne peut faire illusion car d'une part les activités ukrainiennes de renforcement du front n'ont pas diminué et continuent même à préparer les unités à une offensive majeure contre le Donbass, et d'autre part le contexte international vit une confrontation entre Moscou et Washington de plus en plus tendue qui désormais, après la guerre économique a ouvert une guerre diplomatique où sont échangés en crescendo chaque semaine, restriction de visas, expulsions de diplomates et fermetures de représentations consulaires. 


Où l'on reparle de la "loi de réintégration du Donbass dans l'Ukraine" 

En 2015 et 2016 e gouvernement ukrainien a clairement profité des accords de Minsk pour restructurer son armée partie en lambeaux en 2014 face aux milices du Donbass, renforcer son totalitarisme politique en épurant l'opposition, tout en sabotant à chaque réunion les discussions cherchant de trouver un consensus d'application de la feuille de route signée par la Russie, l'Allemagne, la France et l'Ukraine. 

Dans la perspective d'un processus d'intégration dans l'OTAN, Kiev a entamé grâce aux subventions européennes, aux aides du FMI et à la coopération militaire avec les forces armées étasuniennes, une mise à niveau de son armée tant sur le plan des procédures que de l'équipement. 
Parallèlement la situation dans le Donbass commence a peser lourd pour le régime ukrainien, car si Minsk 2 a évité l'effondrement total de son armée, cette dernière se retrouve aujourd'hui piégée dans des tranchées qu'elle ne peut quitter ni pour un assaut qui provoquerai une défaite militaire ni pour un repli qui serait une défaite politique mortelle pour le régime "Euromaïdan"....

De toute évidence Kiev en a assez des accords de Minsk qui, de cocon protégeant la mue de son armée sont aujourd'hui devenu un boulet freinant l'expression de son totalitarisme d'Etat, et les multiples violations du cessez le feu organisées quotidiennement sur le front par les artilleurs ukrainiens soulignent l'intention pour Kiev de changer de braquet :

En juin dernier a été annoncé à Kiev le projet politique de "loi de réintégration du Donbass" qui proposera dès la rentrée une batterie de réformes militaires, juridiques, et diplomatiques dont le double objectif est de clôturer définitivement l'échec des accords de Minsk et de forcer la réintégration du Donbass en appliquant la loi martiale dans les territoires occupés (ce qui est factuellement déjà bien amorcé) et la réactivation d'une guerre de conquête des territoires contrôlés par les Républiques populaires de Donetsk et Lugansk.

Ce projet de loi belliciste, initié par les tenors du "parti de la guerre" (Turtchinov, Groisman Klimkin entre autres) a été appuyé par le Président ukrainien Porochenko lui-même, coincé entre les promesses occidentales et les menaces des ultra nationalistes tous sous influence des néo-conservateurs atlantistes et russophobes.... 

Les Républiques du Donbass qui sont en première ligne comprenant l'escalade militaire et politique consécutive d'une telle loi, en ont bien sûr rejeté l'idée et pour souligner leur intention de résoudre politiquement le conflit, la République de Donetsk a relancer le débat sur la fédéralisation via le buzz médiatique de la "Malorossiya"  pour inviter la popualtaion ukrainienne a agir pour la paix au lieu de subir la guerre imposée par les faucons de guerre étasuniens et kiéviens.



La fuite en avant de Kiev 

Missile Javelin américain qui devrait arriver sur le front du Donbass à la rentrée 2017
Alors que l'été 2017, malgré de nouvelles victimes et destructions dues aux incessants bombardements ukrainiens, n'aura pas connu de modification du tracé de la ligne de front ou d'attaque importante comme les précédentes années, de nouvelles menaces d'escalade s'annoncent pour la rentrée, principalement autour de cette "loi de réintégration du Donbass" qui devrait être présentée et soumise à un vote du parlement ukrainien en septembre.

Pour résumer ce projet de loi, s'il est approuvé, , nous assisterons à un transfert de direction des opérations militaires du Ministère de l'Intérieur vers le Ministère de la Défense. avec pour conséquences dans le Donbass ::
  • Soumission des institutions civiles et militaires (ATO, milices, bataillons spéciaux) au Ministère ukrainien de la Défense par l'instauration de la loi martiale dans les territoires occupés .
  • Disparition de l'ATO, l'opération antiterroriste laissant la place à une stratégie militaire de réoccupation du Donbass, où l'ennemi officiellement désigné sera la Russie, et non des séparatistes (ce que faisaient déjà les propagandistes kiéviens).
  • Fin définitive des accords de Minsk, car leur mise ne oeuvre qui est déjà enlisée devient tout simplement incompatible tant sur le plan technique que juridique avec l'instauration d'une loi martiale dans le Donbass.
  • Implication croissante des forces et des aides américaines de plus en plus présentes dans l'armée ukrainienne comme les bases militaires US le long de la Mer Noire ou les livraisons d'armes étasuniennes accordées rà l'Ukraine.
  • Interruption définitive des aides sociales vers les populations des Républiques de Donetsk et Lugansk (pension de retraite) déjà bien mies à mal par la résolution 365 de 2014 qui impose aux bénéficiaires d'être domiciliés sur la zone contrôlée par Kiev.
  • etc...
Il faut bien se rendre compte que cette loi, qui risque fort d'être votée en septembre, sera certainement un tournant décisif dans la crise ukrainienne car elle provoquera un changement radical du cadre législatif de la guerre dans le Donbass, désignant officiellement la Russie comme agresseur et traitant par conséquence les opérations militaires ukrainiennes, non plus comme des opération "antiterroristes" de maintien de l'ordre mais comme une guerre menée contre un ennemi extérieur.

Et cela aura aussi des conséquences dans le domaines des aides extérieures militaires ou financières des pays occidentaux vers l'Ukraine...

Cette "loi pour la réintégration du Donbass", si elle est rhétorique de guerre russophobe et belliciste, n'en reste pas moins révélatrice de la dichotomie de la politique ukrainienne dont le Président Porochenko présente à l'extérieur un discours de paix (le 24 aout par exemple il déclare que "seule une résolution pacifique pour le Donbass et la Crimée doit être envisagée") tout en soutenant à l'intérieur de son gouvernement et dans le même temps les entreprises les plus meurtrières de ses faucons de guerre (Turtchinov le Secrétaire du Conseil de Sécurité et de la Défense Nationale, Avakov, le Ministre de l'Intérieur, et Parrubyi le président de la Verkhovna Rada) qui sont les artisans de ce projet de loi belliciste.

Cette duplicité de Porochenko est principalement due à sa faiblesse de mendiant tendant sa sébile auprès de ses parrains occidentaux et de président impopulaire (entre 5 et 10% de soutien) disposant en permanence d'une épée de Damoclès au dessus de la tête dont le fil est tenu par les radicaux du parti de la guerre. Preuve de cette prise d'otage du pouvoir par les extrémistes ukrainiens, le blocus sauvage du Donbass qu'ils ont organisé avec quelques dizaines de radicaux et qui a été validé par le pouvoir de Kiev.

Concrètement, sur le terrain il parait difficile aujourd’hui à Kiev de reconquérir brutalement l'ensemble des territoires de Donetsk et Lugansk à la façon des croates contre la République serbe de la Krajina  en août 1995 (opération "Tempête").

Certes le rapport de force, qui est à l'avantage de Kiev d'environ de 3-4 contre 1, lui permet de bousculer la première ligne où bon lui semble... mais pour en faire quoi après ? En effet, il est important de capitaliser très vite une offensive, tant sur le plan militaire que politique, et les chaudrons de 2014-2015 imposent à l'Etat major ukrainien une grande prudence.
Kiev peut cependant espérer une percée en dehors des tissus urbains importants, pour couper les républiques séparatistes ou atteindre leur frontière avec la Russie. 
Une telle offensive même loin des villes risque d’entraîner des pertes très importantes parmi la population civile du Donbass car elle ne peut s'envisager sans pression offensives sur les zones urbaines pour y fixer le maximum des forces de réserve républicaines. Dans un tel scénario sanglant, une intervention russe est plus que probable (après une procédure d'observation terrain, de résolution ONU, d'ultimatum et d'interventions ciblées) Kiev en maintenant son offensive espérera alors une réaction en chaîne parmi les pays affidés à l'OTAN, facilitée par un contexte international déjà très tendu et un cadre juridique où Moscou est déjà désigné comme l'agresseur. 

Il reste cependant une toute petite chance à la paix qui est enlisée dans les tranchées du Donbass de ne pas y être ensevelie définitivement, c'est que les acteurs et garants des accords de Minsk refusent unanimement ce projet de loi (ce que la Russie va faire évidemment). 
Reste à savoir quels arguments convaincants ou coercitifs vont-ils pouvoir mettre en avant pour forcer l'abandon de cette loi dramatique pour la paix européenne... Si Minsk est encore défendu dans les semaines à venir il est probable que d'autres projets refassent surface pour servir de monnaie d'échange sur la table des négociations, comme par exemple l'armement et le renforcement de la mission de l'OSCE, ou même le déploiement d'une force d'interposition de l'ONU etc... 

Autant de compromis bancals qui proposent juste à la guerre de reculer que pour mieux sauter ...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Source de l'article :



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