La réponse du berger à la bergère

Quand Poutine désamorce l'attaque ukrainienne 
sur son propre terrain


Une fois de plus, qu'on l'admire ou pas, force est de constater que Vladimir Poutine est passé maître dans l'art de désamorcer les crises en jouant des coups rapides et surprenants, là où ses adversaires s'y attendent le moins. 

Ainsi de cette rentrée 2017, une eruption ukrainienne menace à nouveau l'Europe avec le pouvoir kiévien qui menace d'enterrer définitivement les accords de Minsk et relancer la guerre avec une "loi pour la réintégration du Donbass" sur le point d'être présentée et votée au parlement, et le début de livraison d'armes létales étasuniennes sur le front du Donbass. Face à cette cette nouvelle menace d'escalade militaire à ses frontières, la Russie répond en utilisant une proposition qui avait été évoquée par Kiev elle-même il y a quelques temps, à savoir une mission armée internationale déployée dans le Donbass.

Kiev avait en effet proposé au cours des derniers mois le déploiement d'une mission de casques bleus sur l'ensemble du territoire du Donbass, puis d'un armement de la mission de l'OSCE elle aussi renforcée et déployée "jusqu'aux frontières avec la Russie ". De toute évidence l'intention de Kiev était de soustraire la souveraineté frontalière des Républiques de Donetsk et Lugansk pour procéder à leur encerclement total via des forces aux ordres des puissances occidentales alliées. 

Face à l'attaque frontale et belliciste que propose cette "loi pour la réintégration du Donbass", et les livraisons d'armes américaines sur le front, la Russie rebondit sur cette idée du déploiement d'une mission de l'ONU sur le front en y mettant toutefois des conditions garantissant sa neutralité et limitant son domaine de compétences à la ligne de front, cette seule zone posant problème du fait des violations quotidiennes du cessez le feu. 

De toute évidence, que cette proposition russe soit présentée juste avant que la loi du parti de la guerre à la Rada ne soit votée n'est pas une coincidence mais bien une anticipation à une nouvelle escalade militaire et qui veut protéger un processus de paix déjà chancelant. Ceci est d'ailleurs souligné dans la présentation même du projet de la mission qui est de "protéger la mission de l'OSCE sur le front"; par des casques bleus qui comprendront aussi des soldats russes, garantissant ainsi leur neutralité effective.

Là où la diplomatie russe montre toute la dimension de son talent, c'est qu'une telle proposition de nature internationale (et donc "neutre") est également une perche tendue aux pays européens qui sont épuisés économiquement de supporter les dommages collatéraux des "sanctions" économiques qui sont de facto des représailles frappant autant la Russie que ses partenaires économiques européens. 
C'est ainsi que l'Allemagne, poids lourd de l'Union Européenne (et pays garant des accords de Minsk) a immédiatement approuvé la proposition russe jugée de "pas en avant vers la levée des sanctions".

Le coup russe est osé mais pas forcément gagnant car il faut que Kiev et surtout les USA en acceptent la teneur, et accepte aussi de dialoguer avec les Républiques populaires de Donetsk et Lugansk, ce qui est loin d'être évident car une telle mission de l'ONU dans le Donbass neutraliserait certainement leur stratégie agressive et annihilerait définitivement leur propagande russophobe mensongère servant la militarisation de l'Ukraine et de l'Est européen par l'OTAN.

Au mieux, le coup de Poutine fonctionne et la loi ukrainienne qui veut donner les pleins pouvoirs à l'armée dans le Donbass est en "échec et pat", au pire il permet de gagner du temps tandis que l'effondrement de l'Ukraine se poursuit inexorablement. dans les 2 cas c'est la paix qui est gagnante ! 

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Voici ci après une analyse de Karine Bechet Golovko qui approfondie ce coup de la diplomatie russe en faveur de la paix dans le Donbass :

Source de l'article : Russie Politics

Casques bleus en Ukraine: 
le coup surprise de V. Poutine


Par Karine Bechet Golovko

Lors de sa conférence de presse à l'occasion du sommet des BRICS en Chine, le Président russe, à la surprise générale, a demandé au ministère des affaires étrangères de présenter rapidement une résolution à l'ONU pour l'introduction d'une mission de Casques bleus en Ukraine. Il y a quelques temps de cela, le Président ukrainien en avait lui aussi appelé à une présence armée internationale, soit sous couvert de l'ONU (aucun texte n'avait été préparé), soit de l'UE (qui ne semble pas pressée), soit de l'OSCE (qui a décliné l'offre). Au-delà de l'apparente convergence de l'idée, les différences sont fondamentales: si la Russie veut bloquer les violations systématiques du cessez-le-feu, l'Ukraine veut occuper le Donbass jusqu'à la frontière russe, ce qu'elle n'arrive pas à faire par ses "propres" armes.

La Russie a déposé le 5 septembre à l'ONU un projet de recommandations pour l'introduction dans les territoires de DNR et LNR d'une mission de forces de la paix de l'ONU, mais à certaines conditions:
  • ils doivent se trouver exclusivement sur la ligne de démarcation et ne peuvent entrer sur le territoire des républiques;
  • ils ont pour fonction de protéger la mission de monitoring de l'OSCE - et non de la remplacer - afin de leur permettre de faire leur travail sans se retrouver pris pour cibles;
  • les négociations doivent être entreprises à ce sujet entre Kiev et les dirigeants des républiques de Donetsk et Lugansk;
  • les tirs doivent avoir totalement cessé avant l'introduction de cette mission.

Porochenko avait en son temps lancé une idée semblable, celle d'une introduction d'une force de paix dans le Donbass, même si des différences fondamentales existent:
  • ils doivent occuper tout le Donbass jusqu'à la frontière russe;
  • ils remplacent la mission de monitoring de l'OSCE;
  • la Russie doit antérieurement retirer les soldats (officiels et officieux) que l'Ukraine l'accuse d'avoir dans la zone de conflit;
  • aucun soldat russe ne peut faire partie de la mission de paix, puisque la Russie est considérée par l'Ukraine comme pays agresseur.

Malgré ces différences, le ministère des affaires étrangères ukrainien a déclaré être prêt à en discuter, tout comme le représentant de l'Ukraine à l'ONU. L'Allemagne soutient largement l'initiative russe et estime même qu'il s'agit là d'un pas vers la levée des sanctions (ils devraient peut être se renseigner auprès des Etats Unis à ce sujet avant de s'avancer, car il semblerait que l'UE n'obtienne pas le feu vert nécessaire à retirer ces sanctions - et sans ce feu vert, elle n'osera agir).

La presse ukrainienne, pour sa part, présente cela comme l'initiative de P. Poroshenko avec laquelle V. Poutine est tombé d'accord. Mais selon le représentant ukrainien à l'ONU, l'opération coûterait environ 1 milliard $ par an à l'Ukraine. Et la presse insiste lourdement sur le coût. Peut être cherchent-ils à la fois à ne pas rendre l'idée trop populaire au cas où et à préparer une demande supplémentaire aux contribuables européens et américains, puisque ce sont finalement nos impôts qui financent la guerre civile ukrainienne.

D'une manière générale, un accord est très loin d'être trouvé. L'Ukraine, dans le projet alternatif de résolution qu'elle prépare, estime impossible de discuter avec les représentants de DNR et LNR, qu'elle considère comme des terroristes. Quant à la participation de russes dans la mission de l'ONU, elle voit ça comme un acte hostile, une intervention de la Russie dans ses affaires internes pour déstabiliser le pays. Or, comme la Douma l'a déclaré, il doit absolument y avoir des membres russes dans la mission de l'ONU.

Ces divergences ne sont pas techniques, elles sont fondamentales. L'Ukraine veut utiliser la mission de paix pour faire ce qu'elle n'a pu réussir par les armes: reprendre le Donbass et récupérer les frontières, le tout en se débarrassant de la mission de monitoring de l'OSCE, pourtant très complaisante. La Russie veut arriver à un cessez-le-feu stable qui permette de passer au plan politique, tout en confirmant la frontière entre les républiques du Donbass et le reste de l'Ukraine. Militairement, de toute manière, les républiques ne pourront reprendre un territoire significatif par les armes; quant à l'armée ukrainienne, elle mène une guerre d'usure, qui continue à toucher la population civile sans lui apporter de victoire. 

Seule une solution politique peut geler le conflit, qui se réchauffe dangereusement. Le régler semble, à ce jour et vue la configuration internationale, objectivement impossible. Surtout quand les Etats Unis envisagent de livrer des armes létales à l'Ukraine. Le Président russe, lors de la conférence de presse, a alors répondu au journaliste que, dans ce cas, le Donbass possède aussi des armes plus puissantes et pourrait s'en servir.

Karine Bechet Golovko

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