Réactions à la Malorossiya

Un 1er bilan du "buzz Malorossiya"

Le 26 juillet, le Président Zakharchenko sur son annonce concernant la création d'un nouvel Etat ukrainien la " Malorossiya"... Marche arrière ou nouvelle étape d'une opération de communication entamée par un bluff médiatique ?


L'annonce faite par le Président de la République de Donetsk concernant le projet de la Malorossiya a provoqué une onde de choc médiatique et quelque peu viscérale qui laisse à penser que ce buzz ne fera pas long feu pour plusieurs raisons, dont les principales sont :
  • Un manque de réalisme politique
  • Un manque de coordination avec les partenaires cités (Russie, Belarus, LNR)
  • Une provocation trop grande vis à vis de l'Ukraine
Dès l'annonce de ce projet et contrairement à certains lèches cul propagandistes qui en obéissant à leur devoir de gamelle sont entrés en pâmoison orgasmique sans bien comprendre de quoi il s'agissait, j'avais émis des doutes quant à sa faisabilité tout en lui reconnaissant un intérêt incontestable sur le plan de la réflexion politique.

Car l'Ukraine est dans une impasse générale (économique, sociale et politique) et en particulier sur ce front du Donbass ou en recherchant à sauver son armée en déroute patr les accords de Minsk, elle l'a tout simplement enfermé dans son propre piège. Les forces ukrainiennes sont en effet dans l'incapacité de reprendre militairement le Donbass et dans l'impossibilté de quitter les territoires des anciens oblasts de Lugansk et Donetsk qu'elles occupent sans les voir être immédiatement récupérés par leurs Républiques Populaires éponymes. Par ailleurs même si le régime pro-occidental de Kiev venait à tomber, trop de morts et de rêves réalisés ont marqués la naissance des jeunes Républiques pour que le Donbass accepte de revenir à la situation d'avant le Maïdan, 

La seule solution est donc de faire de l'Ukraine un territoire fédéral entre Occident et Eurasie, comme le réclamaient souvenons nous en les premiers manifestants anti-maïdan en 2014, avant que la haine meurtrière de Kiev ne s'abattent sur eux.Ce projet de Fédéralisation doit rester l'objectif majeur car le seul capable d'offrir une sortie de crise sans un bain de sang.

Ce rappel a été donc réalisé avec le projet "Malorossiya" annoncé avec fracas pour rechercher un buzz qui seul pouvait résonner au delà du blocus médiatique. L'Allemagne, la France ont d'ailleurs immédiatement réagi fonçant comme des taureaux dans le drapeau de Khmelnytsky agité devant la somnolence occidentale qui oublie ce conflit meurtrier à ses portes.

Les réactions des ocidentaux et de leurs chiens de garde tout en confirmant leur arrogance et leur mépris russophobes ont finalement servis la portée médiatique de l'idée exprimée... car "qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe, l'essentiel, c'est qu'on parle de moi !" (Léon Zitrone)

Le 26 juillet le Président Zakharchenko a annulé la décision de créer un nouvel Etat ukrainien, tout en insistant sur la poursuite du débat d'idées qu'il proposait d'ouvrir. En faisant cela le Président Zakharchenko montre sa maturité politique et également sa ruse pour faire porter au loin les revendications légitimes des populations du Donbass, jusque dans les officines propagandistes occidentales ! 

Depuis 3 ans les putschistes du Maïdan ont imposé une vision ethnocentrée et centralisatrice à des peuples de citoyenneté ukrainienne mais aux identités très diverses, et dont beaucoup, en particulier l'identité russe des régions d'Odesa à Kharkov est ostracisée et combattue. Pour lutter contre cette russophobie niant la propre histoire de l'Ukraine, un premier projet "Novorossiya" avait guidé les revendications des fédéraliste en 2014. Aujourd'hui, le débat que veut ouvrir le Présidant Zakharchenko reprend ces principes de subsidiarité ascendante qui devraient présider à toute vision sociétale respectueuse des populations la composant.

Pour cela le projet "Malorossiya" est aussi une marque de solidarité avec les autres régions russophones aujourd'hui sous la botte ukrainienne et un appel à relancer vers Kiev les revendications fédéralistes qui seules permettront une sortie de crise.



Un coup de bluff réussi !

Car cette guerre qui depuis 3 ans saigne le Donbass présente depuis plusieurs mois les symptômes discrets d'une prochaine éruption militaire, mais qui échappent à la torpeur estivale d'un Occident hyptonisé par des médias et le discours salvateur et récurrent d'accords de Minsk pourtant en échec total d'imposer la paix.

Kiev tout en tendant chaque jour un peu plus son arc blindé vers les Républiques du Donbass veut avec l'aide de ses parrains occidentaux endormir l'opinion et préparer ainsi sa brutale victimisation contre une nouvelle prétendue agression en Ukraine (russe bien sûr), et qui justifiera alors le réveil de grandes opérations offensives contre Donetsk et Lugansk.

Ce Buzz médiatique qui révèle bien l'importance du front médiatique de cette guerre a donc eu pour conséquence 
  • De braquer les projecteurs sur un volcan risquant une nouvelle éruption
  • De relancer le débat sur la fédéralisation de l'Ukraine qui est la seule sortie de crise
  • De rappeler l'existence de populations anti-maïdan en dehors du Donbass
Le Projet Malorossiya est donc avant tout plus qu'un projet politique, un débat d'idées à relancer dans toute l'Ukraine pour la Paix dans la région et aussi pour proposer une nouvelle vision de société européenne construite sur un vrai fédéralisme ascendant respectant les identités et la diversité de ses peuples.

Ce débat doit réveiller les peuples qui portent chacun un rêve réalisable comme celui de la Novorossiya par exemple qui regroupe la cohérence historique et cultuelle des populations russophones actuellles d"Odessa à Kharkov.

Erwan Castel, Volontaire en Novorossiya


Source de l'article : Russie Politics 

La Petite Russie (Malorossia) va-t-elle succéder à l'Ukraine?


Par Karine Bechet Golovko

"Le dirigeant de la petite République de Donetsk, A. Zakharchenko, vient d'annoncer finalement ce que beaucoup savaient déjà, à savoir que l'Ukraine est un Etat en faillite, qui ne peut s'assumer - ni politiquement, ni économiquement. Ce qui a surpris, ce sont les conséquences qu'il en a tirées. Le régime de Kiev s'étant définitivement discrédité et ayant entraîné le pays dans sa chute, il est urgent de fonder constitutionnellement un nouveau pays sur ces décombres, la Petite Russie (Malorossia), pour éviter que la prolongation de la guerre civile ne détruise définitivement ce qui reste de L'Ukraine. Le processus vient d'être lancé ce 18 juillet. Dans quelle mesure est-ce réaliste et dans quelle mesure est-ce une manière de reprendre la main dans la guerre politique qui accompagne le conflit militaire, à voir.


Le 18 juillet, Zakharchenko a organisé une conférence de presse déclarant l'ouverture d'un processus constitutionnel aboutissant à la création d'un nouvel Etat sur les ruines de l'Ukraine discréditée qui, tout en étant souverain, entrera dans la communauté d'Etats avec la Biélorussie et la Russie. La Petite Russie, ou Malorossia, sera un Etat fédéral, multi-ethnique, reconnaissant les langues régionales et ayant pour langues officielles le malorussien (ukrainien) et le russe. Les régions doivent élire et envoyer des délégués pour siéger à l'assemblée constituante. Cette assemblée adoptera la nouvelle constitution qui sera soumise à référendum. Certains principes doivent faire partie de cette Constitution, comme celui de la neutralité militaire (ce qui signifie ne pas entrer dans l'OTAN ni dans aucune alliance militaire), reconnaître l'égalité des religions, développer le contrôle populaire sur la politique et l'économie (notamment dans la lutte contre la corruption). La Petite Russie revendique la continuité juridique - avant le Maïdan, et n'entend pas assumer les obligations juridiques prises par ce régime.

Certains aspects du projet laissent techniquement songeur. Comment envoyer et surtout élire des délégués régionaux? J'entends, pour qu'ils soient réellement représentatifs. Comment organiser un référendum qui permettent une reconnaissance internationale? 

C'est pourquoi ce projet semble, pour l'instant, avant tout un coup politique. Qui présente plusieurs intérêts.

Tout d'abord, il permet de reprendre stratégiquement la main alors que le nouveau duo russo-américain a été nommé. Pas tout à fait nouveau, car côté russe, V. Surkov, conseiller du Président, continue de s'en occuper. Mais côté américain, l'envoyé est une personnalité encore à tester. Ce projet a donc une dimension de "trolling" géopolitique. Par exemple, la capital à Donetsk, DNR est prête à assurer militairement la sécurité des participants au processus constituant. Sur le fond, il montre aussi une alternative idéologique avec l'interdiction des OGM, la "déoligarchisation" du pouvoir et du capital, le refus de reconnaître les dettes contractées par le régime du Maïdan ... Il y a une sorte de pot-pourri d'éléments sérieux et provocateurs. Dans tous les cas, il est un projet alternatif à celui proposé par Kiev, même s'il s'incrit avec beaucoup de difficultés dans les accords de Minsk, qui de toute manière ne fonctionnent pas.

Ensuite, il permet de soulever une véritable question: celle de la légitimité du régime ukrainien actuellement en place
  • Car il y a bien eu un coup d'Etat en février 2014, dans lequel sont impliqués et les Etats Unis et l'UE à divers niveaux. 
  • Il y a bien eu une occupation physique des lieux de pouvoir par les membres armés du Maïdan (Assemblée, procuratura, tribunaux etc). 
  • Il y a bien une rupture du fonctionnement régulier des institutions : suppression immédiate de la Cour constitutionnelle, fusion des fonctions de Président du pays par interim et de président de l'Assemblée, liquidation des partis politiques d'opposition et arrivée de "députés" militarisés et non élus dans l'Assemblée, suspension de la CEDH, inpossibilité des juges à mener à terme les procès sur les grandes affaires comme les assassinats politiques ou le massacre d'Odessa, des milices armées parasitent le fonctionnement de l'armée (voir un exemple sur le bataillon Aïdar) etc). 
  • Il y a  bien une incapacité à gérer le territoire de l'Etat par le régime en place (perte de la Crimée, guerre civile dans le Donbass). 
  • Les élections présidentielles et législatives qui furent organisées, dans une ambiance de terreur politique (voir à ce sujet les étranges prisons politiques), ne l'ont pas été sur l'intégralité du territoire, des bureaux de vote ont été arbitrairement fermés, les candidats d'opposition n'ont pu faire librement campagne, il n'y a pas eu d'accès aux médias pour tous les partis, etc. 

La légitimité de l'Etat ukrainien, et son existence même, est largement discutable sur le plan juridique. Sans oublier que cet Etat  ne vit aujourd'hui que par les aides internationales, a compté parmi ses ministres plus d'étrangers que de nationaux qui, une fois leurs missions remplies, sont partis. Voir à ce sujet, la composition très "cosmopolite" du premier Gouvernement de décembre 2014 et l'impasse de la gouvernance étrangère. Est-ce réellement le fonctionnement d'un Etat?

Dans ce cas, les territoires et les pouvoirs locaux légitimes sont en droit de refonder un nouvel Etat sur un nouveau pacte social.

Enfin, l'annonce de ce processus constitutionnel relance une vague d'espoir, même en dehors des frontières du Donbass. La population ukrainienne commence à être fatiguée du quotidien. Le régime sans visas a été obtenu, mais les salaires n'augmentent pas, les pensions non plus, à l'inverse des prix à la consommation, des taxes et impôts, sans même parler de la criminalité. Et bien que Kiev ait décidé de la censure sur internet, malgré la politique d'intimidation à l'égard des médias (voir ici l'attaque de la chaîne Inter), l'opinion des ukrainiens envers les russes et la Russie suit une tendance positive. Selon les sondages ukrainiens, en juin 43% (+3% depuis février) ont une opinion favorable et, à l'inverse, l'on observe une baisse des opinions défavorables à 37% (46% en février). Ces chiffres sont significatifs. 

Quand A. Zakharchenko affirme que l'Ukraine est dans une impasse, c'est une réalité. Ce régime n'a rien à proposer à la population, à part l'annulation des visas pour l'Europe. Il leur ouvre les portes pour partir, mais est incapable de gérer le pays dans sa totalité, dans sa diversité, dans sa complexité. Par ce projet, c'est ce qu'apporte la petite République de Donetsk. Il existe une autre voie que celle de la radicalité et de la haine. Ce territoire peut être réuni, retrouver sa position de pont entre l'Est et l'Ouest. Assumer son passé et son héritage soviétique, dans sa complexité elle-aussi.

C'est pourquoi le Département d'Etat américain s'inquiète et l'affirme. Le Kremlin ne fait pas de commentaire particulier, ils ont appris la nouvelle par la presse. La LNR  (République de Lugansk) ne sait pas très bien comment se positionner. Le ministère russe des affaires étrangères estime que les déclarations de Zakharchenko sont assez loin des réalités politiques. Certains experts estiment que le dirigeant de DNR, à sa manière, s'est révolté contre Moscou, étant fatigué de ses hésitations. Pour comprendre l'enjeu de ces déclarations, l'important est bien de déterminer s'il s'agit d'une action isolée ou bien d'une stratégie à long terme et globale. Seule l'évolution de la situation permettra de trancher, comme ce fut le cas avec Novorossia. P. Porochenko, pour sa part, semble avoir pris réellement peur et, quelque peu hystérique, menace de reprendre Donetsk et la Crimée dans la foulée.

La communauté internationale ne suivra évidemment pas cette sortie possible de crise, car elle a besoin d'une Ukraine faible, radicale, soumise et dépendante comme arme géopolitique contre la Russie. La population, elle, est fatiguée par toutes ces révolutions colorées et finalement sanglantes. Par cette guerre civile qui n'en finit pas. Par ces discours haineux. Par la pauvreté et l'insécurité. Aura-t-elle la force de mettre un terme à cette folie pour reconstruire son pays? Seule, c'est à en douter."

Karine Bechet Golovko


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Des comptes rendus financiers et d'actions seront réalisés régulièrement sur ce blog ainsi que celui dédié à Oktyabrsky (lien ci dessus)

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Erwan Castel


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