Pour la vieille Tradition
J'ouvre ici une série de portraits des membres de l'unité, personnages atypiques et anti-conformistes qui par leurs origines et leurs motivations représentent bien cette diversité européenne réunie dans la défense de valeurs civilisationnelles communes héritées...
Nicolas
Photo Guillaume Chauvin |
Nicolas Pierrot affiche au premier regard la silhouette dégingandée d'un Don Quichotte des temps modernes, que rythme à l'occasion une nonchalance cueillie probablement sous les noyers de sa Corse d'adoption. Le regard volontiers rieur, ce français d'une quarantaine d'année est arrivé dans le Donbass animé à la fois par une volonté commune d'exprimer le refus de l'hégémonie étasunienne en Europe, mais aussi de reprendre symboliquement la "chachka", ce sabre cosaque avec laquelle ses ancêtres défendaient déjà autrefois ces terres bordant la Mer Noire.
Car les aïeux de Nicolas sont des russes blancs arrivés en France au moment du grand exode de 1920, tandis que l'arrière grand père restait pour se battre dans les rangs de l'armée de Denikine (voir ci-après le chapitre "Qui sont les russes blancs"), Installée en Corse depuis plusieurs générations, la famille Pierro n'a jamais oublié ses origines forgées dans l'oblast d'Odessa, mais lorsque la crise ukrainienne éclate et dégénère en guerre ouverte contre son peuple originel, Nicolas ressent l'appel du sang et le devoir de suivre la trace de ses ancêtres.
Et ce cuisinier de métier de se lancer au début de l'année 2015, dans une grande aventure, à la fois combat militaire et quête intérieure...
Arrivé dans le Donbass en mai, Nicolas a rejoint dans un premier temps les français déjà présents sur le terrain, Victor et Renaud qui achèvent alors la première période dite "Unité Continentale" qui a vu les premiers volontaires arrivés de France depuis juillet 2014...
Dans ses bagages il emporte précieusement l'entretien de son grand père collecté dans les années 80 et où l’aïeul français de la famille raconte l'histoire de son exil à 11 ans depuis les côtes de Crimée, au lendemain de la révolution bolchevique...
Des racines franco-russes historiques...
Ses ancêtres sont la famille BALABOUKHA, branche cosaque importante et implantée dans tout le Khanat Crimée historique, de Karkhov à Odessa. Dans la tradition impériale des relations culturelles franco-russes (voir à ce sujet l'article publié ici : Une amitié éternelle,) Antoine Barillot, un architecte français arrive en Crimée en 1861, pour réaliser le palais d'été du tsar à Yalta ville où il finit par s'installer. Son fils Jean Antonin devient consul de France dans cette ville symbolique de Crimée où sa fille Nina épousera l'ataman Igor Balaboukha, l'arrière grand père de Nicolas...
Au cours du premier semestre de l'année, ce descendant de russe blanc, renoue donc les liens charnels avec sa terre familiale lors de combats menés à Alexandrovka, Staro Mikhailovka au sein du 3ème bataillon de la Garde Républicaine.
En août, Nicolas me contacte, désireux de rejoindre un groupe de volontaires étrangers pour continuer la lutte après le départ de la première vague des volontaires français..
Doté d'une expérience militaire (ayant servi dans l'artillerie) il participe à notre incorporation début septembre au sein du "Corpus Abarone", ce corps de défense professionnel en formation et qui affiche une volonté de créer une armée professionnelle forgée sur la discipline et l'entrainement.
Aujourd'hui, Nicolas est devenu un "ancien" du Donbass confirme chaque jour par son amour pour cette terre européenne et les valeurs qui y sont aujourd'hui défendues.
Nicolas a donc pris la relève de ses ancêtres en défendant cette terre cosaque ancestrale Photo Laurent Brayard |
Qui sont les russes blancs ?
Les « Russes blancs », par référence à la cocarde des armées contre révolutionnaires et par opposition bolcheviques appelés « rouges », sont à l'origine une communauté historique de 2 millions d'hommes, femmes et enfants, qui ont quitté la Russie sur les chemins de l'exil après la révolution d'octobre entre 1917 et 1920.
1920, embarquement en Crimée des russes blancs fuyant la répression bolchevique |
Près de 500 000 d'entre eux vont rejoindre la France, notamment lors du "grand exil" de 1920, survivants des armées blanches de Wrangel et Dénikine, monarchistes restés fidèles au tsar Nikolas II, mais aussi des opposants révolutionnaires comme des mencheviques, des industriels, des banquiers etc...
La région de la Mer Noire joue un rôle important dans cette histoire, car dès février 1917 c'est une première destination importante (avec la Finlande et le Caucase) pour les premiers "russes blancs" fuyant la révolution bolchevique. Par la suite une guerre civile oppose les blancs et les rouges dont l'armée commandée par Trotski va défaire celles des généraux blancs, en 1919... C'est un tournant dans l'histoire de cette communauté qui n'a plus que l'exil pour salut. Réfugiés dans des campements insalubres, les russes blancs apatrides, fin 1920 fuient en grand nombre les assauts des "rouges", c'est la fin de la guerre civile et le grand exode à partir des ports de Constantinople, Sébastopol et Odessa notamment.
Cet exode tragique, quasiment oublié, va se poursuivre pendant les années 1920-1930.
La France est une destination privilégiée, car, estimée par cette communauté depuis la Révolution française, elle est restée fidèle à ses alliances et engagements contre-révolutionnaire et c'est ainsi que, des bords de la Mer Noire, 150000 "blancs" vont embarquer pour une nouvelle vie à bord des navires français de l'amiral Dumesnil.
Dès leur arrivée en France, ces femmes et ces hommes, pour sortir de leur condition précaire vont se lancer dans le monde du travail, chauffeurs de taxi, brodeuses, couturières cuisiniers, ouvriers chez Renault ou légionnaire dans l'armée, s'intégrant ainsi dans le pays les accueillant tout en y apportant une identité enrichissante.
La réussite rapide de la communauté russe blanche est également "la preuve symbolique incroyablement fort, car elle touche à un héritage positif et à l’ancrage européen de la Russie», explique l’historienne Catherine Gousseff.
.
Après l'effondrement du système soviétique, la Nouvelle Russie, ouvre un regard dépassionné sur son passé, restaurant dans son héritage l'histoire impériale aux côtés de l'histoire soviétique. C'est ainsi que le Président Poutine, rappelant les valeurs patriotiques chères à l'ensemble des russes, a ouvert le dialogue avec la diaspora russe blanche dès son arrivée au pouvoir.
C'est ainsi qu'en 2005, après avoir reconnu les valeurs nationales conservées au sein de cette communauté en exil le Président de la Fédération de Russie a entamé une série de rencontres et opérations visant à une réconciliation nationale... Ainsi par exemple le financement de l'entretien du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-bois, près de Paris, où reposent les figures historiques de l’émigration, où l'autorisation hautement symbolique en 2005 du retour au pays de la dépouille mortelle du Général Dénikine, Commandant en chef des armées blanche et mort en exil aux Etats Unis. Il sera rejoint au monastère Donskoï à Moscou, par d'autres opposants célèbres comme le général Kappel le philosophe Iline ou l'écrivain Soljenitsyne...
Accompagné d'une Garde d'Honneur, le Général Dénikine rentre dans un pays réconcilié
Pour la plupart des russes blancs en exil, cette réconciliation nationale est bien réelle, et ils considèrent que Poutine "qui a la dimension d'un Tsar (...) leur a rendu leur dignité"
Sans conteste la page est en train d'être tournée, et le monde des russes blancs, réhabilité dans la mémoire officielle d'une Russie post soviétique compatible avec leurs idéaux, regarde à nouveau vers l'Est les portes de la Russie à nouveau ouvertes à ses enfants dont certains comme Nicolas ont commencé le retour vers la Mère Patrie...
La mémoire des russes blancs
Andreï Korliakov, professeur d'espagnol, s'est intéressé aux russes blancs et depuis 20 il déchiffre leur histoire à partir de documents d'archives, il est l'auteur de plusieurs ouvrages photographiques conservant la mémoire de cette histoire tragique (Histoire illustrée de l’émigration russe, 1917-1947 (1999) Honneur et dignité maintenus, 1917-1947 (2001)-Vers le succès, 1917-1947 (2005) Le Grand Exode russe, Europe 1917-1939 (2009) Culture russe en exil, Europe 1917-1947 (2013))
Nicolas accueilli dans le bastion
Le 25 septembre lors d'un passage à la caserne de notre brigade, une équipe de la télévision locale "Oplot" (bastion) est venue à la rencontre de Nicolas pour réaliser un reportage pour la chaîne TK Union. Au cours de ce reportage, au cours d'un entretien avec la journaliste Vicktoria Tsyplenkova, Nicolas a pu retracer son parcours familial et expliquer ses motivations.
Nicolas assisté de Alexander, notre camarade de combat et traducteur |
Les sources de l'article :
- La vidéo Youtube, le lien : ICI à partir de 32'20"
- La chaîne You Tube de TK Union, le lien : ICI
- La chaine YouTube de "Oplot TV," le lien : ICI
- La page VK de "Oplot TV", le lien : ICI
Sur les russes blancs
- L'émigration russe en photos, le lien : ICI
- Sur le retour de des cendres de Dénikine, le lien : ICI
- Sur la réconciliation nationale engagée par Poutine, le lien : ICI
Viktoria la charmante journaliste de TK Union |
__________
Pour aider les volontaires présents (18) dans le Donbass, vous pouvez envoyez vos dons mêmes les plus modestes à l'adresse bancaire suivante. Les sommes collectées servent :
- A compléter l'équipement individuel de chacun (surtout à l'approche de l'hiver)
- A subvenir aux besoins de vie courante des volontaires
- A couvrir les frais administratifs comme le renouvellement de visas par exemple
- A payer les frais de logement et de transport sur Donetsk, lors des repos
- etc...
Actuellement aucun système bancaire ne fonctionne dans le Donbass, et les sommes sont collectées sur un compte en France avant d'être envoyées par tranche de 300 euros vers l'unique bureau Western Union local qui fonctionne à Donetsk.
Merci d'avance de votre soutien matériel :
Pour nous soutenir...
Pour aider les volontaires présents (18) dans le Donbass, vous pouvez envoyez vos dons mêmes les plus modestes à l'adresse bancaire suivante. Les sommes collectées servent :
- A compléter l'équipement individuel de chacun (surtout à l'approche de l'hiver)
- A subvenir aux besoins de vie courante des volontaires
- A couvrir les frais administratifs comme le renouvellement de visas par exemple
- A payer les frais de logement et de transport sur Donetsk, lors des repos
- etc...
Actuellement aucun système bancaire ne fonctionne dans le Donbass, et les sommes sont collectées sur un compte en France avant d'être envoyées par tranche de 300 euros vers l'unique bureau Western Union local qui fonctionne à Donetsk.
Merci d'avance de votre soutien matériel :