Aux racines du mal...

Mises à jour :
- 30 septembre 2015 : 2ème et 3ème parties
- 18 octobre 2015 : 4ème partie 

Le fascisme ukrainien et sa survivance
 dans les instances représentatives ukrainiennes.1929-1945

Voici une compilation d'éléments réalisée par Laurent Courtois pour le compte de Novorossiya Today et retraçant la filiation historique du fascisme ukrainien, de 1929 à nos jours. Cette étude est publiée dans une série d'articles publiés pour le site Novorossiya Today de Donetsk (voir le lien en fin d'article)


Les articles de Laurent Courtois : 

Nous allons commencé une série d'articles sur le fascisme ukrainien, dans un premier article, nous allons montrer pourquoi l'OUN peut être considéré comme un parti fascismes. Dans les suivant nous étudierons la défascisation des mouvement nationaliste ukrainien et la renaissance du nationalisme intégral dans les institutions représentative de la diaspora ukrainienne.

Partie 1 : Le fascisme ukrainien 1929-1947.

Publié le 11 septembre 2015

Le fascisme est basé sur la dictature d'un parti unique, dans le cas de l'Ukraine l' ОУН*, (OUN = Organisation des nationalistes ukrainiens), ayant à sa tête un guide, le vozhd (guide, en allemand Führer et en italien duce). Une des autres des caractéristiques du fascisme est le rejet de la démocratie : Les membres de l'OUN, dans leur recherche des causes de l'échec de la lutte pour l'indépendance ukrainienne (1917-1920) furent convaincus que les masses avaient cherché un état indépendant mais qu'elles avaient été déçues et frustrées par le manque de leadership gouvernemental. La critique de ce manquement augmenta en un rejet systématique des principes démocratiques et socialistes qui fut la marque du mouvement national ukrainien à la fin du XIXe et du début du XXe siècle.



           Projet de création de la république d'Ukraine lors de la conférence de Paris en 1919.

La troisième des caractéristiques du fascisme est l'exaltation nationaliste. Le nationalisme ukrainien a pris une ampleur significative à la fin du XIXéme (voir les œuvres et la bibliographie de Mykola Mikhnovsky). L’Ukraine en tant qu'état voit le jour en 1917, suite à l'écroulement des empires austro-hongrois et russe entraîné par la première guerre mondiale. La création de cette république engendra une balkanisation de la région et une série de conflits (Ukraino-polonais, Ukraino-russe) qui conduisirent à la disparition de la République populaire d'Ukaine et au partage des territoires entre l'URSS et la Pologne principalement. Cette première naissance de l'Ukraine a été associée à une vague importante d'antisémitisme et de pogroms dénoncé à la Société des Nations (ancêtre de l'ONU), la seconde naissance de l'Ukraine à quant à elle était marquée par l’antisémitisme et l'épuration ethniques des polonais (de 40.000 à 60.000 morts). Le projet territorial ukrainien présenté à la conférence de paix de 1919 montre un réel projet territorial basé sur la présence actuelle et historique de sujet ukrainien tout à fait comparable au Volkstum du pangermanisme. Ce projet est repris dans l'acte créatif de l'OUN en définissant l'Ukraine comme l'ensemble des territoires .
Donc, un parti unique, un rejet de la démocratie, l'exaltation nationaliste, l'antisémitisme,  l'épuration ethniques, le projet territorial (pan-ukrainisme) font de l'OUN un parti fasciste à part entière.

   1941. Les Ukrainiens du bataillon Nachtigall défilent à Kharkov devant les autorités allemandes.

Liens et collaboration avec le fascisme Allemand (Nazisme).

De nombreux liens ont existé entre le nazisme et le fascisme ukrainien. Dès 1933,  Richard Yari et Yevhen Konovalets entament des négociations avec la Gestapo. La même année Stepan Bandera est porté à la tête de la zone ouest de l'OUN à Berlin. Dès 1934, il est un agent de la gestapo. La quasi totalité des leaders nationalistes ukrainiens ont été membre de l'Abwehr (ex : Yari, Bandera). Cette collaboration OYN/nazisme se concrétise en 1941 par un don de 2,5 millions de marks et la création de la Légion ukrainienn, composée des bataillons Nachtigall et Roland.

Le bataillon Nachtigall et la recréation de l'état Ukrainien.

Ce bataillon libéra la ville de Lviv le 29 Juin 1941 ou fut proclamé l’indépendance de l'Ukraine (30 Juin 1941). La renaissance de l'Ukraine fut immédiatement suivit de pogroms, tout comme il fut le cas en 1917. La déclaration d'indépendance de l'Ukraine sans accords préalable avec leurs alliés nazis provoqua, la fin de la collaboration Nazisme/OYN. A partir de cette date une partie des nationalistes ukrainiens rejoignirent la 14éme division SS Galicie et une autre parti rentra en lutte contre les forces d'occupations allemande puis soviétique au sein de l'UPA. A partir de 1944, l’Allemagne porta à nouveau son soutient à l'UPA pour freiner l'avancé des troupes soviétique.

L'épuration ethnique des populations polonaises par l'UPA.

La rupture avec le nazisme ne mis pas fin aux massacres commis par l'UPA bien au contraire. Une épuration ethnique des polonais commença à partir d'avril 1943 pour éviter que comme en  1918 la Pologne puisse revendiquer la Galicie peupler de polonais (1), pour la seul journée du 11 Juillet 1943, 10000 polonais ont été massacré par l'UPA(2).

L'UPA a commis des crimes contre l'humanité (participation à la Shoa), des crimes de guerres (épuration ethniques des polonais), qui font d'elle légal des Waffen SS et des Einsatzgruppen. 

Pourquoi l'OYN n'a été poursuivi pour crime contre l'humanité ?

 L'enquête par le procureur général soviétique Roman Rudenko, incrimina uniquement les forces allemandes pour les massacres commis principalement en Galicie, évitant ainsi à l'URSS de se retrouver complice de la Shoa par le biais de l'Ukraine (voir les controverses de Lviv). 
Les USA voulant se servir des réseaux de l'OYN et  fut tout aussi discret sur son rôle dans la Shoah en échange d'une collaboration avec la CIA


                                 Rapport de la CIA sur l'opération Belladonna

Dès 1946 fut mis en place l'opération Belladonna qui consistât au recrutement d'agent au sein de l’église catholiques oriental d'Ukraine par le biais d'Ivan Hrinioch. Cette opération fut suivi en 1948 par le programme "Cartel", centré autour Mykola Lebed opposant à la dictature de Bandera au sein de la diaspora ukrainienne. 
Les contacts entre Bandera est la CIA furent rompus en 1951, lorsque les USA renoncèrent à l'idée d'une Ukraine indépendante. A partir de cette date les réseaux Hrninioch-Lebel furent les seuls utilisées par les USA. Stepan Bandera associé à Stetsko fut quant à l'homme du MI6 anglais jusqu'en 1954.

Au milieux des années 80, les agents de la CIA distribuèrent des cassettes audio de champs de l'UPA en Ukraine pour promouvoir le nationalisme.

A partir de 1985 la CIA commence à protéger Mykola Lebed qui est rattrapé par les crimmes commis durant la seconde guerre mondiale.

La dernière pression de la CIA pour protéger l'OUN remonte à 1991, la CIA a essayé de dissuader l'OSI* d'approcher les gouvernements allemand, polonais et soviétiques pour les dossiers liés à la guerre.

Défascisation de l'OYN(M).

Elle fut entreprise au 3éme congrès général de l'OYN. Lors de ce dernier, il fut décidé de limiter le pouvoir du chef de file en le rendant responsable d'un congrès qui devait être convoquée tous les trois ans, et introduit comme programme les principes d'égalité devant la loi, l'indépendance judiciaire et la liberté de conscience, de parole, de la presse, et l'opposition politique.


 Notes :

1 : Timothy Snyder,The Reconstruction of Nations: Poland, Ukraine, Lithuania, Belarus 1569–1999(New Haven: Yale University Press, 2003), p. 165
2 : Timothy Snyder, “‘To Resolve the Ukrainian Problem Once and For All’: The Ethnic Cleansing ofUkrainians in Poland, 1943–1947”),Journal of Cold War Studies, v. 1, n. 2 (1999): 99
3 : Satzewich,Ukrainian Diaspora, pp. 92, 96.

*OYH :ou OUN est l'organisation des nationalistes ukrainiens créé à Vienne en 1929. Selon sa déclaration initiale L'objectif de l'OUN était d'établir un état national indépendant uni sur le territoire ethnique ukrainienne. Cet objectif devait être atteint par une révolution nationale dirigée par une dictature qui devait chasser les puissances occupantes et mettre en place un gouvernement représentant toutes les régions et les groupes sociaux. L'OUN accepté la violence comme un outil politique contre les ennemis étrangers et intérieur de la cause. En 1941, elle se scinde en deux la première partie (OUB(M) suit le vozhd élu en 1939 à Rome : Andrii Melnyk, la seconde Partie se rallie à Stepan Bandera (OUN(B)). 
 * OSI : l'Office of special investigation est le Bureau des enquêtes spéciales était une unité au sein de la division criminelle du ministère de la Justice des États-Unis. Son but était de détecter et enquêter sur des personnes qui ont pris part à des actes d'état parrainé commis en violation du droit international public, tels que les crimes contre l'humanité.


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Partie 2 : Le fascisme ukrainien 1947-1991

Publié le 16 septembre 2015

Dans la première partie de cette série d’article nous avions montré, en quoi l’OUN* pouvait être considérée comme une organisation fasciste à part entière. Contrairement à ce que raconte la légende du nationalisme ukrainien, la rupture avec le nazisme n’a rien changé dans l’idéologie de l’OUN, bien au contraire, la quasi-totatilé des crimes de l’UPA furent perpétrés après le 30 juin 1941.

Dans cette seconde partie, nous tenterons d’étudier la tentative de défascisation du nationalisme ukrainien par Andriy Melnyk et la victoire posthume de Stephan Bandera due à Yaroslav Stetsko et aux SYM. Néanmoins Andriy Melnyk reste un nationaliste très marqué et l’arrivée des éléments de l’OUN M marque sur le continent Nord-Américain une très forte radicalisation de la communauté ukrainienne (cf. Myron B. Kuropas).
Dans le présent article nous étudierons principalement la diaspora ukrainienne aux USA, mais le schéma est le même dans tous les autres pays et en particulier au Canada.


Le nationalisme ukrainien durant la guerre Froide : 1947-1991

Marginalisation des bandéristes :

La scission entre l’OUN (B) avec à sa tête Stepan Bandera et l’OUN(M) d’Andriy Melnik née durant la seconde guerre mondiale s’amplifia durant l’après guerre. En 1947 Andriy Melnik créa le Conseil National Ukrainien, qui était en réalité le gouvernement en exil de la République Nationale d’Ukraine. Il regroupait les principaux partis politiques ukrainiens (l’OUN(B), l’OUN(M), UNDA, USPR , USDRP, etc. Il initie comme nous l’avions dit dans le précédent article un programme basé sur les principes d’égalité devant la loi, l’indépendance judiciaire et la liberté de conscience, de parole, de la presse, et l’opposition politique.
A cette date les principales associations banderistes sont l’Organisation for the  defense of four freedoms in Ukraine (ODFFU) et la SUMA (Ukainian Youth association of America), ODFFU for women’s et la Mykola Mikknovsky Studiant Association (TUSM). Elles se regroupent au sein du Front de Libération Ukrainien (ULF).
Les Melnykistes se regroupent dans l’ODWU (Organization for the Rebirth of Ukraine : “organisation pour la renaissance de l’Ukraine”. Elle fut créée en 1930, ouvertement pro-nazi avant guerre. Elle resta fidèle après guerre à Melnik, malgré des distensions en son sein entre melnykistes et banderistes (1).
En quittant le CNU, en 1950, les bandéristes se marginalisent vis à vis de la diaspora. Leurs activités se centralisèrent surtout sur l’Europe. Stepan bandera fut assassiné le 15 octobre 1959 à Munich. Cinq ans plus tard Andriy Melnyk s’éteignit à Köln.

Renaissance du Bandérisme et déclin du Melnykisme:

Les auxiliaires :

Le passé :Yarolasv Stetsko.

Yaroslav Stetsko et George Bush alors vice-président (18 juillet 1983).

Yaroslav Stetsko était le bras droit de Bandera, élu à la tête de l’OUN B en 1945, il créa en 1946 le Bloc des Nations Anti-bolcheviques “ABN” dont il fut président jusqu’à sa mort en 1986 à Munich. De part son combat anti-communiste, il renforça l’influence des bandéristes dans la diaspora ukrainienne et contribua toute sa vie à la réhabilitation de Stepan Bandera. Dans les années 50, son combat lui ouvrit de nombreuses portes tant à la CIA que dans les rangs des républicains américains (in Ieva Zake, 2003). Par son action, il associa le bandérisme à l’anti-communisme et à la libération de l’Ukraine et fit de ces deux dernières le ciment de la communauté ukrainienne. A partir de la fin des années 80, avec le début de l’écroulement de l’URSS, le thème fédérateur de l’anti-communisme fut remplacé par celui de l’Holodomor.
L’avenir : les SYM

La principale cause de la renaissance du bandérisme est avant tout démographique. Dans l’immédiate après guerre période à laquelle Melnyk imposa la démocratisation du nationalisme ukrainien et le renoncement du totalitarisme incarné par Bandera, la diaspora ukrainienne est constituée des première (1870-1914) et seconde (1919-1925) vagues d’immigrations ukrainiennes (2). Alors que la seconde vague sema les germes du nationalisme intégral et amena peu à peu la diaspora à se tourner vers un pro-nazisme très marqué sur le continent nord-américain (voir supra), la troisième vague sema le bandérisme.
En 1945, environ 100.000 ukrainiens se trouvaient en Allemagne dans des camps de réfugiés. Selon les accords de Yalta, toute personne originaire d’un territoire soviétique à la date du 1 septembre 1939, devait être rapatriée par force si nécessaire vers la Mère Patrie.
La diaspora ukrainienne publia alors “The plight of Ukrainians DPs” pour essayer d’infléchir l’administration US sur le sort des réfugiés. Le 25 juin 1948, le président Trumann signa The Displaced Persons Acte permettant l’immigration des réfugiés sur le sol américain. De 1947 à 1955 un minimum de 200000 immigrés ukrainiens arrivèrent sur le sol américain.

Qui étaient ces immigrants ? En 1947, 250000 ukrainiens la plus part sympathisant de l’UPA (3), se trouvent dans les camps de réfugiés ukrainiens où règne un prosélytisme très important, Stepan Bandera voulant avoir la main mise sur la diaspora. Lors des interrogatoires dans les camps de réfugiés les Banderistes se présentèrent comme des résistants héroïques ukrainiennes contre les nazis et les communistes, leur combat ayant été “déformé et décrié” par “la propagande de Moscou”. ” Bandera, lui même ne se lasse pas de dire qu’il avait été arrêté par les nazis et détenu à Sachsenhausen (tout en oubliant de préciser qu’il fut libéré par les allemands pour combattre les soviétiques). Maintenant, lui et son mouvement combattent “non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour toute l’Europe.” (4). Vous noterez que le révisionnisme du nationalisme ukrainien a commencé dès 1945 et que la dernière phrase sonne comme du Poroshenko…
Les familles de la 3éme vague d’immigration envoyèrent leurs enfants au SUM (SYM : Спілка української молоді : Union de la Jeunesse Ukrainienne) qui joua un rôle primordiale dans la renaissance du bandérisme. Imitant en cela toute les structures totalitaires (Hitler Jugend en Allemagne, Konsomol ((Коммунистический союз молодёжи) en URSS, Opera Nazionale Ballila et Avanguardisti en Italie) l’OUN B a compris que l’endoctrinement de la jeunesse était la garantie d’une victoire dans l’avenir.
Les premières commémorations du 15 Octobre (assassinat de Bandera), commencèrent dès 1960, dans la plus part des grandes métropoles d’Amérique du Nord ainsi qu’à Londres et à Munich organisées par les associations de vétérans de l’UPA et les SYM. Pour les 10 ans de la mort de Bandera 200 SYM se rendirent à Munich. A Londres, sous un portrait de Bandera et des drapeaux de l’OUN B (noir et rouge) et de l’Ukraine, deux jeunes SYM portant pour l’une traditionnel et pour l’autre un uniforme récitaient des poèmes (5).

Exemple du Camp des SYM d’Ellenville.

Trident du camp d’Ellenville (NY, USA)


Le camp d’Ellenville a été créé en 1955 (il est un des six camps existant à cette époque aux USA), pour “éduquer la jeunesse ukrainienne au sujet de leur histoire et de leur culture, ainsi que de les instruire pour devenir des membres actifs de leurs communautés ukrainiennes et locales tout en servant Dieu et leur patrie ukrainienne” (voir dernière illustration de l’article). En 1962, y fut érigé le “Trident” offert par deux anciens membres l’UPA, sculpté par un troisième. Le monument est entouré des bustes des principaux leaders ukrainiens (Petliara, Konovalets, Shukhevych et Bandera). Devant ce monument pendant des décennies, les enfants de la diaspora ukrainienne furent rassemblés pour honorer “tous ces héros qui ont sacrifié leur vie dans la bataille pour l’Ukraine et sa souveraineté” en chantant des chants nationalistes, de l’OUN et de l’UPA, en récitant des prières.
En 1957, Andriy Melnyk lança l’idée d’un congrès mondial regroupant toutes les associations de la diaspora. Son projet se réalisera en 1967 avec la naissance du “Congrès Mondial des Ukrainiens Libres” (WFCU), renommé en 1993 Conseil mondial Ukrainien. Depuis sa création, il affirme représenter les intérêts des ukrainiens du monde en entier, mais il est en réalité, il est dominé par les associations nord-américaines et un petit groupe de personne (6).

Prise de contrôle des organisations représentatives ukrainiennes par les bandéristes :

A partir du début de 1970, les générations d’enfants formés par les SYM pour devenir les leaders d’opinions commencèrent leur vie d’adulte et leur prosélytisme au sein de la communauté ukrainienne.

Ceci se concrétisa, en 1980 par la prise de contrôle de l’UCCA (Ukrainian Congres Commitee of America) par le Front de Libération Ukrainien. En réaction les membres de la communauté ukrainienne réfractaires au bandérisme créèrent en 1983, l’UACC, qui devint majoritaire mais au fil des années son influence s’amenuisa pour devenir peu à peu minoritaire. Je laisserai la conclusion à Myron B. Kuropolas “Alors que l’OUN (M) respirait à peine en Amérique du Nord, l’OUN (B) a pris la direction du Comité Congrès des Ukrainiens d’Amérique (UCCA) et le Congrès mondial ukrainien (UWC). Comme eux ou non, le leadership de l’OUN (B) a gagné notre respect. Avec son réseau de stations, des salles de banquet et d’ institutions financières, les bandéristes sont encore une force redoutable. Bien qu’ils restent en marge de la scène politique de l’Ukraine, il serait imprudent de les compter. Quant à l’OUN (M), l’avenir est sombre” (The Ukrainian Weekly, February 6, 2000, No. 6, Vol. LXVIII).

21 septembre 1984, Ronald Reagan rencontre les représentant de L’UCCA et de l’ AUCC

Au début des années 1990, la prise de pouvoir des nationalismes ukrainiens sur la diaspora est totale et le gouvernement US commence à le percevoir que le monstre qu’il a contribué à engendrer est un réel danger pour la stabilité de la région. Le 1er août lors du Chicken Kiev speech (écrit par Condoleezza Rice) George H. W. Bush prend position contre l’indépendance de l’Ukraine pour la préserver du “suicide nationaliste”. Un mois plus tard l’Ukraine vota son indépendance…
“Yet freedom is not the same as independence. Americans will not support those who seek independence in order to replace a far-off tyranny with a local depotism. They will not aid those who promote a suicidal nationalism based upon ethnic hatred.”
« Pourtant, la liberté n’est pas le même chose que l’indépendance. Les américains ne pourrons soutenir ceux qui cherchent l’indépendance afin de remplacer une tyrannie lointaine avec un despotisme local. Ils ne vont pas aider ceux qui promeuvent un nationalisme suicidaire basé sur la haine ethnique. »
Dans la prochaine partie de cette série d’article nous traiterons du rôle de la diaspora ukrainienne au 21éme siècle, en abordant l’indépendance, la révolution orange et Maïdan.



2009, L’endoctrinement toujours d’actualité chez les SYM…

Notes :

1 : Ieva Zake, Anti-Communist Minorities in the U.S.: Political Activism of Ethnic Refugees, Elliott Robert Barkan Editor, 2013
2 : Immigrants in American History: Arrival, Adaptation, and Integration ; Elliott Robert Barkan Editor, 2013
3 : Undated Ukrainian statements, NARA, RG 319, IRR TS Banderist Activity Czechoslovakia, v. 2, D190425
4 : http://www.archives.gov/iwg/reports/hitlers-shadow.pdf, p79
5 : Stepan Bandera: The Life and Afterlife of a Ukrainian Nationalist: Fascism, Genocide, and Cult, Grzegorz Rossolinski,2014
6 : The ukranian diaspora, Vic Satzewich, Routledge, 2005 – page 135.


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Partie 3 : Le fascisme ukrainien 1991-1993

Publié le 23 septembre 2015

1991-1993 : quand le lobby ukraïno-bandériste 
pris en main la politique étrangère des USA. 

Dans les deux derniers articles nous avions traité du fascisme ukrainien et de la prise de contrôle des instances représentatives ukrainiennes par la fraction la plus extrémiste du nationalisme ukrainien (bandériste). A partir de maintenant nous allons nous pencher sur son rôle dans la destinée de l'Ukraine, en reprenant la suite de notre récit à partir du "Chicken Kiev Speech".

La recette du "Chicken Kiev" : 1er août 1991.

Dans la précédente partie, nous avions terminé par cet extrait visionnaire du discours de George Bush prononcé le 1er août 1991 devant la Rada Suprême à Kiev   : 

«Pourtant, la liberté n’est pas le même chose que l’indépendance. Les Américains ne pourrons soutenir ceux qui cherchent l’indépendance afin de remplacer une tyrannie lointaine avec un despotisme local. Ils ne vont pas aider ceux qui promeuvent un nationalisme suicidaire basé sur la haine ethnique. ».

Ce discours a été écrit par  Condoleezza Rice, sauf cette phrase introduite par Mikhaïl Gorbatchev (Goble, in Fink 1997, p11) lors de la visite officielle de George Bush à Moscou les jours précédents. Pour ne pas légitimer le mouvement indépendantiste, Mikhaïl Gorbatchev avait tenté en vain de dissuader George Bush de se rendre à Kiev, mais il n'obtint que des corrections du discours, et ce d'autant plus facilement qu'à cette date l'administration américaine n'avait comme but que de décommuniser la Russie et non de la démembrer (prolongement de la politique du containment).

"The Ukrainian territory is as much a part of their national heritage as the Middle West is of ours…"
"Le territoire ukrainien est autant une part de leur héritage national que le Middle Ouest est le nôtre". Georges Bush - US National Security Council on Aug. 18, 1948

Cette politique de "containment"  qui excluait l’indépendance de l'Ukraine avait toujours été considérée comme une trahison par la diaspora ukrainienne, le discours de Kiev allait servir de prétexte pour remédier à cela.

Réactions à Kiev : 30 juillet 1990, du rôle du Rukh, de la diaspora ukrainienne et de la CIA.

Elle fut d'autant plus efficace, que les députés de la Rada connaissaient le contenu du discours avant même qu'il fut prononcé. En effet Ivan Brach  un des fondateur du mouvement Rukh l'avait réfuté la veille dénonçant l'influence de Gorbatchev sur Bush. Il fut mis au courant par le lobby ukraïno-américain (Fink, 1997, p18). Mais cet épisode mérite que l'on regarde le dessous des cartes.

Nous avions parlé dans le premier article du rôle de la CIA dans l'impunité des bandéristes en évoquant le programme "Cartel" qui après près de 45 années d’existence et de nombreux changements de nom, continuait à fonctionner sous le nom de QRPLUMB, avec comme couverture officielle, la compagnie Prolog Research Corporation (l'auteur de l'article lié, Taras Kuzio est lui aussi à l'époque payé par le projet QRPLUMB). Prolog est ce l'on que l'on qualifierait aujourd'hui de Think-tank ou d'ONG...

Une des activités du programme QRPLUMB fut le financement et l'équipement des partis politiques pro-indépendance nés lors de la Glasnost. Ce financement commença dès 1988, en particulier avec l' Ukrainian Helsinki Group qui allait devenir le Rukh. Cette aide comprenait entre autres 15 caméras pour filmer les manifestation et fournir des images aux médias occidentaux.


 Extrait du rapport d'activité de la CIA sur l'aide au Rukh.


Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut incriminer la CIA et ceci pour deux raisons :

 Le programme QRPLUMB est censé ne plus exister depuis septembre 1990. A cette date les agents de l’organisation ont reçu un solde de tout compte de 1,75 millions de $ (440.000 $ de frais de clôture des trois sites (Newark, Munich, Londres) et 1,31  million de $ à leur discrétion).

Le fondateur du projet, l'agent QRPLUMB/2 est Mykola Lebed (1909-1998) issus de l'UPA,  manager du programme de 1946 à 1975. La CIA, qui ne méconnaît ni sa collaboration avec le nazisme, ni les crimes de guerres qu'il a commis le protège des poursuites dans les années 80.

le projet QRPLUMB repose à l'époque sur trois "agents" dont les noms ne sont pas encore déclassifiés. Il s'agit des agents QRPLUMB/57, QRPLUMB/75 et QRPLUMB103. Nous allons donc émettre une hypothèse d’identification, pour montrer qui se cache derrière ce programme de la CIA et le rôle de la diaspora brune ukrainienne.
Ces trois agents seraient  : ROMAN G. Kupchinsky*, (Président), Stephan J. Welhasch* (trésorier) et Petro R. Sodol*.
Au moins deux de ces trois membres de QRPLUMB, partage le fait d'être issus de la 3éme vague d'immigrations, précédé par un passage dans les camps de réfugiés dans l'immédiate après guerre (pour le troisième sa biographie n'a pu être reconstituée, mais son père est un ancien officier de l'UPA). Ce passage biographique va se retrouver chez beaucoup des personnes que nous allons rencontrer par la suite.


Une dernière conclusion à retirer, ces trois "agents" ont pris la tête du Program prolog en remplaçant la génération précédente mis en place par Mikhola Lebed. Bien qu'il fut un criminel de guerre complice du nazisme, il  était modéré et dissident par rapport à Bandera...
On peut donc parler de fascisation (ou néo-bandérisation) de "Prolog" par des membres de la franches la plus radicale des nationalistes ukrainiens (cet aspect pourrait faire l'objet d'un article).
 Roman Kupchinsky                    Petro Sodol                             J. Welhash

Donc, il existe un lien entre la CIA et le Rukh, et entre le Rukh et les milieux néo-bandéristes (ou néo-fasciste-ukrainien) américains. La fuite du discours de Bush et sa communication en Ukraine est la première expression du cavalier seul de la diaspora ukrainienne. Elle se conduit comme elle l'a toujours fait avec ses alliés de circonstance : privilégier ces intérêts au dépends des autres.

Réactions aux USA : 2 août 1991.

Dés le lendemain du discours, Denis Deconcini, condamne le discours du président Bush au sénat, et présente un projet de résolution pour la reconnaissance de de l’indépendance de l'Ukraine (Sen.Con.Res.65).
Il est suivit dans sa démarche à la chambre de représentants par Don Ritter qui présente lui aussi un projet de résolution identique (H.Con.Res.212).

Regardons qui sont ces deux parlementaires américains :

Denis Deconcini (à l'époque sénateur démocrate de l'Arizona) est fervent anti-communiste, ce qui avait permis son approche par le lobby américano-ukrainien. Il reçoit en 1979 le prix du  Comité National des Nations Captives) remis par Lev Dobriansky président de l'UCCA. En 1984, il est un des deux initiateurs du comité sénatorial sur la famine en Ukraine. L'instrumentalisation de l'Holodomor (qui fera l'objet d'un article à part entière) servit  de cheval de Troie au lobby ukrainien pour asseoir très fortement son action à la chambres des représentant et au sénat US. 

Don Ritter était un élu républicain de Pennsylvanie à la chambre des représentants, fervent anti-communiste lui-aussi. Il est approché par le lobby de la diaspora ukrainienne, l'UCCA et Lev Dobriansky. En 1983, il fait parti des opposant aux enquête de l'OSI sur le rôle des citoyens américains suspecter d'avoir collaboré avec les nazis. En 1990, il reçoit le prix de le "National Ukrainian Man of the Year award à Chicago et en 1992 il reçoit de l'UCCA le " Shevchenko Freedom Award".

Il s'agit donc de deux leviers de la diaspora néo-fasciste ukrainienne.


La promotion du Rukh :Le Rukh a été créé en 1988 par Ivan Drach, Volodymyr Yavodymyr et Dmytro Pavlychko. il est particulièrement implanté dans l'Ouest de l'Ukraine. Il devient en 1990 le deuxième parti politique ukrainien derrière le CPU (Parti communiste). Il est aidé financièrement et matériellement par la CIA.
En novembre 1989, un de ses membres, Volodymyr Yavorivskiy est invité par Robert Mac Connell* président d' "Ukraine 2000"à se rendre à Washington. Lors de cette visite, il rencontre de nombreux représentants et sénateurs. Lors des nombreuses interventions de V. Yavoriskiy les traductions furent effectuées par Roman Kupchinskiy (agent "QRPLUMB 57" de la CIA). En Novembre 1990 Mykhailo Horyn fut lui aussi invité à Washington. Ces visites des membres du Rukh dissipèrent à Washington les idées que l'Ukraine était antisémite et fortement ethno-nationaliste (McConnell, in Fink 1997, p33). Après ces visites, les ukraino-Américains ont remarqué un changement dans la position du département de la Défense (DOD) sur l'Ukraine. Le DOD semblait plus attentif à l'importance stratégique de l'Ukraine, ainsi qu'aux questions concernant l'aide et l'assistance financière. La position du DOD s'est alignée sur celle du Congrès : " soutenir le mouvement pro-indépendance en Ukraine était la seule façon d'assurer de bonnes relations avec ce qui pourrait émerger comme le deuxième plus grand État en Europe" (in Fynk, 1997).


Le chantage électoral : 

La diaspora ukrainienne est traditionnellement un électorat républicain, de part son activisme communautaire très important, elle est un soutient apprécié lors des différentes élections. Il faut aussi tenir compte de la solidarité des autres communautés des pays de l'Est dont les liens ont été resserrés par la lutte anti-communiste menée par le groupe d’Helsinki et celui des nations captives.

Le premier coup  de semonce eut lieu lors des élections sénatoriales anticipées en Pennsylvanie en novembre 1991 : son succès repose sur deux coïncidences : premièrement la mort accidentelle* du sénateur John Heinz, le 4 avril 1991 (un des héritiers de l'empire alimentaire H.J. Heinz), deuxièmement et le fait que la Pennsylvanie soit l'état comptant le plus d'américains d'origine ukrainienne et des autres pays de l'Est (18.31%).

Durant cette élection le candidat républicain (Harris Wofford) plus que favoris avec 70%  d'intention de vote avant août 1991 est battu le 5 Novembre 1991 par son outsider démocrate (Dick Thornburgh). 

L'année 1992 est une année d'élections présidentielles, et la diaspora menace de réserver à George Bush le même sort qu'a Harris Wofford. Le président des USA est élu par 538 grands électeurs, la Pennsylvanie en possédait 23 pour l'année 1992. Au quel pourrait se rajouter les 67 grands électeurs ayant soutenus les deux mentions pour la reconnaissance de l'indépendance de l'Ukraine aux Sénat et Congrès, soit un minimum de 90 grand électeurs (1/6 du corpus des grands électeurs).  

Un des poulets de Kiev soutenant les démocrates pour symboliser la trahison de George Bush vis à vis de la diaspora ukrainienne. 

Le Lobbying ukraino-américain direct : 

Le 22 Novembre suite à l'adoption de la résolution DeConcini le Congrès invite le président Bush à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine avant le 1 décembre 1991. La pression du congrès et les résultats électoraux en Pennsylvanie, pousse George Bush à fléchir sa position. Après avoir refusé de recevoir les représentants de la diaspora ukrainienne depuis février et ce malgré l'entremise de Roman Popadiuk*, le 27 Novembre, George Bush les reçoit à la Maison Blanche. Lors de cette réunion, George bush leurs déclare que l'Ukraine à droit à l'indépendance et que les USA la reconnaîtrons le 25 décembre 1991).

Conclusion :

La force de la diaspora ukrainienne a été de mettre fin à la politique de containment américaine. Son action peut se résumer à cette phrase devenu malheureusement un lieu commun :

“With Ukraine, Russia is an empire. Without it, Russia is just another country.”

Ors après presque un quart de siècle que pouvons nous observer ? La Russie est redevenue un empire, et l’Ukraine que le lobby ukrainien augurait comme la deuxième puissance européenne  est aujourd'hui selon Saakachvili au niveau du Gabon (108éme mondiale). Même en prenant le classement 2013, donc avant la crise actuellement, l'Ukraine était déjà en reprenant l'image de l'ex-president Géorgien le 5éme pays "africains". 

Le concept que la Russie n'est plus un empire sans l'Ukraine n'est donc qu'un mythe néfaste qui perdure encore malheureusement de nos jours.

En 1991 avant l'indépendance, il n'existait que deux types de partis politiques : les communistes et les autres de facto nationalistes.  Après l'indépendance le PCU, devint moribond, l'Ukraine était donc indépendante et nationaliste, mais ce n'était pas encore assez, il fallait qu'elle sombre dans le nationalisme intégral et le fascisme. Et pour cela on allait lui faire une première piqûre de fascisme en 2004 et un rappel en 2014.


Viktor Youchenko et des vétérans de l'UPA lors d'une cérémonie à la gloire de Stepan Bandera.

Notes :

*Circonstance de la mort de John Heintz : Lors d'un vol sur un avion privé de la compagnie Lycoming Air Services, le pilote, peu avant l’atterrissage signale à la tour de contrôle de l'aéroport de Philadelphie, que le voyant d'alarme de la roulette de nez est allumé. La tour de contrôle lui, demande de suivre la procédure habituelle qui consiste à passer à basse altitude devant la tour pour confirmer que la roulette de nez est sortie. Un hélicoptère de la compagnie pétrolière "Sun Company Incorporated" ayant intercepté la conversation entre l'avion et la tour de contrôle propose avec insistance de faire une inspection visuelle. Lors de cette manœuvre l'hélicoptère percute l'avion. Il n'y aura aucun survivant aux crashs.   Le rapport du NTSB conclut à une erreur commune des pilotes, le pilote de l'avion n'avait pas a accepté malgré son insistance l'intervention du pilote de l'hélicoptère et le pilote de l'hélicoptère qui n'avait pas les capacités n'aurait pas dû intervenir.



* Roman Kupchinsky (1944-2010): né à Vienne (Autriche), le 1er Novembre 1944, il émigra aux États-Unis avec ses parents en 1949. Après avoir obtenu un diplôme en sciences politiques à l'Université de Long Island, près de New York, il sert au Vietnam en tant que chef de peloton ou il fut décoré de la Purple Heart. Il milita à la ZP/UHVR (Ukrainian Supreme Liberation Council : union de l'OUN et de l'UPA) Recruté en 1971 par Prolog, il devient un agent effectif (Operation Agent) de la CIA le 5 avril 1972. Il fut aussi agent du FBI. En 1985, il est impliqué dans une affaire de détournement de fonds de la CIA qui est passée sous silence du fait de ses états de services et de la difficulté à le remplacer en maintenant ces réseaux. L'affaire se solde par un remboursement à l'amiable des sommes détournées.

*Petro R. Sodol : né en 1936 en Ukraine, il passa 5 ans dans un camps de réfugiés, il immigre ensuite avec sa famille en 1949 aux USA. Son père Petro Sodol-Zilinsky était capitaine dans l'UPA. Membre des Plasts (Lisovi cherty). Il s'engage en 1958 dans l'US Army comme soldat. Il devient sous-officier et ensuite officier. Capitaine en 1964, il est volontaire pour le Vietnam ou il sert pendant 12 mois (fev. 1965 à fev. 1966). Il est de nouveau volontaire pour le Vietnam en 1969. Il quitte l'armée avec le grade commandant en 1978. Il est décoré de la Bronze Star, Army commendation Medal, Good Conduct Medal, Air medal, Purple Heart, Vietnam Service Medal, Vietnamese Cross of Gallantery for valor in Combat. Sa passion pour l'UPA, lui font côtoyer au début des années Mykola Lebed, Myroslaw Prokop, Anotole Kaminskiy, tous membre ou ex-membre de la CIA. Il est directeur adjoint de prologue depuis 1985 et doit avoir rejoint la compagnie au début des années 1980.
Œuvre : PETRO R. SODOL, (UPA : they fought hitler and Stalin : A brief histroy of the Ukrainian insurgent army 1942-1949; 1987). 

*Roman Popadiuk  est né en 1950 en Autriche, dans un camp de réfugiés, il est le fils de Gregor Popadjuk et Paraskevia Shypka Popadjuk. En 1991 il est Adjoint au président et attaché de presse adjoint des Affaires étrangères. Il a été le premier ambassadeur des USA en Ukraine.

*Robert Macdonnell est associé à la diaspora ukrainienne par sa femme : Nadia Macdonnell qui est né en Autriche, dans un camp de réfugiés, elle est fille de Omelan Komarnyckyj (UPA) ayant fui l'Ukraine devant l'armée soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale et a immigré à Chicago avec sa famille à l'âge de cinq ans. 

*Stephan J. WELHASCH (1949- ): est le trésorier, de prologue depuis 1979, il devient ensuite pendant 20 ans trésorier de l'UNA (Ukrainian National Association).


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Partie 4 : Le fascisme ukrainien 1991-1993 (suite)

Publié le 10 octobre 2015

 Manifestation de l'UNSO à Odessa lors de la "croisade pour la Crimée" en 1992


Renaissance des mouvement fasciste en Ukraine.


Après avoir défini le fascisme ukrainien, nous être penchés sur la prise du pouvoir des institutions représentatives de la diaspora ukrainienne par les bandéristes et montré leur rôle dans la reconnaissance de l'indépendance de l'Ukraine par les USA. Nous allons nous pencher sur la résurgence des mouvements fascistes en Ukraine et en particulier sur les organisations Spadchina, UNA-UNSO et le "Trident" qui sont à l’origine de Svoboda et Praviy Sektor. Pour les périodes précédentes, les archives de la CIA étaient très partiellement déclassifiées, à partir de 1991, tout demeure secret.


Situation politique en Ukraine à la veille de l'indépendance : 

A la fin des années 1980 commença à apparaître dans l'est de l'Ukraine (principalement en Galicie) des réminiscences nationalistes. La Galicie est en effet la région natale de tous les nationalistes ukrainiens (Yevhen Konovalets est né à Lviv capitale de la Galicie, Roman Choukhevytch  à Krakovets, Stepan  à Kalouch, Andriy Melnyk à Drogobytch, etc...). Cette région rattachée aux dépens de la Pologne à l'Ukraine en 1939 a donc échappée à l'Holodomor (1932-1933). Ce qui n'empêche pas les galiciens d'être le plus fervents à le commémorer. Il est à noter aussi que la quasi totalilé de la troisième vague d'immigration ukrainienne sur le continent nord-américain est d'origine galicienne et que la majorité des contacts de la CIA en Ukraine résidait alors en Galicie. Pour contrecarrer la renaissance du nationalismes les autorités soviétiques firent publier des séries d'articles dans la presse ukrainienne rappelant les crimes commis par les membres de l'UPA. On glorifia les héros soviétiques de la lutte contre l'UPA, tel Fedor Ioulanov.

On peut considérer une double origine à la renaissance du fascisme ukrainien. Une première interne à l'Ukraine (endogène), qui est une résurgence des combats de l'UPA contre l'armée soviétique à la fin des années quarante. Ce nationalisme a comme chef "spirituel" Roman Shukhevych. Et une seconde origine externe (exogène) au sein de la diaspora fidèle à Bandera et ses successeurs. 

Le fascistes endogènes :

L'organisation оум Спадщина (Spadicha, patrimoine) : les Shukhevychistes.


Le 28 mars 1988 est crée à Lviv l'organisation nationaliste et indépendantiste оум "Спадщина", (organisation pour la jeunesse ukrainienne "patrimoine"), ayant pour buts initiaux d'entretenir les tombes des soldats de l'UPA et des fusiliers de la Sitch ; de collecter les témoignages des derniers vétérans et d'éveiller la jeunesse à l'esprit nationaliste et militer pour l'indépendance et la catholicité de l'Ukraine (catholicisme oriental dit Uniate). 
Leurs activités ont entraîné de nombreuses confrontations avec les autorités soviétiques, tout particulièrement à Bilohorcha ou ils édifièrent un cénotaphe à la mémoire de leur mentor Roman Choukhevytch. Au début des années 1990 l'organisation prend une tournure paramilitaire et insurrectionnelle. Elle s'entraîne à la guérilla dans les Carpates. Une fois l'indépendance acquise, le mouvement prend une tournure politique est devient le parti sociale-nationaliste Ukrainien (Соціал-Національної партії України). Le parti sociale-nationaliste ukrainien porte depuis 2004 le nom de Svoboda. Néanmoins L'оум "Спадщина" existe toujours sous sa forme initiale.
Les leaders de Spadtchina étaient : Andriy Parubiy, Taras Rodtsevycha, Bogdan Malyeryka, Taras Hovzana et Yaroslav Kaszuba. Andriy Parubiy fut 24 ans plus tard un des principaux acteur de l'Euro-Maïdan. Et de nombreux membres de l’association ont participé à la révolution orange et à l'Euro-maïdan...

Publication pour le 25éme anniversaire de SNUM, actuellement intégrés dans les SYM.

Les SNUM : Les crypto-bandéristes.

Le mouvement a été créé en Juin 1989 à Karkov, il avait comme nom à sa création le SUM (organisation pour la jeunesse ukrainienne), le N de nézalejnoï, c'est à dire "indépendant" a été rajouté pour se différencier en apparence de la SUM de la Diaspora trop marquée Bandériste. 
Les SNUM, "le syndicat indépendant de la jeunesse" (Спілки Незалежної Української Молоді) est une association de jeunesse et étudiante  fondée à Makivka en août 1989 par Oleg Vitovitch (1967-2011), Igor Derkach, Andrii Sokolov, et d'autre jeunes de Soumy. Makivka est une montagne qui a été le lieu de combat en 1915 entre les russes et le bataillon Sich (Unité de l'empire Austro-hongrois composée d'ukrainiens) dans lequel combattait Andriy Melnik. Le choix de l'adjectif indépendant dans le nom de l'organisation pour se démarquer du bandérisme de la diaspora et le lieu de sa création, la montagne Makivaka ou Andriy Melnik combattit avec gloire, laisserait penser à une influence melnikiste, soit de façade, ou soit temporaire. L'hypothèse la plus probable est la seconde, Igor Derkach devait être alors de sensibilité melnikiste et Oleg Vitovitch bandériste. 
La SNUM est un mouvement indépendantiste, prônant la dé-soviétisation, la dé-russification et l'ukrainisation du pays, ne serait-ce en combattant la langue russe en remplaçant les inscription en russe par des stickers en ukrainiens. 
Le 27 mai 1990, à Ivano-Frankivsk a eu lieu une scission de la SNUM entre les modérés menés par Igor Derkach (2/3 des présents) et les radicaux de Oleg Vitovich. Il y a alors eu une deuxième SNUM ultranationaliste (Спілка націоналістичної Української Молодi). Il existait aussi au sein de la SNUM (indépendante) une branche nationaliste SNUM(h) dirigée par Dimitro Korchinsky qui sera un des fondateur de l'UNA-UNSO.
L'essor des mouvements indépendantistes  estudiantins peu être mis en relation avec la série de conférence sur l'histoire ukrainienne donnée dans l'enseignement supérieur en 1990 par Anatole Kaminsky (agent QRPLUMB57 de la CIA) et Taras Gunchak beau-père de Mykola Lebed (agent QRPLUMB2 de la CIA). Le cocktail "Bandériste-Ruhk-Groupe d'Helsinki" font d'eux des probables contacts des agents du programmes de la CIA QRPLUMB. De plus cette association contre-nature entre des organisations indépendantistes modérées et une extrémiste, illustre le double langage des agents de QRPLUMB. D'un côté, il contente la CIA alignée sur la politique du "containment" en aidant les activistes modérés (groupe d'Helsinki) et de l'autre, ils contentent leurs aspirations personnelles en créant des mouvements nationalistes et indépendantistes. 
La propagande de la SNUM est imprimée en Lituanie et en Pologne puis elle est renvoyée en Ukraine, ce qui conforte l'idée d'une aide par la CIA. Le projet QRPLUMB disposait d'une imprimerie en Pologne, publiant la propagande pour les pays baltes. 
Leurs actions sont centrées sur des commémorations à  Staryi Uhrinyv, village natal de Stépan Bandéra, régulièrement émaillées d’incidents avec les forces de l'ordre (un blessé par balle le 10 Juillet 1991). Une autre action centrale est la célébration du 30 juin 1941 (seconde déclaration d'indépendance). Le 30 juin 1990 eut lieu à Lviv la première célébration organisé par Oleg Vitovych. Le 4 Novembre à Kiev, des délégués venus de Lviv, Ternopil et Ivano-Frankivsk, de Tcherkassy, Jitomir, Kiev, Rovno et Poltava votèrent la création de l'UNS "union des nationalistes ukrainien" (UNS, Української Націоналістичної Спілки (УНС)) et l'intégration des SNUM (nationaliste) à cette dernière. L'UNS fut ensuite intégré l'UNA (Assemblée des nationalistes ukrainiens, Украïнська Національна Асамблея). Le 16 mars 1991  eut lieu la première manifestation à Lviv ou l'on pu voir des drapeaux noir et rouge (couleur des bandéristes) portés par des membres des SNUM et UNS. Avant cette date, seul le drapeau jaune et bleu, symbole nationaliste avait été arboré lors de toutes les manifestations.

Logos de la SNUM de l'UNS et de l'UNSO


Évolution des mouvements nationalistes après l’indépendance : 


Les mouvements nationalistes existant avant l’indépendance étaient indépendantistes et anti-soviétique avec une composante insurrectionnelle. Après l'indépendance, ils se transformèrent en partis politiques "traditionnels" et russophobes, laissant de côté leur composante para-militaire, excepté l'UNA.

27 Juillet, 1992, Manifestation pour l'anniversaire de la «libération» de la ville de Lvov en 1944. Première manifestation avec des portrait de bandera et stretsko

UNA-UNSO:

Suite à la tentative de coup d'état à Moscou en août 1991, l'UNA lance le 19 du même mois, un appel pour former des groupes d'autodéfense populaire (UNSO, Украинская народная самооборона ) afin de protéger l'Ukraine des putschistes russe. L’UNA devint alors UNA-UNSO. l'UNSO, prit par à la guerre d'indépendance de la Transnistrie en 1992 contre les moldaves, en Abkhazie en 1992-1993 aux côtés de la Géorgie et participa à la première guerre de Tchétchénie contre la Russie. En 1992, 700 membres de l'UNSO se lancèrent dans la "croisade pour la Crimée" pour éteindre un mouvement indépendantiste pro-russe, avec comme slogan "Si la Crimée n'est pas Ukrainienne, elle sera un désert".

 1992 - Combattants de l'UNSO lors de la "croisade pour la Crimée" et lors de la guerre de Transnistrie.

Retour de la diaspora Bandériste :

Peu avant et après l’indépendance de nombreux membres de la diaspora ukrainienne étasunienne et munichoise furent de retour en Ukraine. La majorité, tel Ivan Lozowy et Anatoli  Hajdamacha par exemple, se fondirent dans la vie politique et médiatique ukrainienne, jetant les bases du téléguidage du pays depuis l'étranger qui est malheureusement encore de mise (cet aspect sera le sujet du prochain article). La minorité restante tel Slava Stetsko et Roman Zvarych initia un mouvement ouvertement bandériste qui peu a peu allait devenir majoritaire en Ukraine. 
Congrès nationalise Ukrainien :

En juillet 1991, après 47 ans d’exil à Munich, Slava Stetsko retourne en Ukraine. Elle la femme et le successeur de Yarosloav Stetsko, bras droit de Stepan Bandera et dirigeant de l'OUN(b) et de l'ABN à la mort de ce dernier. L'année suivante, elle créa avec Roman Zvarych, citoyen des USA et futur ministre de la justice ukrainienne (2005, gouvernement Yulia Tymoshenko et 2006, gouvernement Viktor Yanukovych), le congrès nationaliste ukrainien. Slava Stetsko rencontra Roman Zvarych dans le cadre du bloc des nations anti-bolchevique (ABN) qui sera le creuset de nombreux acteurs de la révolution orange et de la vie politique ukrainienne. Le congrès nationale ukrainien peut donc être considéré comme le cheval de Troie du "bandérisme-cosmopolite".

L'organisation pan-ukrainienne Trident (Всеукраїнська організація (ВО) «Тризуб» імені Степана Бандери):

Le "Trident" ou "Trizoub" est une organisation para-militaire créer pour protéger les manifestations du CNU et faire contrepoids à l'UNSO. Il a été crée à l'initiative de Slava Stetsko par Vassili Petrovitch Ivanyshyn et Dimitri Iaroch, futur leader de Pravyi Sektor. Le Trident a pour but : " la promotion de l'idéologie du nationalisme ukrainien selon les conceptions de Stepan Bandera ; l'éducation de la jeunesse ukrainienne dans l'esprit du patriotisme et les activités de protections nationales, à savoir la protection de l'honneur et la dignité de la nation ukrainienne, dans toutes les conditions par tous les moyens et les méthodes disponibles. Le trident a cessé d'exister en novembre 2013, en se fondant dans Pravyi Sektor.


Stava Stetsko et Dimitri Iaroch (en uniforme de l'organisation trident) 1995 - Logo de l'organisation

En quelques année, l'Ukraine est donc passée de l'URSS où le concept de nationalisme était proscrit au profit de celui de patriotisme, à l'Ukraine où le nationalisme était le moteur de l'indépendance. Durant cette période les drapeaux bleus et jaunes était opposés aux drapeaux rouges de l'URSS.  Dans un second temps, succédant de peu à l'indépendance, le nationalisme devint de plus en plus le moteur du fascisme, cette période est marquée par l'apparition des drapeaux noirs et rouges et des portraits de Bandera et de Stretsko. Mais il n'est pas impossible que la bandérisation de l'Ukraine fut prévue dès le début du processus de l'indépendance et différée par pragmatisme, comme le laisse penser cet éditorial du numéro 2 de "Молода Україна" (Moloda Ukraïna, gazette des SNUM)  concernant les élections législative de mars 1990 :


"Західна Україна може висунути більш радикальних кандидатів у депутати, їм тут підтримка гарантована. Партбюрократи у нас пройти не повинні. А от на сході ситуація може скластися діаметрально протилежна. Тож там і потрібні ліберальні кандидати в депутати. Отож, тільки наш край зможе висунути достатньо радикальну депутатську групу"
"Dans l'Ukraine occidentale on peut proposer des candidats plus radicaux (SNUM), leur soutien est garanti. les bureaucrates de notre partie (Rukh) ne devrait pas s'y présenter. Mais dans l'est la situation peut se passer de manière diamétralement opposée. Donc, il faut des candidats libéraux (Rukh). Par conséquent, seulement notre région peut nommer des députés radicaux. "

Dans cette articles nous avons vu qu'il existait deux mouvances dans le nationalisme en Ukraine, l'une purement endogène (qui survit aujourd'hui dans Svoboda) et un deuxième d'inspiration étrangère (aujourd'hui regroupée dans Pravyi Sektor). Dès lors, on est moins surpris que le lancé de grenade devant le Rada Suprême fin août fut le fruit d'un élément du Bataillon Sich, lié à Svoboda, mouvement nationaliste le moins enclin aux ingérences étrangères dans la destinée de l'Ukraine.

  A l'extrême gauche : Petro Porochenko, Slava Stetsko; et à l'extrème droite  Viktor Youchtchenko, 2002.

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Sources de l'article : 

- Le blog de Laurent Courtois le lien ici : Chroniques de l'(ukr)haine ordinaire
- Site Novorossiya Today le lien : ICI

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