Pensée du jour


Un des rares points positifs, et d'ailleurs peut-être le seul, d'une hospitalisation forcée, est de pouvoir parfois libérer la pensée des contingences et préoccupations quotidiennes. Ainsi je cherche a comprendre modestement par delà les champs de batailles physiques et idéologiques, les racines des esclavages et des révoltes qui rythment un effondrement en cours et que je crois malheureusement être plus aujourd'hui celui de l'âme humaine que du système qui l'asservit...


Mais il reste toujours "la foi et l'espérance"...

Alexandre Zakharchenko (1976-2018), président et bâtisseur de la République Populaire de Donetsk. Son assassinat par un attentat terroriste le 31 août 2018 va, contrairement aux objectifs de ses assassins occidentaux, sublimer la résistance armée et renforcer le projet sociétal que le peuple du Donbass a bâti autour de ses traditions et libertés.

Lorsque je tente modestement d'observer les spasmes de notre monde post-moderne et que j'appelle de mes voeux à être les symptômes de la mort prochaine du système mortifère qui en est le moteur, je suis effaré de voir combien les Hommes dans leur ensemble continuent à s'accrocher à ses chimères qui aveuglent leurs libertés de conscience depuis des millénaires.

Est-ce par conditionnement, habitude ou servilité, par manque de courage, d'imagination ou de culture, ou peut-être un peu tout cela à la fois, que les populations se laissent porter par les courants de l'individualisme et des idéologies dogmatiques au lieu de saisir l'opportunité de reprendre leurs destinées en main dans cette dynamique du "surhomme" qui domine à la fois leurs peurs et leurs pulsions. Car force est de constater qu'au milieu des crises multiples et exponentielles qui nous happent vers l'inéluctable chaos régénérateur, l'immense majorité des individus persistent au milieu du naufrage à s'accrocher aux débris pourris de leurs certitudes qui leur sont autant liberticides qu'elles sont désuètes. 

Au lieu de regarde, par delà des vagues qui déferlent sur eux, la montagne dont le sommet luit de la promesse d'un nouveau printemps, les "homo, de moins en moins sapiens" se déchirent ou se réfugient dans la vacuité de réseaux sociaux abscons, incapables de comprendre que ces derniers servent  surtout de valve de dépressurisation pour éviter que de vraies rébellions explosent et menacent réellement le système dont ils sont les esclaves .

Beaucoup critiquent, et à juste titre les avidités, cupidités et carriérismes individuels des élites politiques occidentales qui dirigent des gouvernances toutes dédiées au service d'une ploutocratie internationale, ce nouveau clergé du dieu Mammon. Mais ces "indignés" dans leur immense majorité ne valent pas mieux que leurs maîtres dénoncés car ils persistent à vouloir réagir via les prismes dogmatiques de communautarismes idéologiques religieux, ethniques, politiques ou autres. Ces faux dissidents sont in fine comme ces gladiateurs enfermés dans l'arène des cirques romains et qui s'étripent entre eux en maudissant ceux qui, depuis leurs hautes tribunes des pouvoirs politiques, financiers et médiatiques, tendent leurs pouces vers le sol en se riant de leur stupidité suicidaire . 

Aujourd'hui les peuples tournent en rond autour de leurs désespoirs et de leurs peurs car chacune de leurs réactions au système est aussitôt captée par des fantasmes stériles et contre productifs qui factuellement lui sont aussi utiles à maintenir son pouvoir que le diable est utile à l’adoration de dieu. Des complotistes hurlants qui ne regardent que les personnes à décapiter aux communautaristes qui dirigent leurs haines vers telle ou telle communauté politique ou ethnique, aucune révolte occidentale n'a malheureusement aujourd'hui la vraie consistance d'une rébellion salvatrice, car les européens ont oublié que la Liberté se gagne les armes à la main en avançant dans l'inconnu et non en ruminant des certitudes enchaînées à des dogmes idéologiques hors sol.

Les dissidences occidentales en se perdant dans des luttes horizontales ou des circonvolutions byzantines ne regardent pas au dessus d'eux et surtout au dessus du cirque auquel appartiennent même ces marionnettes politico-médiatiques qui clabaudent du haut de leurs tribunes et que parfois des révolutions viennent éjecter pour aussitôt les remplacer par d'autres marionnettes aussi serviles qu'esclavagistes. Il serait temps que les peuples regardent au delà des chaines de leurs consumérisme individualiste et de leurs peurs collectives organisés par un système orwellien accompli pour désigner et combattre leur véritable ennemi. Cet ennemi, il n'est pas de gauche ou de droite, musulman ou chrétien, blanc ou noir, il n'est même pas cette haute finance internationale qui profite aujourd'hui de sa dictature de la marchandise... 

L'ennemi des peuples de la Terre, c'est cette pensée unique qui est la matrice de toutes les tyrannies de l'Histoire depuis qu'un prétexte prétendu divin mais réellement dominateur et jaloux a demandé à ses larbins "...remplissez la terre et l'assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui se meut sur la terre." Depuis, tel un vrai virus, cette pensée unique métamorphose ses impérialismes esclavagistes de système religieux en système économique, politique ou culturel...

Tant que la matrice de la pensée unique sera féconde dans l'esprit humain perverti par la vanité de sa conscience, la diversité du Monde, donc les libertés animales, végétales et humaines, et par conséquent la survie du vivant dans son ensemble seront en danger mortel. Décapiter les princes, les clercs et les banquiers qui nous asservissent n'est pas la finalité du combat mais juste la toute première étape d'une révolution majeure qui doit s'opérer en priorité dans le coeur de l'Homme, 

La résistance à mener est donc à la fois une guerre verticale contre les tyrannies et un combat herméneutique contre la pensée unique qui les fait naître. Et pour ne pas se perdre dans les combats et defendre ses vraies traditions, l''Homme doit d'abord se dépouiller des dogmes qui prétendent en faire partie mais qui sont en réalité les carcans idéologiques - et souvent exogènes - de sa conscience collective native. Alors seulement les peuples d''Europe, dans la reconquête de l'imaginaire de leurs mythes fondateurs pourront libérer vers de nouvelles hauteurs intérieures leurs libertés civilisationnelles.

Heureusement il reste encore, ici et là des peuples qui ose défier le système esclavagiste de la marchandisation du monde, non pas en s'accrochant aux derniers débris encore flottant des archaïsmes politiques qui l'ont fait naître, mais en projetant avec audace et imagination vers l'A-venir, leurs valeurs humaines forgées par l'Histoire et la Nature dans une entité sociétale supra communautariste et adogmatique. 

Et ces peuples libres, comme celui du Donbass par exemple, ne luttent par pour leur confort, ni même pour leur présent, mais pour leurs traditions et leurs libertés et und survie naturelle et ontologique lointaine, au delà du chaos qui s'annonce, de l'espérance humaine.
Et ces femmes et ces hommes peuvent regarder vers l'Est les premières lueurs d'un printemps qui leur répond avec d'autant plus de confiance qu'ils ont su abandonner leurs oripeaux du passé tout comme ils refusent, les armes à la main, les esclavages du présent.

Erwan Castel

"Au milieu d’un monde à la dérive, nous sommes seuls. Nous sommes tragiquement seuls. Nous n’avons rien à voir avec toutes les formules commodes qui permettent toujours d’entrer dans une des chapelles bien étiquetées de l’échiquier politique. Nous naviguons sur une mer inconnue et personne ne peut comprendre vers quels continents nous cinglons. Nous ne sommes à l’aise nulle part. Mais si chaque parti nous est étranger, chaque militant reste notre frère. Un véritable activiste refuse toutes les formations de l’heure mais il accepte tous les hommes de courage. Et c’est pourquoi nous sommes joyeusement seuls.

C’est justement parce que nous refusons toutes les compromissions et toutes les manœuvres que nous serons le plus pur métal de l’alliage de demain. "
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Jean Mabire
"La torche et le glaive", éditions Libres opinions, 1994


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