Mon coeur regarde-moi, ma main s'est muée en poing
Se battre dans le Donbass et pour les peuples d'Europe ...
Pour commencer, je laisserai l'image évoquer bien mieux que moi, la réalité de l'engagement des volontaires sur le front du Donbass...
Autour du chant du coucou
Pour commencer, je laisserai l'image évoquer bien mieux que moi, la réalité de l'engagement des volontaires sur le front du Donbass...
Venus de 100 mètres ou 10 000 km, ces femmes et ses hommes sont venus défendre leurs libertés, leurs fois, leurs forêts, leurs cultures, et la maison commune de leur coeur...
Autour du chant du coucou
Dans la steppe, depuis l'arrivée du Printemps, le chant du coucou accompagne jusque dans les secrètes "zilionka" (forêt linéaire) ou les jardins des villages, les volontaires qui défendent la terre du Donbass.
C'est aussi le titre d'une chanson magnifique laissée en héritage par Victor Stoï et qui m'invite à revenir sur cet engagement dans le Donbass, aux côtés d'un peuple, il y a 6 mois, encore inconnu.
"Kukushka"
Ce pourquoi je me bats
Je n'ai jamais caché mon intérêt pour les peuples de la Terre, leurs identités historiques, ethniques et culturelles, et à travers leur diversité, cet amour pour l'universel de la Tradition.
La Tradition, si bien décrit par Dominique Venner, comme "ce royaume intérieur, qui est un murmure des temps anciens et du futur. La Tradition est ce qui persévère et traverse le temps, ce qui reste immuable et qui toujours peut renaître en dépit des contours mouvants, des signes de reflux et de déclin.
La Tradition, si bien décrit par Dominique Venner, comme "ce royaume intérieur, qui est un murmure des temps anciens et du futur. La Tradition est ce qui persévère et traverse le temps, ce qui reste immuable et qui toujours peut renaître en dépit des contours mouvants, des signes de reflux et de déclin.
Réponse naturelle au nihilisme, la tradition ne postule pas le retour à un passé mort. Elle ne plaide pas pour les quenouilles ou les calèches. Elle ne postule pas une théorie politique ou sociale. Elle est ce qui donne un sens à la vie et l’oriente. Elle porte en elle la conscience du supérieur et de l’inférieur, du spirituel et du matériel." (Dominique Venner, voir l'extrait en fin d'article)
Lasli, Sébastopol, Crimée, Russie |
"Cœur ne peut mentir"
Devant l'hégémonie de l'Unique, qu'il soit religion, économie, pensée ou culture, cette Tradition est aujourd'hui menacée par le monde moderne consumériste et déshumanisé, aussi mon engagement dans le Donbass n'est pas seulement politique, et même s'il s'inscrit dans une métapolitique permettant de l'expliquer, je le considère d'abord comme répondant à un appel du coeur.
Ce volontariat au sein des Forces Armées de Novorossiya, est avant tout un acte romantique, cherchant à situer l'aventure humaine individuelle dans une destinée choisie, solidaire et collective au service de la Liberté des peuples. Chaque peuple en effet entretient dans ses traditions particulières une parcelle de cette Tradition universelle, un peu comme chaque éclat différent d'un miroir reflète le même ciel ou, chaque arbre différent est nourri par la même terre sillonnée des racines entremêlées...
Depuis des siècles, la pensée unique, tel un virus a gangrené l'évolution et les rapports humains, et des monothéismes au Nouvel Ordre Mondial, l'intolérance dogmatique a semé la violence et la haine à travers le Monde.
Aujourd'hui, le mondialisme esclavagiste est exsangue, mais il tente dans un ultime sursaut de survivre à son effondrement en entraînant le monde dans un chaos suicidaire d'où il espère renaître. Une "fuite en avant" caractérisant la fin des impérialismes qu'ils soient militaires, idéologiques, ou économiques...
"C'est quand un monstre se noie qu'il fait les plus grosses vagues"
Malgré la crise systémique qui frappe ce monde postmoderne, il ne faut pas baisser la garde, bien au contraire, car c'est devant l'effondrement de son système, la ploutocratie internationale, n'ayant pas réussi à construire un monde unipolaire, tente aujourd'hui par la guerre et le chaos de survivre à elle même...
Ce qui est sûr, c'est que nous vivons une fin de cycle selon la vision aristotélicienne de l'Histoire, et que, sans pouvoir remonter le courant du temps pour réparer les erreurs et retrouver les opportunités trahies, il nous reste toujours le choix de subir ou de réagir aux événements. Devant la gravité des incendies et menaces qui ravagent la surface de la Terre, subir relève tout simplement d'un fatalisme suicidaire, préparé par l'individualisme consumériste...
Par mes lectures anciennes et modernes, j'ai acquis la conviction que la meilleure réaction était de préserver les valeurs et la Tradition, mais en imaginant le futur et non en reproduisant le passé. et c'est ainsi que je ne définit pas ma démarche de réactionnaire légitimiste mais plutôt conservatrice révolutionnaire.
Il me fallait donc réagir, sans savoir jusqu'où me mèneraient ces combats inconnus et dangereux, mais n'est-ce pas le prix de la Liberté ? Après avoir utilisé le recours aux forêts intérieures afin d'aiguiser ma pensée et mon observation, devant l'arrivée de l'orage en Europe, un appel in-time m'a ordonné de passer de la pensée à l'action... "fais ce que dois, advienne que pourra".
La crise ukrainienne est cette étincelle qui m'a fait passer à l'acte, et depuis mon arrivée dans le Donbass, j'ai eu la confirmation que cette conflit n'est pas régional mais bien la première bataille d'une nouvelle guerre mondiale déclenchée par ce que l'opinion dite "internationale" appelle à tort le "monde occidental", et qui n'est autre que le bras armé du Nouvel Ordre Mondial.
N'ayant aucun autre pouvoir que celui d'essayer d'influencer ma propre destinée, je me suis donc mis au service de la jeune République autoproclamée de Donetsk, cet athanor d'où peut sortir un nouveau type de gouvernance, fondée sur le principe de subsidiarité dans le respect des corps sociaux intermédiaires.
Mais la vie est toujours soumise aux urgences et priorités, aussi, dans ce Donbass incendié par la haine étasunienne, la guerre impose depuis plus d'un an ses règles et les priorités. Il nous faut donc d'abord survivre au génocide déclenché par Kiev il y a plus d'un an et libérer le sanctuaire occupé par les soudards pour que puisse fleurir le projet de la Novorossiya...
Chaque jour, des européens meurent ici dans une guerre fratricide et abjecte organisée par les faucons et vampires de Washington et qui cherchent à travers elle une confrontation directe avec la Fédération de Russie, accusée, insultée, sanctionnée pour avoir refuser de se soumettre à la thalassocratie étasunienne. Cette guerre est l'épicentre d'un choc de l'Histoire qui risque d'ébranler le Monde pendant plusieurs années, et de plus en plus de volontaires affluent vers les steppes du Donbass pour refuser ce monde unipolaire et défendre la Liberté des peuples à disposer d'eux mêmes.
Dans ce royaume des étiquettes qu'est le monde moderne, notre engagement dans le Donbass est généralement soumis à une vision manichéenne : soit résistant, soit terroriste, ce qui de fait, ne différencie pas l'objet mais seulement le côté d'où il est critiqué. Mais si vous regardez bien ces européens, que les volontaires ont rejoint pour les aider à résister, vous comprendrez alors à leurs regards qu'ils sont une partie de nous mêmes, porteurs de ce même héritage civilisationnel, et c'est un devoir que d'être debout à leurs côtés et dans leur combat pour rester libres.
Ce soutien doit se réaliser où que nous soyons, aussi bien dans les ruines des villages bombardés de Novorossiya, que dans les rues arrogantes des capitales financières occidentales, car cette guerre est menée sur tous les fronts et partout dans le Monde.
Ce qui est sûr, c'est que nous vivons une fin de cycle selon la vision aristotélicienne de l'Histoire, et que, sans pouvoir remonter le courant du temps pour réparer les erreurs et retrouver les opportunités trahies, il nous reste toujours le choix de subir ou de réagir aux événements. Devant la gravité des incendies et menaces qui ravagent la surface de la Terre, subir relève tout simplement d'un fatalisme suicidaire, préparé par l'individualisme consumériste...
Par mes lectures anciennes et modernes, j'ai acquis la conviction que la meilleure réaction était de préserver les valeurs et la Tradition, mais en imaginant le futur et non en reproduisant le passé. et c'est ainsi que je ne définit pas ma démarche de réactionnaire légitimiste mais plutôt conservatrice révolutionnaire.
Il me fallait donc réagir, sans savoir jusqu'où me mèneraient ces combats inconnus et dangereux, mais n'est-ce pas le prix de la Liberté ? Après avoir utilisé le recours aux forêts intérieures afin d'aiguiser ma pensée et mon observation, devant l'arrivée de l'orage en Europe, un appel in-time m'a ordonné de passer de la pensée à l'action... "fais ce que dois, advienne que pourra".
La crise ukrainienne est cette étincelle qui m'a fait passer à l'acte, et depuis mon arrivée dans le Donbass, j'ai eu la confirmation que cette conflit n'est pas régional mais bien la première bataille d'une nouvelle guerre mondiale déclenchée par ce que l'opinion dite "internationale" appelle à tort le "monde occidental", et qui n'est autre que le bras armé du Nouvel Ordre Mondial.
Cherchez l'erreur !
N'ayant aucun autre pouvoir que celui d'essayer d'influencer ma propre destinée, je me suis donc mis au service de la jeune République autoproclamée de Donetsk, cet athanor d'où peut sortir un nouveau type de gouvernance, fondée sur le principe de subsidiarité dans le respect des corps sociaux intermédiaires.
Mais la vie est toujours soumise aux urgences et priorités, aussi, dans ce Donbass incendié par la haine étasunienne, la guerre impose depuis plus d'un an ses règles et les priorités. Il nous faut donc d'abord survivre au génocide déclenché par Kiev il y a plus d'un an et libérer le sanctuaire occupé par les soudards pour que puisse fleurir le projet de la Novorossiya...
Chaque jour, des européens meurent ici dans une guerre fratricide et abjecte organisée par les faucons et vampires de Washington et qui cherchent à travers elle une confrontation directe avec la Fédération de Russie, accusée, insultée, sanctionnée pour avoir refuser de se soumettre à la thalassocratie étasunienne. Cette guerre est l'épicentre d'un choc de l'Histoire qui risque d'ébranler le Monde pendant plusieurs années, et de plus en plus de volontaires affluent vers les steppes du Donbass pour refuser ce monde unipolaire et défendre la Liberté des peuples à disposer d'eux mêmes.
Nous ne sommes juste que des rebelles...
Dans ce royaume des étiquettes qu'est le monde moderne, notre engagement dans le Donbass est généralement soumis à une vision manichéenne : soit résistant, soit terroriste, ce qui de fait, ne différencie pas l'objet mais seulement le côté d'où il est critiqué. Mais si vous regardez bien ces européens, que les volontaires ont rejoint pour les aider à résister, vous comprendrez alors à leurs regards qu'ils sont une partie de nous mêmes, porteurs de ce même héritage civilisationnel, et c'est un devoir que d'être debout à leurs côtés et dans leur combat pour rester libres.
Ce soutien doit se réaliser où que nous soyons, aussi bien dans les ruines des villages bombardés de Novorossiya, que dans les rues arrogantes des capitales financières occidentales, car cette guerre est menée sur tous les fronts et partout dans le Monde.
Survivre aux bombardements... |
Résister à la douleur... |
Conserver l'Espérance... |
Garder la Foi... |
Hériter du passé... |
et protéger la liberté et l'avenir des peuples ! |
La Novorossiya se bat donc pour son sanctuaire territorial et historique, mais aussi pour des valeurs qui sont communes aux autres peuples de notre Terre, qu'ils soient libres ou soumis à l'esclavage du monde moderne. Venir dans le Donbass depuis l'Irlande, l'Ecosse, la Catalogne, la Bretagne ou la Guyane etc... c'est souligner la solidarité des peuples refusant l'asservissement des Etats modernes à la dictature de la ploutocratie internationale...
Sursum Corda !
Erwan Castel
Кукушка
Песен еще ненаписанных, сколько?
Скажи, кукушка, пропой.
В городе мне жить или на выселках,
Камнем лежать или гореть звездой?
Звездой.
Солнце мое - взгляни на меня,
Моя ладонь превратилась в кулак,
И если есть порох - дай огня.
Вот так...
Кто пойдет по следу одинокому?
Сильные да смелые
Головы сложили в поле в бою.
Мало кто остался в светлой памяти,
В трезвом уме да с твердой рукой в строю,
В строю.
Солнце мое - взгляни на меня,
Моя ладонь превратилась в кулак,
И если есть порох - дай огня.
Вот так...
Где же ты теперь, воля вольная?
С кем же ты сейчас
Ласковый рассвет встречаешь? Ответь.
Хорошо с тобой, да плохо без тебя,
Голову да плечи терпеливые под плеть,
Под плеть.
Солнце мое - взгляни на меня,
Моя ладонь превратилась в кулак,
И если есть порох - дай огня.
Вот так...
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Coucou
Combien y a-t-il encore de chansons non-écrites?
Dis-moi, coucou, chante-le moi.
Vivrai-je en ville ou bien dans les hameaux,
Resterai-je immobile comme une pierre ou bien brûlerai-je comme une étoile?
Comme une étoile.
Mon coeur - regarde-moi,
Ma main ouverte s'est muée en poing,
Et s'il y a de la poudre, alors donne-moi du feu.
Et voilà...
Qui suivra la trace solitaire?
Des têtes fortes et braves
Sont tombées au champ de bataille.
Il reste peu de monde de radieuse mémoire,
L'esprit sain, la main solide dans le système,
Dans le système.
Mon coeur - regarde-moi,
Ma main ouverte s'est muée en poing,
Et s'il y a de la poudre, alors donne-moi du feu.
Et voilà...
Où es-tu maintenant, liberté chérie?
Avec qui célèbres-tu maintenant
Le tendre point du jour? Réponds.
C'est si bon avec toi et terrible sans toi,
La tête et les épaules endurantes sous le fouet,
Sous le fouet.
Mon coeur - regarde-moi,
Ma main ouverte s'est muée en poing,
Et s'il y a de la poudre, alors donne-moi du feu.
Et voilà...
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The Cuckoo
Songs of mine that I've yet to write. How many?
Tell me cuckoo, count them for me.
The city or the village - where am I to live? To lie as a stone,
Or burn as a star, a star?
Sunlight of mine, glance now on me.
See my palm has turned to a fist.
And if you have powder, give me a spark.
That's that.
Who will now take the lonely path? The strong and the brave
Have laid down their heads in battle, in the fields.
Few now remain in memory, with a clear mind,
And a firm hand, in the ranks. Our ranks.
Sunlight of mine, glance now on me.
See me palm has turned to a fist.
And if you have powder, give me a spark.
That's that.
Where are you now, freedom of will? With who are you now
Greeting the tender sunrise? Answer me.
Life is good with you, and bad without. My patient head
And submissive shoulders, under the lash. The lash.
Sunlight of mine, glance now at me.
See my palm has turned to a fist.
And if you have powder, give me a spark.
That's that.
Victor Stoï
"Tsoi est plus porteur de sens auprès des jeunes que tout politicien, célébrité ou écrivain. C'est parce que Tsoi n'a jamais menti et n'a jamais retourné sa veste. Il était et resta lui-même. Vous ne pouvez pas ne pas le croire… Tsoi est le seul rockeur qui ne présente aucune différence entre son image et sa vie réelle, il vivait de la façon dont il chantait… Tsoi est le dernier héros du rock."
"Viktor Tsoi (en russe : Виктор Цой, Viktor Tsoï), né le 21 juin 1962, à Léningrad et mort accidentellement le 15 août 1990 en RSS de Lettonie, est un chanteur de rock soviétique, qui fut actif dans les années 1980, et leader du groupe Kino.
Il a réussi très rapidement à se hisser au rang d'une icône du rock qui continue de trouver son public et d'avoir son influence encore dans la Russie actuelle6. Il a contribué à un nombre étonnant de travaux musicaux et artistiques avec divers groupes, dont dix albums qu'il a entièrement écrits." (Wikipédia)
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Du nihilisme à la Tradition
par Dominique Venner
par Dominique Venner
"Chaque peuple porte une tradition, un royaume intérieur, un murmure des temps anciens et du futur. La tradition est ce qui persévère et traverse le temps, ce qui reste immuable et qui toujours peut renaître en dépit des contours mouvants, des signes de reflux et de déclin.
Réponse naturelle au nihilisme, la tradition ne postule pas le retour à un passé mort. Elle ne plaide pas pour les quenouilles ou les calèches. Elle ne postule pas une théorie politique ou sociale. Elle est ce qui donne un sens à la vie et l’oriente. Elle porte en elle la conscience du supérieur et de l’inférieur, du spirituel et du matériel.
La tradition pérenne d’un peuple ne se confond pas avec les traditions, même si les coutumes portent parfois une part de l’authentique tradition. Celle-ci est l’expression la plus haute et quasi « divine » d’une grande communauté charnelle et historique. Elle est son être éternel. Elle lui donne ses principes, ses vérités permanentes, capables de traverser les fluctuations temporelles.
Elle plonge dans l’histoire, mais elle est au-delà et en deçà. Elle n’est pas antérieure par la chronologie. Le primordial n’est pas le primitif. Il s’appréhende dans la durée. La tradition est une strate profonde, une assise spirituelle, un cadeau des dieux. Pas plus que le langage, elle n’est une création volontaire.
Sans que nous le sachions, elle continue de vivre en nous. Comme un leitmotiv musical, elle est le thème conducteur. Elle est fondatrice. Elle est ce qu’il y a de plus ancien et de plus proche. Elle est la traduction d’une façon unique d’être des hommes et des femmes devant la vie, la mort, l’amour, le destin. Elle porte les principes qui transcendent la vie, les pensées et les actes.
L’essence du nihilisme
La domination universelle du nihilisme fait qu’un Européen conscient de sa tradition – un traditioniste donc – se trouvera des points d’accord et de complicité avec des Chinois, des Hindous, des Africains qui pensent et vivent également selon leur tradition spécifique. En dépit de tout ce qui les différencie, ils ont en commun de ne pas croire aux illusions du Progrès.
Si la tradition fait bon ménage avec des progrès spécifiques, elle se gausse de la religion du progrès et de sa croyance en une amélioration constante de l’humanité par la raison, la science et le « développement ». Ce en quoi elle rejoint les tendances les plus modernes. On a découvert par exemple que, si les Sioux et les Cheyennes d’autrefois n’avaient pas inventé le chemin de fer, ils possédaient par contre une sagesse leur commandant de ne pas saccager la nature ni de massacrer les bisons. De là, on peut induire que la sagesse se place plus haut dans l’ordre de la transcendance que les chemins de fer. Ce qui revient à dire que la spiritualité liée à la sagesse – autres mots pour la tradition – devrait inspirer les choix de la vie, de préférence à la logique matérialiste et provisoire des chemins de fer.
Si une telle réflexion est à prendre au sérieux, c’est qu’elle éclaire la fonction de la tradition, son rôle générateur qui est de donner du sens. Politique, science, création artistique, et même religion, n’ont pas en elles leur finalité. Au sein de chaque culture, tant que règne l’harmonie, ces catégories prennent leur sens par rapport à la finalité supérieure de la tradition.
Le contraire de la tradition, n’est pas la « modernité », notion confuse et limitée, mais le nihilisme. Nietzsche définissait celui-ci comme la conséquence de la mort de Dieu, ce qui était restrictif. Il serait plus exact de parler de la disparition du sacré dans la nature, la vie, l’amour, le travail, l’action. Autrement dit la disparition du sens qui hiérarchise les valeurs de vie, en plaçant ce qui est supérieur au-dessus de ce qui est inférieur. […]
Jünger a suggéré que, pour se représenter le nihilisme, il faut moins songer à des poseurs de bombes ou à de jeunes activistes lecteurs de Nietzsche, qu’à des hauts fonctionnaires glacés, des savants ou des financiers dans l’exercice de leur fonction. Le nihilisme n’est rien d’autre en effet que l’univers mental requis par leur état, celui de la rationalité et de l’efficacité comme valeurs suprêmes. Dans le meilleur des cas, il se manifeste par la volonté de puissance et, le plus souvent, par la plus sordide trivialité. Dans le monde du nihilisme, tout est soumis à l’utilitaire et au désir, autrement dit à ce qui est, qualitativement, inférieur. Le monde du nihilisme est celui qui nous a été fabriqué.
C’est le monde du matérialisme appliqué, la nature transformée en poubelle, l’amour travesti en consommation sexuelle, les mystères de la personnalité expliqués par la libido, et ceux de la société étudiés par la lutte des classes, l’éducation ravalée en fabrique de spécialistes, l’enflure morbide de l’information substituée à la connaissance, la politique rétrogradée en auxiliaire de l’économie, le bonheur ramené à l’idée qu’en donne le tourisme de masse, et, quand les choses tournent mal, la glissade sans frein vers la violence. Ce paysage est cependant parsemé de nombreux îlots préservés – y compris, bien entendu, chez des hauts fonctionnaires, des savants et des financiers, prouvant la perpétuelle aptitude à renaître de la tradition. […]
Habiter un monde et s’y enraciner
S’il appartient aux hommes de donner un sens à ce qui n’en aurait pas sans eux, ils ne sont pas dotés pour autant du pouvoir de s’affranchir de leur existence spécifique. L’utopie de l’autonomie du « sujet » par la raison, de l’émancipation des liens et des normes, a engendré les résultats brillants que l’on sait.
L’individualisme moderne avait prétendu faire de l’homme un être autonome, autosuffisant, libre de toute attache cosmique, ethnique et même sexuée, un égal parmi les égaux. On a vu ! Ayant perdu la protection rassurante des anciennes communautés et des anciennes croyances, l’individu roi est tôt ou tard saisi par l’effroi du vide et par l’angoisse. Il se réfugie alors dans les stupéfiants de la consommation et l’hypertrophie d’un « moi » asservi à ses désirs.
L’expérience concluante du nihilisme enseigne a contrario qu’être homme c’est être de quelque part, appartenir à une lignée, à une tradition, parler et penser dans une langue antérieure à toute mémoire, que l’on reçoit à son insu et qui forme la perception de façon définitive. Être homme c’est habiter un monde et s’y enraciner. Nos racines, nos liens ancestraux, ceux de la culture et des valeurs nous font hommes et femmes réels, liés à la nature, héritiers sans mérite, dotés d’une identité, même quand nous la refusons.
Pour tout homme non dénaturé, le centre du monde est son pays, c’est-à-dire un territoire, un peuple, une histoire, une culture et des représentations à nuls autres comparables ou réductibles. Ce pays est l’effet d’un choix pour celui qui est déchiré entre plusieurs origines. Maurice Barrès, chantre de l’enracinement, était de famille auvergnate, mais il s’est voulu lorrain. Les migrations de notre portée, ce qui ne va pas sans drames ni douleurs. Dans l’un de ses livres, Jean Raspail évoque ainsi une île des Antilles où furent éliminés les Indiens caraïbes, victimes des microbes européens et des métissages avec les anciens esclaves noirs. Pourtant, certains métis dans les veines de qui coulent quelques gouttes du sang caraïbes, se réclament de cet héritage et, pathétiquement, le maintiennent dans leur cœur. On objectera qu’il ne suffit pas de se vouloir caraïbe pour l’être. Au moins est-on quelque chose. Et quand bien même le support serait imaginaire, il aide à vivre.
Il aide aussi à répondre à la question fondamentale entre toutes : qui sommes nous ? A cette question éternelle, les hommes et les peuples répondent par ce qui compte le plus pour eux. « Ils se définissent en termes de lignage, de religion, de langue, d’histoire, de valeurs. »
Il n’est pas nécessaire de s’opposer à d’autres pour être conscient de soi, bien que l’on ne s’affirme jamais tant qu’en s’opposant. On ressent également d’autant mieux la chaleur du clan si l’on se trouve placé sous la menace d’un ennemi. A croire que celui-ci est nécessaire au bien-être moral autant que l’ami, et pas seulement pour favoriser la manifestation d’une identité. On peut faire confiance à la fortune pour prodiguer de tels bienfaits. Les peuples vivent rarement dans l’isolement, condition véritable de la paix. Dès que se côtoient leurs territoires ethniques, économiques ou spirituels, le conflit surgit. Et les hommes en sont rarement maîtres. C’est pourquoi on imputait aux dieux la cause de la guerre. […]
Vivre selon notre tradition
Le désir de vire notre propre tradition sera ressenti à l’avenir avec d’autant plus de force que s’aggravera le chaos du nihilisme. Pour se retrouver, l’âme européenne, si souvent tendue vers les conquêtes et l’infini, est vouée à faire retour sur elle-même par un effort d’introspection et de connaissance. Sa part grecque et apollinienne, si riche, offre un modèle de sagesse dans la finitude, dont l’absence sera toujours plus douloureuse. Mais cette douleur est nécessaire. Il faut passer par la nuit avant d’accéder à la lumière.
Pour les Européens, vivre selon leur tradition suppose d’abord un éveil de la conscience, une soif de vraie spiritualité qui s’exerce par la réflexion personnelle au contact d’une pensée supérieure. Le niveau d’instruction n’est pas une barrière. « Savoir beaucoup de choses, disait Héraclite, n’instruit pas l’intelligence. » Et il ajoutait : « A tous les hommes il est accordé de se connaître. » L’austérité n’est pas de règle. Xénophane de Colophon donnait même cette recette agréable : « C’est au coin du feu, en hiver, allongé sur un lit bien douillet, après un bon dîner, en buvant du vin doux et en grignotant des pois chiches grillés, qu’il faut se poser ces questions : Qui es-tu ? D’où viens-tu ? » Plus exigeant, Épicure recommandait deux exercices : tenir un journal et s’imposer un examen de conscience quotidien. C’est ce que pratiquèrent les stoïciens. Avec les Pensées de Marc Aurèle, ils nous ont légué le modèle de tous les exercices spirituels.
Prendre des notes, lire, relire, apprendre, répéter quotidiennement quelques aphorismes d’un auteur de la tradition, voilà qui donne un appui. Homère ou Aristote, Marc Aurèle ou Épictète, Montaigne ou Nietzsche, Evola ou Jünger, bien d’autres encore. La seule règle est de choisir ce qui tire vers le haut en éprouvant du plaisir au texte.
Vivre selon la tradition, c’est se conformer à l’idéal qu’elle incarne, cultiver l’excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l’héritage, être solidaire des siens.
Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l’on sacrifie en apparence aux normes pratiques d’une société qui lui est asservie par le désir. Cela implique une certaine frugalité afin de se limiter pour se libérer des chaînes de la consommation. Cela signifie encore donner une forme à son existence en se prenant pour juge exigeant, le regard tourné vers la beauté réveillée de son cœur, plus que vers la laideur d’un monde en décomposition."
Dominique Venner,
Histoire et tradition des Européens, 2002
Extraits du chapitre 2 : Du nihilisme à la tradition
Édition du Rocher, p. 15-49.
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Un autre interprétation de la chanson par la chanteuse Zemfira
Sources de l'article :
- Sur l'auteur Victor Stoï l'hommage ici : Victor Stoi nous a quitté le 15 janvier 1990
- La Tradition selon Dominique Venner, le lien ici : Du nihilisme à la Tradition
- Le site Wikipédia, le lien ici : Victor Stoï