Le prix de la Victoire...
Libérer Mariupol et Slaviansk...
évidemment, mais comment et à quel prix ?
Un article récent (voir ci après), rappelant la réalité de la vacuité des accords de Minsk, où les propositions sont irréalistes et les représentants des républiques écartés de la table des négociations par Kiev.évoque la possibilité d'une offensive républicaine libérant Mariupol et Slaviansk.
Ce projet qui est dans le coeur de chaque habitants et combattant du Donbass n'est pas facile dans l'état actuel du front, et ceci même si sur le terrain nous observons un avantage des forces républicaines face aux forces de Kiev.
A moins d'un effondrement de Kiev rapide, ou d'une acceptation de l'indépendance des oblasts de Donetsk et Lugansk par Porochenko (on peut rêver !), c'est bien l'option militaire qui semble choisie par les 2 belligérants. Mais les forces en présence et le terrain ne permettent pas pour le moment pas de faire basculer le sort des batailles de façon décisive et générale, d'un coté ou de l'autre.
En effet,
Soit c'est la steppe et mise à part des unités d'artillerie capables de saturer un secteur fermé (comme un chaudron par exemple) les forces républicaines manquent d'une force blindée importante et d'une aviation d'attaque au sol permettant une offensive large et profonde du front.
Soit c'est la steppe et mise à part des unités d'artillerie capables de saturer un secteur fermé (comme un chaudron par exemple) les forces républicaines manquent d'une force blindée importante et d'une aviation d'attaque au sol permettant une offensive large et profonde du front.
Soit c'est la localité, coûteuse en hommes, en temps et munitions, avec la présence délicate à gérer d'une population civile imbriquée dans les zones de combat. C'est le cas de Mariupol, véritable "festung" organisé par Kiev (certains parlent de 2000 hommes retranchés sur des lignes de bunkers et champs de mines) et surtout autour d'une population prise en otage.
C'est donc une nouvelle guerre d'usure qui se réalise chaque jour, cherchant à créer des enfoncements localisés, des mini "chaudrons", ou des fixations d'unités empêchant une action offensive de leur part sur un autre secteur plus fragile...
Bref, sur le terrain, nous observons que la situation n'est pas aussi simple qu'elle est décrite par les propagandes logiques qui mènent aussi sur le front de l'information une guerre de position sans pitié.
Bref, sur le terrain, nous observons que la situation n'est pas aussi simple qu'elle est décrite par les propagandes logiques qui mènent aussi sur le front de l'information une guerre de position sans pitié.
La guerre, si elle est une des activités les plus anciennes de l'humanité, n'est pas pour autant une science parfaite, car le hasard, la chance et l’inconnu rôdant depuis toujours sur les champs de bataille. Mais il n’en reste pas moins que ce art mortel obéit à des principes immuables d’exécution et de commandement cherchant à garantir au maximum la victoire des étendards brandis dans les assauts.
Oui, nous devons reprendre Mariupool et Slaviansk et repousser les hordes ennemies au delà des frontières de Donetsk et Lugansk, et ainsi libérer les territoires occupés et mettre enfin en sécurité les population bombardées depuis 1 an. Mais une attaque frontale étant suicidaire pour les soldats et la population, seul un enveloppement de ce port stratégique est envisageable, mais cela risque d'être long et à moins d'un nouvel effondrement de l'armée de Kiev car arriver à encercler de telles zones risque de demander du temps et des moyens importants.
En théorie par exemple nous avons les moyens de reprendre Mariupol par un encerclement, mais le manque de profondeur stratégique de l’ensemble du front et l'importance des ressources à mobiliser pour un tel siège et la présence de la population civile sur le champ de bataille ne nous donne pas droit à l'erreur, car nous ne sommes pas dans la configuration d'une armée américaine loin de ses frontières et qui n'a aucun remord à raser les villes pour les conquérir. Le secteur de Marinka en est l'illustration actuelle.
Nous devons donc surtout saigner le monstre, morsure après griffure, lentement mais surement, jusqu'à ce qu'il tombe en enfer, et surtout, refuser tout nouvel accord et cessez le feu qui ne sont depuis un an que des entraves hypocrites et traîtres visant a protéger l'ennemi et bloquer une libération militaire de la Novorossiya.
Erwan Castel
La source de l'article :
Le site "Histoire et société", le lien : ICI
« Nous allons devoir prendre Marioupol »
«Придется брать Мариуполь»
La source du texte est le journal en ligne « Svobodnaia pressa » (Presse libre), souvent repris, comme c’est le cas ici, par le site du parti communiste KPRF. On remarquera la liberté de ton et l’esprit d’ouverture : en effet, la parole est donnée 1) au Parti communiste unifié, créé en 2014 par des gens qui ont quitté récemment le KPRF ou en ont été exclus 2) à Chapinov, porte-parole de Borotba, groupe d’extrême-gauche ukrainien.
Il faut dire que la situation au Donbass, entre reprise en main nationaliste russe et risques d’extension de la guerre est tellement complexe que la réflexion nécessite le débat le plus large. Par ailleurs, le site du KPRF présente un lien vers un site de discussions théoriques, « Krasnye Soviety » (Soviets rouges), qui ne représente pas la ligne du parti, mais soulève des questions qui ne font pas l’unanimité. On rêve d’une telle capacité de débats entre communistes en France. Imaginez l’Humanité qui ne deviendrait pas le fourre tout des écolos, des gauchistes de tous poils et exclurait systématiquement le débat entre communistes comme cela se passe en France, mais cette volonté de confrontation, de reconnaissance que les problèmes politiques admettent des issues stratégiques qui n’ont rien d’évidents et nécessitent donc que chacun connaisse ce qu’il en est pour agir. Agir autre question évacuée en France. (Danielle et Marianne).
Les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk demandent à nouveau à être intégrées à la Russie
Les Républiques Populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk ont retiré lundi les ajouts ukrainiennes aux amendements à la Constitution de l’Ukraine, où sont mentionnés la Crimée et Sébastopol, envoyés au groupe de contact pour la résolution du conflit. Et dans le même temps ont réitéré leur désir de se séparer définitivement de Kiev et, en dépit de tout, de passer sous la juridiction de Moscou.
» Les Républiques Populaires de Donetsk et Lougansk considèrent sans aucun doute la Crimée comme faisant partie de la Russie. En outre, nos républiques aimeraient idéalement rejoindre la Fédération de Russie « , – est-il indiqué dans le communiqué envoyé par les représentants des DNR et LNR au groupe de contact Denis Pouchiline et Vladislav Deynego.
Rappelons que la veille, les autorités de DNR et LNR avaient fait des propositions visant à modifier la Constitution de l’Ukraine, impliquant une décision sur le statut des républiques séparatistes. Toutefois, selon « Kommersant », bien que les représentants de la république aient exprimé leur volonté de reconnaître le Donbass comme « partie intégrante de l’Ukraine, » les interlocuteurs du journal dans l’administration présidentielle ukrainienne ont réagi à l’initiative de la République avec beaucoup de scepticisme.
« Ce n’est même pas une fédération avec des droits égaux pour toutes les régions, mais une confédération avec des droits spéciaux pour une certaine région ou une association de régions », – ont dit des membres de l’administration de Porochenko au journal « Kommersant », ajoutant que les représentants des régions séparatistes de Kiev « ne sont pas partie aux négociations. » Selon eux, en ce sens, le «principal indicateur » devraient être les élections locales prévues pour fin octobre: »Elles montreront quelles forces politiques soutiennent vraiment les gens et quel avenir ils veulent pour le pays. »
Le président de la DNR Alexandre Zakharchenko a déclaré à son tour que si l’Ukraine se refuse à un dialogue direct avec le Donbass et « tarde » avec sa réponse, la milice devrait prendre Marioupol et Slaviansk.
– L’Ukraine, comme toujours, est en retard. Si en avril de l’année dernière, nous parlions d’autonomie, de fédéralisation, en avril de cette année, il s’agit de libérer le territoire illégalement occupé de Marioupol, Slavyansk, Artiomovsk et d’autres villes – a-t-il expliqué à « Kommersant ». – Les Amendements à la Constitution ont été rédigés et concertés en septembre de l’année dernière, au début du processus de Minsk, mais depuis lors, des milliers de morts sont survenues.
Selon Zakharchenko, il faut « obliger Kiev à nous percevoir comme une partie au processus de négociation. »
– Remarquez une chose : ils dialoguent avec la Russie, avec l’Europe et avec eux-mêmes. Ce n’est pas correct, et cela doit cesser. Quand nous commencerons un dialogue direct avec Kiev, ce sera une autre histoire – a-t-il ajouté.
Le Secrétaire du CC de l’OKP (Parti communiste unifié) et ancien chef du service de presse du ministère des Affaires étrangères de DNR à Moscou Daria Mitina considère que ce qu’écrivent les membres du groupe de contact chargés de rédiger les amendements à la Constitution de l’Ukraine n’a absolument aucune d’importance.
– Cela fait un an qu’ils ne vivent pas selon cette Constitution et jamais cette Constitution ne sera appliquée. Les Républiques ne réintégreront jamais l’Ukraine. Par conséquent, tous les discours sur une fédération symétrique, une fédération asymétrique, une confédération, une gestion particulière etc., ne sont que du vent. Ce sont des paroles en l’air auxquelles sont contraintes les Républiques contre leur volonté. Les organisateurs de tout cela – le » Quartet de Normandie » – ont imposé aux parties ce processus absolument insensé d’échange de bouts de papier. L’absurdité de la situation dépasse les bornes. Il faudrait maintenant avoir une discussion sérieuse sur les aspects formels de la séparation d’avec l’Ukraine, qui de facto a déjà eu lieu.
« SP »: – La source de « Kommersant » a également souligné que les représentants des républiques autoproclamées de Kiev « ne sont pas partie aux négociations. » Avec qui donc Kiev espère négocier? On aurait donc des pourparlers avec la participation d’un seul côté?
– Kiev ne veut négocier avec personne. Les deux sessions des accords de Minsk ont montré que non seulement les DNR et LNR ne sont pas pour eux des interlocuteurs, mais la Russie non plus. Pas plus que l’Occident. En effet, Kiev n’a rempli aucun point des «accords» sous lesquels ses représentants ont mis leurs signatures. Ils violent ostensiblement ces «accords», torpillant le processus de négociation. Ils cherchent seulement à gagner du temps, à accumuler des ressources et rassembler leurs forces.
« SP »: – Est-il possible de dire que le format de Minsk est épuisé? Y a-t-il d’autres perspectives dans ce format, étant donné que les parties avancent des conditions inadmissibles pour l’autre?
– Le format n’est pas seulement épuisé, il était voué à l’échec dès le premier jour. Les « accords » de Minsk étaient initialement irréalisables. Et avec le refus persistant d’une partie de donner ne serait-ce que l’apparence d’un début de réalisation, ils sont devenus un simple morceau de papier.
« SP »: – Autrement dit, quand la DNR et la LNR affirment être prêtes à rester une partie de l’Ukraine, elles comptent sur le fait que ces conditions ne seront pas acceptées?
– Bien sûr, les républiques comprennent que toute proposition de leur part sera rejetée. Et d’ailleurs elles n’ont rien à proposer, mise à part la pleine indépendance et la reconnaissance officielle de leur statut d’État. C’est la pression internationale qui dès le départ les a contraints à cette correspondance diplomatique. On ne comprend pas pourquoi la Russie les a entraînées dans ce jeu, faisant plier les dirigeants de DNR et LNR et leur disant finalement: «Vous devez vous porter volontaires pour aller à la mort et vous offrir en sacrifice avec votre peuple » …
« SP »: – Pourquoi les représentants des Républiques ont-ils déclaré que, idéalement, elles aimeraient faire partie de la Russie?
– Parce qu’il est la seule chose qu’elles veulent vraiment.
« SP »: – Si, hypothétiquement, Kiev acceptait les conditions de Donetsk et Lougansk – que se passerait-il ensuite? Quelle serait la viabilité du système proposé par les Républiques du Donbass?
– Aucune, bien sûr. Et les auteurs des « propositions » le comprennent parfaitement …
L’analyste politique Victor Chapinov souligne que Kiev a démontré à maintes reprises qu’il veut négocier uniquement selon ses propres conditions.
– Kiev est adepte de « négociations unilatérales », comptant exclusivement sur le fait que les gouvernements occidentaux vont faire pression sur le Kremlin, qui, à son tour fera pression sur le peuple des républiques pour les forcer à capituler. Cela ne se produit pas, alors les négociations dans l’impasse.
Si nous examinons les propositions présentées par les DNR et LNR, nous voyons qu’elles contiennent le maximum de concessions possibles. Pour commencer, elles acceptent pour prix de la paix l’auto-liquidation effective et l’ »entrée dans l’Ukraine. » Ce qui, entre parenthèses, est en contradiction directe avec la volonté de la population des régions de Donetsk et de Lougansk exprimée lors du référendum le 11 mai de l’année dernière.
Il était impossible de faire de plus grandes concessions. Mais même ce haut niveau de compromis n’a pas satisfait Kiev. Dans ces circonstances, les négociations n’ont pas de sens – dans la mesure où un seul côté accepte de négocier. Toutefois, la reprise des hostilités révèle l’impasse du processus de Minsk de manière bien plus éloquente que toutes les déclarations des fonctionnaires.
« SP »: le format de Minsk est épuisé ou a-t-il encore un potentiel?
– Pour être honnête, depuis le début, je ne croyais pas au format de Minsk. Moi qui ai vécu dans les républiques non reconnues et connais la situation dans les territoires contrôlés par les autorités de Kiev, j’ai beaucoup de mal à comprendre : comment CELA peut-il fonctionner?
Par exemple, l’élection selon la législation ukrainienne. Il est prévu que doivent y participer les partis ukrainiens. Mais quel parti peut représenter aujourd’hui la population de DNR et LNR? Eh bien, dans une certaine mesure le Parti communiste de l’Ukraine. Mais seulement dans une certaine mesure parce que les communistes eux-mêmes de Donetsk et Lougansk parlent des dirigeants nationaux du Parti et du chef du parti Simonenko plus ou moins dans les mêmes termes que pour Iatseniouk et Porochenko.
Les commissions électorales devraient également être formées dans une large mesure par les représentants des partis présents à la Verkhovna Rada. Pouvez-vous imaginer combien de voix vont décompter les représentants du parti de Lyashko pour l’ « Ukraine unie » au Donbass ?146% ?
Ou un autre exemple : la législation ukrainienne interdit la propagande de l’idéologie communiste. Alors que la moitié des milices de la république combattent sous le drapeau rouge. A Donetsk, on voit dans les rues le portrait du camarade Staline. Comment concilier cela?
Selon la proposition de compromis même les procureurs et les juges de DNR et LNR devraient être nommés par Kiev. Que voilà une bonne condition préalable pour la répression du «séparatisme» ou même la «propagande du communisme » – le procureur « ficèle » l’affaire, le juge prononce la sentence.
Il me semble que les «architectes» du format de Minsk simplement ne pensent tout simplement pas à ces « bagatelles ».
« SP »: – Que va-t-il se passer? Zakharchenko laisse entendre que si l’Ukraine refuse le dialogue direct avec le Donbass et « tarde » à répondre, la milice devra prendre Marioupol et Slaviansk …
– Pour le moment, c’est ce que l’on observe : « une provocation de la partie ukrainienne – une offensive réussie de la milice – un nouveau cycle de négociations » Il semble que c’est reparti pour un tour.