"Princes entendez bien !"
DU DONBASS A LA GRÈCE, "LA MOISSON EST PROCHE"
Dimanche le peuple grec a nettement exprimé son refus de continuer à se soumettre au dictât de cette machine faussement appelé "Union" "européenne".
Il ne faut pas perdre de vue que la colère des ploutocrates de l'UE a été dictée, autant par le risque économique menaçant leur empire, que par le rapprochement de la Grèce et de la Russie sur fond de crise ukrainienne (Gaz, bases militaires, BRICS etc...).
Après les référendums de la Crimée ou de la Catalogne de 2014, ce vote est historique car il marque le réveil d'un autre peuple d'Europe, refusant l'esclavage économique du Nouvel Ordre Mondial qui commence a craquer et vaciller sur sa haine des peuples..
Me reviennent les paroles du barde Glenmor rappelant la légitimité des peuples d'Europe et, du Donbass à la Grèce, "la moisson est proche" et une "Europe aux cents drapeaux" va apparaître à l'horizon des chemins de la rébellion, bousculant la dictature étrangère et libérer des chaînes de l'esclavage l'héritage de l'Histoire.
Erwan Castel
"Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage."
Périclès
"Princes, entendez bien, vous germez dans la fumure populace et vous êtes solitaires. Le grain qui se refait à la même terre est damné puis il dégénère.
Le peuple porte en toute fierté le triste emblème de l'engeance des valets. Et pourtant le blason de haut-vol est blasphème. Princes, entendez bien. Vous condamnez toute guerre sauf la vôtre que vous dîtes juste. Ceci est l'immonde chose du soldat : guerroyer pour les grands d'Eglise et les princes d'en-bas.
Nous retrouverons la souveraine indécence des peuples barbares. Vos puissances s'étioleront sous le piétinement des hordes antiques. Princes, entendez la chevauchée des armées populaires. La fureur des esclaves couve depuis longtemps. Ce jour, se fécondent lentement les nouvelles républiques et les nouveaux parterres.
Nous retracerons dans la plaine des surfaces corrigées où chaque toit sera nouvelle demeure.
Princes, vous n'êtes que le crépis des façades, que les vents nouveaux désagrègent.
Sur le parvis de l'empire, les pauvres ont signé un pacte éternel de gérance.
Les hauts lieux de l'Histoire sont inondés par le sang des justes et des pacifiques que vous avez immolés pour la sauvegarde de votre progéniture.
Princes de tout régime, courtisans à breloques, républicains de finances, la couronne est maudite.
Voici les bateleurs et votre dernière garde, les casqués à matraque, les archers imbéciles qui ne tireront aucune gloire d'avoir pelé leurs enfants quand il fallait aimer et les croire.
Voici les jeunes cohortes de qui portent à chaque toit le dernier chant des libertaires.
Voici la suite des faucheurs, des maîtres manœuvres, le gerbier des plaines, le soleil des fenaisons.
Princes, vous n'attendiez pas ces maraudeurs, et les voilà aux portes de vos cités et sur les marches des palais, la troupe est peut-être dans vos cuisines.
Vous serez seuls à table quand vos prétoriens viendront quérir les deniers de la trahison.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques. Chacun dira son aventure. Car de l'esclavage à la liberté la route fut longue. Ils furent longtemps trompés par leurs propres élus, par vous, princes des fausses républiques.
Vous avez détrôné les rois tout en gardant le trône.
Les fermes générales se nomment préfectures. De la place guillotine aux nouvelles baronnies, un cortège de fripons essaime les cendres de la roture. La tour défaite, la tour jacobine, l'insolence des valets se drape dans le pourpre des messes royales.
Vous dites liberté quand la vôtre, seule, se dore au soleil. Vous dites gouvernement quand votre régime, seul, bascule. Vous dites Patrie pour sauver vos écus. Vous dites nation pour justifier la querelle d'un petit nombre et la bombe d'un hystérique et vous dites France pour déodorer la pestilence d'une poubelle lutécienne.
Compagnons, nous avons rêvé sous le chaume d'honorer un nouveau langage, le nôtre, et le plus ancien. Nous avons attendu des heures de nuit une aurore où la vallée serait au midi de sa verdure, où les anciens diraient : nos enfants ont mérité de notre misère car ils ont les yeux de la guerre et le regard effrayé.
Compagnons, nous étions en si petit nombre que le discours avait l'ardeur ridicule des palabres d'enfants. Nous étions si tendrement révoltés qu'il fallait percer l'indolence de nos dires pour y découvrir la sombre fureur.
Compagnons insoumis des heures noires, nous avons tout de même semé et toute bonne graine honore le semeur. La moisson est proche.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques.
Il y aura des hommes debout pour une nouvelle république, la nôtre, la plus ancienne...
Princes, entendez bien, les racines de la puissance sont fragiles. Imaginez simplement le bruit de la terre en qui tout se nourrit, le grondement des forces souterraines, le bourdonnement des colères humaines. Ne dites plus, ceci est la civilisation, car nous sommes au pouvoir. Ne dites plus, ceci est la paix car nous sommes les garants du monde. Ne dites plus, ceci est science car nous avons ses produits à la face du peuple. N'ajoutez plus, nous sommes la science et l'avenir, quand il faut toute une armée de pithécanthropes pour établir et maintenir les vôtres.
Même vos dieux ont bonne conscience. Les vieilles pousses des officines vaticanes ont dressé plus d'idoles sous les dômes de Saint-Pierre que dix siècles d'égarement. De la place romaine à la chapelle du village, l'étal des médailles et des miracles engraisse les religieux politiques."
Milig ar Scanv dit "Glenmor"
Discours d'Alexis Tsipras le 4 juillet 2015
"LA LIBERTÉ DEMANDE DE LA VERTU ET DE L'AUDACE"
Alexis Tsipras, Premier Ministre grec. |
"Citoyens d’Athènes, peuple grec,
Dimanche, nous adresserons tous ensemble un message de démocratie et de dignité à l’Europe et au monde.
Nous enverrons aux peuples un nouveau message d’espoir.
Car nous ne déciderons pas seulement, ce dimanche, de demeurer en Europe.
Nous déciderons de vivre avec dignité en Europe, de travailler et de prospérer en Europe.
D’être égaux en Europe, à égalité avec tous.
Et, croyez-moi, nul n’a le droit de menacer de couper la Grèce de son espace géographique naturel.
Nul n’a le droit de menacer de diviser l’Europe.
La Grèce, notre patrie, était, est et demeurera le berceau de la civilisation européenne.
C’est en ce lieu, dit la mythologie, que Zeus, en l’enlevant, a conduit la princesse Europe.
Et c’est de ce lieu que les technocrates de l’austérité souhaitent à présent l’enlever.
Mais cela ne sera pas. Car, dimanche, nous leur dirons « non ».
Nous ne laisserons pas l’Europe entre les mains de ceux qui souhaitent soustraire l’Europe à sa tradition démocratique, à ses conquêtes démocratiques, à ses principes fondateurs, aux principes de démocratie, de solidarité et de respect mutuel.
Citoyens d’Athènes, hommes et femmes de tous âges qui vous trouvez ici, aujourd’hui, qui submergez la Place de la Constitution, les rues d’Athènes et des autres grandes villes en bravant la montée de la peur orchestrée, la rhétorique de la terreur propagée tous ces derniers jours,
Citoyens d’Athènes,
Le peuple grec a maintes fois démontré au cours de son histoire qu’il savait retourner un ultimatum à son expéditeur. Car les ultimatums, parfois, reviennent à l’envoyeur.
Les pages les plus éclatantes de l’histoire de ce pays et de ce peuple ont été des pages d’audace et de vertu.
Je vous appelle à ce que nous écrivions ensemble, de nouveau, des pages historiques, celles de notre rétablissement et de notre liberté.
Je vous appelle, ce dimanche, à opposer un « non » haut et clair aux ultimatums. À tourner le dos à ceux qui sèment chaque jour la peur et l’intimidation.
Et, lundi, quel que soit le résultat du processus démocratique, de ce verdict populaire que certains redoutaient et voulaient entraver, nous opposerons également un « non » sans appel à la division.
Lundi, quelle que soit l’issue du scrutin, les Grecques et les Grecs n’auront rien qui les sépare. Ensemble, nous nous battrons pour reconstruire une Grèce meilleure que celle que nous ont laissée cinq années de désastre.
Je vous appelle enfin à ne pas prêter l’oreille à ces sirènes dont l’écho ne cesse de s’amplifier, ces sirènes qui hurlent à la peur.
À décider avec votre esprit et votre cœur.
À vous déterminer avec calme et résolution.
À vous prononcer en faveur d’une Grèce fière dans une Europe démocratique.
En faveur d’un peuple, d’un petit peuple qui se bat, comme le dit le poème, sans épées et sans balles.
Qui se bat cependant en ayant dans les mains la plus puissante des armes : la justice.
Parce que la justice est avec nous, parce que nous sommes dans notre droit, nous vaincrons.
Et nul ne peut effacer cela. Nul ne peut occulter ce fait : nous sommes dans notre droit.
Citoyens d’Athènes, peuple grec,
La liberté demande de la vertu et de l’audace. Nous, vous, nous tous, disposons d’audace comme de vertu. Et nous sommes libres. Nous respirons un vent de liberté. Quoi qu’il arrive, nous sommes victorieux. Nous serons victorieux. La Grèce a vaincu. La démocratie a vaincu. Le chantage et les menaces ont été défaits.
Salut à tous ! Soyez forts, soyez fiers et dignes. Notre « non » s’inscrira dans l’Histoire. Notre peuple ira de l’avant ― la Grèce, dans une Europe démocratique et solidaire."
Alexis Tsipras,
Traduit du grec par Dimitris Alexakis